Bill Wennington sur la dureté de Michael Jordan : « Je comprenais ce qu’il faisait »
Membre des Bulls de 1993 à 1999, Bill Wennington a remporté 3 titres aux côtés de Michael Jordan à Chicago. Le pivot canadien, aujourd’hui âgé de 56 ans, a été interviewé comme de une centaine d’autre personnes afin d’alimenter le documentaire en 10 parties consacré à la saison 1997-98 des Bulls : The Last Dance (disponible à partir de ce lundi 20 avril sur Netflix).
« Ils sont venus chez moi dans le nord de l’Illinois et ont installé leur matériel dans la maison. Ils sont restés chez moi deux ou trois heures à me poser des questions, pour trouver des choses à ajouter. Ça va être très fun parce qu’ils ont beaucoup d’images. Il va y avoir beaucoup de choses. Ils m’ont aussi demandé si je pouvais leur prêter mes vidéos parce que j’enregistrais pas mal de choses avec mon caméscope dans les années 90. Ils m’ont dit : ‘Dans beaucoup de ces images, on vous voit en train de filmer avec une caméra’. J’ai dit ‘ Oui, j’ai quelques cassettes’. Mais au final j’ai dit non. Je ne voulais pas partager mes cassettes avec eux. » Bill Wennington
Devenu commentateur radio pour les matchs des Bulls après la fin de sa carrière de joueur, Wennington a évoqué la fameuse dureté de Michael Jordan avec ses coéquipiers, notamment à l’entraînement. Avant la diffusion du documentaire, Jordan lui-même avait déclaré : « Vous allez penser que je suis un gars horrible ».
« Tout dépend de la façon dont vous voyez les choses. J’étais là, je l’ai vu faire. J’ai compris ce qu’il faisait. Je pense être quelqu’un d’assez intuitif et qui comprend plutôt bien ce qui se passe autour de lui, et j’ai compris ce qu’il faisait. Il essayait de me rendre meilleur. Est-ce qu’il m’est tombé dessus plusieurs fois à l’entraînement ? Oui. Mais je comprenais qu’il essayait de me rendre meilleur, pour rendre l’équipe meilleure, parce qu’il voulait gagner. C’était un gars qui croyait en la victoire à tout prix, et il essayait de tous nous pousser à atteindre notre meilleur niveau. Et s’il fallait être sur notre dos pour ça, il le faisait.
Je me souviens spécifiquement d’un entraînement, il n’avait pas commencé depuis longtemps et alors qu’on faisait du 2 contre 3 et 3 contre 2 j’ai contré son tir. Tout le reste de la journée il n’a pas arrêté de m’attaquer. Peu importe où il était sur le terrain, il venait me chercher, shootait et était genre : ‘Viens contrer ça, bitch’. Il me cherchait. Il voulait savoir ce que j’allais faire. Est-ce que j’allais me dérober ou est-ce que j’allais répondre au défi et faire de mon mieux ? C’était incroyable. Sur l’une des actions, j’étais isolé de l’autre côté du terrain avec Luc (Longley). Et il a dribblé toute l’équipe. Il était fou à ce point. Il a reçu le ballon du côté droit du terrain, je suis isolé du côté gauche avec Luc, et il a dribblé tout le monde pour me shooter dessus en disant : ‘Vas-y contre ça’. À ce moment-là je dis : ‘Attends une seconde. Est-ce que tu viens de dribbler toute l’équipe juste pour prouver quelque chose ?’. C’est là que j’a compris que c’était un challenge. Il fallait répondre avec lui.
Ensuite verbalement, il allait vous maltraiter. S’il pensait que vous ne vous donniez pas à fond ou que vous n’étiez pas attentif, vous alliez être malmené. Mais si tu comprends pourquoi il fait ça, et que tu essaies vraiment de progresser, ça va. Sinon, c’est dur. Est-ce que c’était difficile ? Oui ça l’était. Personne n’aime se faire crier dessus. Personne n’a envie qu’on se moque de lui. Personne n’a envie d’avoir honte, surtout devant tes pairs. Mais si tu comprenais vraiment le comportement de Michael et ce qu’il faisait, il te poussait. Un peu comme ce parent qui voit quelque chose en toi que tu ne vois pas encore toi-même et qui essaie de t’aider à le voir. » Bill Wennington
Et même s’il a vécu les choses de l’intérieur et qu’il a pas mal d’archives dans les placards, Wennington restait impatient de découvrir le travail des équipes du documentaire.
« Avec le temps les choses sont parfois un peu déformées ou alors tu oublies, mais j’ai de la chance ici à Chicago, NBC Sports a rediffusé les séries de playoffs de notre année à 72-10 (1996). J’étais épaté par le niveau défensif de l’équipe. Et comment Michael, Scottie, Dennis et Ron Harper jouaient si bien ensemble. Ces quatre gars pouvaient switcher sur n’importe qui. Dennis était tellement unique. Quand tu regardes cette saison, tu le vois défendre su Shaquille O’Neal, ou même Patrick Ewing parfois quand on jouait des grands. Phil avait ces options, on pouvait jouer grand ou petit. C’était tellement fun de revoir ça. On oublie combien ces gars étaient bons. Même Toni Kukoc, ce qu’il pouvait faire du haut de ses 2,11 m. Tout le monde parle de Dirk Nowitzki qui s’écartait. Toni faisait ça et le ball-handling dans les années 90. Donc c’était super pour moi de revoir ça, et je sais que ce sera encore mieux de voir ce documentaire. On va voir beaucoup de ‘behind-the-scenes’ : les foules et la réaction des gens quand on arrivait en ville. Vous allez aussi beaucoup voir dans ce qu’ils ont filmé la façon dont on interagissait à l’entraînement, et combien c’était compétitif. Je ne suis pas à tous les entraînements aujourd’hui, et je n’en vois pas beaucoup, mais je ne vois plus cet esprit de compétition là dans les entraînements d’aujourd’hui. » Bill Wennington
via The Athletic