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La NBA moderne, un monde stratégique en évolution

Aujourd’hui on vous propose un nouvel article écrit par  publié sur BasketEvolution qui évoque l’évolution de ligue

Au 15 février 2015 :

Kyle Korver : 12.7 points, 4.3 rebonds, 2.7 passes décisives
Nikola Vucevic : 19.6 points, 11.3 rebonds, 1.9 passes décisives
Brandon Knight : 17.8 points, 4.3 rebonds, 5.4 passes décisives

Par un simple regard sur ces statistiques, il est difficile de comprendre ce qui fait du shooteur des Hawks un All-Star contrairement aux deux autres. Une sélection qui a d’ailleurs du mal à passer chez les férues de la balle orange nord-américaine. « C’est un spécialiste, autant mettre Tony Allen« , « C’est une hérésie totale, il est à 12.7 points », « Il y a déjà 3 Hawks, c’est assez », telles sont les phrases que l’on pouvait entendre dans les médias suite à la décision d’Adam Silver. Pourtant, pour plusieurs journalistes spécialistes voire même pour quelques joueurs, la présence de Korver aux matchs des étoiles n’a rien du scandale. S’il est compliqué parfois de faire la juste part des choses entre un crédit justifié et la hype, les supporters de l’arrière arguent que ce dernier profite d’une ère qui est particulièrement avantageuse pour des joueurs de son profil, la fameuse NBA moderne. Mais que se cache t-il vraiment derrière cette notion de modernité qui nous amènerait à justifier la présence d’un joueur comme Korver devant une machine à double-double comme Vucevic ? La ligue aurait-elle changer au point que l’on perde tous nos repères ? Petite plongée dans l’histoire stratégique de la NBA.

Zone & Hand-Check : une ligue interventionniste

Depuis ses débuts, la ligue n’a cessé de changer ses règles dans le but de trouver le bon équilibre entre attaque et défense. L’horloge des 24 secondes, le goal tending, la ligne à 3 points, les applications sont nombreuses pour dynamiser le jeu et le rendre visuellement plus attractif. Mais au début du nouveau millénaire, une tendance inquiète sérieusement les instances dirigeantes : le nombre de points marqués est en chute libre. Comme on peut le voir sur le schéma ci-dessous, entre 1985 et 2001, la moyenne au scoring a régressé de 16 points. Un phénomène qui est directement corrélé par une efficacité offensive en baisse (représenté par l’OffRtg en vert) mais surtout un rythme de jeu (représenté par le Poss/G en rouge) qui ne cesse de décroître.

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Les raisons sportives de ces phénomènes sont assez compliquées à déterminer mais plusieurs arguments reviennent régulièrement :

  • Tout d’abord, il y a celui de l’adaptation des défenses face aux nouvelles règles pro-attaques mises en place au début des eighties. Que ce soit par la limitation du hand-checking en 1978 (interdiction aux défenseurs d’utiliser leurs bras pour contenir les mouvements de l’adveraire) ou le renforcement des défenses illégales (règles anti-zones) en 1981, les belles attaques comme celles des Lakers ou des Celtics finissent par se heurter à des défenses de plus en plus agressives comme celle des Bad Boys de Detroit. Tout comme certains coachs à la fin des années 70, plusieurs techniciens demandent à leurs joueurs des rotations constantes afin de contourner au maximum les défenses en homme à homme obligatoires. Les polémiques sur l’utilisation de zone cachée étaient monnaies courantes lors des nineties.
  • Pat Riley et son leitmotiv « no layups » appliqué à New York ou Miami seraient une autre explication, les équipes n’hésitant pas à employer tous les moyens nécessaires pour dissuader les attaquants de venir faire un tour dans la raquette. En dépit d’un nouveau renforcement des règles du « hand-check » suite aux finales de 1994, le jeu physique aurait pris une dimension telle que les défenses y verraient un avantage constant.
  • Les consignes stratégiques demandant de favoriser l’installation d’isolations sur demi-terrain plutôt que de profiter des contre-attaques est un autre refrain souvent entendu. Il est vrai qu’en dehors de l’indéniable ralentissement du jeu, les évolutions tactiques de la fin des années 90 semblent mettre en avant des astuces pour donner aux stars plus de liberté afin d’aller jouer leur un-contre-un plutôt que de s’enfoncer dans les trappes ennemies. Le Triangle (selon Winter et Jackson à Chicago) avait souvent pour but de servir Jordan au poste-bas avec de l’espace pour opérer.

Dans un contexte d’audiences TV qui commencent à chuter, la ligue compte bien reprendre les manettes du bolide NBA et met en place un comité chargé de proposer un nouveau règlement capable de redynamiser le jeu. C’est ainsi qu’en 2001, quatre changements sont institués : disparition de la défense illégale, renforcement des 3 secondes défensives (déjà présente sous une autre forme auparavant), passage de 10 à 8 secondes pour remonter la balle hors de sa moitié de terrain et une légère relaxation du hand-checking. Stu Jackson, vice-président des opérations basket, justifie ces changements dans l’optique de rendre le jeu plus rapide, plus fluide, remettant au goût du jour le mouvement sans ballon. S’affranchir de la complexité des nombreuses règles de défense illégale est aussi l’une des raisons avancées. Des justifications qui ont beaucoup de mal à passer chez les grandes voix de l’époque, que ce soit les stars du moment ou les anciennes légendes du jeu. Pour beaucoup, l’autorisation des zones risque de casser le star-system qui aurait permis à la NBA de réussir sur le plan médiatique lors des deux dernières décennies.

Comme évoqué ci-dessus, la NBA avait déjà une histoire assez complexe avec la défense en zone, les coachs de toute époque ont essayé de passer outre son interdiction. Les Jordan Rules instaurées par les Pistons n’étaient par exemple pas forcément très différentes d’une défense en zone tellement les « double/triple team » étaient courantes, tout comme le fait que les défenseurs s’éloignaient parfois très loin de leurs vis-à-vis. Idem pour les Knicks de Pat Riley ou les Sonics de George Karl, des équipes qui ont bien appris les leçons des Bad Boys. Cependant, il y a une frontière entre cacher une défense de zone et vraiment défendre en zone comme on peut le voir ci-dessous :

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Scottie Pippen pointe ici le fait que John Starks soit en dessous de la ligne des lances francs et donc en défense illégale ce qui résultera en une faute technique. Cliquez sur l’image pour plus d’exemples.

Afin de se donner un peu d’espace, certaines franchises n’hésitaient pas à positionner leur pivot derrière la ligne à 3 points en attaque, soit pour mettre en faute la défense adverse, soit pour diminuer l’impact d’un excellent pivot de ce côté du terrain. Don Nelson avait usé de ce stratège pour forcer David Robinson à défendre en dehors de la raquette. On ne peut donc pas dire que les équipes furent vraiment dépaysées quand ces nouvelles règles apparurent lors de la saison 2001/02. Et la crainte de certains se concrétisa. Après 3 années d’application, on observe un rythme pas plus rapide, une efficacité défensive qui non seulement n’augmente pas mais diminue et un jeu qui ne s’ouvre toujours pas.

Devant cet échec, la NBA s’attaque à un autre serpent de mer : le fameux hand-checking. De limitations en limitations (78/79, 94/95, 99/00), les instances de la ligue ont toujours eu du mal à trouver le bon équilibre entre libérer les mouvements des joueurs et éviter la domination des stars,des inquiétudes que l’on peut retrouver dès 1978 ou lors des années 90. Sûr d’eux avec la disparition des défenses illégales, les dirigeants n’hésitent pas cette fois à tailler en pièces le hand-checking pour enfin donner cette liberté offensive tant recherchée. Rendre les pénétrations plus faciles, faire marcher les défenseurs sur des œufs entre l’aide et la couverture des shooteurs, tels sont les objectifs de la ligue. Les résultats ne se feront pas attendre, notamment en Arizona…

Les révolutions D’Antoni et Thibodeau : en recherche d’un équilibre

Parler de révolution pour qualifier les coaching de Mike D’Antoni et Tom Thibodeau est peut être exagéré dans le sens où plusieurs de leurs préceptes étaient déjà dans la ligue bien avant leur arrivée. Mais il est indéniable que ces deux hommes ont poussé leurs systèmes vers une quasi-perfection qui a énormément inspiré la ligue actuelle.

Suite aux derniers changements de règles en 2005, Bryan Colangelo (GM des Suns et fils d’un Jerry Colangelo qui avait présidé le comité responsable des modifications de 2001/02) comprend les nouvelles opportunités qui vont faire surface. Il recrute ainsi Steve Nash pour l’associer à Mike D’Antoni. Moteur d’une équipe de Dallas qui avait déjà été par 3 fois la meilleure attaque de la ligue, le Canadien va prendre une nouvelle mesure sous la houlette du technicien italo-américain. Un simple pick’n roll en tête de raquette entouré de shooteurs longue-distances était quelque chose d’assez novateur à l’époque et il n’y avait rien de mieux que le génie offensif de Steve Nash et les qualités athlétiques de Stoudemire pour en profiter. Associé à un jeu débridé, les Suns démontreront également tous les avantages procurés par le simple fait de pousser la balle rapidement dans le camp adverse, profitant du jeu en transition mais aussi en semi-transition. Shorting pick’n roll, drag screen / bottom side screen, corner drive, le nombre d’actions issues de l’ère D’Antoni et toujours utilisées aujourd’hui sont innombrables. Que ce soit la mise en exergue des pénétrations, du spacing, du pick’n roll, les grands fondamentaux de l’attaque NBA moderne sont là et il n’y a rien de surprenant à découvrir quependant 6 saisons consécutives, les Suns domineront ce côté offensif.

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Pick’n roll au milieu du terrain, défense étirée par des shooteurs longue-distances, tout un symbole de la NBA post-2005.

Les franchises s’en inspirent et si le rythme de jeu n’augmente pas vraiment, l’efficacité offensive va connaître un bond notable en 2005 pour croître de manière continue pendant 5 ans. En 2009, on retrouve des chiffres que l’on avait pas vu depuis une quinzaine d’années. Tout le monde se met au pick’n roll, au drive & kick, au tir à 3 points et si les isolations ou post-ups sont en baisse, une volonté affichée de la ligue, certains critiquent que la complexité du jeu, son « européanisation », n’a pas vraiment eu lieu. Mais on peut penser a poseriori que l’on était toujours dans une phase d’équilibrage vis-à-vis du nouveau règlement. Car si la fin de la décennie (2008-2010) sera le paroxysme de l’efficacité offensive sous les règles actuelles, c’est aussi les années où un type de défense bien particulier commence à se mettre en place, les fameuses zone-hybrides de Tom Thibodeau.

Bien loin d’être l’inventeur de surcharger le côté fort, l’ancien assistant des Celtics est considéré comme celui qui a poussé le plus loin le système d’aide visant à rendre la raquette inaccessible. Là où les équipes pré-2001 étaient obligées de garder un certain respect pour l’homme à homme, l’affranchissement des défenses illégales a permis de gagner en agressivité et la seule contrainte concerne les 3 secondes défensives. Une règle que les équipes de Thibodau ont essayé de pousser le plus possible à l’extrême en demandant à ses joueurs de rester 2,9 secondes « in the paint », quitte à aller plus loin suivant l’arbitrage. « The nail », cette zone en tête de raquette, au niveau de la ligne des lancers francs est aussi un endroit clé dans la défense de nombreux pick’n roll évoluant sur le côté. Enfin, arrive cette fameuse couverture du pick’n roll où le défenseur du porteur de balle tente de l’empêcher coûte que coûte d’accéder au milieu de terrain. Pour cela, il lui refuse l’écran et l’oriente vers la ligne de touche, quitte à laisser de l’espace vers le chemin de l’arceau. C’est là que le défenseur du poseur d’écran intervient, se positionnant un peu plus bas pour couvrir l’accès au panier. On appelle cela une défense « blue » ou « ice ». Tout est compilé dans la défense des Grizzlies ci-dessous :

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En empêchant coûte que coûte les pénétrations, les défenses se préviennent face à ces simples pick’n roll tête de raquette qui dominaient la ligue. On oblige les attaques à avoir un excellent spacing et une bonne circulation de balle afin de prévenir et mettre en défaut les moindres aides. Grâce aux principes de Thibodeau, les Celtics réalisent l’une des meilleures saisons défensives de l’histoire en 2008. Au vu de son succès, cette tactique se répand comme une traînée de poudre dans toute la ligue. Les variations face au pick’n roll ne manqueront pas d’apparaître avec divers degrés d’agressivité (les Blitz du Heat, les Hedges du Thunder, les Drops conservateurs des Bulls, etc…) mais toutes ces défenses arriveront globalement à remplir leur mission : freiner les attaques et même leur faire perdre du terrain. Leur impact se fait directement ressentir sur les moyennes de la NBA :

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Les Spurs de Gregg Popovich : modèle stratégique ou succès temporaire ?

On pouvait penser qu’après les adaptations offensives (pick’n roll & spacing) et défensives (zone-hybride) qui ont fait suite à la fin des défenses illégales et du hand-checking, la ligue avait trouver un certain équilibre attaque/défense. Sauf que les nouvelles défenses ont beau se perfectionner de jour en jour, elles sont principalement destinées à stopper ce qui est simple et prévisible : les isolations, les post-ups, les pick’n roll basiques. A force d’avoir affronté régulièrement les Suns du « Run & Gun » et notamment après avoir vécu un sweep en demie-finale de conférence contre cette même équipe en 2010, Gregg Popovich devine qu’il y a un coup à jouer. C’est ainsi qu’il instaure un un changement stratégique majeur l’année suivante. D’une équipe très orientée sur la défense et le jeu de Duncan au poste-bas, on donne les clés de l’attaque à Parker et Ginobili pour mener ce que l’on va rapidement appeler la « motion offense ». Trois grands systèmes se dégagent : Weak Motion, Strong Motion, Loop Motion.

Juxtaposé aux fondamentaux de l’attaque en continue (Flex, Shuffle, UCLA), la logique est presque toujours la même : beaucoup de pick’n roll mais en les intégrant cette fois à des mouvements collectifs en début/milieu/fin de possession avec beaucoup de contres/alternatives. Imprévisibles, propices à régulièrement inverser côté fort et côté faible, ces systèmes sont particulièrement générateurs de tirs ouverts. On arrive également à des situations intéressantes où la plupart du temps, les Spurs font un pick’n roll, une isolation, un post-up (toutes ces actions jugées maintenant trop simplistes) qui n’a aucune réelle volonté d’être dangereux, juste d’amener l’équipe adverse à son comportement prévisible et le faire payer. Leurres, mouvements constants des 5 joueurs, ajustements incessants, l’attaque des Spurs et beaucoup d’autres avec elle vont constamment jouer au chat et de la souris avec les défenses, nous donnant des batailles dignes d’un jeu d’échec. En assimilant totalement les préceptes défensifs de Thibodeau et avec leur capacité à jouer big-ball (Splitter) ou small-ball (Diaw), San Antonio se dirigera vers plusieurs saisons de grande qualité dont l’apogée des playoffs 2014, spectacle d’une domination rarement vue dans l’histoire.

Après cette très longue tentative d’explications historiques, on peut dresser un bilan plus précis sur l’évolution de la NBA. En grossissant le trait, on est passé ces dernières années d’une ligue très structurée, assez orientée sur les intérieurs et aux mouvements réduits à un jeu où le spacing et la chaos font loi sur un ton dicté par les extérieurs. Rien que depuis 2009, ce qui était le plus faible pourcentage d’isolations utilisée par une équipe (7.7%) est devenue la moyenne aujourd’hui. Là où Duncan utilisait 50% de ses possessions sur post-up au milieu des années 2000, il en est à moins de 30% à l’heure actuelle. Certains pensent que la prolifération des extérieurs de haut-niveau s’est accompagnée de la disparition des pivots alors qu’en réalité, c’est la répartition des responsabilités qui a changé. Au vu des avantages conférés aux « ball-handlers », les meneurs ont gagné en termes de charges offensives, ajoutant le scoring à la distribution. Mais il est devenu aussi très difficile pour eux de tenir leur vis-à-vis et c’est aux intérieurs de contenir la plupart des pénétrations vers la raquette sans parler des aides en second rideau. Le titre de DPOY a toujours été très axé sur les intérieurs mais il est devenu presque impossible pour les extérieurs de pouvoir concourir aujourd’hui. Et tout comme les rôles, les qualités demandées aux stars et role players ont également changé.

Défensivement, avec autant de mouvements sans ballon, il est devenu encore plus nécessaire d’être toujours concentré sur son placement, de savoir faire l’essuie-glace entre son homme et les aides nécessaires, d’avoir la versatilité pour effectuer des rotations de qualité. Un bon intérieur doit comprendre les situations de jeu en cours, être capable de protéger la raquette et avoir une bonne vitesse latérale pour tenir les feu-follet prêt à aller attaquer l’arceau. Offensivement, l’adresse à 3 points, la vision du jeu pour faire la bonne passe qui déstabilisera l’adversaire, le dribble pour faire fructifier l’intervalle généré sont devenus plus importantsque l’ancienne maxime « savoir se créer son propre tir ». Attention, les stars capables de scorer en isolation sur commande ou faire la différence au poste sont toujours d’une très grande valeur mais si les qualités citées précédemment sont absentes, il sera dur d’optimiser ce genre de talents. On peut ainsi penser que la synergie entre les 5 joueurs d’une équipe évoluant sur le terrain n’a jamais été aussi forte, un manque d’adresse d’un ou deux joueurs pouvant anéantir les espoirs d’une équipe comme on a pu le voir avec les Grizzlies lors des finales de conférence de 2013. Les notions de contexte sont d’une importante capitale.

Pour en revenir à notre sujet initial, Kyle Korver remplit exactement les critères que l’on a cité ci-dessus. Exceptionnel shooteur qui sait trouver les bons angles pour se démarquer, excellent défenseur d’équipe à défaut d’être réputé sur l’homme, capable de savoir faire la passe ou le dribble pour ne pas arrêter l’attaque de Mike Budenholzer, il fait partie de ces joueurs qui obligent les défenses à se contorsionner, à accepter les compromis et cela même s’il ne touche le ballon que très peu de fois par match. Malgré la densité du 5 de départ, il n’y a pas de hasard à trouver que la présence de Korver ou non sur le terrain est synonyme d’un delta offensif de 14 points sur 100 possessions. Si Korver est le genre de joueur très dépendant du contexte en place, il fait partie de ceux qui peuvent placer une attaque dans un autre dimension.

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Alors maintenant, la grande question est de savoir si nous sommes en fin d’évolution par rapport aux changements intervenus il y a maintenant 10-15 ans. Les défenses finiront-elles par reprendre le dessus comme elles ont pu le faire à la fin des années 70 puis des années 90, obligeant de nouveau la ligue à instituer de nouvelles règles ? Difficile d’y trouver les réponses. L’utilisation du 3 points est toujours en augmentation pendant que les lancers francs deviennent de plus en plus rares, des indices qui peuvent nous faire penser que la NBA n’a pas encore terminée sa mutation. Sans nécessairement tomber dans l’euphorie du moment, les Warriors actuels offre une tentative de réponse intéressante.

En passe de faire la saison régulière la plus dominatrice depuis les Bulls de 1996, l’équipe de Steve Kerr est aussi sur la voie de l’histoire en devenant la première équipe à combiner meilleure défense et rythme de jeu le plus rapide, un exploit qu’aucune autre équipe n’a pu approcher. Une performance sans doute à corréler avec une stratégie défensive de switching volontaire. Toujours méprisé par les grands noms du basketball, le switch a souvent été vu comme une stratégie relevant de l’aveu de faiblesse. Pourtant, dans une NBA où la création d’intervalle est le moteur des attaques actuelles, cette façon de défendre permet justement d’annihiler le décalage résultant d’un pick’n roll. Utilisé avec plus ou moins de succès par George Karl aux Nuggets, Mike Woodson aux Knicks ou Rick Carlisle l’an dernier, on a vu pourtant 2 coachs l’implémenter avec réussite : Steve Kerr aux Warriors mais aussi Jason Kidd aux Nets puis aux Bucks. Que ce soit avec Green/Iguodala/Barnes/Thompson/Livingston pour Golden State, Middleton/Dudley/Giannis/Henson/Knight/MCW pour Milwaukee, Williams/Johnson/Pierce/Livingston/Kirilenko pour Brooklyn, ces deux techniciens ont eu le personnel idéal (taille, envergure, mobilité) et obligatoire pour mettre en place une telle stratégie. Et quand on sait que les Warriors et les Bucks sont les deux meilleures défenses de la ligue cette saison, on peut se demander si le futur tactique ne se trouve pas là. Une tendance à surveiller dans une NBA en constante évolution où remettre en cause ses repères, ses critères, ses axiomes est devenue une nécessité absolue. A bon entendeur car pour mélanger Darwin au crédo des Bulls : « Ce n’est pas le plus fort de l’espèce qui survit, ni le plus intelligent. C’est celui qui sait le mieux s’adapter au changement ».

Source : Basket-Reference, SBNation, Grantland

Par  sur BasketEvolution

5 réflexions sur “La NBA moderne, un monde stratégique en évolution

  • Nathan3012

    Un article vraiment intéressant qui aide à mieux comprendre, du moins en partie, le succès des Spurs et leur régularité. Un grand merci d'autant plus que je ne connaissais pas du tout cet aspect du jeu des années 80-90 !

  • Giloukebab

    Du lourd l'article super intéressant !!! Mais un peu dommage qu'il y ai pas un mot a propos de Miami qui a été dominant ses 4 dernières saisons !

  • BE_Free

    J'aurais pu mais le Heat a t-il vraiment révolutionner la ligue tactiquement ?
    Ils ont montré que l'on pouvait gagner en jouant small-ball et avec des blitz hyper agressifs mais c'est aussi des choses que l'on a pu voir avant dans des équipes talentueuses. Je ne sais pas s'il y aura un modèle de jeu novateur et propre à Spoelstra dans les prochaines années comme ça a pu être le cas des systèmes de MDA, Thibs et Pop.
    Dans la même période, j'aurais pu évoqué Detroit et ses innombrables finales de conférence, les Lakers et les 2 titres / 3 finales mais je ne voyais pas non plus ce facteur novateur sur lequel j'ai essayé de me pencher.

  • BE_Free

    Merci pour le retour :)

  • Lance

    Superbe article comme souvent!!

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