La déclaration d’amour de Gilbert Arenas à son GOAT : LeBron James
Le débat pour savoir si LeBron James ou Michael Jordan est le meilleur joueur de l’histoire dure depuis plusieurs années maintenant, et le nouveau titre remporté par le King avec les Lakers cet été donne un nouvel argument aux pro-LeBron pour défendre leur poulain. Pro-LeBron dont fait partie Gilbert Arenas. L’ancien meneur a profité qu’on lui demande son avis sur cette question pour faire une longue déclaration d’amour au natif de Cleveland.
« La raison pour laquelle je pense que LeBron est le GOAT, c’est que pendant les moments chauds, il prend la bonne décision, et pas celle que nous, le public, on veut qu’il prenne. C’est la différence qu’il y a entre lui et Michael Jordan ou Kobe Bryant. Si vous donnez l’équipe des Cavs à ces gars-là, ils n’auraient pas fait les playoffs, ils n’auraient pas remporté le titre. Jordan aurait tourné à 60 points et s’en serait foutu du reste. Ce qui m’a fait tomber amoureux du jeu de LeBron, c’était pendant les playoffs, le match 5 contre nous. Il reste cinq minutes. Et j’ai compris ce qu’il faisait, ça a changé la série. Il était un leurre. On pensait que notre plan de jeu l’empêchait d’avoir de l’impact. Il regarde le banc, et hoche la tête. Ça voulait dire qu’il fallait faire sortir Ilgauskas. Nous, en retour, on fait sortir Brendan Haywood. Et du coup il a attaqué le panier. Ce qui m’a plu, c’est qu’il nous faisait croire qu’il allait prendre le match en main, pour donner à tous les autres joueurs une chance d’être impliqués dans le match. Avant qu’il prenne les choses en main. j’ai trouvé que c’était spécial. Parce que moi, quand je suis sur le terrain, peu importe qui est là, avec moi. Je tire. J’essaie d’être agressif. Il savait qu’il avait besoin de ses coéquipiers pendant le match, et il les a laissés avoir des responsabilités pendant des moments du match alors que lui se mettait un peu en retrait. Ça m’a pris l’été pour comprendre ce qu’il faisait, et j’ai réalisé que c’était brillant de servir de leurre pour que tout le monde soit impliqué. Puis il prend les choses en main, et reprend du recul… Je me suis rendu compte qu’on a jamais vraiment réussi à défendre sur lui. Quand il ne scorait pas, c’était pour prendre le rôle du leurre. Il aurait pu nous mettre 70 pions. Il pouvait mettre 70 points contre tout le monde. Vous pensez que vous défendez bien sur lui, mais ce n’est pas le cas, il fait le leurre pour que tous ses coéquipiers puissent se mettre dedans. C’est là que je me suis rendu compte que j’aimais ce gars. Ce qui le rend différent depuis le début de sa carrière, c’est son QI basket, sa capacité à s’adapter, à lire le jeu. C’est ce qu’on ne comprenait pas quand on a joué les playoffs contre lui la première fois : à quel point il était intelligent. Parfois, on laissait certains gars ouverts en sachant que personne de sensé ne tenterait cette passe. Mais lui le faisait, et réussissait. Et ça se finissait bien. En regardant les matchs chez moi, j’ai pris conscience qu’il comprenait parfaitement le jeu, mais je n’avais pas compris ni réalisé à l’époque qu’il avait la volonté de sacrifier son nom, sa réputation pour faire la bonne action. Dans le match 6 en 2006, Damon Jones n’avait pas joué du game 5, et il n’était pas entré en jeu avant les trente dernières secondes. On s’est dit qu’on allait pouvoir le laisser ouvert parce qu’il n’avait pas tiré depuis deux matchs. Il a fait la passe (et Jones a marqué son tir, un trois points dans le corner, pour passer devant ndlr), ça montre qu’il croit en ses coéquipiers, et ça leur donne de la confiance. Jordan aurait tourné à 60 points, mais tout seul. Il n’aurait pas continué à faire des passes à JR Smith après qu’il ait fait sa bourde contre les Warriors. Il croit en ses coéquipiers, et du coup ils croient en eux dans les moments importants. C’est ce qui fait de LeBron le Goat. C’était génial d’avoir Jordan, il a apporté une grâce au jeu, une férocité, il tuait les matchs. Quand Kobe est arrivé, on a vu un clone de Jordan. Ce qu’il s’est passé, c’est que quand LeBron est arrivé en NBA, un gars qui n’avait pas le même instinct que Jordan et Kobe qui allaient prendre le dernier tir quoiqu’il arrive, ça a fait bizarre. Les meilleurs joueurs étaient censés prendre le dernier tir. On te compare à Jordan et Kobe, tu dois leur ressembler. Mais ce n’est pas vrai. Jordan et Kobe avaient quelque chose que LeBron n’a pas, un gros premier pas. Ça faisait d’eux de très bons joueurs en un contre un. LeBron, lui est arrivé un peu comme Magic Johnson : sa vision de jeu était la clé. On adorait Jordan et Kobe, et ça nous rendait fous parce qu’il utilisait sa vision de jeu, alors qu’on leur permettait d’utiliser leur talent en un contre un. C’est injuste de dire que c’est possible d’utiliser son talent en un contre un, mais pas sa vision de jeu, ses forces. Tu es censé prendre le tir. Si ça rentre, on va te vénérer, si ça ne rentre pas, on va dire qu’il n’a pas le killer instinct. Ce qui le rend super, c’est sa capacité à voir le gars ouvert, quand ce n’est pas lui le gars ouvert. De la même manière que Jordan parvenait à se rendre ouvert. Mais on ne lui est pas tombé dessus quand il a fait la passe à Steve Kerr. Il n’a pas fait cette passe en sachant que Kerr allait mettre le tir, mais en l’espérant. » Gilbert Arenas.
Et comme exemple, Arenas prend la dernière action du match 5 des dernières Finals, qui a vu LeBron faire la passe à Danny Green, qui a ensuite complètement loupé son trois points.
« Il y a LeBron, défendu par Jimmy Butler. Je suis presque sûr que Green était censé poser un écran pour que Duncan Robinson doive défendre sur LeBron. Donc LeBron devait réagir. Il faut vraiment regarder ça. Il y a Markieff Morris, dans le corner qui est supposé être le shooteur. Il a ses mains sur ses genoux, je ne sais pas ce qu’il fait, mais il n’est pas prêt à tirer. Il est peut-être fatigué, mais en tout cas ce n’est pas possible de lui faire la passe. Il y a Crowder qui plonge vers la balle, et qui perturbe le rythme de LeBron. Ça l’a empêché de tirer. S’il avait tenté de tirer, il aurait eu 12% de chance de le mettre, quelque chose comme ça. L’action à faire, c’est de la donner à Green. Moi je n’aurais pas fait la passe, mais je ne me serais pas mis dans cette position non plus. Si Danny Green met son tir, LeBron a pris la meilleure décision possible, et celle qu’il devait prendre. » Gilbert Arenas.
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