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[Série de l’été] New York Streetball : Rucker Park

Du 15 juillet au 15 août, chaque vendredi, vivez les playgrounds new yorkais comme si vous y étiez. Cette semaine : Rucker Park. Sommet du streetball où même les stars Hip Hop et NBA viennent se frotter.

Le Rucker, c’est tout simplement le playground le plus connu de New York, et donc peut-être au monde. Il faut dire qu’un sacré paquet de légendes en a émergé. Wilt Chamberlain, Julius Erving, Kareem Abdul-Jabbar… Difficile de faire mieux ! Sans oublier ceux qui se sont cantonné au basket de rue : Richard « Pee Wee » Kirkland, Joe « The Destroyer » Hammond, Earl « The Goat » Manigault. Avec un lot d’histoires épiques à la clé, comme celle où Manigault (1m81) avait tellement de détente qu’un jour il aurait tenté de s’asseoir sur l’arceau…

(Cliquez sur les images pour les agrandir)

Situé tout en haut de Manhatan, le Rucker trône également au sommet des terrains new yorkais. « The Cage – West 4th St » (exploré la semaine passée) est peut-être plus identifiable visuellement. Le tournoi du Dyckman (où on vous emmène sous peu) est au moins aussi compétitif. Mais le cachet de l’asphalt harlémite reste aussi brillant. L’autre attache, c’est celle avec le Hip Hop. D’ailleurs, la relance du tournoi estival en est née. Originellement fondé par Holcombe Rucker (un employé municipal interprété par Forest Whitaker dans Rebound : the Legend of Earl The Goat Manigault), il fut relancé par Greg Marius, ex-rappeur à qui nous laissons le mic : « on avait fait un match entre mon groupe et un autre. Au vu du succès de l’événement, on a lancé un tournoi entre rappeurs-basketteurs… ».

D’où le nom EBC, pour Entertainers Basketball Classic, même si le tournament est désormais élargi à tous, dont les lycéens. Certains spécialistes de la rime viennent cependant encore enfiler leurs baskets, comme French Montana (qui a une équipe), Fabolous ou The Game. Sans oublier les rappeurs qui viennent « juste » pour donner un concert, les platines du DJ qui tournent chaque jour, le MC qui chambre sur chaque action et les danseurs, professionnels ou spontanés, qui se manifestent à chaque pause. Mais ce n’est pas tout : « Qui d’autre a reçu le commissionner de la NBA (David Stern, deux fois) ? Personne, juste nous. Qui d’autre a reçu un ancien président (Bill Clinton, en 2001) ? Personne, juste nous », se targue Greg.

Marbury, Noah, Iverson, Carter, Kobe, Durant…

Le prix ultime reste cependant les stars NBA. Dans les années 60 et 70, les pros retournaient régulièrement pendant l’été. C’est moins le cas maintenant, bien que certains y aient fait des apparitions remarquées. Ceux qui ont grandi sur son bitume : Stephon Marbury par exemple, ou Joakim Noah (« il était nerveux la première année, la deuxième il a été énorme », nous confie Greg). Ceux qui sont venus pour goûter cette ambiance unique : Kobe Bryant et Allen Iverson, qui a même déclaré « c’est peut-être plus chaud que de jouer au Garden » (désolé Boston mais il parlait du MSG…). Et ceux qui y ont gravé une page indélébile, comme Kevin Durant avec ses 66 points. Plus que ce total, sa série de quatre 3-points en autant de possessions d’affilée fut génératrice d’une hystérie collective : irruption de la foule, gamins et adultes se jetant sur lui… Une folie absolue qui fait la beauté de la rue.

Même la pluie n’arrête pas le show, qui se déplace alors au Gauchos. C’est dans ce gymnase que Vince Carter a réalisé son alley-oop le plus extraordinaire. Tout a commencé quand un de ses adversaires, « a-whole-lotta-game », voulant se prouver, commença un peu à le chauffer. Pas de problème, Vinsanity, jusque-là pépère, élève légèrement son niveau. Sauf que le mec en face, 18 ans à peine, répond du tac-au-tac à ses tirs longue distance. VC balance un bon petit alley-oop arrière deux mains. Ça passe, sans plus. Et le gars ne lâche pas, allant même au contact sur un lay-up. Half-Man, Half-Amazing est le premier à manquer un panier. Il doit se racheter, s’il ne veut pas que cette histoire soit répétée dans New York jusqu’à la fin des temps. Contre-attaque. La balle est joliment envoyée depuis les trois points, Air Canada, lancé, a la tête au niveau de l’arceau. Il récupère la gonfle et enchaine en plein air un windmill d’anthologie. Boom. « It’s over ». Greg s’en rappelle encore : « on a dû interrompre le jeu 15 minutes tellement c’était n’importe quoi ».

 

 

Au Gauchos quand il pleut

Ces moments n’arrivent pas tous les jours, mais les affrontements sont presque toujours de haut vol. On a d’ailleurs pu suivre deux matchs, un au Gauchos et un au Park. A priori, le basket de rue dans un gymnase, c’est un paradoxe. Mais quand les maillots accrochés en haut de ladite gym sont ceux de Steph Marbury, Mark Jackson, « Pearl » Washington, Rod Strickland, Chris Mullin et Jamal Mashburn, tout en conservant l’atmosphère street, loin de l’ambiance trop souvent coincée des salles NBA, impossible d’être déçu. Ce lundi, les L.I.C. All Stars rencontraient Ooh Way. Deux équipes au top, jusque-là invaincues. La première incluait dans ses rangs « Super Dave » Seagers, ex-MVP du Dyckman (patience, on vous a dit qu’on y allait bientôt…) et « Big Brian » Williams, qui a joué pour Tennessee. Si Dave n’a pas été décevant : rapide, assassin de loin, fluet mais efficace dans la peinture, Brian lui a volé la vedette. Non content de dominer la raquette du haut de ses 2m07, 125kgs, il s’est permis une petite battle en remontant quatre fois le ballon lui-même, pour une série de drives réussis. En face, avec juste 6 joueurs et leur seul intérieur parti au Jazz pour des essais, le coach a dû s’époumoner : « defense, defense, defense ! », « that’s a bad call ref, and you know it », « this motherfucker had nowhere to go », « you’re good, but now I need you to be great ». En vain, mais avec les honneurs.

Mardi, on nous avait dit qu’un joueur NBA devait se pointer au Park. Malheureusement, il était pris à Vegas, avec Team USA. Non, désolé, on ne peut pas vous dire qui. Car ça risque de se faire plus tard et cela engage trop la sécurité. Ceci dit, un rookie 2015-16 très connu devrait participer dans quelques jours… Nous avons donc du nous contenter d’un match « normal », mais là encore, il n’y avait pas de quoi faire la fine bouche. Si le face-à-face entre « Damo », un cador qui a écumé la ville et Rich Ross, qui détient le record au Rucker, avec 82 points sur un match, est resté sobre, le Black Ink Crew et New Jack City ont joué des coudes jusqu’au dernier moment, pour un score final de 88 – 85. Ce serait parti en prolongation sans une dernière tentative malheureuse derrière l’arc. « Shit, that was a good game man », résume un spectateur, venu « all the way from Brooklyn ». L’adrénaline redescend, il est temps de rentrer. Avant d’en explorer un autre la semaine prochaine…

Antoine Bancharel, à New York

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