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La NBA des années 70, une ligue gangrenée par la drogue et les bagarres

Au début des années 70, la NBA est composée de 17 équipes. Toutes viennent d’un gros marché et leurs finances sont dans le vert. Les considérations financières ne sont donc pas celles d’une ligue en danger. Et heureusement, car durant les années 70, on peut dire que la NBA a touché le fond. Bien loin, de la ligue surmédiatisée et florissante d’aujourd’hui, la NBA ressemble plus à une court de récrés sans foi ni loi où les joueurs n’ont pas forcément que le basket en tête. A l’époque, les salles NBA rassemblent en moyenne 8000 spectateurs par match et la NBA souffre de l’essor de la NFL et de la popularité de la MLB. A la télé, les matchs NBA sont diffusés en différé, faute de trouver assez de monde intéressé. Pour Spencer Haywood, qui a passé 14 ans en NBA dont l’intégralité des années 70, les fans n’étaient d’ailleurs pas dupes.

« Les fans se demandaient, « Ehhh, je ne sais pas si j’aime ça ». » Spencer Haywood

Spencer Haywood, qui a gagné un procès historique face à la NBA, permettant aux joueurs sortis du lycée d’aller directement en NBA, fait aussi partie de ces joueurs noirs qui ont commencé à arriver en NBA durant les années 70. Dans un pays où le racisme était très présent à cette époque, une fracture était aussi naissante avec certains publics. Et les comportements des joueurs n’arrangeaient rien selon Haywood.

« Il y avait tellement de débats sur le fait que ça devienne une ligue de joueurs noirs. Et nous les joueurs noirs, n’avons rien fait pour arranger les choses. Nous n’étions pas raffinés. C’était des grands manteaux en fourrure, des grands chapeaux en fourrure. C’était comme s’il y avait Superfly (un film de gangsters sorti en 1972) en NBA. » Spencer Haywood

Et en 1978, lorsque les Knicks alignent en début de saison le premier roster de l’histoire uniquement composé de joueurs noirs, les commentaires à l’extérieur dépassent rapidement la rivalité sportive. Earl Monroe se souvient encore.

« Ce n’était pas trop dans l’attitude des New Yorkais, mais les fans autour de la ligue vous faisaient savoir ce qu’ils pensaient de vous en tant qu’adversaires, mais en tant qu’hommes noirs aussi. » Earl Monroe

Mais l’un des fléaux de la ligue, c’est surtout la drogue. C’est la montée en puissance de la cocaïne, aisément trouvable et consommable dans les grosses soirées auxquelles les joueurs NBA ont l’habitude d’aller. Haywood avoue d’ailleurs sans soucis qu’il prenait régulièrement de la drogue. Après être tombé dedans lors d’une soirée, il a consommé durant une bonne partie de sa carrière, jusqu’à se faire virer des Lakers alors qu’il s’était endormi lors d’un entraînement, préparatoire aux finales NBA. A l’époque, le Los Angeles Times estimait à 75% de la ligue, la quantité de joueurs qui prenait de la cocaïne.

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les bagarres ont pris le pas des drogues dans la ligue. Régulièrement, lors des matchs, des bagarres pouvaient éclater pour de multiples raisons, qui aujourd’hui n’auraient plus leur place sur les parquets. Demandez donc à Rudy Tomjanovich, qui s’est fait littéralement fait fracasser lors d’un Rockets-Lakers en 1977. Résultat, crâne, pommettes et nez fracturés

Lors des finales NBA 1975, une énorme bagarre a aussi éclaté, incluant notamment Rick Barry ou Wes Unseld entre les Warriors et les Bullets. En 1976, lors des finales entre les Suns et les Celtics, c’est un fan qui agresse un arbitre en plein match, excédé par l’un de ses coups de sifflet. Et en 1977, encore lors des finales NBA, cette fois-ci entre les Blazers et les Sixers, une bagarre éclate et voit des supporters descendre sur le parquet pour participer au pugilat. Autant le dire tout de suite, l’image de la ligue était catastrophique. Dans l’équipe dirigeante des Sonics à ce moment-là, Rick Welts se souvient de la difficulté de faire la publicité de la ligue.

« Dire que les réactions des potentiels sponsors n’étaient pas bonnes est un euphémisme. Si j’arrivais à obtenir un rendez-vous, c’était environ 15 minutes de « Pourquoi quelqu’un sain d’esprit voudrait s’associer avec votre ligue ? ». » Rick Welts

Et la diffusion de CBS n’arrangeait pas les choses. Les téléspectateurs n’étant pas forcément friands de NBA, même les matchs des finales étaient parfois retransmis en différé. En comparaison avec la ABA, attractive et agréable à regarder, c’est un désastre. Et la ligue a même fait deux heureux en échangeant une partie du montant de ses droits télé contre les droits sur la franchise des Spirits of St. Louis au moment où la NBA a absorbé les 4 meilleures équipes de ABA. Et ces hommes ce sont Ozzie & Daniel Silna, alors propriétaires des Spirits. Alors que personne ne s’attendait à un tel essor de la NBA quelques années après, les Silna sont devenus immensément riches grâce à ce deal.

« Nous avons vu un potentiel de développement, mais nous n’avions aucune idée que cela se développerait autant. » Ozzie Silna

Mais tout ce développement, il est l’œuvre d’un homme alors dans l’ombre à cette époque-là, David Stern. Avocat parfois affilié à la ligue, comme pour le procès contre Spencer Haywood, Stern n’est encore qu’un homme de petites mains sans responsabilités. Mais il va commencer à faire passer l’idée que la ligue avait besoin de changement. Et lorsqu’il devient commissioner en 1984, il a déjà une bonne idée de ce qu’il veut mettre en place et a déjà exprimé son opinion. Et la NBA lui doit beaucoup selon Haywood.

« Nous avions besoin que quelqu’un arrive et mette de l’ordre. Nous étions à un point où vous deviez faire plusieurs choses pour faire disparaitre la drogue et les bagarres de la ligue. » Spencer Haywood

En regardant la NBA de nos jours, on est bien loin de s’imaginer tous les débordements qui ont pu avoir lieu durant les années 70, pourtant, ils font bien partie de l’histoire de la ligue, qui fête ses 75 ans cette année. Anniversaire qui aurait peut-être été moins célébré, si personne n’était venu mettre de coup de pied dans la fourmilière.

Ne manquez pas notre vidéo sur Spencer Haywood

Via Yahoo Sports

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