Tyrese Haliburton en quête de la perfection : « Je suis un éternel insatisfait »
Depuis sa chambre d’hôtel à Salt Lake City, le rookie des Kings, Tyrese Haliburton a accordé une interview à Sam Amick de The Athletic. Entretien dans lequel on arrive à mieux cerner qui il est, et surtout son côté perfectionniste.
Le rookie de 21 ans, qui montre jusqu’a présent dans sa saison rookie des qualités impressionnantes, est revenu sur le soir de la draft. Soirée lors de laquelle on comprend que, sûr de ses forces, il ne s’attendait pas à descendre plus bas que 12ème :
« Vous savez, je pense qu’il y avait beaucoup d’émotions lors de cette journée, beaucoup d’interrogations. Le jour de la sélection, je pensais que je pouvais monter jusqu’à la deuxième place à Golden State. En étant plus réaliste, je pensais pourvoir atterrir à Golden State en 2, à Chicago en 4, peut-être à Atlanta en 6, à Detroit en 7, à San Antonio en 11 et à Sacramento en 12. Ceci, bien sûr, sans qu’il n’y ait aucun transfert. Mais je savais que le plancher était Sacramento. C’est la discussion que j’ai eue avec mon agent (Aaron Mintz de CAA). Il m’a dit : « Sacramento va te choisir en 12 si tu es encore disponible ». Ce jour-là, et je vais être honnête avec vous, j’ai essayé d’être pessimiste pour ne pas être déçu. Je me suis dit : » D’accord, je vais probablement finir par être pick en 12. Je doute qu’ils me choisissent en 2, je doute qu’ils me choisissent en 4… ». La soirée arrive, les choix se succèdent et je n’ai été surpris par aucun. Pour être honnête, pendant une seconde, j’ai cru que j’allais aller à Washington (pick 9). Ils m’ont dit : « D’accord, tu vas aller à Washington ». Et moi, je me suis dit : « Oh, ok. Je ne les ai même pas rencontrés, mais ça marche. J’ai pensé pendant une seconde que j’allais être choisi en 9. Puis ensuite je me suis dis : « D’accord, je vais soit être 11ème, soit 12ème. Mais Dev et moi (Devin Vassell, que les Spurs ont choisi en n°11) avons une bonne relation et je savais que San Antonio était très attaché à Dev. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils choisissent un autre arrière, alors je me suis dit qu’ils allaient probablement sélectionner Dev et que Sacramento allait me choisir en 12. J’avais entendu des rumeurs d’échange sur le choix de Sac au pick 12, et j’étais là : » Est-ce qu’ils vont me choisir ou me transférer ? » Mais j’ai eu une conversation avec Sacramento quelques jours avant la draft. Et ils m’ont dit : « Mec, on t’aime vraiment beaucoup. » Donc j’étais là : « Je serais vraiment surpris si Sacramento échangeait ce choix. Puis j’ai été pris à la douzième place, alors ça s’est arrangé tout seul. »
Lors de ses réunions pré-draft avec différentes franchises NBA, l’ancien d’Iowa State a de suite montré qu’il voulait être un joueur clef dans une rotation NBA, comme en témoigne son entretien avec les Hawks :
« Je n’ai pas vu un fit évident à Atlanta. Je ne savais pas comment ça allait se passer là-bas. Je savais que Rondo allait y aller, et ils ont évidemment un backcourt rempli. Ils ont une tonne de gars dans leur backcourt, donc je ne voyais pas vraiment ma place là-bas. Mais ils voyaient les choses différemment. Je pense qu’ils étaient intéressés par mon profil. Cependant je ne me disais pas : « Je veux être une pièce maîtresse ailleurs ». Tout ce que je veux, c’est une opportunité. C’est tout ce qui m’importe. Et si je la gâche, alors c’est de ma faute. Personne d’autre n’est à blâmer. Je voulais aller quelque part où l’on me donnerait l’occasion de me battre pour une place. J’ai senti qu’il y avait d’autres endroits qui correspondaient mieux à cela. Mais il y a toutes ces rumeurs stupides qui circulent, selon lesquelles j’aurais dit à tout le monde de ne pas me choisir parce que je voulais aller à Sac à 12 ans. Vous êtes fou ? Je ne ferais jamais ça. Ces équipes ne m’ont tout simplement pas choisi. C’est comme ça. »
Aujourd’hui, son objectif d’être un joueur qui compte au sein d’une rotation est atteint. Lui qui a commencé comme 6ème homme de luxe chez les Kings, a été à 13 reprises dans le 5 sur les 15 derniers matchs. Avec beaucoup de recul et son côté perfectionniste, il a vite compris quels étaient les problèmes des Kings et que devrait faire l’équipe pour les corriger :
« Le problème qui nous a tourmenté toute l’année c’est que défensivement nous ne sommes pas bon. Après chaque match, les médias me demandent : » Tyrese, quel est le problème ? » Je ne veux pas répéter la même chose, mais c’est la vérité, non ? C’est comme ça. C’est frustrant, mais encore une fois, c’est le jeu. Nous devons juste être meilleurs. Je pense qu’il y a beaucoup de gars ici qui veulent vraiment faire de Sacramento un endroit attrayant pour les joueurs et qui veulent gagner des matchs, donc je pense que la plupart d’entre nous sont dans le bon état d’esprit. Mais nous devons faire mieux. Je pense que nous nous devons de faire un meilleur travail, nous le devons à notre staff, et même aux fans des Kings. Je n’ai pas pu jouer devant des fans (à cause de COVID), mais il est évident que les fans des Kings sont très loyaux et méritent mieux. »
En pointant les problèmes défensifs, l’aspiration de Tyrese Haliburton à faire toujours mieux ressort encore plus, même lorsqu’il parle de sa saison rookie, il sait qu’il peut encore élever son niveau de jeu :
« C’est un peu surréaliste de jouer en NBA, et d’avoir un peu de succès, mais je n’ai jamais eu une expérience comme celle-là en jouant au basket, où après chaque match j’ai l’impression de tout analyser. Et jusqu’à un certain point, vous (les médias) sur-analysez certaines choses sur moi-même et mon équipe. Toute ma vie, j’ai eu beaucoup de succès dans le basket (en tant que senior à l’Oshkosh North High School, Haliburton a remporté un titre d’État et a été élu joueur de l’année du Wisconsin par Gatorade ; il a été élu deuxième équipe All-Big 12 en deuxième année à Iowa State bien qu’il ait manqué ses huit derniers matchs à cause d’une blessure au poignet), donc vivre ces soirées difficiles où nous jouons mal et luttons par moment, ça craint évidemment. Mais en tant que joueur, j’essaie de progresser chaque jour. En ce moment, j’ai honnêtement l’impression de jouer comme une merde. Je ne suis pas à la hauteur de mes capacités, et c’est frustrant parce que j’ai l’impression que je me dois d’être meilleur, que je dois être meilleur pour notre équipe. Je sais que je suis un rookie, mais je n’aime pas penser de cette façon. J’aime penser que je suis une pièce importante pour la franchise, et si je veux changer quelque chose dans ce sport comme je le dis, je dois être meilleur chaque soir. J’ai parlé à de grands joueurs dans cette ligue, et ils m’ont dit à quel point la constance est importante. Pour que ma carrière soit aussi bonne que je le veux, je dois être meilleur. Mais j’ai évidemment eu du succès. C’est cool, mais je suis sûr que vous pouvez dire, rien qu’en me parlant, que je suis un éternel insatisfait. »
Malgré cette recherche constante de faire toujours mieux, Tyrese Haliburton peut être satisfait de faire une saison rookie comme celle-là. Il tourne à 13 points, 3 rebonds et 5 passes, le tout à 48% au shoot dont 41% derrière l’arc. Des stats qui le mettent en course pour le titre de rookie de l’année, un trophée dont visiblement il ne se soucie pas, puisque lui, son seul objectif est de gagner des matchs :
« Pour être honnête, je m’en fiche un peu. Ca ne me fait pas grand-chose. Que je le gagne ou pas, ça ne m’affecte pas. Je joue pour essayer de gagner des matchs de basket, alors évidemment ma famille en parle. Mes frères m’embêtent avec ça et d’autres choses à la maison. Même ma fille, qui ne regarde pas le basket, me dit : « Tu joues contre les Timberwolves, ils n’ont pas Anthony Edwards ? » Elle ne regarde même pas le basket, et elle le sait. Je joue pour essayer de gagner des matchs de basket. Mais c’est amusant, au bout du compte. Moi et Ant (Edwards) en parlions quand nous jouions, en disant : » Ils nous ont dit pas dit que notre cuvée de draft allait être de la merde « , vous voyez ce que je veux dire ? Et plusieurs d’entre nous jouent à un haut niveau en ce moment et vont jouer à un haut niveau pendant un certain temps. Je pense que c’est une sorte de flamme en nous, genre : « Ils nous ont dit que nous ne serions rien, alors changeons ça et soyons spéciaux »
Tyrese Haliburton, le rookie des Kings, ne cesse de progresser malgré la phase de moins bien que traverse lui et de son équipe (lien de l’article sur Haliburton et les Kings). Sa mentalité de travailleur devrait lui permettre de rester longtemps en NBA. Les Kings ont dans leur équipe un diamant, et son état d’esprit est le même que celui que laisse transparaître l’interview, aucun doute qu’il deviendra un diamant brut.
L’interview complète ici