NBA Mock Draft by L’Echo des Parquets – N°4, Orlando Magic
Comme un LeBron James qui reviendrait pour mettre un contre par derrière, la draft approche, et elle approche vite. L’équipe du podcast l’Echo des Parquets reste aux micros le dimanche, mais prend la plume pendant la semaine afin de mettre en lumière les choix et stratégies à adopter pour les cancres de la NBA avant d’aller au tableau recevoir leurs bons points. Se sont succédés au pupitres les Cleveland Cavaliers, les Milwaukee Bucks, et les Philadelphia Sixers. Place à un peu de magie, avec Orlando qui s’apprête à glisser son choix dans l’enveloppe, via la main de Lucas (@SwitchtoLK).
En effet, il y a deux sortes de picks : ceux qui sont dans le Top 3, et les autres. Les seconds sont ceux qui vont nous intéresser, puisqu’aujourd’hui on s’attaque au Magic d’Orlando, titulaire du quatrième choix de cette Draft. On dit des picks qui ne sont pas dans le Top 3 que ce sont les picks des pauvres, de ceux qui n’auront ni Embiid, ni Parker, ni Wiggins, et seront ainsi confinés aux affres de la médiocrité une année supplémentaire. Mais en sommes-nous vraiment sûrs?
En effet, si les picks 1 à 3 sont parmi les plus huppés de cette Draft, les picks 4 à 8 ne sont pas en reste, et ce n’est véritablement qu’à partir du choix #9 de Charlotte que le robinet de talent va commencer à ne s’exprimer que par goutelettes, les intrigants prospects que sont Exum, Smart, Randle, Gordon et Vonleh étant selon toute vraisemblance déjà passés à ce stade-là de la lottery. Orlando, à défaut de pouvoir choisir l’un des trois grands prix de la loterie a au moins le privilège de pouvoir piocher en premier parmi les lots de consolation.
Les cinq prospects attendus entre les places 4 à 8 se répartissent sur deux postes : meneur et ailier-fort, soit exactement les deux postes pour lesquels on sent une réelle volonté du Magic de se renforcer. La piste privilégiée par les observateurs de la franchise est celle du meneur de jeu, le besoin de remplacer les vieux os de Jameer Nelson par de la chair fraîche se faisant de plus en plus ressentir du côté de la Floride. Ce qui nous orienterait donc vers les pistes Dante Exum ou Marcus Smart.
Commençons par Exum. Plus jeune que Smart, le meneur australien reste un mystère pour beaucoup, car même les scouts NBA les plus chevronnés n’ont que rarement eu l’occasion de le voir à l’oeuvre. Le fait qu’il ne choisisse d’effectuer ses workouts qu’avec les franchises disposant des quatre premiers choix n’a pas dissipé le brouillard qui l’entoure, et mis à part ces quatre petits veinards personne ne sait vraiment de quoi est capable le prodige de l’INSEP australien au niveau NBA. Ecran de fumée de la part de son agent ou certitude du meneur d’avoir les qualités suffisantes pour s’assurer une place dans le Top 4? Aucune idée, et de toute façon ce n’est pas ça qui nous intéresse.
Alors qu’a-t-on au juste comme certitudes au sujet d’Exum? Déjà, c’est une fusée. Exum est capable d’évoluer indifféremment aux postes de meneur et d’arrière du fait de son premier pas ultra-rapide et de sa vitesse de déplacement déjà au niveau des meilleurs. Cet avantage indéniable sur tous les adversaires qu’on lui a proposé jusqu’à présent lui a permis de prendre le dessus à chaque fois. Le jeune Aussie n’a jusque-là pas eu affaire à un niveau de compétition particulièrement élevé, en particulier au niveau physique, et ce simple point fort a suffi à faire de lui un joueur innarêtable dans les compétitions qu’il a eu l’occasion de disputer.
C’est là que se pose une autre des interrogations au sujet du jeune meneur : son avantage physique lui a rendu la tâche presque trop facile face à une opposition qu’il pouvait dominer sans difficulté du simple fait d’être plus grand, plus long et plus rapide que son vis-à-vis. Il est donc permis de se demander comment Exum va pouvoir réagir face à un défenseur NBA plus musclé et plus vif, et même si son premier pas reste d’un très bon niveau comparé au commun de la grande ligue, son rendement offensif risque de s’en trouver altéré d’autant que ce sera la première fois qu’Exum aura en face de lui des joueurs ayant perdu leur virginité depuis plus de cinq ans.
Néanmoins, présenter Exum comme un simple prospect qui domine la concurrence parce qu’il est plus rapide et plus grand serait réducteur et demanderait une dose de mauvaise foi Bernard Tapiesque. Dante ne s’est pas contenté de faire vivre l’enfer à ses défenseurs, il en a profité pour parfaire ses gammes et ainsi trouver de nouvelles façons de faire souffrir le martyre à ses infortunés sparring partners.
Maîtrise du dribble, premier pas dévastateur, changements de directions, maîtrise du corps dans les airs, shoot solide, variété de tirs pour finir autour du panier (floater, pull-up, step-back), jeu sans ballon crédible, Exum possède déjà toute la palette du guard NBA moderne, et s’il doit encore progresser dans son jeu de passe, il est déjà plus qu’apte à tenir les postes 1 et 2 au niveau supérieur à un niveau satisfaisant.
Le point négatif pour Orlando, c’est qu’avec Exum comme avec Oladipo, ils ne disposent pas de véritable spécialiste du poste de meneur, l’un comme l’autre n’ayant pas encore à proprement parler les capacités pour driver une équipe, et encore moins une équipe NBA. Il faut également considérer le fait que les prétendus talents amassés par le Magic comme Harkless ou Harris tardent à percer et que la franchise n’a peut-être pas autant de temps devant elle qu’elle aimerait en consacrer au développement d’un backcourt Exum-Oladipo.
L’alternative la plus crédible à Exum reste Marcus Smart. Plus vieux que son homologue australien, moins long mais clairement plus NBA-ready, le roc d’Oklahoma State peut devenir dès sa première année un des tous meilleurs défenseurs sur les postes arrière de la ligue, sans compter le fait que les certitudes concernant son talent offensif ne souffrent plus d’aucune contestation.
Ainsi, si Dante Exum c’est bien demain, Marcus Smart c’est mieux aujourd’hui. Et ça pourrait même être également mieux demain. Smart possède tout comme Exum un premier pas suffisamment rapide pour faire la différence face aux athlétiques défenseurs NBA, et après avoir piétiné pendant deux ans l’opposition NCAA -plus relevée que celle qu’Exum a affronté- il peut s’attaquer à la grande ligue sans avoir à baisser les yeux devant ses aînés.
Mais une nouvelle fois, un inconvénient vient titiller le front office d’Orlando. Smart est bon, mais contrairement à Exum, son avenir se dessine davantage au poste d’arrière qu’à celui de meneur. Incapable de dépasser les 6 assists par 40 minutes à la fac malgré des responsabilités élevées et un nombre de ballons tout aussi conséquent, c’est bien au scoring que Smart est le plus efficace. Bien entendu, le meneur NBA tel qu’il existe aujourd’hui n’est pas aussi passeur qu’il ne pouvait l’être hier; cependant en ce qui concerne la passe, Smart reste très éloigné de la moyenne à ce poste. Par exemple, au même âge un Russell Westbrook était déjà bien plus avancé à ce niveau malgré des lacunes encore persistantes aujourd’hui.
Si l’on pose le problème autrement, Smart à l’arrière deviendrait plus performant à la passe que ses homologues NBA, sans compter qu’il pourrait les tenir plus qu’aisément en défense tout en les épuisant en attaque de par sa vitesse et son physique de lanceur de poids soviétique. Seul doute, son shoot, clairement en-dessous des standards NBA au poste 1 comme au poste 2.
Même si Smart semble pouvoir trouver plus facilement sa voie au poste d’arrière où il pourrait devenir un mix de Tony Allen en défense et Monta Ellis en attaque, le positionner au poste 1 n’est pas une sinécure compte tenu de sa taille, de son handle et de sa très bonne compréhension du jeu. Si l’on s’en tient à ce constat, la perspective d’un backcourt Smart-Oladipo a de la gueule, puisqu’au niveau défense, vitesse, qualités athlétiques et vision du jeu, on a de quoi ravir les amateurs de jeu rapide tout comme les amateurs de calendriers avec des grands Noirs musclés habillés en uniforme de pompier. Plus encore, s’attaquer à un trio défensif Smart-Oladipo-Afflalo reviendrait à tenter de gravir l’Everest en tongs.
Les deux perspectives sont toutes deux réjouissantes, mais comportent leur lot d’incertitudes. L’adaptation à la NBA pour Exum, la capacité à se fixer sur un poste pour Smart. Des incertitudes qui pourraient convaincre Orlando d’au contraire jouer la carte de la certitude et jeter son dévolu sur Julius Randle, 15 points à 50% et plus de 10 rebonds de moyenne dès sa première année à la fac, qui sera d’ailleurs la seule.
Si les chiffres ne mentent pas, Julius Randle est sans doute la personne la plus honnête en ce bas-monde. Machine à double-double, tonitruant au rebond offensif, Randle compense son manque de longueur -pas forcément très grand, petite envergure- par une impressionnante palette technique et une puissance sans égale au niveau universitaire. Randle en NBA c’est l’assurance d’un double-double quotidien, d’une menace au scoring permanente et surtout de 20 points – 10 rebonds de moyenne au plus tard dans trois ans. C’est également un joueur capable de se muer en leader comme il l’a fait pour emmener Kentucky en finale du tournoi NCAA. C’est l’assurance de remporter n’importe quelle fantasy league tous les ans.
Plus encore, le jeu proche du panier de Randle s’associerait à merveille avec la faculté de Vucevic à évoluer à mi-distance, une faculté qui pourrait même l’emmener au-delà de la ligne à trois points avec un peu de travail. Deux joueurs qui sont des menaces régulières au scoring sans avoir besoin d’être suralimentés en ballons, techniques et intelligents en plus d’être très efficaces au rebond. Voilà une raquette si solide que même Marat Safin ne pourrait en venir à bout.
Mais dans ce cas, me direz-vous, que faire pour le poste de meneur, qui, si l’on en croit les premières lignes de cet article, reste le principal souci de la franchise? Il ne faut pas oublier qu’outre cet alléchant quatrième pick, Orlando dispose d’une marge de manoeuvre plutôt intéressante. Tout d’abord, avec seulement 48 millions de salaires garantis pour 2015, le Magic a la possibilité de se renforcer via la free agency. Il est peu probable qu’un Lowry ou un Bledsoe soit davantage tenté par le challenge floridien que celui qui est en place actuellement dans leurs équipes respectives, mais une proposition de contrat à l’un ou l’autre des deux joueurs est une piste à exploiter.
Autre piste, Arron Afflalo. Celui qui aurait bien pu gratter une place au All-Star Game cette année (18 points – 4 rebonds – 3 passes – 46% au shoot – 43% à trois points) est un joueur extrêmement courtisé du fait de ses qualités offensives comme défensives, et son petit salaire -inférieur à 8 millions la saison- pourrait tenter bien des franchises. Par ailleurs, l’apport d’Afflalo est à son maximum lorsqu’il évolue à l’arrière plutôt qu’au poste 3, une situation similaire à Oladipo qui n’est jamais aussi bon qu’au poste 2 et qui n’est absolument pas un meneur de jeu. Pour tirer le maximum de Dipo, ce que la franchise a bien entendu l’occasion de faire, il faut soit brider Afflalo, soit l’échanger. Et en l’échangeant, il y a aisément moyen de se renforcer à la mène, puisque comme évoqué plus haut, Afflalo est une référence à son poste et possède une valeur marchande très élevée.
Pourtant, c’est une troisième alternative qu’Orlando pourrait privilégier pour solidifier son poste 1. Le Magic dispose également du douzième pick, un pick qui si l’on se fie à la tendance actuelle devrait aisément leur permettre de mettre la main sur Tyler Ennis de Syracuse.
Tyler Ennis a longtemps été annoncé dans la lottery voire dans le top 10, mais la hausse de la cote d’autres prospects pendant que la sienne stagne le pousse à descendre dans les mock drafts. Pourtant, le meneur des Orangemen sort d’une saison époustouflante, faisant presque oublier Michael Carter-Williams du côté de Syracuse. Ennis est le parfait distributeur de jeu, commettant peu de pertes de balle que ce soit à la passe ou sur du dribble, et il est difficile de le voir vêtu d’autre chose que du costume d’un meneur titulaire en NBA. Si une franchise comme Sacramento -qui en aurait pourtant bien besoin- peut difficilement se permettre de le drafter avec leur huitième pick, en revanche le Magic peut craquer un douzième choix pour lui et repartir du Barclays Center à l’issue des festivités du 26 juin prochain avec la satisfaction de ne pas avoir payé trop cher leur nouveau meneur.
Ainsi, si Orlando peut prendre un ailier-fort (Randle) avec son quatrième choix puis un meneur (Ennis) avec le douzième, la réciproque n’est pas vraie. Si le Magic prend Smart ou Exum, ils ne trouveront pas au douzième rang un joueur qui soit aussi bon en tant que power qu’Ennis ne l’est à la mène. Alors qu’en revanche, Randle est aussi bon à son poste que Smart et Exum au leur, si ce n’est encore meilleur.
En temps normal, une franchise se doit de choisir le meilleur prospect disponible. Il est difficile de dire qui d’Exum de Smart ou de Randle est le meilleur aujourd’hui, et encore plus difficile de prédire qui des trois sera le meilleur demain. Toujours est-il qu’en sélectionnant Randle, on s’assure un excellent joueur qui plus est complémentaire du reste de l’effectif tout en se laissant la possibilité de combler le trou à la mène via le pick #12. Cela dit, considérer Randle comme le choix de la raison et non du coeur ne rendrait pas hommage à l’immense talent du joueur. Le prendre en premier choix de la Draft parallèle, celle qui commence au quatrième choix, devrait réparer cette injustice.
With the fourth pick in the 2014 L’Echo des Parquets NBA Draft, the Orlando Magic select…
Julius Randle, from the University of Kentucky.
Excellent ! Je suis du même avis que vous, Ennis-Oladipo-(?)Afflalo(?)-Randle-Vucevic sa a de la gueule quand même niveau potentiel.
C'est toujours un plaisir à lire !
Avec quelques jeux de mots fantastiques haha
Oui fantastique !
A chaque fois que je lis ces mock draft je me dis "bordel si le GM ne fait pas ça c'est qu'il a rien compris" en gris je trouve vos arguments vraiment bons et détaillés !