Young Corner: Qui sont les meilleurs jeunes protecteurs de cercle de la ligue?

Young Corner: Qui sont les meilleurs jeunes protecteurs de cercle de la ligue?

Bienvenue dans le Young Corner! Le coin où l’on décortique les progrès (ou non) des joueurs arrivés dans la ligue depuis moins de trois ans.

Le Shaq peut être rassuré. Si l’on demande aux big men de la ligue de s’écarter de plus en plus du cercle en attaque, l’affirmation n’est pas vraie de l’autre côté du terrain : le cercle reste l’horizon du pivot en défense, le territoire autour duquel il est censé monter la garde. C’est la fameuse protection de cercle exigée de tout poste 5, sans que l’on sache toujours bien ce que recouvre dans les faits cette expression fourre-tout. Si l’on essaie de débroussailler un peu ce que veut dire « protéger le cercle », on peut distinguer trois tendances distinctes :

  • L’annihilation : c’est la partie la plus visible de la protection de cercle. Elle consiste tout simplement à empêcher les tirs de rentrer dans le panier, soit en contrant, soit en perturbant suffisamment le geste de l’attaquant adverse pour lui faire manquer son shoot.
  • L’intimidation : contrairement aux actions ci-dessus, elle a pour but de prévenir plutôt que de guérir. Il s’agit pour le pivot de dissuader l’attaquant adverse de prendre le tir ou de venir au cercle. Être capable de forcer des tirs à mi-distance est un signe fort, mais subtil, de protection de cercle.
  • Le nettoyage : ici, l’objectif est de nettoyer les alentours du cercle après un tir, c’est-à-dire de s’assurer qu’aucun adversaire ne viendra récupérer un rebond offensif. La qualité de rebondeur compte donc dans la protection de cercle, mais aussi (peut-être même surtout) l’effort pour faire les box-outs et neutraliser les attaquants adverses à l’affût.

C’est de la conjonction de ces trois données que devrait naître une évaluation précise de ce qu’est un bon protecteur de cercle. Les tous meilleurs de la ligue (Gobert, Embiid, Lopez) sont excellents dans les trois domaines : prévenir l’accès au cercle ; annihiler un tir si l’attaquant s’est frayé un chemin jusqu’au panier ; nettoyer le cercle après un tir manqué, grâce à un rebond défensif ou un box-out.

Ceux-là sont faciles à identifier. L’analyse devient plus compliquée lorsqu’un joueur est bon dans un domaine, mais pas dans un autre. Parce que l’action est plus spectaculaire et plus facilement visible dans les stats brutes, on a tendance à (sur ?)valoriser les contres pour définir un bon protecteur de cercle. Par exemple, Hassan Whiteside, souvent identifié comme l’un des meilleurs rim protectors de la ligue grâce à ses contres, est en même temps l’un des pivots les moins concernés par le box out, ce qui offre des opportunités supplémentaires à l’attaque adverse. Nene, au contraire, ne contre pas énormément, mais a toujours été l’un des meilleurs joueurs de la ligue pour assurer le rebond défensif à son équipe. Nikola Jokic, lui, manque complètement de verticalité et de vitesse, mais protège bien le cercle en réalisant des choses simples : un bon positionnement, peu de fautes, la sécurisation du rebond défensif. Qui des trois est le meilleur protecteur de cercle ? Ce qui est le plus visible est-il plus efficace que la sobriété ? Questions difficiles, mais essentielle à garder en tête à l’heure d’évaluer le potentiel de protection de cercle des jeunes pivots de la ligue.

La comparaison ci-dessus va porter sur huit des jeunes pivots (trois ans ou moins d’ancienneté) les plus prometteurs de la NBA, en essayant de croiser les données déterminées ci-dessus. Marvin Bagley Jr, qui a eu trop peu de temps de jeu (et joue beaucoup poste 4) et Lauri Markkanen, qui joue 70% du temps poste 4, en sont exclus, tout comme d’autres joueurs ayant eu moins de temps de jeu. Pour chaque statistique utilisée, je donnerai un classement de ces huit joueurs, en précisant à chaque fois les stats du top 3 et du flop 3 des pivots NBA, pour situer les joueurs qui nous intéressent dans un échantillon plus global.

 

  1. Annihilation

Cette donnée-là est sans doute la plus facile à mesurer statistiquement. Le Block Percentage (pourcentage de tirs adverses bloqués) donne en effet une première indication précise du nombre de tirs rejetés par un joueur, dans une sorte de définition minimale de la protection de cercle.

Block Percentage

  1. Mitchell Robinson, 4.2%
  2. Jaren Jackson Jr., 2.8%
  3. Jaxson Hayes, 2.7%
  4. John Collins, 2.6%
  5. Jarrett Allen, 2.6%
  6. DeAndre Ayton, 2.5%
  7. Bam Adebayo, 1.8 %
  8. Wendell Carter Jr, 1.6%

Top 3 NBA : Hassan Whiteside, 4.9% ; Brook Lopez et JaVale McGee, 4.6%.

Flop 3 NBA : Frank Kaminsky, 0.7%, Julius Randle et Kevin Love, 0.5%

Pas de surprise à retrouver ici Mitchell Robinson, dont la réputation s’est avant tout construite sur ses contres. Sur les joueurs avec un temps de jeu représentatif, il se classe 5e parmi les intérieurs NBA au Block Percentage.  Plus surprenante est la présence de Collins à égalité avec Allen, alors que ce dernier est bien plus un contreur, dans l’esprit du grand public, que le joueur des Hawks. Adebayo et Carter, qui ont moins de jump que leurs collègues, ont plus de mal à contrer les attaquants adverses, un « défaut » qui a plus à voir avec leurs limites physiques intrinsèques qu’avec un manque d’intérêt pour la défense. On remarque qu’aucun des huit ne passe sous les 1%, synonyme d’« intérieur incapable de sauter ».

Contrer, c’est bien. Être capable régulièrement de gêner les tirs adverses par une bonne position du corps, c’est encore mieux. Pour affiner la première stat, on peut donc regarder la réussite au cercle des adversaires lorsqu’ils sont défendus par nos huit gaillards.

Adresse au cercle des attaquants adverses 

  1. Jarrett Allen, 51.1%
  2. Jaxson Hayes, 52.3%
  3. DeAndre Ayton, 52.4%
  4. Mitchell Robinson, 53.4%
  5. John Collins, 53.6%
  6. Jaren Jackson, 54.1%
  7. Wendell Carter Jr, 55.3%
  8. Bam Adebayo, 57.2%

Top 3 NBA : Brook Lopez, 43.4% ; Robin Lopez, 44.3% ; DeAndre Jordan, 45.2%

Flop 3 NBA : Nikola Jokic, 64.5% ; Meyers Leonard, 65.3% ; Kevin Love, 70.2%

Leur taille et leur détente ne s’étant pas améliorés dans les dix dernières lignes, on retrouve Carter et Adebayo en fin de classement. Les six autres se tiennent dans un peloton qui est, en gros, le deuxième quart des pivots NBA. Aucun de ces scores n’est un score d’élite, mais aucun n’est non plus catastrophique. L’avantage précédent de Robinson disparaît, ce qui est signe que ses contres spectaculaires ne sont pas forcément synonymes de régularité dans la défense verticale.

(Remarque en passant : Kevin Love n’en a vraiment rien à cirer de la défense, cette année).

 

2. Intimidation

Voilà une donnée plus difficile à mesurer. Comment évaluer l’influence d’un joueur sur des tirs qui ne sont pas pris ? Bien qu’imparfaite, la mesure la plus révélatrice est ici collective : si un pivot est un vrai intimidateur, l’adversaire doit logiquement prendre moins de tirs près du cercle lorsque le pivot en question est sur le terrain. Mesurons donc la variation entre le nombre de tirs au cercle pris lorsque nos joueurs sont sur le terrain et lorsqu’ils sont sur le banc :

Variation on/off des tirs pris par l’adversaire au cercle

  1. Bam Adebayo, -5.1%
  2. Mitchell Robinson, -2.4%
  3. DeAndre Ayton, -1.1%
  4. Jaren Jackson Jr, -0.2%
  5. Wendell Carter Jr, -0.1%
  6. John Collins, +0.3%
  7. Jaxson Hayes, +2%
  8. Jarrett Allen, +3.9%

Top 3 NBA : Joel Embiid, -7.9% ; Jonas Valanciunas, -7.2% ; Dwight Howard, -5.8%

Flop 3 NBA : Mo Bamba, +4.3% ; Frank Kaminsky, +4.2% ; Jarrett Allen, +3.9%

Il faut prendre ces données avec des pincettes, pour en extraire le « bruit ». Plusieurs données entrent en jeu ici :

  • Par rapport à quel autre joueur de l’équipe cette stat est-elle mesurée ? Par exemple, la rotation de Jaxson Hayes est Derrick Favors, un excellent défenseur dont la présence, mathématiquement, rend plus compliquée l’impact statistique de Hayes.
  • Quel est le schéma défensif de l’équipe ?
  • Avec quels défenseurs extérieurs le pivot joue-t-il ? Un attaquant défendu par Marcus Smart ou Patrick Beverley a moins de chances d’aller au cercle que s’il est « défendu » par Trae Young, par exemple. Le pivot profite ou pâtit, selon les cas, de cette première ligne de défense.

C’est pourquoi ce genre de stats est surtout parlante sur plusieurs années, pour vérifier si l’impact qu’elle mesure est réel. Les scores d’Embiid et Gobert sont ainsi systématiquement, depuis leurs débuts dans la ligue, dans les tous meilleurs de la ligue : leurs équipes concèdent toujours moins de tirs près du cercle lorsqu’ils sont sur le terrain. Plus inattendu : c’est également le cas, et dans la même proportion, pour Nikola Jokic, pourtant un des pivots les moins « verticaux » de la ligue. Ce qui prouve que la protection de cercle est aussi une question d’intelligence et de placement : les adversaires ne craignent pas Jokic de la même façon que Gobert, mais le Serbe, plus subtilement, les empêche tout autant d’aller au cercle. Une des clés de cette efficacité est que Jokic fait peu de fautes : un attaquant est donc moins susceptible d’aller chercher le contact pour récupérer des lancers, sachant qu’il a peu de chances que son voyage au cercle soit efficace.

Avant de commenter davantage, regardons donc la différence de lancers pour l’adversaire selon que le joueur est ou non sur le terrain. Là encore, prudence : la statistique peut être un signe d’intimidation, si l’attaque suspecte qu’elle n’aura pas de faute vu la réputation du joueur en face ; elle peut aussi être, plus prosaïquement, le signe d’un manque d’agressivité du défenseur.

Variation on/off du Free Throw Rate de l’équipe adverse

  1. DeAndre Ayton, -2.1%
  2. Bam Adebayo, -1.8%
  3. Jaren Jackson Jr, -1.6%
  4. Jarrett Allen, -0.8%
  5. John Collins, -0.5%
  6. Wendell Carter Jr, +0.1%
  7. Mitchell Robinson, +1%
  8. Jaxson Hayes, +6.4%

Top 3 NBA : Marc Gasol, -6.9% ; Tristan Thompson, -6.4% ; Derrick Favors, -6.1%

Flop 3 NBA : Anthony Davis, +2.6% ; Larry Nance, +5.4 ; Jaxson Hayes, +6.4%

Plusieurs remarques ici, à partir de ces deux statistiques :

  • Allen et Hayes sont les pires pivots respectivement pour la 1ère et la 2e Pour Hayes, la tendance à faire beaucoup de fautes est un classique d’un jeune pivot, qui touche aussi Robinson (qui s’améliore). Pour Allen, cette influence négative se vérifie pour la 3e année consécutive : lorsqu’il est sur le terrain, les adversaires prennent beaucoup plus de tirs près du cercle. Allen est mobile, mais ne se positionne pas bien pour gêner l’attaquant adverse. Pour éviter cela, le coaching staff des Nets essaie de le protéger en le faisant jouer très bas dans la raquette, ce qui explique en partie la stat mentionnée.
  • La capacité d’intimidation de DeAndre Ayton est surprenamment bonne, pour un joueur peu réputé pour sa défense. Manque d’agressivité ? Pas impossible.
  • Collins et Carter se tiennent dans le même espace : peu d’impact, bon ou mauvais, sur les stats collectives d’intimidation.
  • Jaren Jackson et surtout Bam Adebayo sont les grands « vainqueurs » de ces statistiques. Cela vient notamment de leur mobilité et de leur intelligence positionnelle, à l’inverse du constat fait pour Allen : Adebayo est d’une agilité incroyable pour un joueur de sa taille, qui lui permet de défendre sur les joueurs adverses avant même qu’ils aillent au cercle – que ce soit en switchant ou ayant les bonnes attitudes sur les aides.

La polyvalence défensive (notamment la capacité à défendre sur des joueurs plus rapides) joue ici un rôle très important : le but du switch quand le défenseur est un intérieur est de profiter son déficit de vitesse pour le dépasser et aller au cercle. Un défenseur comme Adebayo est capable de supprimer cet avantage grâce à son extrême mobilité. Selon l’indice de polyvalence développé par Krishna Narsu et Patrick Miller, Adebayo passe 30% de ses possessions à défendre sur des postes 1, 2 ou 3, signe de sa grande adaptabilité (voir aussi cet article pour plus de stats). D’après cette mesure, Collins et Jackson switchent également beaucoup, alors que les six autres ont des matchups plus classiques (notamment Carter, alors qu’il pourrait sans doute le faire).

 

III. Nettoyage

On entre ici dans un domaine où le flou règne du point de vue statistique. Intuitivement, on aurait tendance à penser que les meilleurs « nettoyeurs » de cercle sont les meilleurs rebondeurs défensifs. Or, comme l’a montré Ben Falk dans un article à propos d’Andre Drummond, la réalité est bien plus compliquée :

Le rebond défensif, du fait de l’avantage du nombre qu’a l’équipe qui défend, est un effort collectif. Pour la plupart des rebonds défensifs, si un joueur ne le prend pas, il est probable que son équipier le récupère […]. C’est pourquoi le rebond défensif est vraiment défensif : il ne s’agit pas tant de récupérer le ballon que d’empêcher le rebondeur adverse de le prendre.

Pour le dire autrement : ce n’est pas parce qu’un joueur ne prend pas le rebond défensif qu’il n’a pas d’impact, au contraire. L’action la plus importante dans le nettoyage du cercle est souvent davantage le box-out sur le rebondeur adverse que la récupération de la balle. Dans son article, Falk prend l’exemple des frères Lopez, dont les stats au rebond défensif n’ont rien d’extraordinaire, mais dont les équipes ont systématiquement un énorme avantage dans ce secteur lorsqu’ils sont sur le terrain. La raison ? Tous deux sont passés maîtres dans l’art du box-out, qui est une autre manière d’empêcher l’accès au cercle à la retombée du ballon.

Les stats de box-outs ne sont pas d’une fiabilité totale, parce que l’action est parfois difficile à identifier. Faute de mieux, elles donnent tout de même une indication:

Nombre de box outs défensifs par 36 minutes

  1. Bam Adebayo, Mitchell Robinson et Wendell Carter Jr, 6
  2. Jaxson Hayes, 4.5
  3. Jarrett Allen, 4.4
  4. John Collins, 2.6
  5. Jaren Jackson Jr, 2.3
  6. DeAndre Ayton, 2.2

Top 3 NBA : Robin Lopez, 8.3 ; Meyers Leonard, 7.1 ; Aaron Baynes, 6.9

Flop 3 NBA : Hassan Whiteside, 2 ; Andre Drummond, 1.6 ; Anthony Davis, 1.5

Trois groupes se détachent : Adebayo, Robinson et Carter font partie du top de la ligue (égalité à la 7e place, sur 64 pivots) ; Hayes et Allen sont dans la moyenne ; Collins, Jackson et Ayton sont dans les 10 moins bons. Pour Collins et Jackson, cela peut s’expliquer par le fait qu’ils ne passent que 50% environ de leur temps au poste de pivot, et que d’autres qu’eux s’occupent des box-outs (Valanciunas pour Jackson, notamment. Notons que la même explication est valable pour justifier la présence d’Anthony Davis en dernière position). Pour Ayton, en revanche, le constat est plus inquiétant, et indique un manque d’effort et de technique. Ce n’est pas un hasard si on retrouve dans les dernières places de ce classement des pivots à qui est souvent reproché un manque d’effort en défense : Whiteside, Drummond, Randle ou Towns. Pas de très bon augure pour Ayton.

Pour préciser encore davantage cette donnée, on peut ajouter une deuxième statistique. Comme indiqué plus haut, des garçons comme les Lopez ou Aaron Baynes ont systématiquement une influence sur la défense de leur équipe, parce qu’ils font baisser le pourcentage de rebonds offensifs de l’adversaire. Qu’en est-il pour nos 8 joueurs ?

Variation on/off de l’Offensive Rebound Rate de l’équipe adverse

  1. John Collins et Wendell Carter Jr, -4.6%
  2. Bam Adebayo, -2.2%
  3. Jaxson Hayes, -0.5%
  4. Jaren Jackson Jr, +0.7%
  5. DeAndre Ayton, +1.3%
  6. Jarrett Allen, +1.9%
  7. Mitchell Robinson, +2.6%

Top 3 NBA : Jonas Valanciunas, -6.2% ; Joel Embiid et Nikola Vucevic, -5.2%

Flop 3 NBA : Mitchell Robinson, +2.6% ; Montrezl Harrell, +2.9%, Nerlens Noel, +4.9%

On retrouve sensiblement le même classement, avec Carter et Adebayo en tête de gondole. Deux profils divergent : Collins et Robinson. Pour Collins, l’impact mesuré ici ne semble pas lui être principalement imputable : il vient notamment des lineups où il est associé à un vrai pivot (Damian Jones, notamment). Le peu de minutes jouées par Collins cette saison (moins de 1000) peut aussi expliquer une stat un peu bizarre et décorrélée de son effort au box-out.

Pour Robinson, on constate l’inverse : pourquoi ses nombreux box-outs s’associent-ils à une hausse des rebonds offensifs de l’adversaire ? Au vu des stats, la seule explication valable semble la suivante : Robinson n’est pas un bon rebondeur défensif. Ses stats sont très mauvaises dans ce domaine, notamment pour récupérer des rebonds après un lancer manqué. Plus qu’un manque d’effort, il y a sûrement là un manque de technique de la part du pivot des Knicks, qui a le défaut classique des gros contreurs : il saute sur tous les tirs, et se retrouve ainsi à abandonner le rebond.

 

Conclusion

Il y a plusieurs manières d’être un bon protecteur de cercle, sans même aller jusqu’à la rare caste des défenseurs d’élite faisant tout bien. Il n’y a pas de Rudy Gobert ou de Joel Embiid dans les huit noms étudiés ici, ce qui n’empêche pas que beaucoup soient des défenseurs intéressants :

  • Mitchell Robinson est celui qui s’approche le plus du pivot vertical intimidateur : excellent au contre, il dissuade clairement l’adversaire de s’approcher de la raquette et fait les efforts au box-out. En revanche, il manque encore de technique dans le positionnement de son corps : il saute trop, fait encore beaucoup de fautes, manque de rigueur dans le placement au rebond. Mais ces erreurs semblent corrigeables au fur et à mesure, à condition que les Knicks le développent correctement.
  • Bam Adebayo est à l’autre bout du spectre. Limité physiquement par une taille moyenne pour un pivot, il n’est pas capable d’annihiler les tentatives adverses. Mais il est un défenseur d’élite partout ailleurs : parfait dans l’intimidation grâce à sa mobilité et l’intelligence de son placement, efficace dans le nettoyage du cercle, Adebayo est en fait un protecteur de cercle remarquable, dont le profil presque unique devrait qui plus est lui permettre de rester sur le terrain en playoffs. Puisqu’il est dans l’anticipation plus que dans la gestion de l’urgence, il a ce temps d’avance et cette capacité de sortir de la raquette qu’ont les meilleurs small ball 5 face à des équipes composées de cinq shooteurs.
  • Wendell Carter Jr est un peu victime du schéma défensif très agressif des Bulls, qui demande au pivot de monter très haut sur pick & roll. Cela, en plus d’une taille et d’un potentiel athlétique moyen, explique des stats d’annihilation faibles, car il se retrouve souvent loin du panier. En revanche, ses stats de nettoyage indiquent une vraie intensité dans l’effort et une excellente technique défensive. Lui aussi a tout pour devenir un vrai bon protecteur de cercle.
  • Jaxson Hayes et Jarrett Allen ont déjà (notamment le pivot des Nets) une petite réputation de contreurs spectaculaires. Le reste de leurs stats ne donnent pas l’impression, au-delà de cette partie la plus visible, d’une grande efficacité défensive. Leur jeunesse en est une des raisons principales, même si l’absence d’amélioration claire d’Allen commence à être préoccupante : ni l’un ni l’autre ne sont capables de faire régulièrement les bons gestes défensifs, qu’il s’agisse du placement du corps pour dissuader l’attaque du cercle, du bon positionnement au rebond ou de la capacité à gêner le tir sans faire des fautes. Hayes étant un très jeune rookie, ces défauts sont normaux ; en un sens, ses stats sont presque plus encourageantes qu’Allen, qui est dans sa troisième année dans la ligue.
  • Jaren Jackson Jr et John Collins sont des joueurs difficiles à évaluer, parce qu’ils ne jouent pivots que la moitié de leur temps. On peut tout de même constater que la réputation d’excellent défenseur de Jackson et de mauvais défenseur de Collins ne se vérifie pas vraiment dans les chiffres. En termes de protection de cercle, ces deux-là se valent à peu près, notamment parce qu’aucun deux n’est prêt à être un pivot efficace : pour la deuxième année consécutive, la défense des Grizzlies prend beaucoup plus de points (4.2/100 possessions) lorsque Jackson joue poste 5 ; idem pour Collins (+3.4 pts/100 possessions). Tous les deux montrent en revanche des belles capacités de mobilité pour défendre le périmètre. Jackson étant légèrement plus grand et plus jeune de deux ans, on peut imaginer qu’il parvienne, en prenant du muscle, à être utilisé poste 5 plus efficacement dans les années qui viennent.
  • DeAndre Ayton, enfin, est un cas étrange. Ses stats partent un peu dans tous les sens, avec un seul point noir clairement identifiable : le manque d’agressivité pour sécuriser le rebond défensif. Son physique impressionnant et sa mobilité réelle suffit à en faire un outil de dissuasion intéressant, et même un défenseur vertical correct. Mais regarder Ayton en défense revient souvent à rester un peu perplexe devant sa naïveté et sa tendance à subir l’action plus qu’à provoquer l’erreur adverse. Ici, il suit Eric Gordon plus qu’il n’essaie de lui imposer quelque chose, et finit par se faire bêtement avoir sur une feinte de tir :

 

Ce manque d’instinct défensif est ce qui frappe le plus quand on regarde Ayton, alors qu’il saute aux yeux chez Carter ou Adebayo. Ce qui ne fait pas du pivot des Suns un horrible défenseur pour autant, mais un protecteur de cercle dont on peut s’interroger sur le réel plafond.

Un mot pour finir, avec une stat brute: Wendell Carter a le meilleur plus/minus défensif de la sélection, avec une défense qui encaisse 6.3 pts de moins/100 possessions lorsqu’il est sur le terrain. Suivent Robinson (-3.6), Ayton (-3.5), Hayes (-2.1), Adebayo (-1.7), Collins (-1.2), Jackson Jr (+1.3) et Allen (+2.7). Des dizaines de paramètres entrent en jeu dans ces stats, mais le fait que six sur huit voient l’efficacité défensive de leur équipe augmenter lorsqu’ils sont sur le terrain n’est, au minimum, pas un signe d’inquiétude.

Stats via Cleaning The Glass et NBA.com

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