Inside the Film Room : Denver vs Indiana, la guerre du Pick & Roll (2/4)

Inside the Film Room : Denver vs Indiana, la guerre du Pick & Roll (2/4)

Le 19 Janvier dernier, les Indiana Pacers étaient en visite dans le Colorado pour confronter leur attaque aux innombrables P&R face à la défense agressive des Denver Nuggets sur cet exercice. Voici le déroulement du 2e QT, n’hésitez pas à revenir en arrière sur le 1e QT pour comprendre le début de l’histoire et les problématiques en jeu. Bonne lecture.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

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Acte 1 : Denver vs Indiana, le 1e QT

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Note : l’article est rédigé de telle manière à ce que le lecteur puisse lire le texte avant la vidéo (contextualisation, joueur, système joué), voir la vidéo et le déroulement de l’action, puis lire le texte après la vidéo (leçons à tirer, points clés, détail à retenir, etc) sans soucis de continuité ni répétition.

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Possession n°22

Pour ce début de 2e QT, Sabonis est de retour sur le terrain. Et McMillan n’attend pas avant de l’utiliser sur P&R.

Il le fait de manière déguisée d’ailleurs puisque le jeu à deux avec McConnell arrive sur un Dribble Hand-Off, à la suite d’une remise en jeu. McConnell est donc déjà lancé à pleine vitesse et Plumlee n’est pas idéalement placée.

Deux remarques : ici encore, Denver traite McConnell comme un non-shooteur (Plumlee reste très bas, Dozier passe sous l’écran) plutôt que de pratiquer un « Hedge », et encore une fois, McConnell arrive malgré tout à pénétrer jusque dans la zone dangereuse : la raquette, plein centre du terrain.

Tout comme dans la Possession n°19 : Denver est prêt à lui concéder de l’espace parce qu’ils ne craignent pas son 3pts…mais McConnell utilise ce surplus d’espace pour gagner en vitesse et augmenter ses chances de pénétrer. Le « Drop » se renverse un peu contre Denver.

L’autre fait notable : la permutation des deux shooteurs côté faible. Ce que McMillan souhaite en faisant ça, c’est mobiliser l’attention des deux défenseurs côté faible pendant le P&R pour les empêcher d’avoir le temps de voir venir et d’aider correctement. C’est d’ailleurs exactement ce qui se passe.

Enfin, outre l’impact de la pénétration de McConnell, la qualité de passeur de Sabonis est à noter une nouvelle fois. Le lituanien trouve la solution immédiatement dans une défense désorganisée.

Encore un corner 3 grand ouvert pour Indiana. De l’or en barre.

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Possession n°23

L’autre nouvel entrant de très grande importance pour Indiana sur ce début de 2e QT : Doug McDermott.

L’ancienne star universitaire (qui semblait ne rester qu’une star universitaire en NBA, d’ailleurs) s’est énormément améliorée ces dernières saisons pour devenir un atout remarquable : la synergie offensive que son seul mouvement et sa dangerosité au shoot permettent de créer est fabuleuse. McDermott a ses limites, défensives notamment, mais le bougre s’est transformé en une version alternative de JJ Redick qui fait énormément de bien dans cette attaque des Pacers assez simpliste et statique sans lui.

Le voila donc qui rentre en piste, sur un simple DHO avec Sabonis.

Ce qui nous intéresse ici, c’est la manière dont défend Denver.

Juancho d’abord utilise une « Trail Technique » : il tente de rester collé le plus possible à McDermott et le suit à travers les écrans. En opposition à une défense en « Top Lock » par exemple où il pourrait empêcher McDermott d’utiliser l’écran, ou une défense où il passerait sous l’écran. De fait, il est en retard et derrière McDermott après le DHO.

Plumlee ensuite reste dans une position de Drop, très bas par rapport à l’écran. Sur un P&R classique il monterait sans doute, mais sur cet écran Off-Ball il n’a pas le réflexe d’appliquer le même principe de jeu. Il est donc très (trop) bas au moment où McDermott sort de l’écran. Comme Grant sur la Possession n°7 avant de s’ajuster Possession n°14.

Mike Malone va devoir vite s’ajuster. Ces DHO sont simplissimes, et une manière trop facile d’obtenir un 3pts ouvert pour les Pacers.

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Possession n°24

Retour à du Pick & Roll cette fois. Avec un nouveau duo McConnell – Sabonis qui attaque très tôt dans la possession.

Sauf que, contrairement à d’habitude, McConnell n’utilise pas l’écran : il le refuse et part de l’autre côté.

En attaquant du côté inverse que celui prévu à la base, McConnell renverse les côté fort et côté faible…et donc inverse dans le même temps les rôles des défenseurs Off-Ball de Denver.

C’est à noter que, au-delà de l’effet de surprise, Juancho semble être très réticent à abandonner McDermott pour aider à l’intérieur, alors que c’est Porter qui abandonne son shooteur pour aller sur Sabonis.

Dans les schémas de Denver, comme expliqué plus tôt et vu depuis le début du match, c’est au au défenseur dans le corner à aider, pas à celui sur l’aile. Et pour cause : le défenseur dans le corner n’a qu’à faire des déplacements latéraux et a toujours le jeu en face de lui, là où celui sur l’aile doit avancer/reculer, faire des changements de direction bien plus importants et ne peut pas toujours avoir dans le même champ de vision son homme et le ballon.

Mais c’est pourtant ainsi que Denver défend dans ce cas précis là. Est-ce une simple improvisation dans le feu de l’action ? Ou une vraie consigne liée au fait de ne pas laisser ouvert McDermott et son tir à 3pts d’élite ?

(More on that later…)

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Possession n°25

Nouveau P&R…et nouveau porteur de balle impliqué dans ce match : Aaron Holiday. Soit le 5e ball-handler de P&R du jour (Brogdon, Warren, Lamb, McConnell).

L’ancien joueur de UCLA est un très bon shooteur, mais également un créateur dynamique balle en main. Aussi, ce n’est pas loufoque de voir McMillan lui offrir un P&R à jouer.

Plumlee et Denver reviennent ici sur une défense en « Hedge » pour plusieurs raisons.

D’abord, Holiday est compétent sur pull-up 3 et puisque Denver ne veut pas concéder ce tir, Plumlee est donc obligé de monter haut.

Ensuite, Holiday est un scoreur très dynamique, mais un moins bon passeur, qui n’a d’ailleurs pas une très bonne taille/envergure. Il lui est difficile de voir et de passer par dessus les défenses. Ainsi, quand Denver crée un 2vs1 sur le ballon, Holiday tombe dans le piège tendu par les Nuggets et téléphone une passe, facilement interceptée par Juancho.

Défense en « Hedge » d’école pour Malone, parfaite exécution et résultat escompté. Pour McMillan, il va sans doute falloir limiter le nombre de P&R joués par Holiday, trop petit pour absorber la pression d’un 2vs1 et/ou passer par dessus.

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Possession n°26

McMillan déroule son plan de jeu, et continue d’alterner entre P&R et jeu en sortie d’écran.

Ici, on revient sur McDermott avec un simple DHO joué par Sabonis. Le duo et l’action qui avait fait mouche il y a quelques minutes à peine, Possession n°23.

Sauf que cette fois, Mike Malone s’est bien ajusté.

D’abord, Plumlee se tient plus haut et se montre prêt à bondir sur McDermott en sortie d’écran pour le priver d’espace.

Ensuite, Juancho ne défend pas exactement pareil : plutôt que de suivre McDermott et traverser l’écran juste derrière lui, il passe sous l’écran au dernier moment.

Ça peut paraître assez contre-intuitif : on ne doit jamais passer sous l’écran contre un shooteur à 3pts, n’est-ce pas ? C’est en effet la consigne sur les P&R, lorsque le porteur de balle a son dribble déjà entamé et qu’il peut, en une fraction de seconde se cacher derrière l’écran pour dégainer.

Mais sur ce DHO, McDermott n’a pas commencé son dribble ni même n’a encore la balle dans les mains. Aussi, Juancho récupère l’avantage de passer sous l’écran (ne pas être pris dedans et revenir plus vite en position) sans en avoir l’inconvénient (McDermott ne peut pas s’ajuster assez rapidement pour se cacher derrière l’écran en un ou deux dribbles fulgurants).

Mike Malone peut ressortir fier de cette possession. Ses deux ajustements se sont montrés payants : Juancho tue l’action la première fois (en passant sous l’écran), et Plumlee la deuxième sur le re-screen (en montant très haut pour priver d’espace).

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Possession n°27

Pour cette possession, Nate McMillan utilise un de ses systèmes « un peu complexes » favoris : le « Floppy Shuffle » où plusieurs shooteurs se posent des écrans avant de ressortir de chaque côté du terrain.

Alors que la défense semble avoir fait son travail, le panier des Pacers survient sur deux erreurs individuelles complètement évitables et non forcées. Ce n’est pas le schéma qui a été battu ici, mais « juste » des erreurs de joueurs.

La première : l’aide totalement non nécessaire et mal réalisée de Plumlee qui offre littéralement le meilleur tir du basket (corner 3 ouvert) sur un plateau. La seule raison qui rendrait son geste d’abandonner le shooteur compréhensible serait s’il était en train de vouloir re-switcher avec Porter et revenir sur Sabonis, mais ça ne semble pas du tout être le cas (il ne communique pas du tout ni même ne revient sur Sabonis à proprement parler).

La deuxième erreur, c’est l’absence de boxout de Porter. Il serait compréhensible que le rookie se fasse dégager par le lituanien, mais ici il ne tente même pas de s’interposer. Petite erreur de jeunesse on ne peut plus classique.

À noter cependant, à une échelle plus globale : la répétition des rebonds offensifs pour Indiana qui permet de grappiller des points sur des possessions qui semblaient être gagnées par la défense de Denver.

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Possession n°28

De nouveau, Nate McMillan se tourne vers Doug McDermott et ses mouvements sans ballon pour créer du jeu.

Cette fois ce n’est pas un simple DHO, mais un autre classique du playbook : un « Stagger set » (également appelé »Double Staggered screens ») où McDermott remonte depuis le corner en utilisant deux écrans.

Contrairement au précédent DHO, Juancho fait ici le choix de suivre McDermott plutôt que de passer sous les écrans.

La raison est sans doute que deux écrans sont très différents d’un : si Juancho passe dessous, McDermott pourrait très bien s’en rendre compte, s’arrêter après un seul écran et profiter de l’espace pour être ouvert. Il y a plus d’imprévisibilité avec deux écrans qu’avec un seul, parce qu’il y a plus d’options possibles pour l’attaquant.

Une autre tendance importante à noter ici : Dozier n’hésite pas à abandonner McConnell pour aider sur McDermott en sortie des écrans. Le meneur de Denver ne craint tout simplement pas McConnell à 3pts et peut donc se permettre d’aller aider sans se faire punir.

À noter par ailleurs : l’excellent ajustement de McConnell pour quand même attirer Dozier avec lui en coupant vers le cercle.

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Possession n°29

Et parce qu’on ne change pas une équipe qui gagne : rebelote.

Simple Dribble Hand-Off pour McDermott, par Sabonis.

Ici encore, on retrouve la même tendance avec Beasley qu’on avait pu voir avec Juancho : Beasley passe sous l’écran sur le DHO pour vite arriver en face de McDermott (comme Possession n°26). Ce qui semble en effet très fortement signifier une consigne défensive plutôt qu’une tendance dans le feu de l’action (deux joueurs différents à deux moments différents qui font la même chose).

Jokic a remplacé Plumlee et exécute assez bien le Hedge, mais assez important à relever ic : le passing de McDermott, également très intéressant (bat le 2vs1 en passant par dessus dans le bon timing).

Également à relever,  clé de l’action pour Indiana : les qualités de finisseur de Sabonis autour du cercle, et notamment sa capacité à évoluer malgré le contact. Porter arrive parfaitement en position, mais ne peut pas tenir son territoire face au coup d’épaule de l’intérieur des Pacers.

En somme : tout le contraire de la Possession n°4, où Grant était lui arrivé à terminer l’action.

Comme on peut le remarquer depuis le début du match, avec Porter ici, ou avec Will Barton sur la Possession n°13, il ne suffit pas de faire les rotations, il faut également savoir les tenir et réaliser l’action défensive (faire mur, poser le boxout, protéger le cercle, etc). C’est ici que se cache la valeur d’un défenseur sans ballon, et la différence entre un simple défenseur appliqué et un vrai défenseur d’impact positif, de la même manière qu’il existe un écart de valeur conséquent entre un pivot qui est « juste » à peu près dans la bonne zone et un qui arrive à contrer le tir.

En somme : ce qui fait qu’un défenseur est bon Off-Ball n’est pas juste son attention et sa capacité à bouger pour faire une rotation défensive. Il y a aussi, et surtout, la capacité à réussir cette aide.

Du point de vue du coach adverse, ici Nate McMillan, c’est donc toujours plus intéressant d’orienter des systèmes qui tentent d’attaquer ce genre de défenseurs Off-Ball un peu plus friables.

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Possession n°30

Pour les cinq dernières minutes de ce 2e QT, Mike Malone est revenu sur son cinq de départ : Morris Barton Craig Grant Jokic.

De son côté, McMillan fait de même…à une différence près : McDermott remplace Turner (pour son spacing et sans doute ses très bonnes minutes jusqu’ici).

Indiana revient à ses fondamentaux : P&R entre Brogdon et Sabonis.

Plusieurs choses très intéressantes à relever ici.

D’abord, le désir de Malcolm Borgdon d’attaquer Monte Morris. L’arrière d’Indiana pense sans doute avoir affaire à un mismatch intéressant en sa faveur étant donné les limitations physiques de Morris, comme en attestent les quelques fois où Brogdon a déjà essayé de l’attaquer en semi-transition. Et donc, comme sur cette possession-là où Brogdon insiste sur Morris.

L’autre point important à noter : le timing de Brogdon. Plus que la décision d’attaquer Morris, ou le fait de pouvoir le faire grâce à un Sabonis qui s’écarte, la clé de l’action demeure le moment où Brogdon se met à attaquer.

Après le P&R, il temporise et commence son drive pile au moment où Jokic et Craig sont en train de repartir sur leur attaquant respectif. S’il avait attaqué une demi-seconde plus tôt, ces défenseurs ne seraient pas forcément repartis vers leur attaquant et seraient restés en position pour gêner le drive. À l’inverse, si Brogdon avait attaqué une seconde plus tard, Craig aurait pu voir venir et n’aurait simplement eu qu’à se propulser vers l’avant pour aider.

Mais ici, en attaquant pendant que Jokic et Craig font machine arrière, ces derniers n’ont pas totalement leur attention tournée vers le ballon, et pour arriver à temps, devraient stopper leur mouvement et changer de direction (plus dur/plus long).

Remarquable timing de Brogdon, ici. (Much more on that later…)

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Possession n°31

Et parce que ça a marché la fois précédente, Brogdon ne compte pas s’arrêter là : il réclame une nouvelle fois la balle pour essayer d’isoler Morris et de l’attaquer sur du 1vs1

Cette fois en revanche, Denver gère un peu mieux la possession, et le spacing assez mauvais des Pacers permet à Torrey Craig d’être dans les parages pour contrer ce ballon.

Pas vraiment d’enseignement tactique ici. Un simple « Heat Check » de Brogdon, raté.

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Possession n°32

Une nouvelle fois, Indiana profite des replis en transition de Denver pour essayer de générer du jeu.

Ici, ce n’est pas via un rapide P&R, mais plutôt sur un match-up : Sabonis remonte vite le terrain et se fait « récupérer » de facto par Jerami Grant.

Or, comme expliqué dans la Possession n°1, Sabonis est d’habitude défendu par Jokic, un bon défenseur au poste qui rend les post-ups de Sabonis peu intéressants. Mais Grant n’a ni l’épaisseur de torse, ni les kilos, ni la taille du Serbe : l’attaquer au poste bas est donc bien plus intéressant.

L’enseignement principal ici est qu’Indiana n’est pas le seul à penser que le match-up Grant/Sabonis penche en faveur du Pacer : c’est également le cas de Denver, étant donné la vitesse avec laquelle les aides arrivent pour empêcher le lituanien d’attaquer librement en 1vs1.

Rappelez-vous : Possession n°1, aucune aide n’était venue prêter main-forte à Jokic, à l’inverse.

Pour la suite du match, il y a fort à parier que Malone et Denver feront tout pour préserver Grant loin de ce match-up contre Sabonis. Et qu’Indiana foncera tête baissée pour l’exploiter autant que faire se peut.

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Possession n°33

Sans surprise, McMillan et les Pacers exécutent un nouveau P&R. En revanche, ce qui diffère légèrement des fois précédentes est le chemin que prennent les Pacers avant d’arriver à ce P&R.

À partir d’une simple « Flex action », Sabonis se retrouve avec la gonfle au poste bas, mais n’attaque pas : c’est une feinte puisqu’il remonte ensuite pour un « Grenade screen » (joueur au poste bas qui ressort à l’extérieur pour un DHO). Sauf que ce DHO là avec Brogdon est une feinte également, avant d’enchaîner avec le « vrai » P&R pour Lamb.

Le but de tout ce mouvement avant le P&R ? Perturber le timing et le positionnement de Jokic, pour perturber son Hedge.

Le retour de Myles Turner (à la place de McDermott) sur le terrain ne fait pas forcément du bien sur cette action en particulier puisqu’il campe dans le dunker spot plutôt que de s’écarter et d’apporter du spacing. Si Turner s’était positionné dans le corner à 3pts et ainsi libéré la raquette, Lamb aurait peut-être été plus susceptible d’attaquer Jokic sur pénétration.

À noter également : la précision du positionnement de Torrey Craig une nouvelle fois qui reste en bonne position entre Sabonis et Warren tant que Lamb n’a pas passé vers l’un ou vers l’autre. En s’engageant trop tôt vers Sabonis dans la raquette, Warren se serait retrouvé assez ouvert pour une passe et un tir, et vice versa.

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Possession n°34

Sur une remise en jeu, Indiana repart évidement sur un nouveau P&R.

Avec son meilleur duo, Brogdon-Sabonis.

Plus que la défense assez hasardeuse de Morris et Jokic, c’est surtout du weakside defender qu’il faut discuter ici (Will Barton).

D’abord, c’est à noter qu’Indiana attaque de ce côté-là, et cible donc Barton en tant que défenseur côté faible plutôt que Craig ou Grant de l’autre côté. Également : Barton est seul sur son côté faible (much more on that later).

Ensuite, l’attitude de Barton sur l’action est à discuter.

De deux choses l’une : d’un côté, Barton semble en retard pour coulisser sur Sabonis et compenser le 2vs1 sur le ballon : il laisse donc Sabonis ouvert. De l’autre, à quel point son positionnement est-il la conséquence d’un véritable choix tactique ? Il est tout à fait possible d’imaginer Barton réticent d’aider par crainte de concéder un corner 3 ouvert, voire même choisir de ne pas aider et de laisser Sabonis prendre le long 2pts plutôt que Lamb prendre le corner 3. Ce qui à l’inverse, ne serait pas une « aide en retard », mais une très bonne décision stratégique.

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Possession n°35

Sans surprise, Indiana enchaîne avec un nouveau P&R entre Brogdon et Sabonis.

Par ailleurs, à une échelle plus globale que cette possession-là, notez que l’insistance du plan de jeu des Pacers sur cet exercice-là avec ces joueurs-là ne se résume pas seulement au fait que faire appel à ses meilleurs attaquants est la manière de faire la plus probable de réussir à créer du jeu. C’est en grande partie pour cette raison, mais c’est plus que ça néanmoins : l’autre but est d’attaquer encore et encore Nikola Jokic.

Non seulement Jokic n’est pas un très bon défenseur, donc susceptible de faire des petites erreurs, mais le mobiliser sur chaque action le fait également dépenser beaucoup d’énergie (mentale et physique). Or, quand on sait l’importance immense du pivot serbe en attaque, répéter les P&Rs sur lui est aussi un moyen de le fatiguer pour le faire déjouer de l’autre côté du terrain. Ou au minimum, sur le long terme, de le fatiguer pour la fin de match.

Revenons à ce P&R, donc.

…et d’ailleurs, c’est ce qui semble fonctionner ici.

Entre sa réticence à s’éloigner très loin du cercle et/ou la fatigue accumulée de toute une mi-temps à jouer P&Rs sur P&Rs, Jokic reste beaucoup trop bas ici.

Du fait que Sabonis pose son écran très haut, la couverture défensive se transforme de facto en un « Drop »…où le pull-up 3 est concédé. L’inverse du plan de jeu, donc.

À noter d’ailleurs l’excellent « set-up » de Brogdon pour s’assurer que Morris prenne l’écran de plein fouet.

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Possession n°36

Nouvelle possession, et rebelote pour les Pacers. Même P&R, mêmes joueurs impliqués.

Petit ajustement non anecdotique pour Mike Malone : c’est Will Barton qui défend sur Brogdon, pendant que Morris coulisse sur Lamb.

Cette fois, après l’échec de la possession précédente, Jokic fait l’effort de monter un peu plus haut pour ne pas offrir de pull-up 3 à Brogdon.

Pour les Nuggets, cette possession est un modèle du genre, l’illustration parfaite de leurs principes de jeu et du résultat attendu : surcharger un côté du terrain, et arriver à compenser à temps ailleurs pour petit à petit ne rien concéder.

L’entière possession de Torrey Craig est assez remarquable dans le timing et la précision du placement sans ballon. À noter, une fois encore, à quel point Craig n’hésite pas à s’aventurer très (très) loin de son propre joueur pour jouer au « safety » qui patrouille et gère les espaces à la manière du poste éponyme au football américain.

Même dans ces schémas-là, c’est vraiment rare de voir le weakside defender prendre autant de liberté et de distance avec son propre attaquant *quand que celui-ci n’est pas du tout un non-shooteur*. Une preuve de son gros volume défensif (capacité à couvrir beaucoup de terrain rapidement).

Néanmoins, la question mérite d’être posée, surtout à la place de Nate McMillan : Craig s’aventurerait-il à ce point dans la raquette et loin de son attaquant si ce dernier était Doug McDermott, un shooteur d’élite ? Ou face à un passeur capable de trouver directement le corner opposé ? Dans les deux cas, probablement pas.

Du côté de Mike Malone, on archive l’extrait vidéo et on la montre à chaque nouvel arrivant pour illustrer ce qu’on cherche à faire défensivement dans cette équipe.

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Possession n°37

Remplacement assez atypique pour McMillan : Sabonis cède sa place à Justin Holiday (le grand frère, le poste 3, pas le petit frère meneur de jeu).

Ce n’est pas tant le changement en lui même qui est surprenant, mais le timing : les coachs préfèrent plutôt remettre leurs cinq de départ et/ou leurs meilleurs joueurs sur le terrain pour les dernières minutes de la mi-temps. Sauf que McMillan a eu besoin de Sabonis depuis l’entame du 2e QT, et que ce dernier commence peut être à tirer la langue.

Pour aussi fort que puisse être le duo entre Sabonis et Brogdon, Indiana est capable de produire du jeu de qualité avec seulement l’un ou l’autre. Le pari d’Indiana est donc le suivant : avoir Sabonis sur le début de 2e QT et Brogdon seul sur la fin permet d’avoir 24 minutes complètes avec un engin offensif de qualité, plutôt que des périodes très bonnes et d’autres très poussives.

Pour l’instant, ça a fonctionné : les dégâts faits avec les DHO pour McDermott ou les P&Rs avec McConnell ont bien pesé sur ce match quand il n’y avait que Sabonis. Reste à conclure le QT avec Brogdon seul rescapé du duo.

Ainsi donc, Brogdon est de retour aux affaires…mais joue son P&R avec Turner. Rare occasion pour le pivot d’être directement impliqué dans un P&R.

Deux constats sur cette possession.

D’abord, l’excellent mouvement sans ballon de Jeremy Lamb : en remontant depuis le côté faible jusqu’au plein centre du terrain, Morris s’est retrouvé à devoir gérer 2 shooteurs extrêmement loin les uns des autres et a du faire un choix : Warren est donc ouvert.

L’autre constat concerne Myles Turner : une nouvelle fois, son « Short Roll » et son passing s’avèrent un peu poussifs.

Il n’anticipe pas, ne voit pas, ou ne prend pas la décision assez rapidement de ressortir vers Warren grand ouvert dans le corner. Et quand il le fait, la passe est imprécise et donne assez de temps à Grant de revenir contester le tir. L’inverse de Sabonis, capable de prendre des décisions bien plus vite et de passer avec beaucoup plus de précision (exactement la même situation sur la Possession n°22, par exemple).

Un défaut déjà soulevé sur la Possession n°15, où nous soulevions le mauvais fit de son profil de jeu en réponse à ce type là de défense du P&R, et l’éventualité que McMillan ne l’utilise jamais ou presque de la sorte dans ce match. C’est le cas : cette possession-là est seulement la deuxième de tout le match (!) où Turner est impliqué sur le P&R en tant que poseur d’écran…pour deux mauvaises passes (un turnover, et une passe imprécise qui privent d’un tir ouvert).

McMillan se gratte la tête : son pivot est ultra important en défense…mais peut-il se montrer assez intéressant en attaque face à cette défense des Nuggets pour être sur le terrain ?

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Possession n°38

Une nouvelle fois, Indiana repart sur un P&R. Avec Turner dans le rôle du poseur d’écran, en plus.

Sauf que cette fois-ci, ce n’est pas la même histoire : finit les High P&R (plein centre du terrain), McMillan appelle un « Empty P&R » : un P&R joué sur une aile, en partant de l’extérieur vers l’intérieur et où le corner de cette aile-là est vidé (d’ou « Empty » littéralement) de tout attaquant ou défenseur .

L’avantage des Empty P&R : personne dans le corner, donc notamment pas de défenseurs côté faible pour aider sur le Roll Man.

Première note, assez anecdotique : on semble avoir la confirmation que Jokic commence à fatiguer à force d’enchaîner les P&Rs, comme semble l’indiquer ce nouveau positionnement hasardeux sur l’écran.

Deuxième note, beaucoup moins anecdotique : la splendide action de Torrey Craig, depuis le timing de sa rotation jusqu’à la réalisation en elle même. Robert Covington a reçu de belles louanges sur ses débuts tonitruants à Houston de poste 3 protecteur de cercle, mais s’il en est bien un qui boxe dans la même catégorie, c’est Craig.

Troisièmement, du côté d’Indiana cette fois : la mauvaise action de Turner. Une partie de ce raté est dû à la défense de Craig, certes, mais Turner démontre aussi sur cette action quelques-uns de ses défauts à la finition au cercle.

À savoir : le manque d’explosivité, et donc de verticalité/capacité à aller très haut malgré sa très grande taille/envergure (si c’est Anthony Davis à la place, Craig lui tape dans le coude et fait faute tant AD décolle très haut très vite). Également, son manque de dureté et/ou de roublardise et de patience autour du cercle. Sans vouloir enfoncer le clou dans la comparaison offensive avec Sabonis, mais dans ce genre de situation, le lituanien est un expert pour poser un dribble sous contrôle, éviter l’aide, avant de tirer, ou de dégager un défenseur à côté d’épaule pour se créer un bon tir. Ou même carrément attaquer le contact et aller chercher la faute.

C’est donc un troisième P&R infructueux (sur trois) pour Turner. Alors même que McMillan l’avait placé dans une configuration (un « Empty » P&R) en théorie plus propice au Roll Man.

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Possession n°39

D’ailleurs, McMillan agit tout de suite : exit Turner, retour de Goga Bitadze sur le terrain.

Là encore, un changement assez typique vu l’horloge (et la hiérarchie) et qui indique clairement que McMillan veut offrir un meilleur partenaire de P&R à Brogdon pour les 2 ou 3 dernières possessions de la mi-temps.

McMillan ne va pas directement sur le P&R, néanmoins, et lance un rapide « Floppy Set » pour Warren qui jusqu’ici (en 1e QT) a largement fait ses preuves.

Pas grand-chose à tirer tactiquement de cette action des deux côtés…si ce n’est la faute très sévère sifflée sur Grant alors que Denver avait très bien absorbé le décalage.

Faute qui devient tout sauf anecdotique puisque Mike Malone décide de faire sortir son ailier fort, bien que ce ne soit que sa deuxième faute personnelle (punition militaire ou « protection » pour la 2e MT ?).

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Possession n°40

Cette fois, McMillan y a enfin recours : P&R entre Goga et Brogdon.

Plusieurs choses très intéressantes sur cette possession.

En premier lieu, Indiana passe à un détail près d’une action vraiment sublime mettant à terre et piétinant les schémas défensifs de Denver : Brogdon reste dans les parages des deux shooteurs après avoir fait sa passe…donc Barton aussi. Sans ça, Lamb aurait eu le temps de poser tranquillement son dribble et prendre un trois-points, ou au moins un mi-distance totalement ouvert.

Ensuite, la fatigue de Jokic commence réellement à se faire sentir au fur et à mesure qu’on se rapproche de la mi-temps. Il se positionne un chouia trop bas sur le Hedge et laisse donc suffisamment d’espace à Brogdon pour faire son crossover, plutôt que de bien contenir Brogdon, comme censé être le cas sur Hedge. Fatigue, ou simple limitation physico-athlétique (pivoter ses hanches et se réorienter dans l’espace a toujours été sa faiblesse), Jokic autorise en tout cas la pénétration plein centre.

Du côté d’Indiana, ça n’a pas marché sur ce coup-là, mais les changements soudains de direction d’attaque, et donc les inversions rapides de côté fort/faible pour perturber les défenses Off-Ball, commencent à se multiplier.

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Possession n°41

Pour finir cette première mi-temps, quoi d’autre qu’un P&R pour Malcolm Brogdon ?

La clé de toute cette action, plus que l’impact de Brogdon ou son explosivité au démarrage, demeure toute la prise d’information et de décision en amont du drive. L’intellect, avant la prouesse physique.

Ce qui rend réellement le drive possible, c’est l’intelligence de Brogdon de scanner le terrain, se rendre compte qu’un côté est particulièrement plus faible que l’autre, et décider de le cibler en tant que côté faible. Si Brogdon part en drive main droit, il est peut-être contenu par Jokic en sortie de l’écran, ou doit aller se frotter à la protection de cercle de Torrey Craig sous l’arceau. C’est une tout autre affaire, bien plus facile, que d’aller finir par dessus Beasley ou Morris que Craig.

Après avoir loué le timing de Brogdon durant la Possession n°30 pour attaquer pile au moment où les défenseurs font machine arrière, après ses astuces de porteur de ball expérimenté sur P&R Possession n°35, l’arrière des Pacers démontre ici l’intellect et le discernement du stratège choisissant ses cibles. Ça commence à faire un beau package pour un créateur de P&R.

(More on that later…)

L’autre clé de cette action : l’absence de Jerami Grant, sortit quelques secondes plus tôt (après la Possession n°39). Ici, c’est donc Beasley qui est sur le terrain et se retrouve à protéger le cercle. Si Malone n’avait pas sorti Grant (après seulement sa 2e faute du match), nul doute que l’ailier fort aurait pu protéger le cercle de bien meilleure manière que le petit Beasley.

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À suivre

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