Jayson Tatum, anatomie d’une explosion
Depuis quelques mois, Jayson Tatum enchaîne les bonnes performances avec les Boston Celtics. Et même si c’était assez visible depuis le début de sa carrière qu’il avait du talent, sa trajectoire et son explosition soudaine en plein milieu de saison ont surpris pas mal de monde. Mais pas ses entraîneurs, notamment Jay Larranaga, qui a vu un déclic fin décembre lors d’un shootaround.
« J’ai dit à un autre entraineur Nick Sang qui travaillait beaucoup avec lui qu’il réussirait une grosse perf cette nuit-là (contre Detroit, le 20 décembre ndlr). Bon, il a réussi un bon match, mais n’a pas joué du dernier quart parce qu’on avait beaucoup d’avance. La rencontre suivante, il a planté 39 pions contre Charlotte. Et c’était un de ses premiers gros matchs de l’année niveau scoring. » Jay Larranaga.
Fin janvier, l’ailier a manqué trois matchs à cause d’une blessure à l’aine. Il a ensuite peu joué pour éviter une rechute, et avait du mal à être performant. Problématique, surtout quelques jours avant le vote pour le All-Star Game. Avant la rencontre suivante contre les Sixers, son staff lui a parlé pour essayer de redresser les choses.
« C’est un gars qui, quand on lui dit de faire quelque chose, trouve toujours un moyen pour y arriver. Sa mère, Cole-Barnes et moi, on est allé le voir et on lui a parlé pendant deux heures avant le match contre les Sixers, on lui a expliqué qu’il y avait différents types de joueurs en NBA, et que certains cherchent à avoir des titres et des trophées de MVP. » Drew Hanlen.
Ce qui ne l’empêche pas de ressentir de la pression, comme lors de ce 1/18 aux tirs contre Dallas en novembre.
« C’est compliqué et stressant d’être dans cette discussion, parce qu’on se demande si on va être appelé. On en a parlé, on a parlé de comment faire pour passer de joueur qui s’inquiète pour sa participation au All-Star Game, à joueur qui est dans les cinq ou dix meilleurs de la ligue, et qui peut remporter le titre. » Drew Hanlen.
Et si l’année dernière il forçait un peu son jeu, parce qu’il n’était pas certain du nombre de fois où il allait toucher la balle, ce n’est pas du tout le cas cette saison.
« Je pense qu’il a vu son rôle grandir. Il fait plus confiance dans ses coéquipiers parce qu’il sait qu’il aura plus d’opportunités donc il n’a plus besoin de forcer. Ça lui permet de jouer plus librement, et d’avoir de meilleurs résultats. » Drew Hanlen.
Dès sa saison rookie, l’ailier a toujours eu un shoot performant, comme le montrent ses 48% aux tirs, dont 43% à trois points lors de son premier exercice (46% dont 40% en carrière).
« La première fois que je l’ai vu shooter au camp d’entrainement, je me suis dit qu’il avait une belle mécanique. Il est très bien équilibré. Je ne pense pas qu’il ait ajouté quelque chose à son tir. Mais ce qui l’a le plus aidé, ce qu’il prend la mesure de la vitesse des matchs et il sait où il va pouvoir prendre ses tirs. » Jay Larranaga.
Pourtant, l’ailier peut maintenant prendre des tirs de très loin, ce qui semblait improbable avant sa draft. Et c’est en grande partie grâce au travail de Drew Hanlen.
« Son coude allait un peu trop loin vers l’intérieur, donc ça le faisait tirer trop haut. Il lâchait la balle de trop haut, donc on a un peu descendu tout ça, on a fait en sorte que son coude sorte un peu plus, et ça lui a permis de marquer plus de trois points. » Drew Hanlen.
Le temps que cette nouvelle mécanique se mette en place, et l’ailier est passé de 38% sur 5,8 tentatives lors des 15 premiers matchs avant la victoire à Philadelphie, à 48% sur 8,7 tentatives sur les 15 suivants. Dans le même temps, Larranaga travaillait lui pour permettre à Tatum de prendre ses tirs dans de meilleures conditions.
« J’ai essayé de mettre l’accent sur ce qui menait aux tirs. Je l’ai rendu plus patient quand il sortait des écrans, je trouve qu’il fait un meilleur boulot pour les utiliser, il le fait correctement maintenant. Ça lui a pris un moment pour qu’il se dise : « OK, je viens de faire un pick-and-roll et je suis ouvert, quel tir je veux prendre ? Tout le monde dit qu’il vaut mieux avoir un layup ou un trois points, comment je peux arriver à ce résultat ? » Il a traversé ce processus assez tôt dans la saison. Vous pouviez voir qu’il essayait d’aller jusqu’au panier, et qu’il prenait des floateurs hors rythme, ce genre de chose. Il essayait juste des choses et tentait de trouver des solutions. Il se demandait comment il pouvait aller aux endroits où il était le plus à l’aise pour prendre ses tirs. Il le fait plus fréquemment maintenant. » Jay Larranaga.
« On a essayé le plus possible de le faire arrêter de prendre des floaters en lui faisant faire de plus grands pas. Ça lui permet d’aller jusqu’au panier au lieu de prendre des prières à quelques mètres du cercle, ce qu’il faisait plus tôt dans la saison. » Drew Hanlen.
Et effectivement, Tatum est passé de joueur d’isolation, à un très bon porteur de balle sur pick-and-roll. Ce qui lui a permis de tourner à 29,2 points et 3,3 passes décisives sur les 16 derniers matchs de la saison, avant qu’elle soit suspendue.
« Il y a sa maturité qui joue un rôle aussi. Il prend son temps, et on lui fait confiance à 120%. Il le sait, ce qui lui donne encore plus de confiance pour aller sur le terrain et être le joueur qu’on voit en lui. Il fait un super boulot, mais vous pouvez vraiment voir qu’il a pris en maturité. Il travaille beaucoup et ça se voit. C’est génial, pas seulement pour lui, mais pour toute l’équipe. » Marcus Smart.
Et même si les défenses commencent à s’adapter à son jeu, il est trop imprévisible pour être vraiment stoppé.
« Je n’anticipe jamais ce que je vais faire. Il faut lire ce que proposent les défenses, et des fois on sait si on est chaud. Les gars comprennent ça. Quand on a deux possessions où on ne prend pas de bons tirs, on doit reprendre les bases de notre attaque. » Jayson Tatum.
Pour Mike D’Antoni, Brad Stevens, le coach des Celtics va avoir un challenge dans les prochaines années : mettre Tatum au centre de l’éattaque pour la rendre le plus efficace possible.
« On doit juste s’assurer que James Harden ait la balle à la bonne position, et qu’il l’ait souvent. Comme ça, il n’a pas besoin de courir et n’est pas fatigué. C’est un joueur unique. Ce que je dis, c’est que je ne sais pas si Tatum va faire ça, et ce n’est pas important. Brad va trouver des solutions parce que chaque joueur est différent. » Mike D’Antoni.
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