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Young Corner: Collin Sexton, la magie Doncic, pull-up 3 et mauvaises passes

Bienvenue dans le Young Corner! Le coin où l’on décortique les progrès (ou non) des joueurs arrivés dans la ligue depuis moins de trois ans.

  1. Collin Sexton, meneur ou non?

 

Isoler une mauvaise action est toujours un peu injuste pour un joueur, mais tout de même : what the hell, Collin Sexton ? Ce genre de choix improbable (un tir à mi-distance, contesté, avec 14 secondes restantes à l’horloge) est dû à deux choses :

  • Sexton est un finisseur assez médiocre près du cercle, sans vraiment d’amélioration visible. Comme l’an dernier, il tourne à 54% de réussite dans cette zone, ce qui le place dans le 29e percentile parmi les meneurs. Faute de vraiment savoir contourner une défense ou utiliser le contact pour aller au cercle, il se retrouve contraint à prendre ce genre de tirs contestés.
  • Le problème est que Sexton ne lit pas non plus très bien le jeu, même s’il y a un peu de mieux par moments cette année. L’an dernier, Sexton était dernier de la ligue au nombre de passes décisives potentielles parmi les meneurs. Cette année ? Sur 46 meneurs faisant plus de 35 passes par matchs, Sexton est… dernier, avec 4 assists potentielles par match, en baisse par rapport à l’an dernier (5.6 /m). Pour comparer avec des joueurs faisant à peu près le même nombre de passes : son coéquipier Darius Garland est à 6.8, Markelle Fultz à 8.8, Bledsoe à 11.9…

Tant que Sexton ne pourra pas corriger au moins un de ces deux aspects de son jeu, l’imaginer comme principal playmaker d’une équipe NBA restera difficile. L’arrivée de Garland et le retour de Love, bon passeur, ont d’ailleurs logiquement modifié son jeu : 46% de ses paniers cette année sont issus d’une passe décisive, contre 39% l’an dernier. Sexton a pour l’instant perdu son mojo sur les pull-up 3 (seulement 23% de réussite, contre 37 l’an dernier), mais la saison est trop jeune pour en tirer une conclusion. Le fait est que les choix des Cavs ajoutés aux progrès peu tangibles de Sexton sur ses défauts comme pur meneur semblent le déplacer vers un rôle de combo guard scoreur, peut-être plus utile en sortie de banc…

 

  1. Pull-up 3 à gogo

Le pull-up 3 est devenu l’arme des superstars : Curry et Harden, bien sûr, mais aussi Lillard, Irving, Walker et tout ce que la NBA comprend de porteurs de balle dominants. Luka Doncic et Trae Young avaient l’an dernier confirmé ce tournant dans le jeu NBA en arrosant à tout va en sortie de dribble derrière la ligne : cette année encore, ils sont 2e (Doncic) et 6e (Young) dans le classement des joueurs tentant le plus de pull-up 3 par match.

Comme il n’y a pas vraiment de raison que la mode s’arrête en si bon chemin, d’autres jeunes joueurs suivent le même modèle, avec la bénédiction de leurs coachs. Le plus adroit de la ligue, parmi tous les joueurs à au moins 2 tentatives par match ? Devonte’ Graham, qui tourne à un absolument démentiel 53.6% par match ! Peu de joueurs paraissent aussi accros à ce type de tirs que Graham. Regardez avec quelle voracité il réclame la balle puis un écran à Miles Bridges :

 

Attention aux yeux quand la réussite de Graham va tourner, même s’il est capable de compenser par une bonne gestion du jeu (son assist-to-turnover ratio était de 4.01 l’an dernier, meilleur ratio pour un rookie depuis 2004, 2.63 cette année), même s’il ne prend pas beaucoup de risques. En attendant, Charlotte s’est trouvé une arme offensive inattendue. Ajoutez à l’équation les bons débuts de PJ Washington, la petite hausse d’efficacité de Malik Monk et le développement d’une meilleure création de tir de Miles Bridges, et le futur paraît légèrement moins sombre du côté de la Caroline du Nord.

Autre jeune shooteur sans complexe : Coby White. Le petit meneur des Bulls prend 23.4 tirs par 100 possessions, le 32e total sur 317 joueurs qualifiés. Comme Graham, White aime shooter en transition, mais son geste est un peu moins fluide : son bras a un effet catapulte qui le fait perdre en efficacité :

Avec 20% de réussite sur ces pull-up 3, on ne peut pas dire que Coby White justifie vraiment le feu vert qui lui est accordé. Dans l’étrange bazar que sont les Bulls (que se passe-t-il avec Markkanen ?), il est difficile de juger vraiment White, si ce n’est qu’être surtout efficace à mi-distance et être dans le 17e percentile pour l’Assist Percentage n’est pas forcément un extrêmement bon signe pour un meneur. Un peu de discipline dans la sélection de tirs ne ferait sans doute pas de mal.

Preuve qu’il y a bien là une nouvelle façon de considérer la sélection de tirs: sur les 54 joueurs prenant plus de 2 pull-up 3 par match, 11 sont des rookies ou des sophomores, et l’augmentation progressive du temps de jeu de ces jeunes joueurs ne va faire qu’augmenter le phénomène.

 

  1. La draft 2018 est… historique?

En plus de deux All-Stars quasi certains (Doncic et Young) et de cinq possibles dans le futur (Ayton, Bagley, Gilgeous-Alexander, Carter Jr, Jackson Jr), la draft 2018 est en train de se montrer d’une profondeur impressionnante à partir de la 20e position. Jugez plutôt :

  • 20e, Josh Okogie, l’un des meilleurs jeunes défenseurs de la ligue (et l’un des pires shooteurs, aussi: plus de détails là-dessus dans les lignes qui suivent).
  • 23e, Aaron Holiday, back-up intéressant l’an dernier, plus en difficulté cette saison (TJ McConnell est passé devant lui dans la rotation).
  • 24e, Anfernee Simons. A-t-on déjà autant entendu une franchise faire passer le message qu’elle croit vraiment, vraiment en un jeune joueur n’ayant quasiment pas vu le terrain lors de son année rookie? Avec des pourcentages plus que satisfaisants pour un arrière (53.1/40.9/85/7), Simons fait en tout cas un début de saison très prometteur, même si son playmaking en est à ses premiers balbutiements.
  • 25e, Moritz Wagner, en pleine explosion tout à fait inattendue à Washington. Wagner marque un incroyable 1.42 pts par possession grâce à une grande habileté pour finir à l’arceau (77%), tout en assurant une protection de cercle d’élite: sur les 34 joueurs contestant plus de 5 tirs par match près du cercle, Wagner est le 4e plus efficace, avec seulement 41.9 FG% concédés (derrière Towns, Ibaka et John Collins).
  • 26e, Landry Shamet, titulaire chez un des favoris au titre.
  • 27e, Robert Williams, auteur de passages intéressants à Boston.
  • 32e, Jevon Carter, peste défensive en progrès offensivement. Carter ne va quasiment jamais au cercle, n’a pas une grande explosivité, mais est passé en une saison de 34 à 45% à 3-pts, la plupart au sommet de l’arc. Son affirmation est en revanche une mauvaise nouvelle de plus pour Elie Okobo, choisi un pick avant lui.
  • 33e, Jalen Brunson, parfois titulaire à Dallas, d’une propreté remarquable à la mène (seulement 8% de ses possessions se terminent par un turnover), à qui il ne manque qu’un jump shot en état de marche.
  • 34e, Devonte’ Graham, évoqué ci-dessus.
  • 35e, Mitchell Robinson, machine à contres et à steals, dont l’utilisation à New York cette saison est suspecte.
  • 42e, Bruce Brown Jr, titulaire à Detroit dans la discrétion la plus totale. Brown est un attaquant inefficace (42% près du cercle, 29% à 3-pts), mais un passeur correct, malgré une tendance à perdre la balle plus que de raisons. C’est surtout son intensité défensive qui lui vaut sa place de titulaire: Brown est un défenseur complet, à la fois puissant et rapide, capable de défendre sur des meneurs comme sur des ailiers. Detroit encaisse d’ailleurs 11.6 pts de moins sur 100 possessions lorsqu’il est sur le terrain cette année!

On peut enrichir cette liste de picks du top 20 destinés à devenir de bons role players (les deux Bridges, Knox, Sexton, Huerter, Troy Brown) ou de potentiels encore en jachère (Porter, Bamba, Robinson). Meilleure draft de la décennie?

 

  1. Luka Doncic est incroyable

En parlant de la draft 2018… Quelques chiffres pour se rendre compte de l’incroyable joueur que Luka Doncic est déjà :

  • Doncic est dans le top 20 NBA au nombre de points, de rebonds, de passes et de 3-pts inscrits.
  • Il est le 2e joueur qui tente le plus de pull-up 3 (derrière Harden), mais aussi dans le 72e percentile pour l’adresse près du cercle.
  • Il inscrit 1.22 points par tir tenté. Andre Drummond, qui tire pourtant seulement près du cercle, n’a jamais atteint cette marque en sept saisons.
  • Il construit une telle efficacité offensive alors que seuls 23% de ses paniers sont issus d’une passe décisive. Personne dans la ligue ne se crée plus son shoot que lui !
  • 47 % des paniers inscrits par ses coéquipiers viennent d’une de ses passes. Personne ne fait mieux dans la ligue. Ses 19.2 assists potentielles par match sont la 2e marque de la ligue, derrière LeBron. Admirez !

 

  1. De la relativité des tirs ouverts…

Sous l’impulsion de Gersson Rosas et de Ryan Saunders, les Wolves ont complétement changé leur style de jeu offensif. Ces cinq dernières années, ils étaient dans les cinq équipes prenant le moins de tirs à 3-pts ; ils sont aujourd’hui à la 5e place de ce classement. Plutôt une bonne chose en vue d’une plus grande efficacité offensive, à condition d’inscrire un nombre raisonnable de ses tirs. Si Towns est l’un des meilleurs tireurs de la ligue, le reste de l’équipe a plus de mal (33.6 3P%, 23e de la ligue). Leurs jeunes, notamment, manqueraient un éléphant dans un magasin de porcelaine : à eux trois, Culver, Okogie et Graham ont eu 31 tirs à 3-pts complètement ouverts (sans défenseur proche) : ils en ont inscrit… quatre. Comme Coby White, le geste de Culver est un peu forcé, propulsant la balle en force sans lui donner beaucoup d’impulsion vers le haut. Quant à Okogie, la stat ne fait que confirmer sa saison dernière: sur 154 joueurs ayant pris au moins 150 tirs à 3-pts en catch & shoot, Okogie avait le 4e pire pourcentage, avec 29.4 % de réussite, derrière Trey Lyles, Eric Bledsoe et Serge Ibaka.

Le syndrome de la panique 3-pts ouvert ne leur est pas réservé chez les jeunes joueurs de la ligue : Rui Hachimura est à 1/10, Frank Ntilikina à 1/9, Malik Monk à 2/11. Plus surprenant, Lauri Markkanen, qui a décidément un souci, est à seulement 7/26.

 

  1. Faut-il s’inquiéter pour Cam Reddish ?

Les statistiques sont assez terribles pour le rookie des Hawks. Reddish shoote à un horrible 26.5%, alors même qu’il tire plus de 8 fois par match (et à 19% à 3-pts). Son ratio assist/turnover est à peine positif (2 passes, 1.8 turnover). 40% de ses tirs sont pris à mi-distance, ce qui n’est pas un très bon signe pour un joueur censé être un complément dans une équipe centrée autour du pick & roll Young/Collins. Comme craint lors de la draft, Reddish a une forme de maladresse lorsqu’il drive vers le panier, ce qui l’entraîne à perdre la balle ou à prendre des floaters contestés, plutôt que de chercher le contact. Cette nonchalance qui lui a toujours été reproché se retrouve dans une passe comme celle-ci, qui n’est absolument pas maîtrisée :

Reddish semble voir le jeu, mais ses gestes sont curieusement empruntés. Voir la bonne passe est une chose; la réaliser en est une autre. Avec Reddish, même les passes décisives sont floues : le destinataire reçoit la balle un peu trop haut, un peu trop bas ou un peu en retard. Reddish joue 4 possessions par match comme ball handler sur pick & roll, avec des résultats catastrophiques : seulement 20% de ces possessions se terminent par des points marqués, ce qui place Reddish dans le 5e percentile de la ligue sur cette phase de jeu. Il est normal que le jeu aille trop vite pour un rookie, mais à défaut de voir les tirs rentrer, les Hawks vont avoir besoin d’une concrétisation du potentiel de playmaking de Reddish relativement vite. Sans quoi la mise sur le banc de Kevin Huerter deviendra difficile à justifier.

 

 

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