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ESPN sort une enquête accablante sur Robert Sarver, propriétaire des Suns

Très attendue, l’enquête du journaliste Baxter Holmes d’ESPN au sujet du propriétaire des Suns Robert Sarver est sortie, et comme c’était annoncé, elle est accablante. Au programme, racisme, misogynie, harcèlement, environnement de travail terrible… Plus de 70 employés ou ex-employés ont parlé à ESPN et difficile de tout résumer, alors ne serait-ce que pour cerner le personnage, voici quelques morceaux choisis, tous ou presque démentis par Robert Sarver via son avocat.

Le N-Word, qu’il n’aurait jamais utilisé selon ses dires, était monnaie courante, malgré les explications d’Earl Watson, qui le sommait de ne pas l’utiliser. L’anecdote la plus perturbante concerne le choix du coach en 2013 lorsque Lindsey Hunter et Dan Majerle, deux membres de la franchise, étaient en concurrence. Hunter, noir, venait de débarquer dans la franchise en tant que coach en développement des joueurs alors que Majerle, blanc, était assistant depuis 5 ans. Son choix se serait porté alors sur Hunter parce que « ces nig*** ont besoin d’un nig*** »

C’est aussi pour ça que Sarver aurait décidé de nommer Earl Watson à la tête de l’équipe en 2016. Pour lui un jeune coach noir pourrait mieux créer des liens avec les jeunes joueurs noirs et « parler leur langage ». Toutefois quand un jour Sarver a demandé à Watson ce qu’il pourrait améliorer dans la franchise, il a pointé du doigt le manque de diversité, ce à quoi le boss aurait répondu d’après Watson :

« Je n’aime pas la diversité »

L’expérience Earl Watson n’a pas duré bien longtemps, et il aurait en partie fait les frais d’une embrouille entre Sarver et Rich Paul de l’agence Klutch, qui représentait aussi l’ancien coach. Paul, durant les négociations au sujet du contrat d’Eric Bledsoe aurait fait une remarque au proprio qu’il n’aurait pas apprécié, le taclant sur sa méconnaissance du basket. Il aurait alors menacé de virer Watson si ce dernier ne changeait pas d’agence dans les 10 jours. Ni une ni deux il est allé voir Watson comme ce dernier l’a confié à ESPN pour lui poser cet ultimatum. Watson dit avoir expliqué à Sarver la situation d’ensemble et comment cela paraissait qu’un propriétaire blanc demande à un entraîneur noir de renvoyer une agence dirigée par un agent noir.

« Ouais, j’ai conscience de votre race à tous les deux », a répondu Sarver, selon Watson. « Donc je vous le demande, à quel point tenez-vous à votre travail ? »

Watson a refusé de changer d’agence et s’il n’a pas été viré de suite, ça a fini par venir. Sarver a peu apprécié que Watson lui fasse une remarque sur la possible raison des soucis des Suns et du fait que 9 coachs se soient succédé en 8 ans, avec 8 GM.

« J’ai dit : ‘Le seul dénominateur commun, c’est vous’, se souvient Watson. ‘Ce cimetière est rempli d’entraîneurs, de GM et de joueurs. Vous êtes le seul point commun. C’est vous.' »

Sarver lui aurait alors répondu :

« Tu es toxique, putain ! »

Bien plus qu’un simple lourdaud, Robert est un misogyne. À son arrivée à la tête des Suns, lors d’une réunion, il aurait sorti une photo de sa femme avec un bikini des Suns qu’il aurait fait passer à tout le monde, dans le but de montrer qu’il était un véritable fan…

Plus d’une douzaine d’employés ont été témoins de commentaires obscènes lors de réunions, et il n’est pas rare qu’il raconte comment sa femme lui fait des fellations. Ne manquant jamais de clamer qu’il est obligé d’utiliser des préservatifs taille XXL en raison de la taille de son pénis. Il n’hésite pas non plus à questionner ses employés, dont les joueurs, sur leur vie sexuelle. Il a débarqué par exemple un jour en salle de musculation, et remarquant que Taylor Griffin, frère de Blake, n’avait pas de poils aux jambes s’il se rasait. Lorsque l’ailier a acquiescé il lui a demandé « s’il se rasait aussi les boules »

Les femmes enceintes vivent des moments particulièrement difficiles, se prenant de nombreuses remarques sur leur future absence durant leur congé maternité. Pour les femmes dans leur ensemble, l’environnement de travail est terrible, pas seulement en raison de Sarver, mais aussi de beaucoup de supérieurs hiérarchiques et d’une DRH qui gère de façon catastrophique des problèmes graves et met une grosse pression sur les employées, à coup de menaces en cas de tentative de rébellion. Pour une employée agressée physiquement par un collègue, la seule solution trouvée avait été d’augmenter la distance de quelques mètres entre elle et ce collègue.

Sarver aime visiblement rappeler, notamment aux femmes employées de la franchise qu’il est le boss et qu’elles ne sont rien d’autre que de simples employées, voire même sa possession. Une ancienne employée rapporte qu’il dit par exemple :

« ‘Est-ce que tu m’appartiens ? Es-tu l’une des miennes ?’ Il vous fait sentir que vous lui appartenez » une employée.

Et il est bien sûr en mode : « Si tu n’aimes pas comment ça se passe ici, la porte est là, tu peux te barrer. » rapporte un ancien dirigeant

« Ça a détruit ma vie », déclare une autre employée. « J’ai envisagé le suicide. »

C’est toute une culture instaurée par Sarver, un environnement de travail toxique, et un véritable enfer pour les femmes. Une employée rapporte par exemple qu’un ancien vice-président de la franchise lui aurait demandé avec combien de ses collègues elle aurait couché. Un exemple parmi d’autres.

Mais on peut aussi parler du jour où devant plus de 60 employés Sarver a baissé le pantalon d’un employé de l’équipe. Il n’a pas nié les faits, et c’est excusé via son avocat.

Les coachs n’étaient pas épargnés, et pas mal ont été malmenés par le proprio, qui aimait particulièrement s’immiscer dans tout ce qui touchait au terrain, alors qu’il n’a aucune véritable connaissance, et n’a jamais joué au basket. Igor Kokoskov en aurait pris pour son grade, Sarver remettant en question ses choix. ESPN raconte une scène où il aurait conseillé Elie Okobo sur le pick & roll, ce qui aurait passablement irrité Jamal Crawford. Ce dernier se serait levé et aurait quitté la pièce en lançant un : « Je ne peux plus écouter ces conneries. Je me barre. »

Dernière anecdote surréaliste, rapportée par deux employés, datant de 2015. Alors que les Suns tentaient de recruter LaMarcus Aldridge, ce dernier était attiré par le Texas, dont il est originaire, mais aussi où il avait un enfant. Sarver a alors fait remarquer visiblement sérieusement qu’il fallait envoyer des stripteaseuses locales pour qu’elles couchent avec des joueurs afin de tomber enceintes afin que cela puisse donner un avantage à la franchise lors de la free agency pour attirer ces joueurs, qui voudraient prétendument se rapprocher de leur enfant…

La NBA a ouvert sa propre enquête sur le sujet, et nul doute que ce n’est que le début du feuilleton.

Pour lire le travail de Baxter Holmes, c’est ici sur ESPN

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