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Road to Superstar : Giannis Antetokounmpo

Benny Sieu-USA TODAY Sports

Le Greak Freak n’en finit plus d’impressionner. Trois ans après que DraftExpress soit allé le dénicher au fin fond de la deuxième division grecque, celui qui porte un des derniers vrais bons surnoms de la grande ligue vient de parapher un magnifique contrat à hauteur de 100 millions de dollars. Toujours attendu pour son très fort potentiel, Antetokounmpo a explosé sur le plan statistique en fin de saison passée lorsque, désarmé et déjà privé de playoffs, Jason Kidd l’a repositionné en meneur de jeu. Une expérience qui semble s’être révélée payante aux yeux du technicien des Bucks puisqu’il a décidé de reconduire son jeune joueur sur ce même poste pour la nouvelle saison.

Jetons un coup d’oeil à son profil.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

Une des deux choses qui avait sauté aux yeux de Johnathan Givony la première fois qu’il a vu évoluer Giannis Antetokounmpo, c’est son physique. Ses mensurations sont tout bonnement uniques pour son poste, tant sa taille (6’9 à l’époque, 6’11 désormais) que ses bras interminables (7’3). Sa charpente n’est pas si solide que cela, mais commence vraiment à ressembler à quelque chose de très intéressant, et on peut aisément voir à l’œil nu sa prise de masse depuis son arrivée dans la ligue. Il n’aurait pas intérêt à devenir une véritable montagne de muscle, puisqu’il pourrait perdre en agilité ce qu’il gagnerait en viande, mais il peut encore raisonnablement ajouter encore quelques kilos bien utiles à sa carrure, surtout s’il veut profiter de ses belles mensurations pour se frotter à des intérieurs.

Antetokounmpo n’est pas un remarquable athlète en termes d’explosivité, mais il l’est suffisamment pour jouer avec beaucoup d’aisance au-dessus du cercle une fois que rentrent dans l’équation sa taille et ses bras. En revanche, il possède une magnifique fluidité et un excellent contrôle du corps pour sa taille, permettant à sa silhouette d’intérieur de se mouvoir à la manière d’un arrière.

Ce qu’a permis son repositionnement en meneur de jeu (ou premier manieur de ballon, pour être plus précis), c’est de mettre en évidence et de sublimer statistiquement les belles qualités de passeur qu’on lui connait depuis toujours. Sa taille lui confère sans grande surprise une excellente vision de jeu. Il est altruiste, très volontaire, n’hésitant jamais à donner la gonfle à un coéquipier s’il le voit ouvert. Depuis le mois de février, date à laquelle il changea de rôle, jusqu’à la fin de la saison régulière, il enregistra d’ailleurs 7 passes décisives par match de moyenne, se distinguant de plus par quelques triple doubles impressionnants. Rien d’étonnant pour ceux qui le suivent depuis longtemps, puisque même depuis sa draft le garçon est connu pour ses bons instincts et son intelligence de jeu au-dessus de la moyenne pour son âge.

Malgré tout, il est important de noter que les statistiques sont un peu trompe-l’œil. La majorité de ses assists ont été réalisées sur des passes simples, où il s’est contenté de transmettre la balle au joueur ouvert, ou en étant dans le flow du jeu. Ce n’est pas pour lui retirer quoi que ce soit, bien au contraire, sa capacité à réaliser la passe simple et son altruisme sont tout à son honneur. Simplement, il faut être conscient de ses limites en création pure pour le moment.

Il parvient à créer correctement sur pénétration, se montrant particulièrement bon en fin de drive pour fixer le protecteur de cercle puis enrouler ses longs bras autour de lui afin de confier la gonfle à un partenaire démarqué. Il lui arrive de même de créer occasionnellement sur Pick & Roll. Mais de manière générale, sa créativité en sortie de dribble est moyenne, et sa réussite dans l’exercice dépend beaucoup de si les adversaires le défendent efficacement ou pas. A la base de ses limitations notamment, son dribble un peu déficient pour le poste de meneur de jeu. Soyons clair : pour un ailier, son dribble est bon, pour un intérieur, il est au-dessus de la moyenne, mais certainement pas pour un meneur. Les autres joueurs de formation sur ce poste possèdent de bien meilleures qualités dans l’exercice et arrivent donc à mieux créer balle en main. Antetokounmpo n’a pas d’excellent go-to-move avec la gonfle, et plus encore, fait rebondir la balle encore trop haut pour avoir une vraie vivacité. Rien d’anormal vu sa taille, il doit simplement apprendre à mieux se baisser pendant qu’il porte le ballon, se mettre plus près du sol lorsqu’il dribble. Comme LeBron James le fait, ou comme Paul George a appris à le faire, bien qu’ils soient tous deux plus petits que Giannis.

Il en va de même sur Pick & Roll, où Antetokounmpo est très loin de maîtriser l’art de ce noble exercice à la base de toute bonne attaque dans la NBA moderne. Au contraire, à l’heure actuelle, il n’opère que rarement là-dessus et n’est capable de trouver son partenaire que sur des passes lobées la plupart du temps. Il ne sait pas trouver d’angles de passe différents et variés, manœuvrer les deux défenseurs en même temps pour créer l’ouverture, avoir un bon timing, de la patience, etc.

Il perd de plus encore bon nombre de ballons très grossiers. D’une part, ses qualités de passeur en elles-mêmes sont largement améliorables, en ce sens qu’il ne possède pas la précision de passe ni le sens du timing qu’un vrai meneur de métier aurait déjà acquis à cet âge-là. Il est imprécis, ou en retard dans ses passes, et ne parvient pas toujours à bien donner les ballons à ses coéquipiers dans la fraction de seconde qu’il faut et à la bonne hauteur. D’autre part, sa prise de décision est très moyenne elle aussi, et son manque d’expérience du poste se fait aussi sentir sur son incapacité à bien lire les défenses. Il lui arrive encore de ne pas bien comprendre les mouvements d’une défense et d’envoyer un ballon en plein sur le défenseur en mouvement.

Plus encore, ce n’est pas un meneur pur. Ce n’est pas un vrai bon général sur le terrain, en charge de tout et qui contrôle tout. Il a souvent du mal à gérer le tempo de la rencontre, accélérant par exemple en transition alors que la défense est bien revenue, bien positionnée et l’attend au tournant. De même, trop souvent il tue son dribble beaucoup trop tôt sans avoir réussi à créer une brèche dans la défense, là où il devrait maintenir son dribble en vie si le Pick & Roll ne donne rien ou si la défense coulisse bien, pour ensuite ressortir et retenter autre chose.

A son crédit cependant, Antetokounmpo n’a pas augmenté son nombre total de pertes de balle à sa prise de fonction de meneur à temps complet (2.8 tov/m contre 2.5 avant cela). En fait, il ne force pas (quantitativement) sa création pour autrui, et comme dit précédemment beaucoup de ses passes décisives sont en réalité des passes simples ou il est assez sûr de lui. En revanche, lorsqu’il lit mal une défense, ça sent la passe forcée (qualitativement) à plein nez. Cela dit, c’est tout de même à mettre à son crédit, et ce n’est pas rien. En prenant un nouveau rôle, et pas des moindres (sans doute le plus difficile à apprendre) il passe de 1.12 de ratio passe/tov à 2.5.

De manière générale, le jugement effectué ici sur le jeu de passe d’Antetokounmpo est assez négatif, car vu sous le prisme de son nouveau rôle de meneur de jeu. Si on considère Giannis en tant qu’ailier/ailier fort, on mettra en avant sa vision du jeu de bon calibre, sa capacité à créer occasionnellement de différentes manières (depuis le poste, en pénétration, sur Pick & Roll, en transition, etc). Toutefois, en prenant le parti de parler de Giannis comme le meneur de jeu actuel des Bucks qu’il est, on est forcé de parler de son manque de métier, sa lecture du jeu moyenne, et sa capacité de création un peu limité.

Là est toute la question, en réalité : Giannis Antetokounmpo doit il jouer meneur de jeu ? Le métier de meneur de jeu est le plus difficile à apprendre au basket, et de loin. Beaucoup de joueurs, même en s’y attelant dès le plus jeune âge (au lycée ou avant), n’arrivent pas forcément à maîtriser toutes les nuances et subtilités du poste. Certes, Giannis est jeune (21 ans), mais pas autant qu’un lycéen de 15 ans à qui on commence à inculquer les fondamentaux de ce rôle. Est-il dans l’intérêt des Bucks de perdre de l’énergie et des efforts dans l’apprentissage de ce poste, avec en plus aucune certitude d’y arriver au final ?

Plus encore, qu’y a-t-il a gagner à ce qu’il soit un meneur de jeu ? Quelle est la plus-value à faire de Giannis Antetokounmpo un meneur de jeu plutôt que sur un autre poste ? En prenant en compte la dose de travail qu’il va falloir fournir pour le faire rentrer dans ce rôle là et qu’il y évolue de la bonne manière, ce changement de poste doit au grand minimum apporter un avantage très conséquent pour que l’investissement mis dedans devienne rentable. Or, ce n’est pas forcément le cas. Pour y répondre, raisonnons ainsi : quelle est la différence entre Antetokounmpo et un meneur classique ? Le physique. Maintenant, en quoi son physique plus dominant peut apporter plus de chose à la mène ? Etre plus grand confère une meilleure vision, mais la différence avec un meneur classique de assez négligeable (on le saurait si les joueurs avec la meilleure vision de jeu étaient les grands pivots, or, ce sont au contraire les meneurs, plus petits joueurs sur le terrain). Avoir de plus long bras permet de délivrer des passes dans une plus grande variété d’angles. Certes, mais là encore la différence reste négligeable avec les bras d’un meneur classique qui parviendra quand même à distiller de très bons ballons (Curry, Paul et les autres s’en sortent sans des bras longs comme ceux de Giannis). Etre plus grand permet de scorer plus facilement sur son défenseur en un contre un. Sauf que dans la NBA moderne, faite de défenseurs polyvalents et de systèmes défensifs hyper modulables, il est très facile pour une équipe de mettre un ailier en défense sur lui et de placer le meneur ailleurs. Comme cela a déjà été fait souvent l’année passée.

En somme, le faire rentrer dans ce rôle ne confère pas d’avantages extraordinaires capables de lutter pour le titre en un claquement de doigt. Et dans le même temps, l’apprentissage de ce métier-là est très long, très dur, et sans réelle certitude d’y arriver à terme. Le calcul semble être assez vite fait.

Dans le même temps, Antetokounmpo pourrait être au moins aussi utile, si ce n’est plus, en qualité d’intérieur passeur. Jouer au côté d’un meneur de métier en charge de gérer le jeu, pendant que lui s’occupe juste de créer à l’occasion semble plus approprié. Ne pas le faire jouer meneur à proprement parler ne veut pas dire qu’il n’aura jamais la balle en main pour créer, bien au contraire, ça signifie qu’il pourra se concentrer là-dessus à fond, et laisser le dur travail de gestion du jeu à un coéquipier plus amène de le faire.

D’autant plus qu’en tant qu’intérieur passeur, il pourrait être entouré d’une escouade de petits arrières/ailiers shooteurs qui attendent derrière l’arc, plutôt qu’actuellement où il est positionné en vrai poste 1 et doit donc opérer avec deux vrais intérieurs dans la raquette et deux ailiers (une configuration peu propice au spacing).

Autre aspect de son jeu qui incite peu à le faire jouer meneur : son manque de shoot. Il tourne à un mauvais 29% de réussite sur jump-shoot (5 tentatives par match tout de même). En y regardant de plus près, sa mécanique de tir est directement liée à ce manque d’efficacité : souvent en total déséquilibre, il ne positionne pas bien ses appuis ni même ne prend une bonne élévation durant le tir. Il semble coincé entre un vrai jump-shot (sauter puis relâcher le ballon en l’air) et une espèce de set-shot (appuis au sol au moment de tirer) caractéristique des intérieurs en raison de leur grand gabarit. Son principal défaut cependant, techniquement parlant, est qu’il retombe toujours vers l’arrière au moment du tir, et il perd de ce fait énormément en précision.

Plus encore, sa sélection de tir est clairement mauvaise. Par rapport à ses capacités, il tente beaucoup trop de jump-shots en sortie de dribble (et des longs tirs, qui plus est), pour des résultats très mauvais. Sa seule présence handicape d’ailleurs un peu l’attaque des Bucks (il n’est pas le seul cependant, la notion de spacing ne semble pas être d’actualité dans le Wisconsin). Les défenseurs peuvent aisément aider en le laissant totalement libre, en sachant qu’ils auront le temps de revenir sur lui puisqu’il ne tente pas le tir ou, s’il le fait, ne le rentre pas. Ses défenseurs l’incitent même grandement à dégainer depuis le périmètre, en lui offrant tout l’espace qu’il désire. Il n’est d’ailleurs pas capable de rentrer les tirs ouverts de manière régulière.

Là où tout cela devient inquiétant, c’est lorsqu’on observe sa dynamique de progression, qui n’est même pas nulle, mais bel et bien négative. Antetokounmpo n’a jamais été connu comme un shooteur, et ce n’est pas pour cela qu’il a été drafté. Cependant, il semblait prometteur avant sa draft comme après, durant sa saison rookie, et son jump-shot semblait tout sauf à jeter (ce n’était ni Ben Simmons ni Julius Randle, en somme). Pour preuve, en tant que rookie il tourne à un très respectable 34% de réussite à trois points. Les deux saisons suivantes, il en prend beaucoup moins, quasiment plus en fait, et tourne à 15% et 24%. Un petit gâchis quand on voit depuis quoi il est parti (des bases loin d’être mauvaises, au contraire).

Le problème, c’est que son incapacité à rentrer des jump-shots impacte de manière directe et considérable l’ensemble de son jeu. Les défenseurs peuvent tout simplement reculer et lui laisser un bon mètre (voir plus) de libre lorsqu’il a la gonfle. De cette manière, ils ont le temps et l’espace de voir venir, et ainsi mieux réagir si Antetokounmpo tente de pénétrer (un défaut important qu’il partage avec Ben Simmons). Ses limites en création balle en main sont en partit due à cela, et pas juste à son dribble améliorable.

De plus, son positionnement en meneur de jeu pose problème ici aussi. C’est beaucoup plus embêtant pour un meneur de ne pas avoir de shoot que pour un intérieur, en termes de spacing. En effet, jouer intérieur libère une place supplémentaire pour un arrière d’être sur le terrain (généralement meilleur shooteur qu’un intérieur), alors que son positionnement en meneur implique la présence de deux intérieurs à ses côtés (difficile de trouver un vrai bon intérieur shooteur, alors deux…). C’est plus rentable pour Milwaukee qu’il ne soit pas le meneur attitré sur le terrain (plus facile de dégoter un arrière à 40% à 3pts qu’un intérieur à ce même pourcentage), sans pour autant que ça l’empêche d’avoir la gonfle dans les mains.

C’est sur du drive que Giannis Antetokounmpo va chercher une bonne partie de ses points. Son répertoire de moves est assez basique (et son dribble moyen comme déjà mentionné) mais il arrive à le faire fonctionner et à être productif du fait de ses qualités physiques extraordinaires. Ses mouvements préférés sont simples : du tout droit, ou bien un spin move, un simple euro step ou bien un up & under. Rien d’extraordinaire.

Seulement le bougre possède des jambes aussi longues que des échasses, des bras tout aussi élastiques, et une bonne vivacité. Ce n’est pas qu’un straight-line drive, c’est un drive tout droit où Antetokounmpo peut dépasser son adversaire parce que les deux grands pas qu’il fait couvre bien plus de terrain que les deux que fait son défenseur. Ce n’est pas qu’un simple spin move, un euro step ou juste un up & under, c’est un mouvement d’appuis qui le fait se déplacer en un instant de trois mètres vers la gauche ou vers la droite quand son défenseur, même les bras tendus, ne représente qu’un obstacle de 2 mètres de long seulement. Son slashing game, bien que simple, est extrêmement prometteur, et serait encore plus dangereux avec un meilleur spacing mis en place.

En revanche, ses limites créatives se font sentir là aussi. Antetokounmpo a énormément de mal lorsqu’il fait face à des bons défenseurs, des joueurs grands, longs, athlétiques, et il ne sait pas quoi faire lorsque ces derniers parviennent à bloquer son move initial. C’est en cela qu’il ne donne pas l’impression de pouvoir créer à volonté. C’est plus un athlète fluide que réellement explosif, et il manque d’un bon 1er pas pour faire simplement la différence sur son vis-à-vis.

Egalement, c’est un mauvais finisseur lorsqu’il ne peut pas carrément monter au dunk. Son toucher de balle est très moyen, pour ne pas dire pas bon, et il est incapable de terminer ses actions de sa main gauche. Egalement, comme dit précédemment, il fait encore rebondir sa balle trop haut pour en avoir un parfait contrôle, et la perd donc de manière encore un peu trop fréquente. Plus encore, Antetokounmpo n’est pas assez agressif. Il craint le contact et n’est pas enclin du tout à aller le provoquer. Très régulièrement, si le protecteur de cercle est bien installé sous l’arceau, il va tenter de le contourner, de placer un spin move pour s’en éloigner ou simplement de passer à côté, plutôt que de lui rentrer dans le lard pour le dégager du chemin ou aller chercher des lancers francs.

Néanmoins, Antetokounmpo conserve un fantastique potentiel de finisseur au panier. Une bonne moitié de ses tirs sont des dunks qu’il réussit évidemment avec une brillante efficacité (d’où son très bon 68% de réussite générale au panier). Pour l’autre moitié, lorsqu’il ne peut pas dunker, il possède la verticalité (la hauteur surtout) et la longueur de bras pour devenir un finisseur d’élite une fois qu’il aura amélioré son toucher de balle (chose loin d’être aisé, c’est sûr). Parvenir à devenir un meilleur finisseur pourrait avoir de grandes retombées pour son jeu comme pour sa production statistique, étant donné qu’il arrive déjà à se rendre souvent jusqu’au panier (malgré toutes ses limitations techniques évoquées plus haut) mais il n’arrive pas encore à les rentabiliser au moment de conclure. Cela va d’ailleurs sans dire qu’il représente aussi une menace on ne peut plus dangereuse sur jeu en transition. Son avantage de vitesse lui permet de se rendre plus vite à l’autre bout du terrain que les défenseurs de même taille que lui, et il est également capable de mener la contre-attaque lui-même balle en main.

De manière plus globale, Antetokounmpo est un très bon scoreur intérieur, et encore très prometteur avec ça. 68% d’efficacité en plus de 6 tentatives par match, avec encore une marge de progression, c’est on ne peut plus alléchant. Bien que pas extraordinairement explosif, il l’est suffisamment pour finir les actions très au-dessus du cercle, notamment sur du jeu sans ballon. Il possède un bon sens du timing pour couper vers le panier et s’offrir de faciles opportunités en catch & finish, mais c’est à noter qu’il essaye bien trop souvent de le faire parfois. En effet, conscient de ne pas représenter une menace même à quelques mètres du panier, il coupe à l’excès et à mauvais escient à certains moments. Par exemple, lorsqu’un coéquipier est en train de jouer au poste bas, le fait qu’il coupe vers le panier à ce moment-là surcharge la raquette en amenant deux personnes supplémentaires (lui et son défenseur) dans une petite zone, alors que son coéquipier aurait préféré au contraire avoir le plus de place possible pour opérer.

Son propre jeu au poste est quant à lui très prometteur également, du fait encore une fois de ses incroyables mensurations physiques. Il l’utilise très peu (et c’est dommage, surtout quand on sait que le fait de jouer meneur entraîne qu’il soit régulièrement défendu par de plus petits joueurs que lui) mais il a démontré par séquence quelques jolies fulgurances intéressantes. Un hook shot par ci, un drop-step (gigantesque) par-là, un joli up & under, etc. De quoi se constituer un répertoire primaire mais efficace. Du fait de son manque d’expérience il n’est pas assez agressif dans l’exercice, et n’attaque jamais sur de la puissance pure les plus petits défenseurs qu’il a sur le dos poste bas. Mais c’est quelque chose de largement corrigible, dans un temps très court même.

Ses capacités au rebond offensif sont, elles, tout simplement démentes. S’il se mettait en tête d’être plus actif dans l’exercice qu’il ne l’est actuellement, il pourrait aisément devenir un monstre. Non content de pouvoir smasher facilement les ballons dans l’arceau sur la tête de tout le monde, c’est surtout sa capacité dans le trafic qui impressionne, tant Antetokounmpo peut aller chercher la balle extrêmement haut, à son plus haut point, avant que quiconque d’autre n’ait ne serait-ce qu’une chance d’attraper ce ballon. Il n’est toutefois pas assez actif dans l’exercice, d’autant plus lorsqu’on voit ses capacités. A 1.4 rebond offensif par 36 minutes, il n’est même pas dans le top 100 des joueurs NBA de l’an passé. Son rôle de meneur (donc plus souvent dans le périmètre qu’à l’intérieur) y est sans doute pour quelque chose d’ailleurs.

Il parait évident que, de manière globale, Antetokounmpo possède un potentiel offensif extrêmement haut. Avec encore pas mal de défauts techniques tangibles, il parvient tout de même à se montrer efficace et productif, et nul doute au vu de sa bonne dynamique de progression générale qu’il parviendra avec le temps à améliorer certains aspects de son jeu dans un délai plus ou moins court (son dribble par exemple, son jeu au poste, son agressivité peut être).

Deux questions majeures demeurent toutefois. La première concerne son tir extérieur. A quel point va-t-il être capable de l’améliorer, et si ce n’est pas le cas à quel point est-il bon en l’état ? Comme expliqué précédemment, il possédait de bonnes fondations, mais n’a jamais capitalisé dessus, même pire, il l’a complètement délaissé. Obtenir un jump-shot correct ouvrirait de manière considérable son jeu : le défenseur ne pourrait pas lui laisser autant d’espace, et Antetokounmpo pourrait alors plus facilement le dépasser ou le prendre à revers pour se rendre au panier. Et en prenant le scénario où il se montre incapable de faire des progrès conséquents, est-ce suffisant pour gagner au plus haut niveau ? Pour porter son équipe vers la lutte pour le titre ?

La deuxième question est celle de son positionnement, traitée largement plus haut. Milwaukee semble pour l’instant parti pour prolonger l’expérience du grec en meneur.

Défensivement, Antetokounmpo est aussi, si ce n’est plus, un profil à double facette. D’un côté, son potentiel est extraordinaire ici aussi, encore et toujours du fait de ses magnifiques mensurations physiques et de sa bonne condition athlétique. D’un autre, en revanche, il n’est actuellement pas un bon défenseur.

En défense sur l’homme, c’est simple, il a la capacité de pouvoir museler n’importe quel joueur au monde. Le problème est qu’il ne le fait pas encore. Sa vitesse latérale est splendide pour son gabarit, et lorsqu’elle est couplée à ses immenses compas et ses bras interminables, elle lui permet de couvrir une quantité de terrain considérable en un temps record, et ainsi pouvoir coulisser et garder son vis-à-vis en face de lui. Plus encore, ses immenses bras lui permettent de contester très efficacement les tirs, voir même de contrer certains jump-shots de manière très régulière. Il est également suffisamment grand et long pour tenir n’importe quel intérieur au poste sans se faire shooter sur la tête.

Le problème, c’est qu’Antetokounmpo a encore du chemin à faire pour impacter réellement le jeu en défense et atteindre ce dit potentiel phénoménal. En premier lieu, c’est son manque de puissance qui lui fait défaut. Il n’est pas encore assez épais pour tenir son territoire. Il autorise les pénétrations, laisse son attaquant le poster très proche du cercle, et se fait facilement remuer. En second lieu, c’est sa technique et son QI défensif qui sont déficitaires. Il doit encore apprendre les subtilités de la défense sur l’homme, la façon de positionner ses appuis, la façon d’orienter un drive vers un coté du terrain où ses coéquipiers peuvent aider plutôt que sur un côté où personne ne se trouve, la façon de coulisser latéralement et de faire passer son pied extérieur d’abord pour bien traverser les écrans, etc. Il a le potentiel pour devenir un excellent défenseur sur Pick & Roll, à la fois en tant que défenseur du manieur du ballon que du poseur d’écran, mais ses connaissances dans le sujet sont encore limitées. Plus encore, son niveau d’effort est assez inconstant et il n’est malheureusement pas rare de le voir sans aucune posture défensive. D’ailleurs il a semblé beaucoup moins actif et impliqué une fois qu’il a commencé à jouer meneur que quand il évoluait ailier (cette période étant aussi, certes, celle où Milwaukee n’avait déjà plus grand-chose à jouer).

C’est à noter toutefois que tous les schémas défensifs des Bucks de l’an passé sont à revoir, et ont dû le gêner un peu. A base de changements et de switches à foison, à l’excès même, il n’était pas rare de voir des joueurs perdus au milieu de ce plan de jeu qui, au final, à plus surpris les joueurs de Milwaukee que leurs adversaires.

Antetokounmpo n’est pas non plus encore un bon défenseur collectif, loin de là. Une fois encore, il possède un remarquable potentiel de protecteur de cercle du fait de sa taille et de ses bras, mais n’a pas l’intelligence défensive pour être performant. Son timing, sa discipline et son attention sont mauvaises. Résultat, il est très souvent en retard, ou apporte une aide de la mauvaise manière. Plus encore, il est encore très souvent hors de position, et concède notamment de manière très régulière (de l’ordre d’au moins deux ou trois par match, voire plus) des tirs ouverts à l’adversaire dans le périmètre. Il doit être plus discipliné dans son positionnement loin de l’action, sous peine de continuer à handicaper son équipe.

A l’heure actuelle, il demeure un danger sur lignes de passes (plus à cause de ses bras que de son anticipation, assez moyenne), et s’avère en défense autant qu’en attaque un remarquable rebondeur dans le trafic pour aller chercher de difficiles ballons dans les airs. Il n’est cependant pas enclin du tout à batailler sous les panneaux, et ne pose jamais de boxout pour bloquer son attaquant, qui peut alors librement le dégager d’un coup d’épaule et mieux se positionner que lui pour gober la balle.

De manière générale, il se repose beaucoup sur son physique pour être performant défensivement, et à juste titre quand on a les qualités qui sont les siennes. Mais cela a des limites assez conséquentes et atteintes assez rapidement. Antetokounmpo demeure toutefois un joueur intelligent et avide de progresser. Une fois qu’il aura plus d’expérience dans les pattes et de connaissances défensives dans la tête, nul doute qu’il parviendra à devenir un bon élément de ce côté-là du terrain. Voir même, si tout se passe très bien, un véritable défenseur d’élite, pieuvre étouffante sur l’homme et capitaine de la défense loin du ballon.

L’un dans l’autre, difficile de ne pas saliver devant l’étendue du talent de Giannis Antetokounmpo. Son jeu est tellement atypique (pas de trois points, peu efficace sur Pick & Roll, les deux éléments clés de la NBA moderne), et pourtant déjà si performant malgré ses déficiences techniques tout à fait normales pour son jeune âge (et les déficiences de l’attaque des Bucks, au passage). La question est de savoir à quel point cela peut être performant (ça fait des stats, mais ça ne fait pas gagner pour l’instant), et dans quel contexte cela peut être le plus performant possible.

Le choix de prolonger l’expérience en meneur de jeu n’apparait pas tout à fait pertinente à priori, même si son talent est peut-être grand au point de transcender tous les obstacles que l’on imagine. Dépenser du temps et de l’énergie à lui inculquer le dur métier de général de terrain n’est d’ailleurs clairement pas aussi rentable que de le faire travailler la défense et son tir. Deux domaines où les retombées sur son niveau de jeu peuvent s’avérer énormes, voire décisives, contrairement à ses qualités de meneurs qui, comme expliqué plus haut, si elles étaient améliorées permettraient d’être un peu moins mauvais mais pas bien meilleur. A l’inverse, devenir un excellent défenseur ou acquérir un bon shoot peut le faire devenir clairement meilleur et lui faire passer des paliers.

Plus encore, quid de son rôle au sein des Bucks ? Il semble actuellement prédestiné à être le franchise player de Milwaukee, mais en a-t-il le potentiel ? Cela ne parait pas évident. Son profil de passeur et scoreur régulier mais occasionnel ressemble plus à une deuxième ou troisième très solide option dans la hiérarchie des joueurs. A l’inverse, un Jabari Parker est lui bel est bien calibré franchise player, première option au scoring, et capable de créer à volonté si on lui donne un jour l’occasion de le faire (ce qui n’est pas le cas actuellement, ni n’a été le cas depuis son arrivée en NBA malheureusement).

Giannis Antetokounmpo peut encore devenir tellement de joueurs différents qu’il est impossible de savoir lequel il deviendra à terme. Meneur de très grande taille, ailier polyvalent, intérieur passeur du futur, joueur complet ou non-shooteur, tour de contrôle défensive, chien de garde dans le périmètre, couteau suisse défensif ou éternel espoir inaccompli…Son potentiel commence à peine à se concrétiser et c’est déjà effrayant, alors imaginez ce que ça peut devenir à terme. A Milwaukee de savoir faire les bons choix pour manufacturer de la meilleure manière ce talent brut si étincelant.

Voir aussi : 

Road to Superstar : Joel Embiid

Road to Superstar : Devin Booker

Road to the Draft : Miles Bridges

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6 réflexions sur “Road to Superstar : Giannis Antetokounmpo

  • labonnegalette

    Très bon article encore une fois :)

  • WarriorsBlackKid #P

    Il est plus ailier polyvalent depuis le début de saison et l'arrivée de Delly

  • Guillaume

    C'est pas faux (l'analyse est basé sur la saison dernière c'est pour ça).

    Après, Milwaukee peut faire mieux que Delly dans le rôle de meneur gestionnaire défenseur/shooteur à coté d'un Giannis créateur. Conley aurait été bien (même si très très cher), y'a George Hill à aller chercher l'été prochain sinon.

  • WarriorsBlackKid #P

    C'est sûr, même si j'aime bien Delly, George Hill serait le joueur parfait pour les Bucks.

  • BE_Free

    Super boulot, hyper complet et des questions en suspens très intéressantes.

    Pour le côté meneur, je séparerais le problème en 2 parties, intrinsèque et extrinsèque.

    Intrinsèquement, tu as assez bien défini tous les défauts de lui donner ce rôle là mais je serais plus nuancé. Dans la NBA actuelle, on va surtout demander aux porteurs de balle de créer un intervalle que l'attaque devra faire fructifier ensuite. Giannis a l'avantage de disposer à la fois d'un physique exceptionnel et d'une conduite de balle basique qui en font un mismatch permanent facile à exploiter dans le sens où il n'y a pas besoin d'installer des situations complexes pour en profiter. Certes, comme tu l'as énoncé, que ce soit son tir, son dribble, sa finition, son intelligence de jeu, on en est pas encore à un mismatch très rentable, surtout face à de bons défenseurs. Mais de l'autre, c'est un ticket de loterie si rare et potentiellement si rentable qu'il est difficile à ne pas jouer. Surtout que l'animal progresse assez rapidement et est encore très jeune. De plus, il y a un peu de gâchis à reléguer un joueur de sa qualité offensive dans un rôle plus passif de couteau-suisse qui serait clairement une non-optimisation de ses qualités uniques. Cela étant dit, j'aime la piste d'une évolution en "playmaking 4" à la Draymond, de quoi ne pas pâtir de son manque de tir et de profiter de qualités qui en feraient un excellent second porteur de balle.

  • BE_Free

    Extrinsèquement, Milwaukee se distingue des autres avec son trio Middleton/Jabari/Giannis, une triplette où tous sont à l'aise balle en main, savent scorer et ont la capacité pour jouer cette fameuse défense tout en switch. Avoir des joueurs aussi talentueux à des postes où l'offre est déficiente et très jeunes est une formidable opportunité. Mais je vois deux soucis en termes de consutrction d'équipe pour le moment et c'est assez marrant (ou pas ^^) mais c'est exactement les mêmes que tu as retenu pour Giannis et les deux sont liés entre eux en plus de ça :
    1) Quid du spacing ? La paire Jabari/Giannis paraît juste pour un joueur tenir les postes 4/5 adverses en défense ainsi que pour protéger l'arceau. Avec la faible demande sur le marché des pivots, trouver cette tour de contrôle défensive paraît nécessaire et faisable (sauf si l'on file les clés de la banque à tous les Miles Plumlee du monde). Néanmoins, ça sera très probablement un joueur sans tir sur le terrain (combiner tir à mi-distance et protection d'arceau reste compliqué à trouver). Vu la tendance du côté du tir de Giannis, cela en fait deux. Or, toute attaque moderne ne peut survivre avec deux joueurs sans tir autour du porteur de balle. D'où la forte incitation à faire de Giannis le porteur de balle pour résoudre ce soucis.
    D'ailleurs, je n'ai pas compris pourquoi faire jouer Giannis en meneur impliquait de disposer forcément de deux autres intérieur comme tu le mentionnes ?
    2) Quid de la mène ? Je suis assez persuadé que faire venir un poste 1 porteur de balle risque de perturber ce qui peut faire l'identité de cette franchise. Certes, comme évoqué au dessus, tu peux mettre Giannis pour poser les écrans et agir ensuite mais soustraire une grande partie du rôle le plus important en NBA à la triplette actuerlle des Bucks est un luxe énorme, comme évoqué au-dessus, savoir créer un intervalle est la qualité la plus recherché à l'heure actuelle. De plus, faire de Jabari ou Giannis des joueurs assez polyvalents sans ballon des deux côtés du terrain pour les rentabiliser avec un USG% faible ne va pas sans dire.
    On peut aussi imaginer Jabari (qui avait lancé pas mal de pick'n roll en fin de saison dernière et de manière assez convainquante) prendre ce rôle mais à la manière d'une combinaison LeBron/Love, deux joueurs d'un gabarit physique assez proche comme la doublette Jabari/Giannis offre une possibilité de switch toute faite. Ceci dit, c'est peut-être malgré tout l'aternative la plus intéressante à un Giannis porteur de balle.

    Après, toute la question est de savoir le degré d'ambition que l'on a pour cette équipe et le temps dont elle dispose. Chez un contender, le degré d'exigeance est énorme mais il est difficile de dire si Milwaukee a plus de chance de devenir un contender sans Giannis à la mène qu'avec. De plus, avec le trio sous contrat pendant un certain moment et le potentiel de Parker/Antetokounmpo, le temps à l'expérimentation est possible.

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