[Interview] Nicolas Batum : « On ne me demandait pas ça avant »
On retrouve enfin le Nicolas Batum habituel, quasiment ressuscité depuis le replacement au poste 2 après le All-Star break. L’ailier français en a discuté avec nous lors de son passage à Brooklyn, ainsi que de la course aux playoffs dans laquelle ses Hornets se lancent, avec Tony Parker en guide.
Nicolas, depuis que James Borrego t’a mis au poste 2, tu retrouves tes standards statistiques habituels…
Oui, c’est ce que je t’ai dit depuis le début (de la saison). Au poste que j’avais avant, on ne me demandait pas ça quoi. C’est depuis que j’ai changé de poste que je suis plus mis en situation pour faire ce que je fais maintenant. Et ça, je ne l’ai jamais caché. C’est ce que j’essaie de dire depuis le début. Kemba (Walker) et (Jeremy) Lamb étaient les ball-handlers et moi j’étais là en défense, ou pour faire tourner ou tirer quand j’avais un shoot ouvert. J’aurais pu faire plus, bien sûr, je ne cache pas ça non plus, mais là c’est vrai qu’il me demande de repasser comme ce que j’étais un peu avant, de redevenir un peu ce joueur-là : à 15 points, 5 passes et 5 rebonds quoi, à peu près.
C’est vraiment lié au poste, ou aussi à un déclic après le All-Star break, comme le dit ton coach et même Tony Parker ?
Ça reste par rapport à ce qu’il me demande. Miles (Bridges) commence, après c’est vrai que je joue aussi avec Jeremy Lamb, mais la répartition des systèmes et ce que l’on me demande de faire est différente. Donc c’est vraiment par rapport à ce que l’on me demande de faire. Parce que j’ai beaucoup plus de systèmes pour moi qu’auparavant. Enfin, pour mettre en place, et faire tout ce que moi je peux faire.
Donc ça reste lié au poste et sa place dans le système de Borrego…
Oui, c’était le poste, par rapport au poste que j’avais avant aussi donc. Et c’est pour ça que l’ « usage » (le taux d’utilisation, où il était tombé à la 400ème place sur 465 joueurs NBA comptabilisés fin décembre) de Kemba et Lamb était plus élevé que le mien. Et puis moi je n’ai jamais été un mec qui forçait les choses ! Depuis que je suis gamin… J’aurais pu changer, mais ça n’aurait pas été évident. On me l’a dit : « il faut que tu essaies ! ». Mais c’est dur de changer ça. Surtout à ce moment-là de ma carrière. Mais bon, voilà. Ça plaît, ça plaît pas… Ça a plu à beaucoup de coaches entretemps, en tout cas. Beaucoup de joueurs aussi, avec qui j’ai pu jouer. Donc voilà quoi, là on me demande de faire des choses différentes, donc je fais des choses différentes (il sourit).
Alors, par exemple, quand tu prends les choses en main en seconde mi-temps à Brooklyn, c’est toi qui décides ou ça vient des systèmes ?
C’est les systèmes ! C’est les systèmes qui font que. Kemba était assez coupé (du reste de l’équipe) avec leur défense. Et ils ont fait une défense de zone. Attaquer ce type de défense, c’est souvent par moi que ça passe maintenant.
« Je me préoccupe plus des stats des autres avant les miennes »
D’autant que tes tâches défensives restent aussi prépondérantes ?
Oui, c’est un peu ce que je peux faire. J’ai cette capacité à affecter le jeu des deux côtés. Je peux faire bien en attaque en même temps que je fais bien en défense. Et là c’est ce qu’il me demande de faire. Et même, en défense, il me demande de faire plus cette année que je ne faisais les trois dernières années ! Même maintenant que mon rôle a changé en attaque, je ne vois pas pourquoi il me demanderait de changer en défense.
Du coup tu dois te sentir mieux, non ?
Oui, de me sentir plus impliqué. Parce que des fois, quand tu sais que tu peux faire plus mais qu’on ne t’en demande pas plus, c’est un peu frustrant. Mais je ne le prenais pas mal. Je n’ai jamais pris mal les choses. Parce que voilà, c’est le coach qui décide et je n’irai jamais contre l’avis d’un coach… J’ai fait une fois l’erreur d’exprimer ma frustration, après les J.O. (en 2016), ç’a été très mal pris. Parce que des fois, j’ai l’impression que je peux peut-être essayer de faire (il fait le signe « petit » avec ses doigts) un peu plus pour aider l’équipe. Mais avant tout, le principal c’est d’aider l’équipe. Les stats, à la fin, je m’en fiche quoi. Ce n’est pas de ça dont je me préoccupe le plus. Je me préoccupe plus des stats des autres avant les miennes ! C’est toujours ça aussi mon problème.
Quand même, les sensations sur le terrain doivent être vraiment différentes, non ?
Oui, un petit peu quand même. Bien sûr. A la fin, tu joues au basket pour aussi pouvoir faire des choses sur le terrain. Quand tu as cette possibilité – et de pouvoir faire plus de choses toi-même – bien sûr que c’est une satisfaction également.
« Quand Tony et Kemba s’y mettent… »
A part en fins de match, tu n’es pas beaucoup associé à Tony par contre…
Ca dépend des matchs. Quand il décide de mettre les deux meneurs en même temps (TP et Kemba donc), dans 95% des cas c’est moi le troisième ailier pour jouer avec les deux justement. C’est un moment où je suis moins impliqué en attaque, mais cela me gêne moins. Parce que les deux, quand ils sont dans leur mode… (il marque une pause et écarquille les yeux) je les laisse faire ! Quand ils s’y mettent vraiment les deux là, qu’ils prennent le jeu en main, je les regarde et je fais : « Ouh là ! Bon, moi je suis là si vous avez besoin les gars, hein, mais je vous laisse faire ! ».
Collectivement, vous êtes dans la course pour votre objectif playoffs. C’est déjà ça ?
On a connu un petit calendrier assez compliqué, mais on est dans la dernière ligne droite. Avec quoi, 19 matchs pour nous ? Donc on n’est pas largués, et on a notre destin entre nos mains. (Il marque une petite pause) C’est tout ce que l’on demande : on ne dépend pas des autres. En plus, on va jouer quasiment toutes les équipes avec qui on est en concurrence directe, donc voilà, c’est assez excitant !
C’est important de tenir la 8ème place, comme vous l’avez fait en la reprenant à Brooklyn vendredi soir ?
C’est important ! C’est encore assez long et c’est important de l’avoir. Surtout qu’Orlando joue très bien, Miami aussi, Détroit revient… donc ça va être une belle course.
Quelque part, les playoffs commencent pratiquement maintenant ?
Oui, limite, pour toutes les équipes là – dont nous – les playoffs commencent maintenant. Brooklyn, Detroit, Orlando, Washington, Miami, on va tous se jouer.
On se prépare différemment du coup ?
L’erreur à faire justement, ce serait d’être focalisé sur les autres équipes. Il ne faut pas. Tu regardes tes trucs et tu ne fais pas attention aux autres. Il ne faut pas, justement, se focaliser sur les autres. L’excitation est différente, et oui quelque part on sait que ça commence un peu maintenant le côté éliminatoire, mais il ne faut pas vraiment changer ta préparation non plus.
Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York
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