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Le (presque) inconnu de la semaine: Shelvin Mack

Vous qui regardez les boxscores NBA tous les matins, vous vous êtes forcément retrouvés devant ce phénomène: des bonnes stats en face d’un nom de joueur qui vous dit vaguement quelque chose, mais sans plus. « D’où il sort, celui-là? » « Il était pas à Houston? Ou à Milwaukee? » : Basket Infos vous propose, cette saison, de donner vie à ces noms, en opérant chaque semaine un gros plan sur un joueur peu connu qui s’est illustré sur les parquets. Aujourd’hui, le meneur d’Atlanta Shelvin Mack, qui va nous procurer une opportunité pour parler d’une épopée NCAA récente, celle de la petite fac de Butler.

 

Pourquoi on en parle ?

Parce qu’il est une solide rotation à Atlanta, dans une équipe qui joue la qualification en playoffs, malgré la fin de saison anticipée de sa star Al Horford. Mack a crevé l’écran mi-novembre, dans un match contre les Knicks qui n’était alors que sa deuxième apparition de la saison : en relais de Jeff Teague, il se fend de 12 pts et 12 pds en 24 minutes, gagnant d’un coup sa place dans cette équipe des Hawks. S’en sont suivies d’autres belles performances au poste de meneur : 11 pts, 6 pds et 4 stls le 30 novembre contre Washington, 17 pds et 6 pds contre OKC le 10 décembre, avant d’enchaîner plusieurs gros matchs durant les Fêtes. Le 6 décembre, 10 pts, 7 rbds, 5 pds et 3 stls contre Cleveland ; 14 pts le 29 contre Orlando, puis 15 pts contre les Warriors vendredi dernier. Depuis le début de la saison, il tourne à 7 pts, 2 rbds et 3.5 pds. Le tout avec 42.6 % d’adresse générale, et 36.9 % à trois-points.

 

La folle aventure Butler

Des débuts prometteurs

Shelvin Mack est né le 22 avril 1990 dans le Kentucky, à Lexington, ville de basket s’il en est, puisqu’elle abrite l’université qui forme les mythiques Wildcats. C’est dans cette ville qu’il fait ses premiers pas sur les playgrounds, avant de devenir la star de son lycée, la Bryan Station High School. Pour sa dernière saison, en 2007-2008, il alignait ainsi des moyennes de 23.7 pts, 7.7 rbds, 7.5 pds and 3.8 stls. Pas suffisant néanmoins pour taper dans l’oeil de Billy Gillispie, le coach des Wildcats. Direction donc Butler pour Mack, petite université de l’Indiana qui reste sur deux belles participations à la March Madness. Butler est coaché depuis un an par le jeune Brad Stevens, l’actuel coach de Boston. Ce dernier vient de perdre son leader, l’arrière A. J. Graves, qui a fini son cursus en étant 3e marqueur de l’histoire de la fac, mais il compte sur l’ailier sophomore Matt Howard et sur une autre recrue, un certain Gordon Hayward, jeune prospect de l’Etat. Sans le savoir, Brad Stevens a sous la main un trio qui va écrire les plus belles lignes de l’histoire de Butler.

Pour sa première saison, Mack est aussitôt titulaire à la mène et, malgré des pourcentages moyens, affiche de belles stats : 11.9 pts, 4.4 rbds, 3.5 pds. A ses côtés, Howard tourne à 14.8 pts, Hayward à 13.1. Le Big Three des Bulldogs est en place, et mène l’équipe à un bilan de 26-6 qui leur offre une place à la March Madness. Malheureusement, Butler chute dès le premier tour face à la tête de série n°8, le LSU de Marcus Thornton. Comme récompense pour leur bonne saison, Mack et Hayward s’envolent en juillet pour le Championnat du Monde des -19 ans, en Nouvelle-Zélande, qu’ils remportent. Leurs performances mettent un coup de projecteur sur Butler, qui commence à être vu comme une possible surprise en vue de la March Madness.

2010: Butler enflamme l’Amérique

A l’automne 2009, Mack et sa troupe repartent donc pour une saison, avec comme seul renfort le pivot freshman Andrew Smith, et un peu de pression supplémentaire sur les épaules. Dès le début de saison, ça commence fort : Butler gagne, Mack enchaîne les belles performances, avec notamment deux pointes à plus de 20 pts en novembre. Le 2 janvier, il signe 25 pts, et lance une série qui ne s’arrête plus : Butler ne perd en effet plus aucun match jusqu’à la March Madness, s’affirmant comme un outsider à surveiller.

Le premier tour du tournoi, face à UTEP, a tout du piège. Mené 33-27 à la mi-temps, Butler est en difficulté, mais dès le retour des vestiaires, Mack enchaîne deux 3-pts et lance la révolte : Butler écrabouille son adversaire, avec un Mack à 25 pts. Au second tour contre Murray State, c’est Hayward qui sauve la mise en interceptant la dernière possession, alors que Butler ne mène que de 2 points. C’est ensuite le Syracuse de Wes Johnson et Kris Joseph qui passe à la casserole : Butler est dans l’Elite Eight pour la première fois de son histoire ! Le dernier obstacle sur la route du Final Four s’appelle Kansas State. Butler domine la plus grosse partie du match, mais se laisse un peu aller, et voit son adversaire passer devant à 4 minutes de la fin. C’est le moment choisi par Hayward (22 pts, 9 rbds) pour accélérer, bien aidé par Mack (16 pts, 7 rbds, 3 pds) : Kansas State ne reviendra pas, Butler est au Final Four. L’adversaire en demi-finales s’appelle Michigan State, où joue Draymond Green, dont on vous a déjà parlé. Butler souffre en première mi-temps, avec un Howard sur le banc en raison de fautes rapides, mais Mack dégaine à 3-pts pour garder son équipe dans le match : égalité à la pause. La deuxième mi-temps est une guerre de tranchées : Butler shoote n’importe comment (24%), voit Howard sortir (coup sur la tête), puis Mack souffrir de crampes. Héroïques en défense, emmenés par un Hayward toujours excellent (19 pts, 9 rbds), Butler tient le choc, et s’impose 52-50, en ayant shooté à 30.6 % sur le match ! Voilà le Cendrillon Butler en finale, plus petite fac à réaliser l’exploit depuis Jacksonville en 1970.

Le choc face au monstre Duke ravit les médias et le spectateur : David face à Goliath, les petits face aux Blue Devils de Coach K, des frères Plumlee, de Kyle Singler, Jon Scheyer, Nolan Smith ou Seth Curry, la ligne éditoriale est toute trouvée. Duke est favori, mais Butler, à son habitude, s’accroche. A la mi-temps, les Blue Devils n’ont qu’un point d’avance, et n’arrivent pas à faire le trou. Après un layup de Howard, Butler est à 3 pts, avec 1’44 à jouer. Duke ne score pas, Mack trouve Howard sur la possession suivante, qui ramène Butler à un point. 60-59. Un shoot de Kyle Singler manqué, et Butler a la possession pour repasser devant, à 33 secondes de la fin. Mais les Bulldogs pédalent dans la choucroute au pire moment, Hayward loupe son shoot (un fadeaway très compliqué) et un lancer permet à Duke de prendre deux points d’avance. Il reste à peine 3 secondes pour Butler, Hayward remonte la balle à toute allure, balance une prière de la ligne médiane, qui touche le cercle… et sort.

Pour voir le résumé du match, c’est ici:

[youtube]http://youtu.be/0NLrzZwNd3c[/youtube]

Butler ne sera pas champion, mais obtient les félicitations de Barack Obama, et le respect de tout le pays. Mack finit la saison avec 14.1 pts, 3.7 rbds et 3.0 pds.

2011: Bis repetita!

Surfant sur cette hype méritée, Gordon Hayward se présente à la draft 2010, où il est choisi à la 9e position par le Jazz, et abandonne Mack et ses petits copains. Qu’importe, Butler a de l’ambition, et Mack assume son statut de leader : sur les trois permiers matchs de la saison 2010-2011, il signe ainsi 20, 25 et 19 pts. Deux grosses performances font que les scouts le regardent d’un oeil attentif : 28 pts le 3 janvier, puis 32 pts le 12 février. Avec un bilan de 23-9 et un Matt Howard déchaîné (16.4 pts, 7.7 rbds sur l’année), Butler retourne à la March Madness, même si on attend moins d’eux.

Le premier tour face à Old Dominion lance le tournoi sur les meilleures bases possibles : à une seconde de la fin, alors que les deux équipes sont à égalité, Howard s’arrache pour inscrire le layup victorieux.

[youtube]http://youtu.be/VHKZKL1CDYU[/youtube]

Au second tour, face à Pittsburgh, Mack est énorme et inscrit 30 pts, à 7/12 derrière l’arc, ce qui permet à Butler de mener d’un point à 1.4 secondes de la fin, grâce à un nouveau panier in extremis. C’est à ce moment que Mack fait l’erreur de faire une faute, qui envoie Pittsburgh sur la ligne. Premier lancé réussi, second manqué : 70-70. On se dirige vers la prolongation, sauf que, sur le rebond, Howard se fait stupidement accrocher le bras par un joueur de Pittsburgh. 0.8 secondes à jouer, et Howard a deux lancers pour qualifier son équipe, ce qu’il fait. La folie Butler est de retour !

[youtube]http://youtu.be/Yz2JwZ4nYyo[/youtube]

Le match suivant, face à Wisconsin, est plus facile à gérer, et Mack et Butler voient désormais se dresser devant eux le Florida de Chandler Parsons. Le match est, encore une fois, épique. Menés de 11 pts à 9 minutes de la fin, les Bulldogs se réveillent grâce à Mack, auteur de 6 pts et 3 pds en 8 minutes. A 30 secondes de la fin, Matt Howard a l’occasion d’être à nouveau le héros : Butler est mené d’un point, il a deux lancers à venir. Il réussit le premier, pas le second. Direction overtime.Les deux équipes se rendent coup pour coup, et à 1’21 du buzzer, c’est Florida qui est devant d’un point. Ce n’est pas du goût de Mack, qui dégaine un énorme 3-pts pour remettre Butler devant. Plus que 30 secondes à jouer, Butler a un point d’avance après un lancer réussi par Florida. Mack retente sa chance, mais son 3-pts, cette fois, ne rentre pas. Les Gators manquent leur possession suivante et envoient Mack sur la ligne. Le petit meneur ne tremble pas et envoie Butler au Final Four, pour la seconde année consécutive. Avec 27 pts et deux actions décisives, c’est bien lui la star du jour. En demi-finales, l’adversaire s’appelle VCU, et Butler n’en mène pas large. A 11 minutes de la fin, ils n’ont qu’un petit point d’avance. Mais ils ont aussi Shelvin Mack : le meneur est en feu, enchaîne deux trois-points, un layup et un jump shot, et donne 7 pts d’avance à son équipe. VCU ne s’en remettra pas et Mack, avec ses 24 pts à 8/11, est de nouveau le héros. L’incroyable a eu lieu : Butler est, pour la seconde année consécutive, en finale !

Ce sera, cette fois, face à Connecticut, emmené par un Kemba Walker déchaîné (ainsi que Jeremy Lamb). La première période est affreuse, les deux équipes shootent à 25%, mais Mack, au buzzer, rentre un 3-pts qui permet à Butler de rentrer aux vestiaires en tête, 22-19. Puis, la panne sèche, Butler encaisse un terrible 20-3, ne rentre absolument plus rien (6/37 !), et laisse filer le titre… Sur le match, les coéquipiers de Shelvin (13 pts  à 4/15, 9 rbds) auront shooté à un terrifiant 18.8 % !

[youtube]http://youtu.be/-lI0KQ35Emo[/youtube]

 

Direction NBA

La carrière universitaire de Shelvin Mack se clôt sur ce triste match, puisqu’il se présente à la draft avec des moyennes de 16 pts, 4.5 rbds et 3.4 pds, et en étant le 11e marqueur de l’histoire de Butler. Il est choisi au second tour de la draft 2011, en 34e position, par les Washington Wizards. Mack doit attendre le 26 décembre pour faire ses débuts en NBA, et grapille quelques petites minutes par ci par là, sans crever l’écran, mais avec quelques bons passages. Le 1er février, il met 12 pts en 16 minutes contre le Magic, son record en carrière. Mais il n’arrive pas à trouver le rythme à 3-pts, sa spécialité (28.6%), et galère un peu à devenir un playmaker, lui qui était avant tout un scoreur à la fac. D’autant qu’avec Wall, Nick Young ou Jordan Crawford, Washington ne manque pas de joueurs ayant besoin du ballon… Comme tous les seconds tours de draft qui n’ont pas entièrement convaincu, Mack se retrouve alors au début de sa seconde saison NBA dans la lessiveuse, d’où ne sortent que ceux qui s’accrochent comme des beaux diables : on le coupe, on l’envoie en D-League, on le rappelle, on le recoupe, on lui préfère Jannero Pargo, puis Garrett Temple… Malgré quelques beaux matchs, il est définitivement coupé de Washington en janvier 2013 et signe aux Sixers, où il ne joue que… 7 minutes, avant d’être à nouveau prié d’aller voir ailleurs. Bref, ça ne s’arrange pas. Après un an et demi de NBA, Mack a joué 75 matchs, n’est jamais vraiment sorti du lot, et n’a plus d’équipes.

 

Atlanta à la rescousse

Le 6 mars, sa dernière chance se profile quand Atlanta lui propose un contrat de 10 jours. Mack joue peu, mais fait un bon petit passage contre les Lakers avec 7 pts en 14 minutes. De quoi donner envie de le revoir pour dix jours supplémentaires, qui ne se passent pas très bien. Son contrat arrive à terme le 26, il lui reste un match pour se montrer, contre Indiana. Mack tente le tout pour le tout, et signe 10 pts, 2 rbds et 4 pds. Bingo, il est prolongé jusqu’à la fin de la saison.Il enchaîne, et s’affirme comme une solide rotation, avec 4 matchs au-dessus de 10 pts, et des pointes à 8 et 9 passes.

Le départ de Devin Harris à l’intersaison lui ouvre la voie. Le voilà désormais en concurrence avec le rookie allemand Dennis Schroeder pour la place de back-up de Jeff Teague, et on connaît la suite : c’est lui qui l’emporte, avec les perfs dont on a parlé au début. Mike Budenholzer ne s’en cache pas, il apprécie son meneur :

Il est vraiment bon. Cela peut sembler un peu simpliste de dire ça, mais c’est un vrai compétiteur. Il est combatif, énergique, cela nous aide beaucoup. En plus, il défend bien, il peut vraiment être pénible pour les gars d’en face. Il est très attentif aux détails, défensivement. Et offensivement, il joue sur un bon rythme, dans le bon esprit, il score quand il doit scorer.

Mack a ainsi vu son contrat être garanti jusqu’à la fin de la saison, ce qui lui offre une possibilité de prouver qu’il peut être régulier sur une année. Il peut même rêver de découvrir les playoffs, même si Atlanta, depuis la blessure d’Al Horford, souffre. Pourquoi ne pas y mettre un peu de la folie de Butler ?

Et comme cadeau bonus, les highlights de son match à 12 pts/12 pds contre les Knicks:

[youtube]http://youtu.be/2083nRXKtVk[/youtube]

 

Les citations sont extraites de l’article de Michael Lee disponible sur le blog Wizards Insider (Washington Post) .

 

Pour découvrir d’autres (presque) inconnus, c’est par ici: Miles Plumlee, Cartier Martin, Matthew Dellavedova, Draymond Green, Hollis Thompson, Khris Middleton

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5 réflexions sur “Le (presque) inconnu de la semaine: Shelvin Mack

  • GoHawks!!

    Sympa cet article. Je suis ses stats depuis le debut de saison, et j'avoue que je ne l'attendais pas a ce niveau. Tant mieux pour les Hawks. Et dommage pour Schroeder qui se retrouve en D-league pour le coup

  • aladouchette

    Ma rubrique préférée est de retour ! Super instructif comme d'hab !

  • Rapha

    Merci du compliment ;)

  • Rapha

    Oui c'est dommage pour Schroeder, qui est vraiment prometteur

  • Theloger

    Très sympa à lire, très bien écrit, on se laisse prendre au jeu et on a presque du suspens :-)

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