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Ma NBA avec Nikola Vucevic : « Quand je bats le record de Shaq… »

Tous les 15 jours, une personnalité nous raconte la NBA de l’intérieur. Aujourd’hui, l’intérieur du Magic : Nikola Vucevic. Parcours atypique comme fils de joueur pro, sensations et analyse du meilleur championnat au monde… Une réponse par question suffit rarement !

Nikola, quel est ton meilleur souvenir en NBA ?

Les game-winners au buzzer, forcément ça rentre dans les moments favoris.

Contre les Lakers :

Et les Hawks :

Quand j’étais à Philadelphie, mon année rookie, on a battu Chicago au match 6, un gros match, surtout à la fin. (Omer) Asik manque les lancers-francs, (Andre) Iguodala en met deux pour qu’on gagne, c’est la folie dans la salle ! Ensuite, la série d’après on va au match 7 contre les Celtics, à Boston. Même si on perd, avec l’atmosphère du Boston Garden, qui était quelque chose que je regardais quand j’étais plus jeune, faire partie de ça, même si je n’ai pas trop joué, c’est un super souvenir. Quand je me suis fait drafter aussi… C’est dur de choisir un seul moment ! Quand j’ai pris 29 rebonds, que je bats le record de Shaq (au Magic)… Surtout que c’est Shaq que je bats quoi ! L’un des meilleurs pivots de la NBA ! C’est sûr que ça aussi c’est l’un des moments qui me tient à cœur. C’est dur de n’en choisir qu’un, mais c’est ceux-là dont je me souviendrai toujours.

Et le pire ?

Ça c’est dur… Mon pire souvenir NBA… Pas facile celle-là ! Heureusement je n’ai pas eu de blessures graves. Ça j’ai eu de la chance. Peut-être les moments où je ne jouais pas trop en tant que rookie, ce n’était pas facile. Après il y a aussi quand on perd contre Boston, le match 7. Ça fait partie de mes meilleurs souvenirs comme je viens de te le dire, parce que ça m’a marqué à vie, mais c’est aussi une grosse déception. Même si je ne jouais pas beaucoup, je voyais mes coéquipiers qui se donnaient à 100% à chaque match. Le match 7 est assez fou, (Rajon) Rondo met deux 3 points je crois, à la fin de l’horloge (il a le pied sur la ligne au premier en fait), puis un autre à 8-9 mètres… Après tu rentres dans le vestiaire, tu vois tous les gars qui sont abattus, c’est assez décevant. Tu sais que tu es passé à « ça » d’aller en finale de conférence Est, pour jouer Miami ! Les défaites, il y en beaucoup, mais il y en a certaines qui sont plus difficiles que d’autres. Parce que quand tu perds un match assez serré, ou au buzzer, ce n’est vraiment pas facile.

Quel est le joueur qui t’a le plus inspiré à jouer au basket, ton père déjà (Borislav) ?

Oui, pour moi, vu que mon père jouait au basket quand j’étais jeune, je voulais toujours être comme lui. Je pense que ça m’est venu un peu naturellement. J’allais à tous ses entrainements, à tous ses matchs… Mon rêve, dans ces années-là, c’est de faire ce qu’il fait, tout le temps. De le surpasser même. Ça a commencé comme ça. Après, quand je suis vraiment rentré dans le basket, j’étais en Europe, mais à l’époque – les années 90 – comme tout le monde, pour moi Michael Jordan était numéro un. Et puis après Dejan Bodiroga, c’était énorme. J’avais même reçu son maillot de l’Euro 99 en France ! Quand il jouait pour la Yougoslavie. Je le gardais toujours avec moi d’ailleurs. Puis après j’étais fan de LeBron James, quand il est arrivé dans la ligue. Et bien sûr Dirk (il prononce le i comme dans l’alphabet français), Nowitzki. C’était vraiment mes joueurs préférés. Forcément je ne joue pas comme ces joueurs-là, mais ce sont des joueurs que j’aimais bien regarder et qui m’ont inspiré, quelque part.

Ça doit être particulier de grandir avec un papa basketteur pro quand même…

Bah ouais ! Ça m’a surtout beaucoup aidé. Dans le sens où j’ai appris comment vivre comme un sportif dès le plus jeune âge. Je regardais comment il se prépare pour ses entrainements, ses matchs, comment il se repose, comment il mange, tout ça. Ça c’est des trucs importants ! C’est vraiment important si tu veux avoir du succès. J’ai pu lui poser des questions tous les jours, quand je le voulais. Même si quand j’étais jeune je ne me rendais peut-être pas compte de tout ça. Mais maintenant quand j’y repense, ça m’aide beaucoup. C’est comment un coach personnel pour moi aujourd’hui aussi. Il me connaît mieux en tant que personne, je suis son fils. Et en tant que joueur il m’a coaché pendant quatre ans également, donc ça m’aide beaucoup de lui parler quand ça va mal, quand ça va bien, comment je peux m’améliorer… Puis c’est quelqu’un qui a joué jusqu’à 44 ans ! Il a eu 25 ans de carrière !!! Il a joué avec des grands joueurs, il connaît le basket vraiment bien. Je le vois d’ailleurs quand je lui parle. Même en tant que joueur pro, maintenant, je trouve qu’il connaît vraiment bien le basket.

« Chaque soir je me prends un mec qui peut m’en mettre 30 facile ! »

 

Quel est l’attaquant le plus difficile à jouer selon toi ?

Un truc que je trouve assez marrant, c’est genre tout le monde dit qu’il n’y a plus de pivots en NBA, que c’est fini, mais moi chaque soir je me prends un mec qui peut me mettre 30 points facile ! A chaque match, quand je rentre sur le terrain je me dis : « ah ouais, putain, il faut que je me donne à fond, sinon avec lui ça ne va pas être facile ! ». Donc je ne vois pas d’où les gens sortent qu’il n’y a plus trop de pivots. C’est vrai qu’ils ne jouent plus autant dos au panier, mais on a évolué, tu as plein de pivots qui font des face-ups, qui dribblent, qui prennent des trois points… Donc c’est plus difficile pour nous de défendre ! On est habitués à être en dessous du panier, à se mettre des coups et tout ça… Mais maintenant tu es obligé de sortir de la raquette, de défendre sur ces pivots qui peuvent faire tout ça. Donc non, les pivots ce n’est pas du tout fini. Et regarde chez les jeunes, tu as des Joel Embiid, des Nikola Jokic, Karl-Antony Towns qui arrivent là et qui sont super difficiles à défendre. Donc je ne pourrai pas vraiment en prendre un seul, mais quelqu’un contre qui j’aime beaucoup jouer c’est LaMarcus Aldridge. J’ai eu de bons matchs contre lui, lui aussi contre moi, ça faisait de très bons duels. Sur les frères Gasol également. Forcément, jouer (DeMarcus) Cousins c’est toujours spécial, parce qu’il est costaud, il peut scorer de plein de manières… Anthony Davis pareil. Embiid, je n’ai joué contre lui que deux ou trois fois, mais il est très fort. Brook Lopez aussi, on a fait de bons duels. J’en ai sûrement oublié, mais chaque match moi je sais que je dois être prêt, et je pense que les pivots on est toujours là, plus forts que jamais. C’est ma septième saison, donc il y a une forme de respect qui est là entre nous en plus. Tu as fait de gros matchs contre certains, eux pareil contre toi. C’est la beauté du sport, on se respecte après s’être battus l’un contre l’autre. A la fin du match, on se sert la main et on se dit au prochain match. Avec LaMarcus, je me rappelle à Portland d’un match où pendant 3-4 minutes, lui reçoit la balle, puis moi, c’était une belle passe d’arme !

A l’inverse, le défenseur le plus dur pour toi ?

Je pense que c’est Marc Gasol. C’est l’un des meilleurs à notre position dans la ligue. Il est très intelligent, il sait comment se mettre dans certains angles, ce n’est pas facile de l’attaquer. Tim Duncan et KG étaient très forts aussi. Tu vois, je m’en rappelle de suite, même aujourd’hui ! Et puis tu t’adaptes au match-up. Même si en face tu as un très très bon défenseur, chaque joueur a des qualités et des côtés plus faibles, donc tu sais quand tu rentres dans le match contre qui tu joues et ce qu’il va plutôt faire en défense, ce qu’il fait moins bien, donc tu essaies d’attaquer son côté plus faible. Il faut analyser tout ça.

Qui est le joueur NBA le plus sous-coté à ton avis ?

Peut-être (Goran) Dragic. C’est clair qu’il est « underrated ». Moins maintenant peut-être, mais je pense que si quand même. Parce que c’est un très gros joueur, et il ne reçoit pas assez de crédit par rapport aux autres meneurs. On parle beaucoup de certains autres, alors que lui aussi est très, très fort à sa position. Et cela fait très longtemps qu’il joue bien. Tu as vu ce qu’il a fait à l’Euro ! J’étais assez surpris d’ailleurs que les gens ne savaient pas ici… Ils n’ont pas du tout suivi. C’est un peu normal, c’est le championnat d’Europe, l’Amérique ne joue pas, donc ils s’en foutent un peu, je comprends, mais bon. C’est sûr que pour nous c’est différent. Si on est fan de basket, on va regarder même quand ce n’est pas notre équipe nationale. Et on va suivre les championnats d’Europe, la Coupe du monde, les Jeux olympiques… Les Américains, c’est plus les Jeux olympiques, et puis un peu dernièrement les championnats du monde, mais pas vraiment. C’est surtout les J.O.

« San Antonio est l’équipe la plus sous-cotée en NBA »

 

Et l’équipe qui est la plus « underrated » ?

Je trouve que San Antonio ne reçoit pas assez de crédit pour ce qu’ils font. Regarde là, Duncan est parti, tout le monde disait qu’ils étaient peut-être finis, mais ils sont toujours là, ils sont forts… Et puis Kawhi se blesse en Playoffs au match 1 contre Golden State, donc on ne sait jamais ce qui aurait pu se passer. Je pense que tout le monde sait qu’ils sont très forts, mais on n’en parle pas assez. Ils ne reçoivent pas assez de crédit. On voit ce qu’ils font depuis quinze ans, c’est incroyable ! Dans les médias, il y a plein d’équipes qui passent plus qu’eux alors que ce ne devrait pas être comme ça. Il y a une reconnaissance, mais ça devrait être plus. D’ailleurs, nous, entre joueurs, on sait que c’est une équipe qui est super difficile. Là, tu regardes sur le papier, tu te dis que peut-être ce n’est pas forcément ça, mais ils ont une culture, un système qui marche très bien, chaque joueur fait ce qu’il est sensé faire et ils sont hyper performants. Après, ils ont de bons joueurs aussi. Kawhi (Leonard), LaMarcus, Tony (Parker)… Même s’il est plus âgé, il fait du très bon travail. Et ils savent donner une chance aux jeunes, doucement, à les faire mériter leur place dans le système, à rentrer dedans. Ils connaissent leur rôle et c’est pour cela qu’ils fonctionnent si bien. Un mec comme Kawhi, il arrive en NBA, il tire à 3 points des corners, joue en défense et déjà t’es tout content de le voir juste faire ça. Or là c’est un des tous meilleurs joueurs de la ligue ! C’est un de ceux que je respecte le plus et que j’aime le plus regarder. Parce que lui, il est seulement basket et il s’en fout du reste. Et ça je respecte vraiment.

Tu crois que c’est lié au fait qu’ils n’aient jamais fait le doublé ? Même s’ils ont fait trois titres en cinq ans, dans les représentations culturelles en basket, ça compte énormément…

Attends, mais on s’en fout ! Ils ont fait quatre-cinq titres en quinze ans, et trois en cinq ans comme tu dis. Ils sont toujours là en finale ou finale de conf’… Doublé ou pas, moi je prends un titre sans doublé tous les jours ! C’est bien un doublé hein ! Je suis d’accord, mais bon… OK, Jordan a fait les triplés, mais bon Jordan c’est Jordan quoi. Les Lakers aussi ont fait le three-peat, il y a eu les back-to-backs du Heat ou des Pistons. C’est très difficile de faire le doublé d’ailleurs, je suis d’accord, même dans le foot, le Real Madrid c’est la première équipe qui l’a fait en Ligue des champions, depuis que c’est la Ligue des champions… c’est abusé ça ! Donc je suis d’accord, mais même par rapport à ça, ce que San Antonio fait depuis (il insiste sur ce chiffre) quinze ans. Rester au top pendant (il insiste encore) quinze ans, presque vingt ans, c’est très, très difficile. Ce n’est pas une équipe qui se monte sur cinq ou six ans et puis après tu as un joueur qui part et tu dois tout recommencer à zéro. Non, eux ils sont là depuis quinze ans et ils sont dans le top quoi. Et ils ont fait des changements de génération sans que personne ne râle. Tu ne l’as même pas vraiment senti quand Duncan est parti, c’est du lourd ça ! Il faut respecter. Et puis ils perdent contre Miami un match qu’ils ne devraient pas perdre (le match 6), et ils reviennent l’année d’après et ils battent le Heat ? Assez facilement en plus. C’est abusé ! Alors qu’ils sont tous plus âgés d’un an… tu te dis « non, il n’y a pas moyen ». Mais ils sont revenus et ils jouaient encore mieux que la saison d’avant !

L’équipe la plus dangereuse, c’est une évidence ?

Ah bah oui, les Warriors. Ils ont un cinq avec quatre joueurs qui seront dans le Hall of Fame, et sur le banc ils ont des gros joueurs comme Iguodala, (Shaun) Livingston qui est revenu super fort après sa blessure très grave… Et ce n’est pas que ça. C’est comment ils jouent en fait. C’est comment ils ont accepté de jouer les uns pour les autres. C’est ça en fait qui m’impressionne tellement. OK, ils sont super forts, ils ont des joueurs super forts, chacun des quatre joueurs serait encore meilleur dans une autre équipe… mais c’est surtout qu’ils jouent bien ensemble. S’ils commençaient à dribbler pendant dix secondes ou faire des un-contre-un, ce ne serait pas aussi impressionnant. Peut-être qu’ils gagneraient aussi, mais ce ne serait pas impressionnant. C’est le fait qu’ils font plein de passes, qu’ils coupent, qu’ils essaient de jouer ensemble, qu’ils font l’extra-passe… Et puis tu le sens quand tu es sur le terrain qu’ils veulent jouer ensemble et qu’ils s’en foutent de leurs statistiques personnelles. Ils veulent vraiment faire ce qu’il faut pour l’équipe. C’est ça qui est vraiment impressionnant. Ils perdent des trucs individuels peut-être, mais ils s’en foutent parce qu’ils veulent gagner des titres. Et c’est ça qui compte à la fin. Les titres. Parce que le basket c’est un jeu d’équipe, pas un sport individuel. Quand ils ont gagné 73 matchs, ils veulent quand même recruter Kevin Durant, lui aussi il veut jouer avec eux et s’intégrer au système, et maintenant c’est beau à regarder, c’est du beau basket. C’est impressionnant. Il y a aussi des tirs de fou, mais même ça, ça vient de leur système

« Des tirs à 3 points que même sur 2K je ne les mets pas ! »

 

Quelle est la salle où tu préfères jouer (en dehors de la tienne) ?

Boston, j’aime beaucoup y jouer. Ce n’est pas le Boston Garden des années 60, 80 et tout ça, mais il y quand même eu le titre de KG, Paul Pierce et Ray Allen, et puis quand tu regardes au plafond, tu vois toutes les bannières, c’est fou. Il y en a tellement qu’il n’y a plus de place ! Leurs fans connaissent vraiment le basket, ils sont vraiment dans le sport aussi. Si un joueur adverse fait un gros match, ils respectent même ça ! Et puis Chicago, évidemment. C’est la salle de Michael, tous les matchs que je regardais quand lui jouait… Tous les highlights aussi. Son maillot retiré, tous les titres accrochés là-haut… Pour tous ceux qui ont grandi dans les années 90, tous les fans de Michael, c’était assez spécial… Puis quand tu joues contre eux, la présentation des joueurs avant le match c’est pratiquement la même qu’à l’époque. Tu as la vidéo qui change, mais la musique c’est la même. C’est des trucs que tu connais depuis que tu es petit, moi j’aime beaucoup. Ils ont un peu changé l’an dernier d’ailleurs, je n’ai pas trop aimé ça. Et bien sûr il y a le Madison Square Garden, mais ça je pense que c’est tout le monde en NBA en fait. C’est New York, c’est la salle la plus connue du monde, il y a toujours des stars… Donc pour moi c’est vraiment Boston, Chicago et le Madison.

Tu n’es pas le seul à mentionner Boston pour les titres, et pas Los Angeles, alors que les Lakers en ont presque autant. C’est quoi la différence quand tu y es ?

Le seul truc qui est un peu différent, c’est que les fans ils sont plus présents à Boston. L.A. c’est différent. Les gens aiment le sport, mais pas de la même manière. Ce n’est pas tout à fait une ville de sport, c’est plus Hollywood, tout ça. C’est sûr que tu vois les bannières en haut, les Kobe etc. C’est bien, bien sûr. Mais je trouve que la culture qu’il y a à Boston pour le sport, c’est unique.

Quel est ton plus gros « kiff » en NBA ?

Juste le fait que quand tu rentres sur le terrain, tu joues contre les plus gros joueurs de la planète. Y’a pas mieux que ça. Tu as la chance tous les soirs, ou tous les deux soirs, d’aller jouer contre les meilleurs de la planète. En tant que compétiteur tu joues LeBron, même si tu ne le bats qu’une fois, que ce n’est qu’un match, tu as battu LeBron James quoi ! C’est du lourd ça. Quand tu joues à Golden State… Ça aussi. Ou quand je suis arrivé en NBA, mon premier match contre LeBron, mon premier match contre Dirk, j’avais 21 ans, j’étais toujours un gamin… T’es tout content ! Ahhh, c’est Dirk ! De le voir en personne, incroyable. Je crois qu’il fait un gros match d’ailleurs (28 pts, 12 rbds). La première fois que je vois Kobe, le mec vient à Philly, il a besoin de 24 ou 25 points pour surpasser Shaq, il fait ça en une mi-temps ! Avec des tirs à 3 points que même sur 2K je les mets pas ! C’est la NBA quoi. Les autres trucs, genre tu joues dans les meilleures salles… Bon. Tout ça c’est bien. Mais tu joues contre les meilleurs joueurs du monde, tu vois des trucs que les gars matent sur Youtube tous les jours, sauf que toi tu es sur le terrain. Pendant le match, c’est différent, mais quand tu y repenses derrière, c’est incroyable. Steph qui met un 3 points du milieu du terrain, moi je suis à un mètre de lui. L’image que j’ai en tête quand je pense à cette action par exemple, c’est celle que j’ai vue de mes propres yeux. C’est pour ça que tu joues en plus. Tu veux faire partie de moments comme ça, tu as été inspiré par ces instants magnifiques…

Inversement, le truc le plus « relou » ici ?

Peut-être tous les voyages, quand tu ne vois pas ta famille pendant longtemps. Moi je n’ai pas encore d’enfant, mais j’ai ma femme, qui reste toute seule pendant 10 jours parfois à Orlando. C’est chiant. Puis j’imagine que pour les mecs qui ont des enfants, tout ça, ça ne doit pas être facile de partir de chez toi autant, toutes les deux semaines. Tu vois là, on avait fait un road-trip de sept ou huit jours sur la côte Ouest, on revient deux jours, on repart huit jours encore, c’est un peu chiant. En plus quand tu rentres, tu sors tes affaires de voyage, mais tu sais que tu vas devoir refaire la valise pour repartir. C’est un peu relou. Mais bon, ça va. Ça vaut le coup. C’est juste que tu ne vois pas les gens qui sont importants pour toi pendant un peu longtemps. Moi j’habite ici alors que mes parents habitent en Europe aussi. Ce n’est pas facile, mais on ne va pas se plaindre.

« Avec ce cinq majeur, là c’est fini ! »

 

Ton cinq idéal de tous les temps ?

En 1 Magic (Johnson), en 2 Michael, bien sûr, en 3 (il hésite…) LeBron. J’ai failli dire Dr J, mais LeBron c’est LeBron quoi. Ça fait quinze ans qu’il est là, le gars joue 40 minutes à 33 ans… Il fait des stats incroyables. Voilà ! En 4, hum, c’est compliqué. Je ne sais pas si je mets Tim ou Dirk… Mais en 5 je mets Kareem Abdul-Jabbar. Après là je te dis les joueurs qui pour moi sont les meilleurs de l’histoire à leur poste, pas forcément le cinq le plus complet.

Et ton cinq idéal actuel ?

En 1, ça ne va pas être facile, mais je mets Steph (Curry). En 2 (il hésite encore)… Attends. Je mets LeBron en 3 et Kevin Durant en 4. En 5… Ce n’est pas facile tout ça ! En 2, je pense que je mets Harden. Et puis donc en 5… Hum, compliqué. Tu vois ça revient à ce qu’on disait avant sur les pivots, je pourrais en mettre trois facilement, genre Cousins, Embiid, Marc Gasol… On va mettre Marc, histoire qu’il y ait un Européen ! Après si je dois en faire un qui serait le plus efficace, où tu es sûr de gagner contre n’importe qui à 5 minutes de la fin, tu mets Steph et Klay (Thompson) en 1 et 2, LeBron en 3 et KD en 4. Et en 5 tu mets qui tu veux d’façon, t’as déjà gagné là (rires) ! Non, tu mets aussi Marc Gasol, parce qu’il peut tirer et il peut défendre. Mais bon, là c’est fini hein ! Tu donnes la balle à LeBron, il drive, soit il finit au panier soit il fait la passe, et derrière t’es mort ! D’ailleurs, LeBron n’est pas « underrated », mais les gens cherchent toujours un truc que peut-être il ne fait pas bien, or le gars il a amené plein d’équipes en finales, il fait sept finales d’affilée, il rend les joueurs autour de lui tellement meilleur… C’est incroyable. Il n’a peut-être pas l’instinct de Kobe, OK, mais ses coéquipiers jouent 50% encore mieux grâce à lui. C’est le seul joueur NBA où tu le prends, tu le mets dans n’importe quelle équipe, chaque équipe est meilleure de 50% minimum ! D’ailleurs, moi ça m’a pris sept ans pour le battre, cette année… C’était un beau match qu’on a fait. Bon, ils étaient en difficulté, mais là tu vois ils ont fait 13 victoires (UPDATE) d’affilée. D’ailleurs les gens disaient : « c’est fini les Cavs, LeBron » tout ça… Et là hop ! Et ils n’ont même pas Isaiah Thomas encore…

Quel a été le moment où tu t’es dit : « C’est sûr, je vais aller en NBA » ?

C’était ma fin de deuxième année en université ici (à USC, où il est venu à 17 ans). Enfin, là j’avais l’idée que j’avais une chance, que c’était faisable. Mais c’était surtout ma troisième année, quand j’ai vraiment bien commencé à jouer et que tu vois que les gens en parlent, que tu sens qu’il y a une possibilité. Parce que moi je n’étais pas genre : « ouais, je vais être numéro un de la draft ». Ici, tu sais quand tu as 18 ans que si tu fais ne serait-ce qu’une bonne année en high school, on peut déjà te projeter numéro un ou deux de la Draft ! Surtout maintenant. Moi quand je suis venu ici, je ne savais pas si je pourrai jouer en NBA, je ne pensais pas d’ailleurs que j’allais faire ce que je fais maintenant. Donc pour moi, c’est là où je me suis dit que je pourrai être en NBA, mais surtout être dans le premier tour et faire quelque chose de bien. Surtout que l’on jouait contre certains joueurs où les gens disaient qu’ils allaient être dans le top, et toi tu vois que tu joues bien, que tu peux jouer au même niveau, du coup tu te dis que tu as une chance d’y aller. Encore une fois, même là je ne me suis pas dit : « Ouais, je vais aller en NBA et je vais mettre des trucs de fou », je ne savais pas que j’allais devenir ce que je suis devenu aujourd’hui, à cette époque là. Mais je savais que j’aurais une bonne chance. C’est une énorme différence aussi d’être au premier ou au deuxième tour (il a été choisi en 16ème position). Ça a marché pour certains quand même au deuxième, mais si tu es dans le premier tour, tu as une certaine sécurité, tu as au moins quelques années de contrat pour t’habituer et te développer. Mais même quand je suis arrivé ici à la fac, je ne savais pas si j’irai en NBA ou si je retournerai en Europe ensuite. Ce n’était pas aussi clair que ça.

As-tu eu une période de doute ensuite, notamment le moment où les Sixers ne te font plus jouer ?

Bah, moi, à Philly, au début j’avais 15 minutes de moyenne, mais après je me suis blessé et ensuite je suis sorti de la rotation. Je n’ai pas joué des Playoffs aussi, enfin juste un match, contre Boston. Mais on avait beaucoup de grands. Je ne sais pas si c’était le doute ceci dit, même si tu te demandes : « est-ce que c’est moi, qu’est-ce qu’il se passe ? ». En plus l’équipe perdait un peu, donc ils faisaient jouer les vétérans, tout ça. Un peu de doute ouais, c’est un peu normal je pense, surtout quand tu es jeune. Mais en même temps j’avais toujours confiance, parce que je savais que j’avais fait des matchs où j’avais bien joué. Je savais que je pouvais jouer dans cette ligue, contre les meilleurs. Donc je savais que si je jouais encore plus, j’allais continuer de m’améliorer. Que si on me donnait ma chance, cela allait bien se passer. Un peu des deux donc, mais je pense que c’est assez normal.

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York

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