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[Noël] Découvrez un extrait de Jordan, la loi du plus fort

Noël approche, chers lecteurs, et quoi de mieux à trouver dans son calendrier de l’avent que du basket, du basket, et encore du basket ? En attendant les fêtes de fin d’année, Basket Infos vous propose des extraits du livre Jordan, la loi du plus fort paru cette année en français chez Mareuil Éditions. Traduction du mythique The Jordan Rules de Sam Smith, le livre relate la saison 1990-91 des Chicago Bulls, et après avoir lutté contre les Celtics lors des épisodes de mardi et de jeudi, puis fait la loi à Chicago samedi, on retrouve Jordan et les Bulls dans le vestiaire avant un match contre les Pacers. Cette fois-ci, MJ raconte à ses coéquipiers son passage avec Team USA…

 

La route du record devrait néanmoins passer par Indianapolis, une salle qui ne réussissait guère aux Bulls, qui y avaient été battus lors de leurs cinq derniers déplacements. Ils n’avaient jamais vraiment trouvé comment défendre sur l’ailier Detlef Schrempf, et Reggie Miller, la star des Pacers, était particulièrement motivé quand il s’agissait de recevoir Chicago. Il avait d’ailleurs affirmé qu’affronter les Bulls « était le match que toute la NBA attendait parce que c’était l’occasion de voir Air Jordan contre Hollywood. » Personne ne comprit vraiment qui était Hollywood dans cette métaphore, mais on supposa qu’il s’agissait d’un surnom que s’était attribué Miller, jamais le dernier à fanfaronner. Toujours gêné par une légère entorse à la cheville, Horace Grant ne serait pas de la partie et son absence était redoutée par les fans de Chicago. Stacey King avait fait le boulot face aux modestes intérieurs de Dallas, mais ceux d’Indiana s’annonçaient être une toute autre paire de manches.

Le vestiaire était particulièrement animé avant le début du match : il se disait que la fédération américaine prévoyait d’envoyer des joueurs NBA aux prochains Jeux Olympiques. Jordan avait participé aux JO de 1984, quand seuls les joueurs universitaires étaient autorisés à y prendre part, au sein d’une équipe dirigée par Bobby Knight, le légendaire coach de l’Université d’Indiana. Pippen était curieux : si le comité olympique autorisait les joueurs pros à concourir, Jordan serait-il motivé à réitérer l’expérience ?

« Et pourquoi je voudrais y retourner ? » répondit l’intéressé, presque surpris de la question de son partenaire.

« Je sais pas, pour représenter ton pays, ou quelque chose comme ça », argumenta Pippen.

« Franchement, après une saison NBA j’ai besoin de récupérer. Je pense que je n’aurais pas le courage d’enchaîner avec les matchs de qualifications, les rencontres amicales et tout le reste», conclut Jordan.

Même si sa médaille d’or remportée en 1984 restait un très bon souvenir, Jordan se rappelait aussi que les choses s’étaient plutôt mal passées avec Knight.

« Si j’avais su à quoi m’attendre avec Knight, je ne sais pas si j’y serais allé », expliquait-t-il à ses coéquipiers désormais rassemblés autour de lui comme s’il racontait une histoire à un feu de camp. « On m’avait parlé de ce Knight quand j’étais à North Carolina, du coup j’avais demandé à mon coach de l’époque si c’était une bonne idée de faire les Jeux. Il a insisté pour que j’y aille. A mon avis, tous les autres coaches auraient fait pareil, parce qu’ils savaient qu’après avoir passé un mois avec Knight on n’irait plus jamais se plaindre de leurs méthodes. »

Il poursuivit son histoire, expliquant que même quand l’équipe américaine menait de trente points à la mi-temps, Knight les engueulait dans les vestiaires. « On avait l’impression que c’était nous qui perdions de trente points. Et puis il y a eu ce truc avec Raveling, l’un des assistants. Patrick Ewing avait un peu le cafard, il disait qu’il en avait marre, qu’il voulait rentrer chez lui. Raveling décide alors de le ramener à Georgetown pour la soirée, histoire qu’il puisse voir son coach et qu’il revienne un peu plus serein. Ils rentrent dans la nuit, assez tard, et le lendemain Patrick fait un mauvais match. Knight se met à engueuler Raveling comme du poisson pourri, prétendant que c’’était de sa faute si Patrick n’était pas bon.

Il lui disait : « Écoute-moi bien, espèce de fils de pute. C’est de ta faute s’il joue comme une merde. Ouais, c’est toi qui l’a envoyé chez lui au milieu de la nuit, fils de pute. » Bien entendu, Raveling se mit à crier aussi : « Va te faire enculer, c’est pas de ma faute s’il n’est pas foutu de rentrer un tir. Ouais, va te faire foutre. » Tous les deux s’insultaient devant tout le monde alors qu’on menait de quarante points. Après ça, ils ne se sont pas adressé la parole pendant au moins trois jours. »

C’était au cours de ce même été que Jordan avait rencontré Barkley, même si ce dernier n’avait finalement pas été du voyage aux Jeux Olympiques. Très rapidement, tous deux étaient devenus copains comme cochons.

« Je vais vous raconter une autre  anecdote qui s’est déroulée alors que l’on se préparait pour la photo d’équipe », continua Jordan, intarissable sur le sujet. « Knight débarque avec une vieille paire de chaussures pointues, et Barkley commence à se foutre de lui, lui demandant pourquoi il était venu avec les pompes de son grand-père. Tout le monde se marrait, mais Knight ne rigolait pas du tout. Personne ne s’était permis de se moquer de lui auparavant, mais Barkley en remit une couche. Et là Knight pète les plombs, il se met à insulter Barkley, à le traiter de débile. Le lendemain, Barkley était viré. »

Alors que toute l’équipe écoutait Jordan religieusement, Bach se joignit au groupe. Issu d’une famille de militaires et lui-même ancien officier de marine, l’assistant de Jackson avait toujours été un fervent admirateur de Bobby Knight. Les deux hommes s’étaient rencontrés à la fin des années 1960, à une époque où Knight coachait à West Point, le fleuron des universités militaires des États-Unis. Bach avait immédiatement adhéré aux méthodes de son homologue, quand bien même son côté brut de décoffrage dénotait avec la rigueur militaire inhérente à ses fonctions. Il pouvait se permettre de fonctionner comme bon lui semblait, jouissant d’un soutien de poids en la personne du Général Westmoreland, l’une des têtes pensantes du Pentagone et grand admirateur des équipes de Knight. Si un colonel se permettait de faire remarquer au fantasque entraîneur qu’il n’appréciait guère sa manière de travailler, un simple coup de fil à Westmoreland suffisait à trancher. Finalement, Knight se prit le bec avec tant de colonels que même son allié ne put le sauver, et il fut prié de faire ses valises à la fin de la saison 1970-71.

Bach connaissait lui aussi son lot d’anecdotes à son sujet. Une fois que Jordan eut terminé son histoire, il se lança dans le récit d’un après-midi passé chez les Knight.

« À peine étais-je assis, qu’il s’est rué sur moi et m’a demandé : « John, un petit café ? » Je n’ai même pas eu le temps de répondre qu’il était déjà en train de crier à sa femme de m’en préparer un. Mais la pauvre était déjà occupée à faire prendre leur bain à ses enfants, et elle lui répondit qu’elle ne pouvait pas. »

« Et là, c’est devenu hallucinant », poursuivit Bach, lui-même père de famille pour le moins rigide — capable de vider une bouteille de lait sur son fils après que celui-ci lui ait renversé son bol sur le pantalon. « Knight est parti dans la salle de bain en courant, et s’est mis à hurler comme un dingue. Il disait qu’il avait un invité qui attendait, qu’il valait mieux qu’elle se bouge le cul et qu’elle lui fasse le café tout de suite. Moi j’étais dans le salon, je l’entendais beugler, avec les enfants qui pleuraient à côté. Tout d’un coup j’ai vu sa femme partir en courant dans la cuisine. »

« Le pire dans l’histoire, c’est que je ne bois même pas de café », conclut-il devant une assistance hilare. « Mais bon, sur le coup je me suis dit qu’il valait mieux pour moi que je termine ma tasse sans faire d’histoire. »

 

C’était le dernier épisode de la série ! Si vous n’avez pas encore fait vos achats de Noël, vous pouvez toujours vous procurer Jordan, la loi du plus fort chez Amazon, à la Fnac ou chez votre libraire…

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