Gary Payton : « Les meneurs n’existent plus vraiment »
Drafté en deuxième position en 1990, par les Seattle SuperSonics, Gary Payton est le dernier meneur a avoir remporté le trophée de meilleur défenseur de l’année. C’était en 1996. Cela fait 23 ans, une longue période qui va encore s’allonger selon lui, puisqu’il ne voit pas comment un meneur dans la NBA d’aujourd’hui pourrait réussir cet exploit.
« Je ne pense pas que ce soit possible. Les intérieurs sont en train de changer la manière dont le jeu est joué. Et puis tout simplement, il y a beaucoup de règles qui ont changé. On ne peut plus toucher les attaquants comme je le faisais. Je pouvais les contrôler avec mes mains, faire du handchecking. Je faisais toujours de la défense tout terrain et avant même qu’ils passent le milieu de terrain, ils devaient changer de direction trois ou quatre fois. Et ça change tout, parce qu’il ne restait que dix secondes sur l’horloge. Maintenant, on ne peut plus faire ça, parce que c’est une faute. Donc les intérieurs dominent, parce que si vous allez au panier, ils vous contrent. C’est par exemple le cas avec Anthony Davis. Il est à deux contres et demi, comme Rudy Gobert. C’est pour ça que leur équipe gagne. Quand il y a des contres, il y a des contre-attaques derrière. C’est comme ça. Moi c’était pareil, je leur faisais perdre du temps, je faisais des interceptions quand ils remontaient le ballon et ça me permettait de faire des layups faciles. Patrick Beverley est en train de militer pour que ça redevienne comme avant. Je ne suis pas en colère contre lui, au contraire je suis un fan. Pareil pour Marcus Smart. Mais ça sera dur qu’un autre extérieur gagne le Defensive Player of the Year parce qu’ils ne peuvent plus utiliser leurs mains et faire ce qu’ils ont besoin de faire pour arrêter un adversaire ou essayer de le contenir. » Gary Payton.
Mais même s’il adore Smart et Beverley, Payton ne se retrouve pas dans leur jeu.
« Personne ne me rappelle qui j’étais quand je jouais, parce que je jouais des deux côtés du terrain. J’étais un meneur bon en attaque et en défense. Personne ne fait ça en ce moment. Paul George et Kawhi Leonard un peu, mais ils ne sont pas meneurs. D’ailleurs, les meneurs n’existent plus vraiment. Ils ont pris des arrières et les ont fait jouer meneurs. Leur mentalité, c’est de tirer. Le jeune des Grizzlies, Ja Morant, est plutôt bon. C’est un scoreur, mais pas vraiment un excellent passeur. Je pense que Rajon Rondo et Chris Paul sont eux de vrais meneurs. Ils essaient d’impliquer tout le monde. Quand vous regardez James Harden, Trae Young ou Luka Doncic, ils sont polyvalents. Luka ressemble à Magic Johnson ou LeBron James. Ils prennent des rebonds, font des triples doubles… Mais il faut comprendre qu’à mon époque, on n’aurait jamais pris autant de rebonds parce que beaucoup d’intérieurs nous disaient : « Si tu ramènes ton cul ici, même si tu es dans mon équipe, je vais te fracasser, parce que tu voles mes rebonds. » Ils recevaient des bonus financiers s’ils prenaient des rebonds et s’ils laissaient leur meneur prendre les rebonds, ils n’avaient pas ces bonus. Maintenant, leurs coéquipiers leur prennent plein de rebonds, parce qu’ils veulent réussir des triples doubles ou des choses du genre. Ça a changé, et c’est comme ça maintenant. » Gary Payton.
Payton a joué 1335 rencontres en NBA, pour 16,3 points, 3,9 rebonds, 6,7 passes décisives et un titre, en 2006 avec le Heat.
[Dernière chance] Voyage NBA : Assistez à deux affiches de rêve à Boston !