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Un ticket pour l’Amérique : Sekou Doumbouya, le premier Français de Motor City

Né le 23 décembre 2000 à Konakry en Guinée, Sekou Doumbouya, 2,06 mètres, 105 kg va être le premier joueur français de l’histoire à jouer pour les Detroit Pistons. Drafté à la 15ème position, il est le plus jeune joueur de cette cuvée 2019.

Tout est allé très vite pour Sekou. Il arrive en France à l’âge 9 ans, mais c’est le foot qui l’attire dans un premier temps. Ce n’est qu’à 12 ans qu’il commence le basket et tout s’accélère puisqu’après 2 ans au CJF Fleury-les-Aubrais Basket, il intègre le pôle espoir d’Orléans pendant 1 an après avoir résisté (en partie grâce aux valeurs de sa mère) à des propositions telles que le Real Madrid ou le Barça. Il passe ensuite un peu plus d’un an au Centre fédéral avant de rejoindre l’Union Poitiers Basket 86 pour deux ans, club avec lequel il joue sa première rencontre professionnelle en Pro B à seulement 15 ans. Sur ces deux saisons, il démarre 31 des 59 matchs qu’il a joués avec une moyenne de 19,9 minutes par match pour 7,6 points à 39,8%, 28,7% à 3-points et 68,6% aux lancers-francs. Il ajoute à ça 3,7 rebonds, 0,9 passe décisive, 0,5 contre et 0,5 interception. Aujourd’hui, le champion d’Europe U18 ne regrette pas d’avoir commencé si tôt et c’est même un plus selon son agent Bouna N’Diaye :

« Sekou, à son âge, c’est le joueur qui a fait le plus de matchs. Il a fait plus de 100 matchs (104). En foot, si vous jouez 100 matchs, vous êtes « bankable ». Voilà. Il n’y a pas un joueur ici qui a joué 100 matchs ! A son âge, pas un. Et il y a beaucoup d’équipes qui ont oublié ça. Ça fait trois ans qu’il vit seul, même si on l’accompagne. Donc c’est un joueur prêt. Là, en trois semaines, il a fait dix visites, on ne l’a pas entendu une seule fois. Il enchaîne, il enchaîne, il enchaîne. Parce qu’il connaît les contraintes du monde pro. Sans nous poser une seule question. Donc pour moi il est prêt. Enfin, à être dans un roster. Après, son corps doit s’améliorer, son jeu doit s’améliorer, sa compréhension doit s’améliorer, son anglais doit s’améliorer… Ce n’est que le début, mais pour moi c’est un vrai pro aujourd’hui. » N’Diaye

De même, Sekou avait l’air sûr de lui avant la draft :

« Après ma première année à Poitiers. Après la première année, j’ai vraiment commencé à me projeter sur la NBA. Et voilà quoi… Tout le monde parle de toi, tu fais des bonnes choses sur le terrain, tu sais que quoi qu’il arrive tu vas être drafté. Du coup tu ne penses plus trop à la NBA en soit, tu penses à travailler et à être le meilleur. A partir du moment où tu commences à trop penser à ce qu’il va se passer après, pour moi tu perds pied un peu, tu oublies l’essentiel. Et ce n’est pas ce que j’ai fait, donc tant mieux ! » Doumbouya  

Après ses deux saisons en Pro B, Sekou Doumbouya monte d’un échelon et part dans le seul club français à avoir gagné l’Euroligue en 1993 : le CSP Limoges. En Jeep Elite, il affiche des bonnes statistiques pour un joueur de son âge : en 27 matchs dont 11 comme titulaire, il joue 19 minutes en moyenne pour 7,8 points à 48,2% dont 34,3% à 3 points et 79,3% aux lancers-francs. Il y ajoute 3,3 rebonds, 0,7 passe décisive, 0,7 interception, 0,5 contre. Au CSP, il a, de son propre aveu, passé un cap :

« Ma dernière année à Limoges m’a apporté beaucoup de confiance ! C’est pour cela que je suis là aujourd’hui. Cela m’a appris à m’ouvrir aussi, personnellement, au niveau du travail. Au niveau du travail individuel particulièrement. Ce qui est très, très important. Dans mon éthique de travail également, que je n’avais pas forcément à Poitiers. Ou que je commençais à avoir à Poitiers, mais où je n’étais pas encore vraiment allé à fond. La saison dernière à Limoges m’a vraiment beaucoup, beaucoup aidé sur ce plan. » Doumbouya

L’été 2019 arrive comme la consécration pour Sekou. Drafté en 15ème position, tout le monde l’attendait un peu plus haut, mais le destin l’a envoyé à Detroit qui le voulait vraiment. Le coach Dwane Casey a tout de suite mis le jeune franco-guinéen en confiance, il l’a invité à manger chez lui et il a eu peur de ne pas l’avoir le jour de la draft :

« Sekou, je lui ai dit que je pensais qu’il ne nous reverrait jamais. Nous avons eu de la chance. » Casey

Mais pourquoi les Pistons voulaient tellement Sekou Doumbouya ?

Comme il le dit lui-même, l’ancien Limougeaud possède un plus, car il est professionnel depuis l’âge de 15 ans. En plus de ça, il semble déjà NBA ready physiquement. Il possède un jeu de contre-attaque impressionnant, et en quelques enjambées il peut aller d’un bout à l’autre du parquet pour finir proche du cercle soit par un dunk explosif soit par un lay-up tout en toucher. Physiquement impressionnant, il est également capable de finir malgré un gros contact sur le corps. Sur demi-terrain, son dribble, notamment, ne lui permet pas encore de créer pour lui et pour les autres. Puis son jeu instinctif lui fait parfois défaut quand il s’engage dans des actions rocambolesques et quand il joue en post-up. Son shoot à 3 points s’améliore d’année en année et il faudra qu’il continue pour devenir une menace sérieuse sur une distance NBA. Lors d’un workout, il a d’ailleurs mis 15 tirs à trois points d’affilés, impressionnant même s’il n’y avait pas de défenseur. Sans ballon il est toujours aussi instinctif et peut réaliser de bonnes coupes. Collectivement, il doit parfois lâcher plus vite le ballon et s’améliorer tactiquement, ce qui viendra avec l’expérience.

Défensivement, Sekou ne lâche jamais rien, très agressif, capable de défendre sur des joueurs plus petits que lui bien qu’il ait encore des difficultés sur les meneurs et arrières. Son envergure et sa vitesse d’appuis lui permettent de mettre quelques contres et de faire quelques interceptions. Collectivement, il a également des difficultés, il est souvent trop concentré sur son joueur ou sur le ballon, ce qui le met en retard sur les aides défensives. Son énergie et ses qualités physiques font de lui un bon rebondeur également. Mentalement, l’ancien Poitevin est toujours détendu, il ne se prend pas la tête, a l’air sûr de lui et n’a peur de rien.

Détroit semble être une très bonne destination pour lui. Il va se développer en sortie de banc et s’entrainer avec des joueurs comptants parmi les meilleurs de la ligue tels que Blake Griffin ou Andre Dummond. Il a d’ailleurs hâte de s’entrainer avec eux selon The Athletic :

« Oui, je savais ce qu’il (Blake Griffin) faisait. Je suis excité à l’idée de jouer avec lui, de m’entrainer avec lui, de tout faire. » Doumbouya

Sekou Doumbouya a déclaré chez First Team qu’il pensait  jouer poste 3 et peut-être poste 4 pour laisser Tony Snell et Blake Griffin se reposer un peu. Ce sera tout de même compliqué pour lui de jouer 4 puisqu’il sera en concurrence avec Markieff Morris (29 ans), un joueur d’une grande expérience, connu entre autres pour sa dureté défensive, mais aussi avec Thon Maker et Christian Wood. Le compte français PistonsFR ne le voit pas jouer beaucoup en 3 non plus derrière Tony Snell :

« Sur comment il va être utilisé et son rôle, je pense qu’il faut être prudent. Il ne va pas jouer beaucoup de minutes, surtout poste 4 derrière Blake (Griffin), (Thon) Maker et (Markieff) Morris. Je pense qu’il va beaucoup aller en G-League et ensuite il jouera des bouts de match. Sekou a pour moi les qualités d’un 4 et je pense que la franchise le voit plutôt comme ça. Il sera testé sur les deux postes. Mais ce n’est clairement pas le back up à l’aile chez les Pistons. » PistonsFR

Selon The Athletic, Dwane Casey aurait comme priorité de plus shooter à longue distance et d’avoir une équipe polyvalente. Doumbouya risque donc également d’être en concurrence avec Svi Mykhailiuk s’il joue sur le poste 3. Pour eux, Sekou risque de ne pas jouer beaucoup de minutes :

« Doumbouya, le rookie de 18 ans, pourrait obtenir des minutes dans la rotation; l’organisation a laissé entendre qu’elle voulait le lancer fans le grand bain pour qu’il gagne en expérience. Il est le seul pour qui je ne serais pas surpris si Casey fait de la place dans la rotation, même si c’est un rôle minuscule. Parce que Casey aime avoir deux 5 distincts, il est difficile de trouver des minutes pour Doumbouya, qui va probablement obtenir des minutes ici et là en fonction de la façon dont Mykhailiuk et Snell jouent. » The Athletic

Sur jeu placé, s’il joue, il n’aura certainement pas beaucoup la balle. Cette année, le coach voulait que Blake Griffin soit le dépositaire du jeu et la balle orange tournait quand même bien sur les postes extérieurs, qui manquaient toutefois de réussite. Les Pistons sont d’ailleurs 10ème au nombre de passes réalisées la saison dernière avec en moyenne 307 passes par match. Le ballon circule donc plutôt bien et Sekou pourra bénéficier de quelques tirs qu’il devra rentrer à un bon pourcentage s’il veut avoir encore plus de ballons, lui qui a du mal à se créer son shoot. Il faudra qu’il améliore également sa vision du jeu ainsi que son jeu en post-up. S’il a quelques minutes sur le poste 4 il aura de sérieux clients et malgré ses très bons appuis, sa diversité de mouvements reste très limitée. Mentalement, sa confiance en lui peut lui pourrait lui permettre de sortir du lot.

Selon Sekou, Dwane Casey veut qu’il soit au charbon en défense en sortie de banc comme tous ses coéquipiers. On peut imaginer qu’avec un peu de chance, il défendra quelques minutes sur certains des meilleurs ailiers s’il joue poste 3. Il va aussi devoir avoir une grosse présence au rebond défensif. La saison passée, Detroit était 4ème de la ligue au pourcentage de rebonds défensifs attrapés par rapport au nombre de rebonds disponibles avec 74,5%. La présence de Sekou pourrait donc renforcer un peu plus cette force collective. Puis il correspond à l’ADN défensive voulue par Dwane Casey : savoir défendre sur plusieurs postes à la fois. Pour PistonsFR ça peut en effet matcher entre Casey et Sekou :

« Potentiellement Sekou peut très bien marcher avec Dwane Casey. En défense, même si ce n’est pas du switch, il faut défendre sur beaucoup de position. Donc c’est bon pour Sekou. » PistonsFR

Le n°15 de la draft rentre dans les clous, il pourra apporter son jeu de transition qui est sa force principale. Néanmoins il devra s’améliorer collectivement pour être efficace défensivement

Parce qu’on est un peu chauvin, on peut donc espérer au mieux entre 15 et 20 minutes de temps de jeu par match s’il est performant tout de suite sur les postes 3 et 4, avec un rôle d’energizer en sortie de banc. Dans le pire des cas, il passera sa saison en G-League pour prendre de l’expérience et jouera quelques minutes avec les Pistons dans les matchs à score large. Cette saison de découverte va lui permettre de se développer dans un roster qui possède des joueurs expérimentés. Il pourra également s’aguerrir en G-League s’il y passe quelque temps. Cependant, lui espère jouer les playoffs pour sa  saison rookie, ce qui est plausible si Detroit n’a pas de pépin.

Finalement, on peut dire que Sekou Doumbouya attaque son rêve de jouer en NBA dans de bonnes dispositions. Il est dans une franchise qui le voulait absolument, qui correspond à son jeu et à son tempérament. Le Franco-Guinéen peut voir l’avenir en rose et qui sait, peut-être qu’il deviendra All-Star dans quelques années.

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