A voir : Les articles NBA à ne pas raterBrainStormingDraft NBANBEinsteinNCAATableau NoirUne

Road to the Draft : Jayson Tatum, l’énorme potentiel franchise player de cette draft

Comme chaque année, Duke et coach K envoient à la draft au moins un très gros prospect. Après Jabari Parker, Jahlil Okafor et Brandon Ingram, la version 2017 se nomme Jayson Tatum. Ailier de type scoreur, Tatum s’est justement attiré quelques comparaisons avec Parker pour son style tout en finesse et en technique pour marquer ses points. Il ne devrait pas être sélectionné en première position de la draft, mais là où son cas est intéressant, c’est qu’il y a une possibilité pas si infime que ça, qu’il devienne à terme le meilleur joueur de cette cuvée. Son profil de go-to-guy semble le promettre à un role de franchise player. Toute la question est de savoir s’il parviendra ou non à y arriver.

Jetons un coup d’œil à son profil.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

Voir aussi : Road to the Draft – Markelle Fultz

Voir aussi : Road to the Draft – Dennis Smith Jr

Voir aussi : Road to the Draft – Frank Ntilikina

Voir aussi : Road to the Draft – De’Aaron Fox

Il y avait eu la génération 2013 à Kentucky et l’été dernier, il a eu la génération 2016 de Duke. Dans les deux cas, le ballon a fait pschitt. A Kentucky on avait réussi à réunir la meilleure classe de recrutement de l’histoire de la NCAA : 6 lycéens notés au maximum à 5 étoiles, dont le meilleur meneur de la cuvée (Andrew Harrison), le meilleur arrière (Aaron Harrison), le troisième meilleur ailier (James Young), le meilleur ailier fort (Julius Randle) et le deuxième meilleur pivot (Dakhari Johnson), auquel il fallait rajouter un sixième talent en bonus (Marcus Lee). Résultat : une saison en montagne russe, un statut d’ultra favori très vite perdu, puis un statut d’outsider brillamment porté puisque ces Wildcats ont échoué en finale du championnat, avec leur 5 freshmen titulaires. Collectivement, un bon résultat donc, mais basé sur de la bonne réussite (les tirs clutchs d’Aaron Harrison sortis de nulle part). On n’a clairement pas eu l’équipe rouleau compresseur qu’on pensait avoir.

Pour Duke, l’histoire est un peu similaire cette année. Les Blues Devils avaient mis la main sur Harry Giles (ailier fort), le meilleur lycéen du pays, Jayson Tatum, ailier superstar, Marquese Bolden, pivot ultra talentueux, et même Frank Jackson, meneur explosif et complet. Cette classe était un cran en dessous de celle de Kentucky (à peine) mais il fallait rajouter à cela d’excellents éléments déjà présents dans l’équipe (Grayson Allen notamment, les vétérans Amile Jefferson et Matt Jones, etc). En bref, on s’attendait à une armada dévastatrice. Sauf que dans les faits la mayonnaise n’a pas pris aussi bien que ça, notamment parce que les trois recrues stars ont démarré la saison tardivement pour cause de blessures.

Au final, le supposé meilleur joueur (Grayson Allen) a connu une saison compliquée sur le plan sportif comme extra-sportif. Du coup, le supposé role player Luke Kennard s’est révélé comme l’option numéro un à la place de Allen et Tatum. Giles, sortant de plusieurs opérations du genou, n’a pas légitimé son statut de numéro un du pays. Quant à Jayson Tatum, il a réalisé de très belles choses mais sans non plus avoir un impact de joueur dominant comme ont pu l’avoir par le passé à Duke des joueurs comme Jabari Parker et Jahlil Okafor. L’équipe termine sur un bon bilan de 28-9, mais sans jamais impressionner contre de vrais gros adversaires. Ils se feront d’ailleurs éliminer assez tôt dans le tournoi final de la March Madness par South Carolina.

Fort de ses 16.8 points (45% FG, 34% 3PTS), 7.3 rebonds et 2.1 passe de moyenne (en un gros temps de jeu universitaire, 33 min/m), ainsi que de très belles promesses entre-aperçues toute la saison, Tatum quitte donc l’université avec un goût un tantinet amer en bouche sur le plan collectif (comme Jabari Parker, éliminé au 1e tour du tournoi en 2014) pour une place dans le top 3 ou top 5 de la prochaine draft.

Un des premiers atouts de Tatum pour le monde professionnel demeure son profil physique. Ses mensurations sont en effet idéales pour le poste 3, que ce soit sa bonne taille (6’8) mais aussi et surtout ses très longs bras (6’11) d’une envergure habituellement mesurée chez les ailiers forts. Également, Tatum est mature physiquement pour son très jeune âge (18 ans), en tout cas dans sa partie haute du corps, puisque son torse est assez épais et ses épaules extrêmement larges. Suffisamment larges même pour supporter un bon paquet de kilos de muscles supplémentaires. Sa partie basse du corps en revanche, va lui demander plus de travail, puisqu’en l’état ses jambes et ses cuisses semblent trop frêles et l’ont empêchées de tenir ses positions face à des adversaires costauds.

Athlétiquement parlant à présent, le bilan est plus mitigé. D’un côté, Tatum est un excellent athlète en termes de fluidité et de contrôle du corps. Il est très agile pour sa taille et peut se mouvoir d’une manière très précise et maîtrisée. D’un autre côté, il manque clairement d’explosivité. Il lui manque cette capacité de brusque accélération, et surtout d’explosion verticale pour finir au panier. Ce manque d’une explosivité d’élite est sans aucun doute le petit truc qui fait qu’il n’est pas un candidat à la première place de la draft. Et c’est ce qui entraîne certains doutes conséquents quant à sa capacité à briller chez les pros.

La première arme de son répertoire, c’est le jump-shot. C’est d’ailleurs cette arme-là qui lui confère une grande partie, pour ne pas dire la majorité, de son potentiel de go-to-guy.

Et pourtant, sa mécanique de tir est loin d’être parfaite. Elle est même bourrée de défauts plus ou moins embêtants qui sembleraient le limiter sur du long terme. Au niveau du positionnement des bras, l’angle de son coude (entre le bras et l’avant-bras) comme l’angle entre son bras et son torse ne sont ni l’un ni l’autre aux 90 degrés recommandés académiquement. Mais son défaut principal se trouve ailleurs. En effet, Tatum penche toujours vers l’arrière au moment du tir. Ce que cela entraîne de manière très concrète c’est que l’énergie générée par ses jambes ne se transmet pas bien verticalement. Au contraire, en tombant vers l’arrière, il perd de cette énergie là et pas mal de ses tirs finissent ainsi trop courts. Pour compenser cela, Tatum est alors souvent obligé de donner une grande force horizontale au ballon plutôt que bien en cloche. L’autre effet immédiat à cela, c’est donc que ses ballons arrivent sur le cercle avec un angle très petit, à partir de trajectoires de tir très plates qui ne favorisent pas les chances de la gonfle de traverser l’arceau.

A devoir gérer autant de forces différentes plutôt qu’une seule force fluide verticale qui part de ses jambes, se transmet dans son bras bien droit puis dans le ballon, Tatum perd énormément en précision, mais également en portée de tir. Il arrive bon an mal an à bricoler ce qu’il peut avec les distances NCAA mais la ligne à trois points NBA est encore plus loin, et s’il doit forcer encore plus il pourrait perdre encore plus en précision.

Dans les faits, Tatum n’est donc pas un excellent shooteur à longue distance. Son 34% de réussite sur 4 tentatives par match est correct mais un tantinet trop bas pour être véritablement craint par les défenses adverses. Surtout lorsqu’on rajoute à ce 34% le fait évoqué à l’instant que sa portée de tir semble limitée et qu’une incertitude demeure quant aux plus grandes distances en NBA et à la précision qu’il pourra avoir.

Le véritable point clé du jump-shot de Tatum, et même de son jeu tout entier, c’est sa capacité de création en un contre un. Sur ce genre d’isolations, il a démontré un potentiel on ne peut plus alléchant et rare pour un joueur aussi jeune, ou pour un joueur tout court d’ailleurs. Certes, il conserve quelques défauts et quelques limites en l’état, mais si tout fonctionne bien, cette capacité à se créer son propre tir en NBA pourra l’élever au rang de star.

Tatum est le prototype parfait du scoreur professionnel, dont le bagage technique est très au-dessus de la moyenne et qui semble maîtriser à la perfection tous les petits détails qui font la différence. Son footwork est impeccable, il sait parfaitement se positionner par rapport au défenseur, il place son poids d’un côté ou de l’autre pour mieux déclencher son move, il lit parfaitement le positionnement de l’adversaire, etc. Tatum maîtrise cette science du jeu de manière incroyable pour un aussi jeune joueur, et c’est ce qui lui vaut d’être considéré comme un des plus gros talents de cette draft, et un des seuls a avoir réellement un potentiel de go-to-guy.

Cependant, Tatum n’arrivait pas à se créer son tir à volonté non plus. Lorsqu’il rencontrait des athlètes et des défenseurs aux qualités au-dessus des standards universitaires, Tatum a semblé avoir plus de mal à faire la différence. D’une part, c’est son manque d’explosivité qui le handicape. Pour autant léchée que soit sa palette technique, elle n’était pas en mesure de tout le temps compenser et de faire la différence à elle seule. Ses appuis ne sont pas extrêmement vifs, et il n’a pas le coup de rein brusque au démarrage pour perdre le défenseur, le perturber.

C’est un premier problème. D’autres part, et c’est tout de même un peu lié à ce premier point, Tatum pourrait également profiter de plus de diversité dans ses moves, en ce sens qu’il manque de variété et d’une capacité à s’adapter en temps réel. Ses moves favoris sont quasi tous très rapides et très incisifs. Un rapide step-back parfaitement coordonné, une feinte de spin suivi d’un turnaround jumper, un crossover, etc. Mais on a pu voir, notamment contre des défenseurs d’un haut niveau physique et athlétiques que Tatum manquait de contre-moves. Si l’adversaire arrivait à bien suivre son premier move et à rester en bonne position, Tatum n’impressionnait pas dans sa capacité à se réajuster et enchaîner un deuxième voire un troisième move pour obtenir un tir de qualité. A la place, il se contentait généralement tout le temps de tomber vers l’arrière pour des fadeways qui d’une part sont difficiles en soi, mais qui d’autre part étaient aussi bien défendus et contestés.

Là est toute l’énigme Jayson Tatum. D’un côté, le garçon a un potentiel et une capacité à se créer son propre tir qui est à la fois excellente et indéniable. D’un autre côté, il a été mis en difficulté face à des défenseurs de haut calibre. Évidemment, au moment d’évaluer ses capacités pour la NBA, où il devrait rencontrer chaque soir des défenseurs de cet acabit, le constat s’assombrit un peu. Autrement dit : un Tatum plus explosif aurait concurrencé voir même battu Markelle Fultz dans la course au premier choix de la draft. Mais ce n’est pas le cas.

Toute la question, pour ce tir en isolation comme pour le reste de son jeu en fait, c’est la suivante : à quel point peut-il compenser son manque d’explosivité et son manque d’accélération, par sa technique et sa science du jeu ? En bref, à quel point peut-il faire la différence sur ses qualités basket, puisqu’il n’a pas la capacité à créer le décalage sur ses aptitudes athlétiques ? Aucun moyen de le savoir. S’il n’arrive à le faire que 20% ou 30% du temps, Tatum ne sera pas la star annoncée. S’il le fait à hauteur de 50%, ce sera un joueur intéressant, mais pas suffisamment bon pour qu’on lui confie tous les ballons. S’il le fait 70% ou 80% du temps, c’est qu’il aura réussi la transition NCAA/NBA et qu’on aura à faire à un vrai go-to-guy.

Et à vrai dire, les raisons d’espérer sont autant nombreuses que celles de ne pas y croire.

Pour prendre l’angle un peu plus pessimiste de la situation, il convient de jouer au jeu des comparaisons et de faire marcher la machine à remonter le temps. En 2014, également en sortant de Duke, Jabari Parker présentait à peu de choses près ce même profil du scoreur tout en finesse et en savoir-faire à qui il manquait le carburant et le combustible (l’inverse d’Andrew Wiggins à l’époque). Les comparaisons avec Carmelo Anthony allaient bon train, mais une différence cruciale les séparait : Melo n’est pas un athlète explosif verticalement, mais horizontalement, sa vitesse et sa légèreté d’appuis sont très au-dessus de la moyenne. Melo pouvait exploser bien plus vite sur son jump-shot, ou placer d’excellents premiers pas, ce que n’ont pas été capables de faire à Duke ni Parker ni Tatum.

Seulement voilà, pour Jabari Parker, c’est le scenario idéal qui s’est déroulé. On l’avait décrit comme enrobé à l’époque, hors de forme, mais une certaine forme d’explosivité (lointaine) apparaissait de temps à autres. En arrivant en NBA, le Buck a réussi à s’affûter et si aujourd’hui il tourne à plus de 20 points de moyenne chez les pros, c’est surtout parce qu’il n’est plus exactement le même joueur qu’à Duke. Il est beaucoup plus explosif, plus léger aussi, plus vif, et créé la différence plus facilement.

Peut-on prévoir la même chose pour Tatum ? Peut-on penser qu’il finira par avoir des appuis d’une plus grande vivacité ? Pas vraiment. Peut-être, mais pas vraiment. Dans le cas de Jabari Parker, on avait à faire à un joueur qui arrivait hors de forme à Duke après des blessures, et qui avait cet historique de reprendre quelques kilos à chaque fois qu’il se blessait. Une fois chez les pros dans un environnement idéal et professionnel, tout est rentré dans l’ordre. Or, Tatum n’a pas ce genre de problèmes. Il est déjà en bonne forme, et pour être très caricatural, il n’y a pas de graisse à gratter pour le rendre meilleur très rapidement. Il peut y avoir une progression dans sa rapidité d’appuis (ça se travaille) mais cela prendra plus de temps.

Dans un autre temps, les raisons d’espérer sont également très bonnes. Tatum est encore un très jeune joueur de 19 ans tout juste, maîtrisant très bien de très nombreux aspects techniques du jeu. Vu son âge, il peut encore continuer à apprendre. Ce serait injuste de prendre ses qualités en l’état et de dire que c’est avec ça qu’il va devoir composer toute sa carrière. Il y a toujours moyen de progresser sur des petits détails (qui n’en sont pas), que ce soit la lecture du défenseur, le positionnement, l’équilibre, les feintes, etc. DeMar DeRozan est la plus belle illustration de cela en ce moment en NBA, puisque le Raptor, lui aussi très peu explosif, est un maître en la matière, disséquant son adversaire en isolation et portant son équipe à coup de un contre un à haut taux de réussite. Imaginez Tatum avec ce niveau de maîtrise mais avec des atouts encore meilleurs, vous comprendrez assez rapidement en quoi, si tout se passe bien, son profil de jeu est alléchant.

Ce que Tatum a de plus que DeRozan, c’est surtout de meilleurs atouts physiques. Il est plus grand, et avec d’énormes bras, ce qui lui permet de relâcher le ballon extrêmement haut là où très peu de défenseurs sont capables d’aller pour contester le tir. Tatum peut encore logiquement augmenter sa réussite sur des tirs au-dessus de la mêlée (la grande force de DeRozan est de mettre des tirs contestés), mais s’il arrive à maintenir et développer un gros volume de jeu, cette capacité à marquer malgré le défenseur en shootant par-dessus peut très concrètement en faire une très belle première option d’équipe en NBA. Au-delà de ça, s’il arrive (comme c’est déjà un tout petit peu le cas) aussi à le faire à trois points plutôt que strictement dans la mi-distance comme DeRozan, ce sera évidemment jackpot.

Autre arme létale dans son répertoire, et sur laquelle il n’a peut-être pas suffisamment insisté à Duke : son turnaround jumper. Cette arme a pour avantage de ne se reposer quasiment pas sur les qualités athlétiques, mais simplement sur les mensurations physiques et la capacité à rentrer le tir. C’est un excellent moyen de contourner le manque de vivacité d’appuis tout en jouant de l’isolation (sans surprise c’est une arme très utilisée par DeRozan).

Sa sélection de tir, enfin, est assez moyenne. Il lui arrive de prendre régulièrement des mauvais tirs. Mauvais de par leur nature (des tirs contestés et/ou très tôt dans la possession), mais aussi mauvais par rapport à ses propres capacités (des pull-up 3’s par exemple). Néanmoins il convient de nuancer cette dite sélection de tir de par son rôle et l’environnement dans lequel il évoluait. A Duke, Allen partait pour être la première option d’équipe, Tatum a commencé la saison blessée, puis n’est revenu que timidement. Kennard a finalement pris le rôle principal en milieu de saison, mais dans un registre de go-to-guy atypique, presque accidentel (peu de tirs d’isolation ou compliqués à aller chercher lui-même). Au final, Duke s’est retrouvé avec une équipe où la première menace restait le collectif et l’équilibre au scoring qui pouvait voir un soir un joueur en figure de proue et le soir suivant, un autre.

Au milieu de tout ça, Tatum se contentait la grande majorité du temps d’être un élément lambda comme un autre dans le système. Mais certaines fois, il devait aller au charbon et évoluer en tant que pure et dure première option d’équipe. L’exemple le plus frappant est sans doute son match contre Virginia Tech (un de ses meilleurs) où dans les cinq dernières minutes, il hérite tout d’un coup de tous les ballons, enchaîne les un contre un, et rentre tir clutch sur tir clutch (à longue distance). Aussi, le fait de voir alterner entre option principale et option ordinaire n’a pas trop dû l’aider à se situer dans la hiérarchie et au niveau des tirs qu’il pouvait ou ne pouvait pas prendre.

En ce qui concerne son scoring intérieur, et son jeu en pénétration, on retrouve à peu près les mêmes éléments que pour son jump-shot : un déficit d’explosivité, un niveau technique au-dessus de la moyenne, et la question centrale de savoir laquelle de ces deux composantes prendra le pas sur l’autre.

Au démarrage, il n’a pas la vitesse de propulsion pour faire la différence immédiatement, ni la brusque accélération pour dépasser le défenseur. Il contourne ce problème avec une science du jeu remarquable. Il joue sur le positionnement de son corps, dans toutes ses subtilités, et il joue sur le placement intelligent de ses appuis. Il place par exemple le poids de son corps sur l’appui extérieur, déplace subtilement mais sûrement son appui intérieur le plus loin possible, et au moment opportun, passe les épaules et enchaîne les enjambées jusqu’au cercle. Des premiers pas tout en technique en somme.

Cette méthode a ses limites, même au niveau universitaire, cependant. En effet, dans sa globalité, ce mode d’opération ne lui permet pas de faire la différence sur une grande majorité d’essais. Il se retrouve un bon nombre de fois à se faire barrer la route par le défenseur et à ne tout simplement pas pouvoir le dépasser. L’aspect un peu préoccupant, c’est que Tatum n’a fait face pour l’instant qu’à des athlètes du calibre NCAA, et qu’en NBA, les défenseurs sont plus grands, plus rapides, meilleurs, et donc encore plus difficiles à mettre dans le vent.

Pour contourner ce problème (au sens propre), Tatum possède toutefois une belle gamme de variations dans son jeu en pénétration. En ce qui concerne les changements de vitesse, il les utilise bien, mais sans doute pas suffisamment et de manière pas encore assez marquée. En revanche, pour changer de direction, Tatum possède de bons petits moves balle en main. Il a montré un bon spin move, des crossovers, des in & out, et autres. Il ne possède pas la maîtrise chirurgicale du ballon d’un meneur ou d’un arrière, dont la précision et la rapidité de geste sont incroyablement grandes. Mais une fois ses qualités de dribbles (pas d’élite mais tout de même très bonnes) associées à ses très grandes mensurations et sa fluidité de corps, cela suffit très largement pour perdre le défenseur.

Tatum fait preuve d’une assez bonne agressivité pour attaquer le cercle. Depuis des positions de spot-up notamment, il feint le tir et joue la pénétration plutôt que le shoot lorsque le défenseur se jette sur lui. Un des exercices favoris de Tatum pour se rendre jusqu’au panier demeure le Pick & Roll. Sur des isolations, il a du mal à placer son premier pas comme expliqué plus haut, mais le P&R permet de lui offrir un écran dont il use bien pour se démarquer de son vis-à-vis.

Son total assez moyen de lancers francs tentés (4.8/m en 33min/m) s’explique en partie par son rôle à Duke, qui n’était pas un rôle majeur de porteur de balle dominant. Néanmoins, ce chiffre illustre tout de même une tendance non pas à fuir le contact, mais bien à ne pas tenter de driver suffisamment. Dans ses choix shoot/drive, Tatum a logiquement plus insisté sur des tirs dans le périmètre, mais il aurait sans doute pu attaquer le panier plus régulièrement et avec plus de détermination.

Dans sa finition au cercle, Tatum s’est montré très prometteur tout en conservant encore quelques défauts non négligeables.

Pour le coté positif, notons ses superbes atouts physiques, sa taille et ses très longs bras dont il se sert déjà très bien pour s’étendre au maximum au moment du lay-up et ainsi relâcher la balle à hauteur du cercle. Son toucher de balle est apparu assez bon, pour ne pas dire vraiment très bon par moments, tant il est allé chercher quelques finitions étonnantes et compliquées avec la planche, dans des angles parfois très variés.

Pour le côté négatif à présent, il convient de noter que de manière générale et sur l’ensemble de ces situations, Tatum n’a pas tout le temps fait admirer ni cette extension au cercle, ni ce toucher de balle. C’est particulièrement dans le trafic, en fait, lorsqu’il se retrouve avec le défenseur encore bien devant lui, avec un protecteur d’arceau dans les parages ou tout simplement dans une foule de bras que Tatum s’est montré, en toute logique, le moins performant. Son manque d’explosivité, entraînant une incapacité à réellement se séparer de son défenseur ou de le distancer, le pousse à lui même se mettre dans des situations compliquées dans le seul but de pouvoir tirer (en tombant vers l’arrière, en se contorsionnant, etc). Également, Tatum aime un peu trop utiliser un « push shot » au moment de finir, plutôt que de s’étendre pour le lay-up. C’est à dire qu’il se jette sur le défenseur, face au panier, et déclenche un petit tir en cloche (moins précis et efficace qu’un lay-up) juste à côté du panier. Si cela fonctionnait encore au niveau NCAA, ça sera sans doute moins le cas en NBA où les défenseurs sont plus difficile à passer par dessus, et où les aides côté faible viendront plus rapidement punir ce genre de tir très facilement contrable.

Plus encore, Tatum n’aime pas beaucoup, pour ne pas dire pas du tout, utiliser sa main gauche. Il revient régulièrement sur sa main droite dans des situations de jeu (des pénétrations sur la gauche, notamment) où l’usage de la gauche est une nécessité et ou celui de la droite entraîne un tir déséquilibré avec peu de chance de réussite.

A terme, on peut donc imaginer Tatum devenir un vrai bon finisseur au cercle. Peut être pas un finisseur d’élite (autour des 70 % de réussite au cercle) à la manière de Kevin Durant ou LeBron James, puisqu’il lui manque cette dose d’explosivité et de verticalité qui facilite grandement la probabilité de réussite d’un tas de tirs au cercle. Mais très certainement, avec les atouts qui sont les siens, il pourrait devenir très bon voire excellent (plus de 60 % de réussite au panier). Un joueur comme Gordon Hayward présente un peu le même profil. Lui non plus n’a pas la dynamite qu’il faudrait dans les jambes, mais son contrôle du corps est splendide, son toucher de balle et sa créativité très bons également, et il arrive à exceller de la sorte. Tatum n’a pas encore la créativité, ni même le métier, du joueur accompli qu’est Hayward, mais dans ce même registre, il a du potentiel, avec en plus, des mensurations plus grandes que celle du joueur du Jazz.

Par ailleurs, Tatum s’est illustré sur le jeu en transition, si important dans la NBA actuelle. Malgré son manque d’explosivité d’élite, il a su mener les contre-attaques et les conclure en s’infiltrant dans les espaces avec une belle fluidité et une bonne vitesse une fois lancé.

Du reste, son scoring intérieur se fait également au moyen d’un très bon jeu sans ballon (il coupe vers le cercle à des moments opportuns et avec un bon timing, ou bien il récupère des rebonds offensifs), mais aussi avec du jeu au poste bas. A l’image de Jabari Parker, lui aussi est un ailier de formation qui jouait ailier fort une grande partie du temps, et qui allait notamment travailler au poste. Là encore, c’est tout en finesse, en utilisant son footwork et son toucher de balle pour marquer.

Néanmoins, comme pour beaucoup d’universitaires s’illustrant dans l’exercice, le jeu au poste bas des joueurs qui ne sont pas des intérieurs ne se transpose pas chez les pros. Parce que leurs moves ne sont intrinsèquement pas assez bons ou efficaces pour le dur monde de la NBA, mais aussi parce que peu d’équipes NBA souhaitent utiliser le jeu au poste (de leurs intérieurs, et encore plus de leurs non-intérieurs). Les équipes universitaires envoient au poste un joueur parce que la différence physique et/ou technique est généralement suffisante pour accoucher sur des tirs de bonne qualité, mais chez les pros, ce delta est moins grand, voire carrément nul. Marcus Smart jouait par exemple beaucoup poste bas à Oklahoma State, parce qu’il était à ce point imposant pour un meneur de jeu comparé aux athlètes moyens de NCAA. Ceci dit, les défenseurs NBA sont eux tout à fait équipés pour tenir leur rang et rendre les tirs au poste de Smart bien moins efficaces et bien moins rentables.

Aussi, il est peu probable que l’équipe qui va drafter Tatum choisisse de l’utiliser au poste bas fréquemment, alors que c’était une de ses sources de points très régulière à la fac. Néanmoins, tout n’est pas à jeter. Dans une ligue où se pratique à foisons les défenses en switch (pour prévenir les tirs à trois-points), être capable de punir un plus petit défenseur qui se retrouve sur soi est redevenu un atout de taille. C’est à dire qu’il y aura peu de systèmes vouant à transmettre la balle à Tatum au poste (sauf si match-up de base favorable), mais au cours d’une action, si un plus petit joueur change sur lui, Tatum pourrait en tirer profit en un contre un au poste. Il lui faudra impérativement gagner en puissance dans la partie basse du corps, toutefois. Son jeu au poste est pour l’instant tout en finesse, et en shootant par dessus ses défenseurs, mais même les meneurs et arrières NBA sont bâtis pour tenir leur territoire si Tatum n’est pas assez fort et agressif pour les enfoncer.

Tatum est également un bon passeur. Voire même un très bon passeur, par rapport à son rôle et à sa position. D’un point de vue quantitatif, il créé assez peu (2.1 ast/m), mais qualitativement parlant, il a démontré de très belles choses et réalisé de bonnes passes dans le jeu malgré son costume de scoreur.

D’abord et avant tout, Tatum s’illustre dans sa capacité à savoir réaliser la bonne action. Il n’hésite pas à faire la passe simple qui s’impose, il trouve son partenaire si celui ci est ouvert, il fluidifie le jeu et fait tourner la gonfle lorsque cela s’impose. En bref, il a montré à Duke être capable de s’intégrer parfaitement dans un collectif et dans un fond de jeu, sans être le scoreur trou noir à qui on donne la balle et qu’on ne revoit jamais. Au delà de ça, Tatum a même fait étalage d’une bonne vision de jeu. Par de nombreuses fois, il a été capable de voir et de servir des coéquipiers largement démarqués, ou tout seuls dans le dos de la défense.

Plus encore, Tatum a même montré pouvoir créer occasionnellement en sortie de dribble. Là encore, c’est en petite quantité, mais il a réussi l’an passé à trouver de très bonnes opportunités de tirs sur pénétration et même sur Pick & Roll pour ses coéquipiers. Créer en mouvement n’est clairement pas une qualité dont sont capables tous les joueurs de basket, et a fortiori dans un rôle de scoreur avant tout, posséder cette qualité est à la fois rare et précieux. Notamment, Tatum s’est particulièrement illustré sur des phases de jeu où il attaquait le cercle et glissait un bon ballon à son intérieur dans la raquette lorsque la défense se resserrait autour de lui.

Évidemment qu’à ce stade de son développement, toutes ces offrandes intéressantes s’accompagnent encore de (presque) autant de mauvaises passes, résultant de mauvais choix dans le jeu ou de mauvaise réalisation. Il n’a pas encore le métier, ni même la connaissance du jeu suffisamment profonde pour anticiper les aides coté faible ou les systèmes défensifs adverses, et cela aboutit très concrètement sur son lot de passes ratées. Son ratio de passes/turnovers est d’ailleurs en dessous de la barre symbolique de 1 (2.1 ast/2.6 tov = 0.8). Pour autant, rien d’inquiétant outre mesure. Tatum a démontré par ailleurs être un joueur à la fois intelligent et capable de bien voir le terrain. Aussi, une fois plus d’expérience acquise, il pourrait bien plus limiter ce genre d’erreur classique de jeune joueur.

Un seul point ressort un peu plus que les autres, cependant : sa tendance à ne pas servir des coéquipiers ouverts par moments. Il a montré à Duke être altruiste et pouvant voir le jeu, mais il lui est arrivé régulièrement (pas dans de grandes proportions cela dit) de ne pas faire tourner la balle jusqu’à un de ses partenaires largement ouvert et de plutôt prendre le tir lui même. C’est un des reproches majeurs qui lui était fait avant la NCAA, dans ses années lycées, et bien qu’il ait réussit à grandement limiter ce défaut, il ne l’a pas encore effacé totalement de son jeu.

Être une première option d’équipe au scoring entraîne forcément de privilégier son propre tir à celui des autres par moments, même pour les meilleurs scoreurs en NBA. Mais être capable au contraire de lâcher la balle, de refuser son propre tir pour un tir d’un coéquipier plus ouvert (avec une plus grande probabilité de rentrer donc, a priori) est un réel atout capital. Sans prendre l’exemple de joueurs tels que LeBron James ou James Harden, qui sont de véritables meneurs de jeu dans l’âme, l’exemple récent de Kevin Durant illustre à merveille cela. Petit à petit dans sa carrière, Durant a apprit à lâcher de plus en plus le ballon, et ainsi à tirer profit de toute l’attention que les défenses lui portait. Tout cela à culminé en 2014 où il distribue carrément plus de 5 offrandes par match (contre un peu plus de 2 en début de carrière), ce qui a permis à son équipe d’être une des meilleures de la ligue et qui lui a permis à lui, d’être MVP. Même cette année, si les Warriors sont capables de développer un jeu aussi léché et spectaculaire, c’est aussi grâce à l’altruisme que le Durant scoreur dans l’âme a su développer. A l’inverse, Carmelo Anthony n’a jamais réellement fait cela. Il sait être altruiste, il sait réaliser la bonne passe, voire même un peu plus que ça lorsqu’il le souhaite, mais il ne l’a sans doute pas assez souhaité sur la durée dans sa carrière.

On parle ici de très hautes sphères (parce que c’est le potentiel maximum de Tatum), mais clairement, savoir tirer profit des défenses qui se resserrent sur soi est un atout souvent capital au très haut niveau. La contraposée est juste également : vous ne trouverez pas de superstar ou de franchise player en NBA qui ne sache pas un minimum faire tourner la balle.

Défensivement, Tatum a également démontré de très belles promesses. Il ne devrait pas devenir un défenseur d’élite chez les pros et il n’en a de toute façon pas la vocation. Mais, encore une fois, par rapport à son rôle de probable go-to-guy, son potentiel défensif est des plus intéressants.

D’abord, Tatum peut devenir à terme un excellent défenseur sur l’homme. Ce n’est pas tout le temps, mais on l’a vu capable de tenir son vis-à-vis de très belle manière sur isolation. Il possède une belle vitesse latérale et surtout de très grandes mensurations physiques (ses bras notamment) ce qui, les deux combinés, en font un obstacle grand, mobile et difficile à contourner pour l’attaquant. Il arrivait très bien par moments à toujours rester entre son vis-à-vis et le panier, en contestant même très bien les tirs au cercle une fois ceux-ci déclenchés. Clairement, posséder un ailier scoreur qui est également capable de tenir son rang défensivement est un atout précieux pour n’importe quelle équipe NBA.

Néanmoins, ce serait aller trop vite en besogne que de décrire Tatum comme un défenseur accompli sur l’homme. Il lui est arrivé de manière régulière et non-anecdotique de se faire battre sur ce genre de situation, et de concéder le drive. Comme tout jeune joueur, c’est essentiellement de savoir-faire, de connaissances défensives, et de fondamentaux un peu plus polis dont Tatum manque actuellement. Des petites sautes de concentration par ci, des petits manques d’efforts par là. Des postures défensives pas toujours bien ancrées, voire même des erreurs de positionnement et/ou d’orientation des appuis.

Rien de bien inquiétant sur le long terme, mais dans l’immédiat et sur le début de sa carrière, ce ne serait pas anormal de le voir se faire prendre à rever par des joueurs et des athlètes professionnels bien meilleurs que ceux qu’il a rencontrés en NCAA. Une question se pose tout de même : à quel point sa vitesse latérale est elle bonne ? En NCAA elle est apparue largement suffisante, mais il n’a pas fait souvent face à des athlètes explosifs comme on en trouve à foison chez les pros. Le doute est permis. Cependant, les feux semblent être au vert orangé plutôt qu’au rouge pétard. Certes, il manque d’explosivité et de dynamisme dans les jambes, mais la vitesse latérale est plutôt liée à une vitesse et une coordination d’appuis, qui se travaille indépendamment (bien que tout soit un peu connecté). Tatum s’est rarement fait battre sur de la pure vitesse latérale en NCAA. Au contraire, c’était sur des petites erreurs au démarrage, où des fois il était en mauvaise position et/où mauvaise posture, mais il ne s’est jamais vraiment fait distancer sur sa pure capacité à coulisser rapidement. Aussi, une fois réglé ces petits problèmes tangibles, les pénétrations qu’il concède devraient se faire un peu plus rares.

De manière intéressante, Tatum possède une assez bonne polyvalence dans sa défense sur l’homme, en ce sens qu’il défendait principalement sa position (poste 3), mais n’a pas eu trop de soucis sur des switch du P&R ou autres changements défensifs dans le jeu à garder et contenir des joueurs un peu plus petits et un peu plus rapides, ses longs bras et sa grande carrure difficile à contourner compensant assez bien le manque de vitesse qu’il rendait à ces plus petits arrières. Cela dit, il convient là encore de noter que ce ne sera peut-être plus le cas en NBA et que la rapidité (et le niveau de jeu) des arrières de la grande ligue sera peut être trop grande pour que Tatum soit encore en mesure d’exister face à eux.

Cette polyvalence défensive n’est toutefois pas aussi grande qu’elle pourrait et qu’elle devrait. En effet, si Tatum est capable de garder des postes 3, ainsi que quelques meneurs et arrières, c’est en revanche un peu plus dur pour lui de défendre des ailiers forts. Plus particulièrement, des vrais intérieurs poste 4, plutôt que des tweeners ailiers de formation jouant ailier fort à la fac (comme lui).

Il lui manque en effet de la puissance pour tout simplement tenir son territoire face à des joueurs plus imposants. S’il est indéniable que la partie haute de son corps est très développée musculairement parlant (de très larges épaules, de bons bras), il manque en revanche de force dans la partie basse de son corps. Ses cuisses et ses jambes ne sont tout simplement pas assez puissantes en l’état. Même au niveau NCAA, Tatum avait ainsi du mal à défendre de vrais ailiers forts intérieurs. Autrement dit, cela devrait être pire face à ceux de NBA bien plus grands et costauds. Il s’est fait très régulièrement enfoncer au poste lorsqu’il était assigné à ce genre de joueur, sans pouvoir repousser le joueur, sans pouvoir garder son territoire ni offrir un contact suffisamment bon. Sa base musculaire n’est pas encore assez bonne. Particulièrement contre North Carolina, rencontré plusieurs fois cette année, Tatum se faisait trop souvent enfoncer par un joueur solide comme Kennedy Meeks, beau spécimen physique mais pas pour autant un athlète hors pair comme il y en a dans la grande ligue.

Acquérir cette meilleure base musculaire semble un élément loin d’être négligeable pour la carrière de Tatum. Cala va au-delà de la capacité en elle même à tenir son rang au poste bas. En effet, en étant capable d’être bien plus solide sur ses appuis et de ne pas se faire enfoncer facilement, Tatum obtiendrait alors cette polyvalence défensive et pourrait durablement jouer au poste 4. Sans ça, il sera difficile d’imaginer cette hypothèse, mais s’il arrive à au moins tenir un peu (même juste le temps que la prise à deux arrive, plutôt que de ne pas être capable d’offrir de résistance), ce sera bien plus viable et probable.

Ce que cela entraînerait, c’est donc une possibilité de le positionner poste 4 plutôt que 3, ce qui aurait des conséquences (favorables) d’une énorme envergure pour lui et pour son équipe. Dans la NBA d’aujourd’hui qui va toujours plus vers le small ball et où les positions sont de plus en plus floues, avoir un Jayson Tatum positionné en ailier fort peut sans doute apporter beaucoup pour l’équipe. C’est d’une part une configuration où il n’y aurait alors qu’un seul vrai intérieur sur le terrain, en plus de Tatum, ce qui augmente de facto le spacing. D’autre part, le fait de posséder un poste 4 avec du ballon est un atout formidable (Draymond Green, meilleur exemple, ou Blake Griffin). Donner la gonfle à Tatum avec trois arrières shooteurs dans le périmètre et un intérieur sous le cercle est une configuration presque idéale pour la NBA aujourd’hui, étant donné que le garçon peut alors avoir tout l’espace pour opérer (se créer son tir, pénétrer), et même créer pour les autres en sortie de dribble. Également, dans l’hypothèse où Tatum n’arrive pas à augmenter son efficacité à trois-points, c’est beaucoup moins dérangeant d’avoir un ailier fort à 34 % avec à ses côtés trois arrières bons au shoot, plutôt qu’un ailier à 34 % et deux vrais intérieurs sur le terrain. D’autant que, positionné en ailier fort, Tatum pourra aussi apporter du spacing avec son drive et sa capacité à jouer au large, et pas juste avec son shoot.

Aussi, que ce soit par séquences ou sur la durée, la possibilité pour Tatum de jouer poste 4 semble être primordiale. Mais cette possibilité ne passera que par la capacité à tenir son territoire au poste face à d’autres postes 4. Même seulement par séquences, un entraîneur ne pourra pas se permettre de le positionner ailier fort si cela en fait une cible facile qui va leur coûter des points, au moins autant ou même plus de points que son positionnement en small ball 4 pourrait générer. Or, à l’heure actuelle et dans un futur proche, installer Tatum en poste 4 c’est avoir la quasi certitude que des Blake Griffin, Kevin Love, LaMarcus Aldridge, Paul Millsap et bien d’autres pourront l’abuser aisément au poste bas pour des points faciles.

Autrement dit, ce n’est pas sa capacité intrinsèque à défendre le poste bas qui est intéressante, mais bien ce qu’elle peut apporter indirectement. On ne va pas lui demander d’être un bon défenseur au poste, d’autant que c’est un aspect du jeu de moins en moins utilisé pour marquer, mais simplement de ne pas en être un mauvais. Plus encore, avoir une meilleure base pourrait aussi lui permettre de mieux résister aux chocs et de mieux contenir les pénétrations adverses. Même sur le poste 3, les ailiers NBA vont tenter de lui rentrer dans le lard (LeBron, Durant, Leonard, George, Butler, pour ne citer que l’élite) en attaquant le cercle, avec plus d’agressivité et de puissance que les joueurs universitaires qu’il a pu croiser. Donc poste 4 ou poste 3, développer cette puissance dans la partie basse du corps semble indispensable, d’abord pour survivre, ensuite pour mûrir dans des rôles autres.

En ce qui concerne sa capacité à contester les tirs, Tatum rend une copie mitigée. D’une part, il est clair que son envergure est un atout de poids qui lui permet de bien défendre, voire même de parfois contrer certains tirs adverses. D’autre part, il lui est aussi arrivé, même au niveau universitaire (face à des plus petits joueurs donc) de se faire shooter sur la tête. Il n’y a pas lieu d’expliquer cela par un quelconque manque de longueur de bras, puisque ce n’est pas le cas. C’est au contraire sur les petits détails que Tatum se fait avoir.

Il ne fait pas tout le temps l’effort de s’engager dans sa contestation du tir, à savoir bien sauter et s’allonger au maximum pour représenter un obstacle imposant et avoir la main la plus proche possible du ballon. Au contraire, il est parfois un peu relax, et ne s’engage pas à fond (peut être par soucis de ne pas trop s’engager et faire faute). Son temps de réaction peut également s’améliorer, et au-delà de ça, c’est sur des subtilités comme le positionnement du corps au moment où l’adversaire prend le tir, la distance à avoir entre ce dernier et lui même, quelle main utiliser selon le côté du terrain pour contester au mieux, etc. En bref, tout un tas de petits détails qui s’acquièrent avec de l’expérience qu’il n’a logiquement pas. Pas de quoi s’inquiéter de ce point de vue là.

Tatum peut également parfaire sa défense sur l’homme avec une plus grande discipline et une plus grande rigueur. Parce qu’il possède des bras longs qui peuvent générer des interceptions, et aussi parce qu’il est encore très jeune, Tatum se laisse parfois tenter à l’excès de provoquer la balle perdue. Se faisant, il commet des fautes évitables ou se met hors de position.

Tatum est par ailleurs un défenseur collectif prometteur. Il a démontré une intelligence de jeu certaine pour apporter des aides pertinentes. Et plus particulièrement, il s’est illustré de manière plus importante qu’un poste 3 classique sur de la protection de cercle, là encore usant de ses longs bras. Un aspect qui rassure sans doute un petit peu pour un éventuel repositionnement en small ball 4 par séquence, si tant est que ce soit le cas un jour.

Il lui reste néanmoins pas mal de progrès à faire pour affiner sa défense collective. Dans la réalisation même de ses aides s’expriment toute son inexpérience et son manque de savoir faire, lorsqu’il ne bouche pas bien les angles ou ne réalise pas l’aide de la bonne manière. Dans ses oublis réguliers et ses aides manquées s’illustrent sa naïveté et son manque d’attention à tout instant, pour conserver un contact visuel avec à la fois son homme et le ballon, et ainsi être capable d’intervenir sur l’un ou l’autre. Pas plus d’inquiétude que cela à avoir sur le long terme encore une fois, mais des détails à ne pas tarder à corriger toutefois.

En qualité de playmaker défensif, on ne peut pas dire que Tatum soit en l’état un vrai game changer. Sur les lignes de passes comme pour arracher des ballons des mains de ses adversaires, il n’a pas affiché des instincts extraordinaires, mais encore et toujours ses atouts physiques suffisent à eux seuls pour récolter quelques ballons (1.3 int/m).

Un domaine où Tatum possède un véritable impact sur le match en revanche, c’est le rebond. Défensif surtout. Il collecte pas moins de 7.3 prises par match de moyenne cette année à Duke, un très fort total pour un ailier (bien qu’il ait assez souvent joué ailier fort). Au delà de la statistique en elle même, qui ne reflète pas forcément la qualité d’un joueur (comme certains meneurs NBA qui négligent la défense pour gober du rebond non contesté), Tatum possède de véritables forces au rebond et ne peut pas être accusé d’empiler de la stat dans le vide. Ses instincts pour deviner où va rebondir le ballon et à quel moment il doit sauter, sont réellement superbes. Il ajoute à cela de très bons atouts physiques pour aller chercher un grand nombre de rebonds dans le trafic, attrapant la balle plus haut que tout le monde et arrachant avec agressivité des ballons flottant dans des forêts de bras. Il ne se prive pas non plus de poser de bons boxouts pour bloquer son homme, et veiller à l’exécution très académique de la récupération du ballon (par lui ou par un autre).

_____________________________________________

Le constat à cinq ans après la draft de Jayson Tatum devrait assurément être un des plus intéressants de cette cuvée de draft. Tous les prospects ont une certaine incertitude autour d’eux, ni la draft ni le basket ne sont une science exacte. Mis à part peut-être Markelle Fultz, dont on sait qu’il va devenir un go-to-guy sauf accident et Josh Jackson qui devrait se plaire dans un rôle d’ailier très fort et très complet (mais pas forcément star), tous les autres gros prospects sont intrigants et aux carrières possibles très diverses. Pour certains c’est l’irrégularité (Smith Jr), pour d’autres un delta énorme entre les forces et les faiblesses (Ball, Monk), pour d’autres encore un doute sur l’accomplissement d’un gros potentiel (Isaac, Fox, Ntilikina).

Mais là où le cas de Jayson Tatum est réellement intéressant, c’est que ça passe ou ça casse. Tous les autres, ou en tout cas beaucoup, semblent posséder un niveau plancher assez haut. Si Smith Jr ne gagne pas en régularité, ça fera tout de même un meneur correct. Si Markkanen ou Monk ne peuvent pas développer un jeu complet, ils resteront des shooteurs attitrés. Si Ntilikina n’est pas assez explosif pour la grande ligue, ce sera au moins un défenseur excellent voire exceptionnel. Si Ball et Fox n’arrivent pas à impacter le jeu aussi grandement en NBA qu’en NCAA, ils gardent quelques atouts (shoot, passes, défense ou jeu en contre-attaque, au moins deux qualités sur ces quatre pour chacun) pour pouvoir exister en NBA.

Pour Tatum, c’est plus complexe que ça. S’il n’arrive pas à percer en NBA, alors qu’il possède un très gros potentiel, c’est donc en toute logique que son jeu ne se sera pas transposé au monde beaucoup plus dur de la NBA. Or, si ça arrive, s’il ne peut pas scorer en gros volume en NBA, son apport est anecdotique. Il présente un profil assez complet et prometteur partout… mais complet pour un scoreur. C’est un passeur intéressant et un défenseur pas incompétent, mais pour le rôle d’un ailier scoreur. Sans ses points, Tatum n’est par ailleurs pas un assez bon passeur ni un assez bon défenseur pour impacter le jeu suffisamment. Soit ça passe, et ça passe brillamment (son jeu se transpose, il enfile les panier), soit ça casse, et ça casse sec (un apport très peu intéressant). La probabilité qu’il y arrive un peu mais pas complètement est assez faible.

Or, c’est la question centrale de son jeu, de son scoring, et donc de sa carrière. A quel point Tatum va-t-il être capable de compenser son manque d’explosivité avec son bagage technique ? Jusqu’à quel point va-t-il arriver à transposer son jeu si travaillé, tout en toucher de balle, en finesse, en détails très subtils, en lecture du jeu, dans une NBA où l’impact défensif va être d’un niveau bien plus grand athlétiquement et physiquement. Son footwork et sa science du jeu dans la création de son tir sont-ils assez bons pour battre de manière constante les grands défenseurs professionnels ? Sa fluidité et son arsenal technique sont-ils suffisamment bons pour le propulser jusqu’au cercle face à des défenseurs plus rugueux et plus durs à dépasser ? Son toucher de balle et sa créativité sont-ils suffisants pour terminer efficacement au panier au milieu de défenseurs immenses et plus alertes ?

Autant de questions dont on ne connaît pas la réponse. Mais on sait en revanche quelles sont les réponses possibles. Soit il arrive à sortir son épingle du jeu, à transposer son jeu, et à ce moment là Tatum peut réellement devenir quelqu’un dans la grande ligue. Soit il n’y arrive pas, la dimension physico-athlétique étant trop grande et prenant le pas sur sa technique, et à ce moment là, Tatum n’y arrivera pas du tout, ou presque pas.

Au delà de ça, une autre question essentielle se pose, celle de son jump-shot. Le fait d’arriver à développer un tir fiable peut totalement changer la donne. A fortiori si autant de doutes planent autour de sa création offensive, l’acquisition d’un jump-shot de qualité semble l’autre élément capital de son jeu et de son avenir. Quitte à ne pas savoir créer de belles séparations avec le défenseur ou de n’être pas assez vif pour le perdre, il a intérêt à savoir mettre des tirs compliqués très régulièrement le garçon. Et puisqu’il n’a pas le coup de rein pour aller au cercle à volonté, développer un jump-shot de grande qualité est essentiel pour que les défenseurs craignent cette arme là et lui laissent un peu plus de champ pour pénétrer.

Mais alors pourquoi Tatum est projeté aussi haut dans la draft, alors même qu’autant de doutes l’entourent ? La réponse est très simple : le potentiel. La grandeur de son potentiel.

Dans cette classe de draft pourtant extrêmement dense dans les premières places, avec 10 joueurs de très grande qualité (auquel il aurait fallut ajouter Miles Bridges et Robert Williams, qui ont décidé de rester à la fac finalement), même dans cette classe de draft de très haute volée, il ne sont que deux à se voir attribuer le statut de potentiel go-go-guy : Markelle Fultz, et Jayson Tatum.

Cela ne signifie pas que ces deux là vont devenir des go-to-guys, ni que le(s) futur(s) go-to-guy(s) de cette draft est(sont) forcément parmi ces deux joueurs là, ni que les autres joueurs de cette draft ne peuvent pas devenir des go-to-guys, non. Cela signifie que ce sont Fultz et Tatum qui possèdent le potentiel de star le plus concret de cette classe de draft, en l’état. Ce sont eux qui à l’heure actuelle présentent le plus d’atouts laissant penser qu’il pourront le devenir.

Et ça, ce n’est pas rien.

Que recherche à faire une attaque NBA, ou n’importe quelle équipe de basket ? A marquer des paniers. Pour ce faire et puisque c’est impossible de rentrer tous les tirs tentés, l’équipe va chercher à obtenir des tirs de la meilleure qualité possible, c’est à dire des tirs les plus ouverts possible (notamment). Or, s’il y a tir ouvert, il y a faille dans la défense, et s’il y a faille dans la défense, il y a eu un décalage créé par l’attaque pour déstabiliser et désordonner la défense. Même les attaques les plus rodées et s’appuyant le plus sur un fond de jeu collectif et de la circulation de balle ont besoin à un moment donné de créer des décalages. Les Boston Celtics seraient beaucoup moins forts sans la qualité de création d’Isaiah Thomas, qui vient sublimer le travail collectif. Ou pour prendre l’exemple récent le plus frappant : les San Antonio Spurs de 2013 et 2014, qui récitent un des plus beau basket collectif de ces dernières années, n’auraient pas été aussi forts sans la percussion d’un Tony Parker dans la meilleure période de sa carrière. A l’inverse, un créateur d’élite, c’est ce qu’il a manqué à Atlanta ces dernières années pour réellement être un prétendant au titre, malgré un collectif on ne peut mieux huilé. L’idée est toujours de créer un décalage, une faille, même si un enchaînement de passes ensuite laisse à penser que le boulot est collectif.

Cette capacité à créer à la fois qualitativement et quantitativement, pour les autres ou pour soi, c’est donc la qualité ultime d’un basketteur. C’est aussi la plus dure à avoir, la plus rare, et la plus chère également. C’est pour cela que les joueurs draftés les premiers sont quasiment toujours ceux qui possèdent cette qualité. Par classe de draft, on en recense pas plus de deux ou trois par année en général. Simmons et (un peu moins) Ingram en 2016. Karl-Anthony Towns, Jahlil Okafor et D’Angelo Russell en 2015. Cuvée d’exception en 2014 (Andrew Wiggins, Jabari Parker, Joel Embiid, Julius Randle et la wild card Dante Exum) qui a fait suite à la cuvée 2013 très pauvre (personne). Anthony Davis en 2012, Kyrie Irving et (un peu) Derrick Williams en 2011, etc. Il n’y en a pas tant que ça, même si 2014 vient un peu remonter la moyenne. On parle là de potentiel au moment de la draft, et pas des joueurs qui sont devenus des go-to-guys a posteriori.

Fultz est quasi certain de toujours avoir cette qualité une fois chez les pros, donc il sera a priori le numéro un incontesté. Tatum, il y a plus de doutes, peut être qu’une fois en NBA, dans un environnement plus dur et à un niveau de compétition bien plus grand, peut être n’affichera-t-il plus cette qualité (pour toutes les raisons évoquées plus haut). Et donc des joueurs comme Lonzo Ball et Josh Jackson, qui semblent avoir un potentiel clairement moins haut mais présentent plus de certitudes, pourraient lui passer devant.

L’exemple qui va suivre est extrêmement différent sur bien des points, mais s’avère suffisamment pertinent dans le fond du propos pour légitimer la comparaison : prenons le cas de Jahlil Okafor. En 2015, il porte Duke sur ses épaules jusqu’au titre NCAA, c’est un monstre en un contre un (au poste bas) pour apporter donc cette création offensive qui va profiter à toute l’équipe. Okafor était intrinsèquement meilleur créateur que Tatum, mais les doutes étaient également présents du fait du domaine du jeu où il créait (le jeu au poste, plus tellement en vogue en NBA, et donc un profil difficile à mettre en valeur). C’était au final ce même cas du potentiel go-go-guy à fort risque. Si ça marche, c’est génial, si ça passe pas, ça casse complet. Deux années dans la carrière d’Okafor on assiste exactement à cela, à savoir le deuxième scenario où il s’avère incapable de jouer son rôle de go-go-guy, et apporte de ce fait très peu à son équipe. Dans ce cas, le pari semble pour l’instant perdu. Beaucoup d’autres facteurs (défensifs notamment) rentrent néanmoins en compte pour expliquer le cas Okafor.

Autre exemple peut être encore plus pertinent, celui de Julius Randle. L’actuel Laker sort de Kentucky avec cette étiquette du potentiel go-to-guy, et il en a même été un (et un splendide avec ça) durant toute ses années lycées et surtout à la fac. Si Kentucky élimine tour à tour tous les favoris durant le tournoi NCAA c’est parce que Randle s’occupe de tout faire (et si Kentucky a perdu la finale, c’est aussi parce que Calipari n’a pas voulu jouer sur lui).

Là où le cas de Randle est similaire à celui de Tatum, c’est que Randle portait lui aussi des doutes quant à la transposition de son jeu chez les pros. Lui aussi était un potentiel go-to-guy sans avoir des atouts physico-athlétiques d’élite (ce pourquoi il était clairement en dessous du trio Wiggins, Parker, Embiid). En NCAA, Randle écrasait tout sur son passage avec sa puissance pure et à coups de tirs d’une incroyable maîtrise avec sa main gauche (la seule qu’il n’ait jamais utilisé dans sa vie).

Une fois en NBA cependant, ces deux éléments se sont vus limités : premièrement, il est toujours très puissant, mais les défenseurs NBA sont désormais aussi puissants que lui, ou en tout cas suffisamment costauds pour qu’il n’y ait pas la même différence qu’à la fac. Et deuxièmement, son manque d’explosivité et de taille. Il arrive beaucoup moins à compenser ce déficit avec son toucher de balle, sa créativité, son contrôle du corps (au poste bas comme sur ses pénétrations) comme il le faisait à la fac. Les défenseurs NBA sont plus grands et plus longs. Là où Randle arrivait à scorer malgré les défenseurs en NCAA, chez les pros, ce n’est plus que le tir est contesté, c’est qu’il est beaucoup plus contesté, voire même contré, ou tout simplement empêché d’être pris. Au fil des ans, les craintes grandissent et les espoirs de le voir devenir un jour être le franchise player qu’on attendait en 2014 s’amenuisent. On pourrait même étendre la comparaison en évoquant un jump-shot imparfait dans les deux cas, mais dans le cas de Randle il n’y avait tout simplement pas de jump-shot du tout là où Tatum demande juste à confirmer en volume et efficacité.

Randle arrive quand même à contribuer au jeu. Par son playmaking, sa défense correct et son scoring occasionnel. Mais pas de quoi en faire une star ni un joueur d’impact d’une grosse équipe (pour l’instant en tout cas, il est encore très jeune). L’exemple type de ce que peut devenir Tatum dans le pire des cas : un go-to-guy privé de son scoring, qui bricole deux trois petits trucs avec du playmaking et un peu de défense, mais pas grande chose de conséquent à se mettre sous la dent, sans être suffisamment bon à la passe ou en défense pour se muer en excellent rôle player dans ce registre.

Là est toute l’énigme de Jayson Tatum. Une énigme que les décideurs NBA vont devoir résoudre d’ici le soir de la draft. Son profil et son potentiel semblent des plus alléchants, mais le risque d’échec n’est pas négligeable. Et pas n’importe quel échec. Si les meneurs Smith ou Fox n’améliorent pas leurs tirs, ce ne seront pas des joueurs dominants donc on pourra comptabiliser ça en échec, mais même sans ça ils pourraient tout de même faire des carrières honnêtes. Si Jackson ou Ntilikina échouent à avoir un gros jeu offensif, ils impacteront tout de même beaucoup en défense a priori. Si Monk et Markkanen échouent à être des bons défenseurs, ils seront au moins d’excellents jokers offensifs. Mais si Tatum échoue à transposer son scoring en NBA, il n’a pas d’autres grosses qualités à faire valoir. C’est une caricature grossière évidement, mais avec sans doute un fond de vérité quelque part dans les détails non évoqués.

C’est désormais aux GM’s d’arriver à évaluer les chances de réussite de Tatum chez les pros, et d’ensuite tout mettre en œuvre pour que cela se passe au mieux. A n’en pas douter, tous les GM’s ne placeront pas le curseur du potentiel/risque au même niveau, ce qui fait que certaines équipes pourraient choisir de passer sur lui, alors que d’autres à la recherche d’un franchise player pourraient monter dans la draft pour tenter le coup. Seul le temps résoudra cette énigme. Un des cas, si ce n’est le cas le plus intéressant et intrigant de cette classe de draft, pourtant d’une grande richesse.

Une réflexion sur “Road to the Draft : Jayson Tatum, l’énorme potentiel franchise player de cette draft

  • Carlosss

    Je ne sais pas de qui est ce papier, mais on y trouve de belles choses et une prédiction pas si dégueulasse, l'accent assez précis mis sur certains de ses progrès (que l'on constate au fil de cette saison) est à mettre au crédit de l'auteur…
    Bien sûr que quelques passages ne seront vérifiables qu'avec le temps, mais très beau fafiot rétrospectivement…

Laisser un commentaire