Les meilleurs joueurs non draftés : les meneurs
Une soixantaine de places pour une petite centaine de noms, chaque année la draft laisse par la force des choses une poignée de jeunes universitaires pleins d’espoirs sur le carreau. Et d’autant plus sur une draft comme celle que l’on vient de vivre, pleine en surprises et autres rebondissements inattendus. Alors, parmi les recalés, y a-t-il moyen de trouver le futur Ben Wallace, John Starks ou Bruce Bowen ? Petit tour d’horizon, on commence aujourd’hui notre série avec les meneurs de jeu.
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Myck Kabongo – Texas (Sophomore)
14.6 pts – 5.5 ast – 5.0 rbs – 2 stls – 3.4 tov (41% FG, 29% 3PT, 79% FT)
Pourquoi n’a-t-il pas été drafté ?
Sans aller jusqu’à dire que nous sommes en état de choc ce matin, la non sélection de Myck Kabongo demeure tout de même une surprise assez importante en soit.
Classé 10e meilleur lycéen du pays il y a deux ans de cela, Kabongo a connu un parcours universitaire assez mouvementé qui lui aura sans doute couté d’entendre son nom appelé jeudi soir. Après une saison freshman assez prometteuse il se fait pincer la main dans le sac à discuter avec l’agent de joueurs NBA Rich Paul avant même l’entame de sa deuxième année fac. La NCAA possédant des règles très strictes concernant ces choses-là, Kabongo est suspendu pour 23 matchs, ce qui a indéniablement influencé sur sa cote au moment de la draft. Malgré les 11 rencontres qu’il a pu disputer en fin de saison et durant lesquelles il a su se montrer productif, cette suspension et le peu d’exposition dont il a pu profiter dans la saison en conséquence l’ont clairement pénalisé. Une véritable énigme que ce joueur en somme, qui a sans doute laissé les franchises NBA assez sceptiques.
D’autant que sportivement, Kabongo est également loin d’être un véritable produit fini comme pouvait l’être certains autres meneurs de jeu draftés à sa place. Ce sont en premier lieu ses qualités de scoreur qui sont remises en question, n’étant pas des plus à l’aise pour aller conclure au panier ni non plus sur jump shot, une arme offensive que tout bon arrière NBA qui se respecte est supposé posséder. Et puis, malgré seulement deux ans passés en NCAA, le garçon a tout de même déjà 21 ans.
Pourquoi a-t-il une chance de raccrocher les Summer Leagues et/ou une équipe NBA ?
Néanmoins, on ne peut vraiment pas passer à côté de son profil très particulier, typé NBA, et de son cocktail de qualités finalement assez rares.
C’est tout d’abord son physique qui constitue un de ses meilleurs atouts : contrairement à un Pierre Jackson ou un Isaiah Canaan, Kabongo rentre tout à fait dans le moule du meneur de jeu NBA, pointant à un très bon 1m90 de haut, une grosse envergure (1m98) et une excellente dimension athlétique. Même si certains domaines de son jeu laissent encore à désirer, son jeu en pénétration par exemple, les bases d’un physique approprié peuvent permettre de fonder de jolis espoirs.
De plus, Kabongo est un vrai pass-first mentality dans une classe de meneurs de jeu où il n’y en a pas eu tant que ça finalement. Un vrai meneur dévoué à la distribution du jeu, intelligent, gros QI basket, d’excellents instincts de passeur, superbe vision du terrain et très altruiste. Encore pas mal de turnovers, mais une vilaine tendance que l’on peut encore mettre sur le compte de la jeunesse et de l’inexpérience. De même, défensivement le garçon a démontré de belles promesses du fait d’un physique adapté pour le job. Là où les petits meneurs (Jackson, Canaan, pourquoi pas Peyton Siva même) ou les peu athlétiques (Nate Wolters) devraient souffrir de ce côté-là du terrain chez les pros, Kabongo a tous les outils pour faire et c’est un aspect de son jeu loin d’être négligeable.
Souvent comparé à Rajon Rondo, Myck Kabongo devrait de toute manière, si ce n’est signer très prochainement avec une équipe, au moins obtenir une invitation ou deux pour les Summer Leagues. New York par exemple, qui recherche un back up et ne possédait pas de choix du second tour, ou même Washington, pour ne citer qu’eux. Son potentiel, ses qualités physiques et basket faites pour la NBA et son passif d’ancien lycéen très prometteur devrait en séduire plus d’un, à lui de savoir saisir sa chance quand elle viendra. Dans le meilleur des cas un futur steal de draft, sinon un joueur qui pourrait continuer de grandir en DLeague et peut être obtenir une autre chance dans quelques temps.
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Phil Pressey – Missouri (Junior)
11.9 pts – 7.1 ast – 2.5 rbs – 1.8 stls – 3.5 tov (37% FG, 32% 3PT, 73% FT)
(Signé par les Boston Celtics juste après la draft)
Pourquoi n’a-t-il pas été drafté ?
La principale barrière à une éventuelle sélection durant la draft fut évidement le manque de qualités physiques dignes d’un meneur de jeu NBA.
Loin de rentrer dans le moule, le petit 1m80 de Pressey laisse place à de nombreuses interrogations quant à son futur impact chez les pros. Que ce soit son manque évidement de taille, de force, ou de qualités athlétiques plus généralement qui devraient énormément le pénaliser en défense face à de plus grands et plus costauds arrières NBA ; ou que ce soit même dans la limitation de son impact offensif face à des défenseurs qui une nouvelle fois posséderont quelques kilos et centimètres en plus face à lui.
Sans compter qu’en plus d’une inefficacité en pénétration (que l’on met sur le compte de sa petite taille), Pressey ne compense pas non plus avec d’autres splendides armes offensives (maladroit sur du tir en sortie de dribble, pas un excellent floater/runner, une sélection de tir douteuse par moments même) à l’inverse d’un Shane Larkin (18e choix, Dallas) par exemple, aussi petit mais qui a su développer d’autres qualités au scoring.
Pourquoi a-t-il une chance de raccrocher les Summer Leagues et/ou une équipe NBA ?
Sa meilleure carte à jouer pour s’imposer chez les pros, ce seront ses capacités de playmaker. Il est petit mais compense avec une excellente vitesse et grande mobilité, peut créer depuis n’importe où sur le terrain grace à une excellente vision du terrain, et une belle détermination à toujours impliquer ses coéquipiers. Notamment sur pick & roll, Pressey épate par sa créativité dans l’exercice, capable de distribuer la balle de très nombreuses manières pour l’intérieur qui coupe vers le panier ou les shooteurs ouverts dans le périmètre. De même, son manque de taille le pénalise en défense mais il compense là aussi de par sa très grande vitesse, et parvient même à se montrer productif (2.0 interceptions par rencontre) même s’il faudra voir ce que ça peut donner contre de meilleurs arrières et meneurs en NBA qui savent mieux protéger le ballon.
Boston a fondu sur lui dès la fin de la draft, et l’aurait même sans doute drafté s’il avait pu avoir un choix dans le second tour. Les Celtics se cherchent depuis quelques temps déjà un back up potable à Rondo et Pressey pourrait bien être ce joueur-ci. Avec en plus l’acquisition de Kelly Olynyk, il y a même de quoi faire une belle connexion sur pick & roll lorsque Rondo prendra quelques minutes de repos sur le banc.
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Anthony Marshall – UNLV (Senior)
10.5 pts – 5.9 ast – 4.1 rbs – 1.3 stls – 2.8 tov (47% FG, 37% 3PT, 65% FT)
Pourquoi n’a-t-il pas été drafté ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer sa non sélection. Le fait qu’il soit un senior, déjà 22 ans, pas une énorme marge de progression, le fait qu’il ne sorte pas non plus d’une saison extraordinaire à UNLV et qu’il n’a pas un talent aussi énorme que certains autres seniors par exemple. Mais aussi le fait que Marshall, listé comme meneur de jeu, n’a commencé à jouer pleinement à ce poste que l’an passé, dans sa quatrième et dernière année universitaire. Autant dire qu’on retrouve encore pleins de petits déchets et autres imperfections d’habitude présentent chez des plus jeunes joueurs, mais Marshall n’ayant jamais auparavant évolué en tant que meneur de jeu réellement, n’a pas encore tout à fait appris les ficelles du métier, et à côté d’autres meneurs confirmés, avouez que ça peut laisser perplexe.
Il commet encore beaucoup de turnovers par exemple, joue parfois trop mécaniquement ou tente des passes trop téléphonées. Il n’a pas encore épuré son jeu, et on peut comprendre que des franchises NBA ne soient pas emballées à prendre un garçon de 22 ans qui est toujours en plein processus d’apprentissage de son métier.
Pourquoi a-t-il une chance de raccrocher les Summer Leagues et/ou une équipe NBA ?
Néanmoins, Marshall a aussi pour lui d’apporter justement un profil différent de beaucoup d’autres meneurs de jeu. Plus athlétique que la moyenne, très costaud, énorme envergure de bras, il est physiquement très mature, et est par exemple beaucoup plus efficace de ce fait sur de la pénétration et sur finition au cercle que ne peuvent l’être une grande majorité de meneurs ou d’arrières de cette cuvée de draft. Utilisant bien son corps et son avantage physique, il manque encore d’un jump shot solide mais c’est déjà montré très capable de dégainer en réception de passe (44% sur 2.6 tirs tentés par match à trois points) et c’est déjà un très bonne chose.
De plus, même s’il apprend toujours le métier, Marshall a démontré un certain sens pour le jeu, est déjà un solide passeur, et le fait qu’il fut le meilleur passeur de sa conférence sans avoir jamais vraiment joué en tant que réel meneur de jeu auparavant démontre qu’il y a tout de même un certain potentiel. Enfin, c’est un très bon défenseur, de par ses attributs physiques mais aussi de par son attitude de compétiteur et son implication. En somme, un très bon senior qui pourrait instantanément apporter du trois points, de la percussion en attaque, de la défense, une dimension athlétique certaine et un passeur tout à fait correct. Tout ce que recherche les équipes NBA. Il devrait à priori recevoir quelques invitations en Summer Leagues, à surveiller donc.
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Elijah Johnson – Kansas (Senior)
9.9 pts – 4.6 ast – 3.1 rbs – 0.9 stls – 3.1 tov (38%FG, 33% 3PT, 76% FT)
Pourquoi n’a-t-il pas été drafté ?
Certaines raisons évidentes, entre autres le fait qu’il ne soit plus tout jeune (bientôt 23 ans) et n’a jamais réellement explosé au niveau NCAA comme on l’aurait attendu. Classé 24e meilleur lycée du pays en 2009, Elijah Johnson s’est révélé un très solide joueur universitaire, membre clé de l’équipe Finaliste NCAA en 2012 notamment et encore parmi les leaderd de l’équipe très expérimenté de cette année, mais ne sera jamais parvenu à franchir ce palier supérieur. Un solide joueur d’équipe, mais pas forcément un prospect taillé pour le niveau NBA.
Notamment, on peut lui reprocher de ne pas vraiment exceller dans la création offensive, et de manquer de point guard skills, des qualités propres à un meneur de jeu. Mais aussi quelques problèmes d’irrégularité, dans son tir (il peut enchaîner les très bons soirs et les très mauvais) mais aussi dans sa production, puisqu’il n’est pas rare de le voir passer complètement à coté d’un match et ne marquer parfois même aucun point. Plus généralement, ses pourcentages assez bas reflètent également ce manque d’efficacité au scoring, ce qui pose d’autant plus problème étant donné qu’il ne compense pas avec du playmaking.
Pourquoi a-t-il une chance de raccrocher les Summer Leagues et/ou une équipe NBA ?
Parmi ses meilleurs atouts, on peut compter une belle dimension athlétique, ainsi que de belles capacités défensives en conséquence, et même s’il a parfois été très maladroit ou irrégulier, à d’autres moments on a pu apercevoir quelques belles promesses au shoot. Notamment une belle mécanique et des aptitudes à se montrer efficace à trois points. Il a par exemple claqué une performance à 39 points cette saison, un total énorme pour le niveau universitaire (à 6/10 sur tirs primés, et 13/22 en tout dans ce match).
C’est d’ailleurs là-dessus qu’il va devoir très sérieusement bosser pour espérer décrocher un jour une place chez les pros : de la défense, un beau physique et donc on l’espère un meilleur shoot. Ce n’est pas à proprement parler un bon prospect NBA, mais on a pu se rendre compte qu’il savait se fondre dans un effectif et être un solide joueur d’équipe. Il pourrait être sollicité pour les Summer Leagues mais ne devrait pas pouvoir jouer en NBA immédiatement, à moins qu’une équipe tombe sous le charme de son altruisme et de ses différentes qualités. Ça sent quand même la DLeague (et l’espoir d’être un jour appelé au pied levé si ça marche bien) ou bien l’Europe.
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Brandon Triche – Syracuse (Senior)
13.6 pts – 3.6 ast – 3.4 rbs – 1.3 stl – 2.7 tov (41% FG, 28% 3PT, 74% FT)
Pourquoi n’a-t-il pas été drafté ?
Pour lui aussi, il y a ce syndrome Senior qui n’a jamais percé, malgré une très bonne carrière universitaire. Marge de progression limité, niveau de jeu général pas phénoménal non plus, comme Elijah Johnson, Brandon Triche s’est illustré par sa capacité à être un très bon joueur d’équipe, qui ne fait pas de grosses lignes de stats mais qui fait ce qu’il faut pour que son équipe gagne (Syracuse était d’ailleurs cette année une des meilleures formations du pays).
Assez petit, pas franchement athlétique, des pourcentages assez bas, il a en plus évolué dans l’ombre (médiatique et sportive) de Michael Carter Williams, son partenaire dans le back court, meilleur passeur de NCAA et 11e choix de la draft. L’équipe était tournée vers MCW, intronisé meneur de jeu de l’équipe, laissant Brandon Triche occuper une position de second arrière alors qu’il aurait sans doute eu droit à plus d’attention si on lui avait confié les clés de l’équipe. Enfin, certaines interrogations persistent sur sa capacité à défendre des arrières NBA, d’autant que Syracuse n’a (comme à son habitude) pratiqué que de la zone en défense, et qu’on a très rarement voir jamais vu Triche jouer le un contre un, défendre au poste ou sur défense sans ballon.
Pourquoi a-t-il une chance de raccrocher les Summer Leagues et/ou une équipe NBA ?
Et pourtant, on retrouve chez Brandon Triche bon nombre de qualités très appréciables chez un jeune joueur. Carter Williams était bel et bien le meneur, et le passeur le plus prolifique, mais demeure aussi un meneur très limité dans la gestion du jeu (limitation des turnovers, prendre des risques considérés, dicter le tempo, etc). Un bon nombre de vilains petits défauts qui ont pu être un peu cachés par l’expérience d’un Brandon Triche pouvant prendre le relais. Qui était là pour ralentir le tempo, ou même assurer la remontée du ballon lorsque MCW pataugeait face à une forte pression défensive adverse.
Passeur tout à fait capable (juste 3.6 passes, mais en tenant compte du fait qu’il n’était pas appelé à être le créateur numéro 1 des Oranges), il possède une belle assurance dans son dribble, et s’est montré tout à fait capable d’aller titiller une défense sur pénétration. Il n’est pas très athlétique dans le sens où on l’entend traditionnellement, mais il est vraiment très costaud, lourd pour son poste, ce qui combiné à une assez petite taille et un centre de gravité assez bas lui permet d’avoir un super équilibre, d’où ses capacités sur pénétration (entres autres). De plus, il est également plus athlétique qu’on ne pourrait le penser, possédant une belle détente et capable de s’envoler pour le dunk ou un alley oop sur du jeu en transition par exemple.
Joueur intelligent, prêt à faire le sale boulot, qui va souvent chercher du rebond offensif malgré sa petite taille, on peut aussi penser que sa belle envergure (1m97) l’aide à compenser de sa taille en défense. Même s’il n’est pas le meilleur athlète sur le marché, il pourrait séduire une équipe en Summer League de par ses qualités basket et son intelligence de jeu. Sinon, une belle carrière l’attend en Europe.
Je vois mal Triche en NBA, c'est un bon meneur, polyvalent, intelligent, collectif mais il n'a aucune grosse qualité pour le faire sortir du lot, à la différence d'un Peyton Siva par exemple. Par contre comme vous le dites, il pourra faire une belle carrière en Europe.
http://bleacherreport.com/articles/1688682-myck-k…
Pour chacun de ces joueurs vous nous donnez l'impression qu'ils sont vraiment très fort ! Article vraiment bien !