Scottie Pippen, le nice guy; Steve Kerr : « Scottie Pippen et Michael Jordan communiquaient beaucoup, et c’était souvent animé »
Si la personnalité presque tyrannique de Michael Jordan est connue, reconnue et documentée, le caractère de Scottie Pippen l’est beaucoup moins. Le documentaire The Last Dance sur Netflix nous a donc permis d’en apprendre un peu plus sur lui et sur sa gentillesse.
« C’était le parfait complément de Michael. Mike, il vous rentrait dedans. Il fallait être prêt chaque jour pour supporter ses critiques. Scottie, il vous passait le bras autour des épaules pour s’assurer que vous alliez bien. C’est quelqu’un de très gentil. Tout le monde l’adorait. » Steve Kerr.
« Je répète toujours que Scottie était le meilleur coéquipier que j’ai jamais eu. MJ vous engueulait, et Scottie arrivait derrière et disait : « Ne t’inquiète pas, ne l’écoute pas, tout se passera bien. » » Stacey King.
« Scottie était patient, sinon, ça aurait été compliqué. » Pete Myers.
L’ailier ne se privait pas pour, en plus de réconforter ses coéquipiers, leur donner des conseils. Notamment Randy Brown, un meneur qui a signé chez les Bulls en 1995, et a eu du mal à se faire à l’attaque en triangle. Pippen l’a donc pris à part pour lui glisser quelques mots.
« Tu ne vas pas jouer si tu n’arrives à comprendre ça. Je sais ce que tu apportes, mais il faut que Phil Jackson (le coach des Bulls ndlr) te fasse confiance. » Scottie Pippen.
Pippen n’hésitait pas non plus pour assumer ses fautes et défendre ses coéquipiers auprès de Phil Jackson. Comme lorsque le pivot Bill Wennington se prenait une gueulante pour avoir pris à deux le pivot d’Indiana Rik Smits lors d’une séance vidéo.
« Jackson m’a dit : « Bill, qu’est-ce que tu fous ?? » Et là Scottie a levé la voix : « Coach, c’est moi qui lui ai dit de faire ça. » À sa place, beaucoup de gars n’auraient rien dit. » Bill Wennington.
Ou encore quand Jackson s’en prenait injustement à BJ Armstrong alors que le vrai fautif était Pippen.
« J’en ai déduit qu’il ne pouvait pas engueuler Scottie, donc il me criait dessus. Mais Pippen allait ensuite s’excuser et admettre ses fautes devant l’équipe. Il n’avait pas besoin de faire quoique ce soit. » BJ Armstrong.
Tous les joueurs qui ont signé chez les Bulls pendant la première retraite de Jordan aimaient bien cette version de l’équipe, avec Pippen comme star et une ambiance assez détendue. Alors forcément, quand Jordan est revenu, ça leur a fait un peu bizarre.
« Les gars qui étaient là pendant le premier Three Peat avaient pu connaître Michael la personne. Les nouveaux non. Ils ne connaissaient que le caractère du joueur. Il est arrivé et a commencé à jouer, donc ils n’ont pas pu développer de relation. Scottie le savait, et il savait qu’il devait gérer les autres gars. » BJ Armstrong.
Notamment Toni Kukoc, qui était pourtant l’incarnation du différent qui opposait le General Manager Jerry Krause et Pippen. Ce dernier n’était d’ailleurs pas très tendre au début, se moquant de la défense de Kukoc et l’appelant « le gars de Jerry ». Des piques derrière lesquelles le Croate a su voir les critiques constructives, qui lui ont permis de s’améliorer. Ce qui a fini par adoucir Pippen.
« J’adore Scottie. C’est celui qui m’a aidé le plus lors de mes deux premières années. Je n’ai jamais eu le sentiment que les critiques qu’il me faisait étaient méchantes. Il essayait de me montrer la bonne direction. » Toni Kukoc.
Pippen est donc décrit par ses coéquipiers comme une personne très gentille, mais il a eu, comme tout le monde, des moments où il a moins été à son avantage. Dont un qui est montré, une nouvelle fois, dans The Last Dance. Il s’agit de ce moment où l’ailier a boudé après que Phil Jackson ait décidé de donner le shoot de la victoire à Toni Kukoc plutôt qu’à lui lors du troisième match contre les Knicks, lors des playoffs 1994 pendant la retraite de Jordan. Pour protester, il a refusé de rentrer en jeu pour disputer la dernière possession. Ce qui a choqué ses coéquipiers, qui ont fini par lui pardonner après une conversation dans le vestiaire.
« C’était notre meilleur joueur, il aurait probablement dû prendre ce tir. Phil aurait dû dessiner le système pour lui. Ce n’est pas une excuse pour lui cependant. On était déçu de lui, et Scottie était déçu de lui également. Mais on s’est dit : « OK, il a déconné, mais il est redevenu lui-même maintenant. » » Horace Grant.
Le tir de Kukoc est rentré, ce qui n’a pas empêché les Bulls de perdre cette série, empêchant donc Pippen de remporter un titre sans Jordan, et montrant ses limites en tant que meilleur joueur d’une équipe. Par contre, comme lieutenant, personne ne pouvait rêver mieux. Notamment grâce à ses talents en défense et à sa polyvalence. C’est l’un des trois joueurs de l’histoire à avoir réussi 200 interceptions et 100 contres sur la même saison. Ce qui faisait de lui un atour indéniable sur le terrain.
« Si quelqu’un nous faisait mal, la réponse c’était : « Mettons Pip sur lui ! » » Bill Cartwright.
« Il prenait beaucoup de risques, mais il pouvait se rattraper. Si un joueur coupait dans mon dos, j’étais battu. Lui par contre, il pouvait revenir et mettre un contre. » BJ Armstrong.
Mais aussi grâce à son caractère, qui le rendait indispensable en coulisse.
« Il nous connectait tous ensemble. On était une bonne équipe, mais avec lui on est devenu une super équipe. Vous ne pouvez pas aimer le basket et ne pas aimer la manière dont jouait Scottie. » BJ Armstrong.
Bon, évidemment la cohabitation entre d’un côté un Pippen qui essayait toujours d’aider ses coéquipiers et de l’autre un Jordan qui les martyrisait pour essayer d’en tirer le meilleur a entrainé quelques haussements de ton.
« Scottie et Michael communiquaient beaucoup, et c’était souvent animé. Mais jamais irrespectueux. Il y avait toujours l’intention de gagner derrière. » Steve Kerr.
En carrière, Pippen affiche 16,1 points, 6,4 rebonds et 5,2 passes décisives par rencontre.