[Interview] Nicolas Batum : « Il n’y a que comme ça qu’on y arrivera »
En leader dans le vestiaire mais reconverti role player sur le terrain, Nicolas Batum a délégué à Evan Fournier et Nando De Colo durant la coupe du monde, mais n’a pas hésité à prendre les choses en main par exemple lors du match pour la médaille de bronze. C’est lui qui a lancé la révolte face aux Australiens. Nous avons évoqué son rôle avec lui, mais aussi le manque d’exposition médiatique et la suite pour les bleus.
Bonjour Nicolas et félicitations pour cette médaille de bronze, on t’a vu plus en retrait par rapport à Evan ou Rudy, est-ce que c’est quelque chose qui t’a plu ?
Je prenais du plaisir à voir les autres s’éclater, chacun dans son rôle. J’ai essayé de rendre la vie plus simple aux autres. Voir Evan dans le 1er cinq, ça me fait plaisir et si on avait été en finale, Rudy y aurait sûrement été aussi. Nando a fait une énorme compétition. Je pense qu’il était encore meilleur qu’en 2015 quand il avait été dans le 5 de l’Euro. Andrew, on a essayé de l’accompagner, Frank également. C’était pour beaucoup de joueurs leur première campagne ou leur première campagne à grosse responsabilité et où on devait gagner. Ça a été mon rôle et c’est ce qu’on a dit avant le match contre l’Australie avec Nando. Ça n’est pas évident d’avoir une médaille et c’est une chance qui peut ne se présenter qu’une fois dans une vie. On ne sait pas de quoi est fait l’avenir, il fallait être prêt et ils l’ont été.
Mission accomplie ?
(il coupe) Quasiment accomplie
Ca te met en colère de voir que malgré ces bons résultats, l’État et les télévisions ne bougent pas ?
Non, mais ça me motive encore plus. Comme l’expliquait le Jean-Pierre Siutat (président de la FFBB), il y a eu du travail de fait. On est passé en 10 ans de la 17e à la 3e place mondiale. On est passé de la 5e place en 2006 où c’était un excellent résultat à une 3e place qui est limite un échec. Ça montre une nouvelle exigence, qu’on est monté de niveau, les joueurs français sont de plus en plus forts. À nous de continuer à bosser pour ramener des médailles d’or, des trophées, il n’y a que comme ça qu’on y arrivera. Les filles font le boulot, à nous de suivre. On voit que les jeunes suivent derrière également. Le basket français a de très beaux jours devant lui.
Que pensez-vous de la ministre des sports qui ne fait pas le déplacement.
C’est un peu vrai aussi, il y a eu des tweets, mais c’est à nous aussi d’aller en finale et de faire le boulot. Que le gouvernement vienne ou pas, ça ne nous importe pas vraiment. Nous ce qui nous importe c’est que le basket est le 2e sport collectif en France et continue à grandir, à fédérer, à faire plaisir aux jeunes. Il faut que les jeunes aillent dans les salles et jouent au basket. C’est plus pour ça que pour voir les ministres ou le président en tribunes. Il y a de plus en plus de gens qui vont voir le basket en Jeep Elite, chez les filles, dans les championnats nationaux ou régionaux. C’est plus ça qui nous importe nous que Monsieur Macron ou qui que ce soit d’autre. Certes c’est important parce que le basket en a besoin, mais l’objectif c’est vraiment de fédérer le peuple français derrière le basket et que l’on reste le sport collectif le plus pratiqué en France avec le football.
C’est beaucoup de sagesse, à ta place on serait plus en colère de savoir qu’il faut absolument des titres pour que l’on parle de nous dans les médias
C’est la vérité. On ne parle que des vainqueurs. Une médaille de bronze c’est bien, mais ça n’est pas une finale non plus. À nous de continuer à bosser, la génération de Tony a enclenché le processus. Avec Nando on a continué et maintenant c’est la génération d’Evan et Rudy qui prend le relais. Des joueurs comme Frank commencent à s’intégrer et connaissent le succès très tôt, c’est une bonne chose. On a aussi Théo Maledon qui a fait la prépa avec nous, qui a 18 ans et est le futur de l’Equipe de France. C’est à eux maintenant de faire en sorte qu’on fasse un tournoi complet sur une chaîne publique.
Ces médailles et cette régularité, c’est aussi le résultat du travail de Vincent Collet
Il faut reconnaître son travail. Il sait apprendre de ses erreurs. 2017 n’a pas été évident pour tout un groupe. Les absences comme la mienne n’ont pas aidé. J’aurais pu être là, mais j’avais préféré rester avec ma famille. Mais il a su s’adapter par rapport à ça et changer beaucoup de choses dans son management, dans son coaching, ça a été payant.
La qualification directe pour les Jeux, qu’est-ce que ça change ?
Il n’y a pas de TQO. C’est une galère le TQO. Ça commence tôt le TQO. Je crois que c’est le 25 juin donc la prépa commence le 5 juin et ce n’est pas évident de commencer si tôt. On l’a connu à Manille. C’est bien pour l’équipe qui ira et la fédération pour préparer le tournoi sereinement et de mieux communiquer pour le basket français sur cette qualification directe.
C’est trop tôt pour vous demander l’objectif pendant ce tournoi olympique ?
Oui, c’est trop tôt, on vient à peine de revenir de la coupe du monde.
Propos recueillis par Hugo Givernaud