Toni Kukoc se confie sur sa difficile intégration et sa carrière aux Bulls : « Vous devez mettre votre fierté de côté »
Toni Kukoc était un membre très important des Bulls durant leur deuxième three-peat. Arrivé avec l’étiquette de « joueur de Jerry Krause« , le croate a dû s’imposer dans un groupe dont les leaders Michael Jordan et Scottie Pippen étaient réticents à l’idée de le voir débarquer. Pour ESPN, il est longuement revenu sur son arrivée et ses 7 années passées au sein de la franchise de l’Illinois.
« Phil a été très bon pour nous garder dans une bulle. Nous étions concentrés sur ce qui était devant nous. En regardant The Last Dance, je vais découvrir des choses dont je n’avais aucune idée qu’elles avaient eu lieu. J’aurais aimé que Jerry soit là pour donner sa version de l’histoire. C’est facile d’aimer Michael, Scottie, Dennis et Phil, et je les aime tous. Scottie était le joueur ultime. Michael sera toujours, pour moi, le plus grand joueur de tous les temps. Il a changé le jeu et l’a rendu planétaire. Mais vous devez entendre l’autre version. Jerry a bâti une équipe six fois championne. Vous devez lui donner du crédit. »
Drafté au second tour en 1990, l’ailier n’a rejoint les Bulls que trois ans plus tard, où il a connu des débuts difficiles en termes d’intégration. Les louanges de Krause à son égard n’étaient pas du goût de MJ et Pippen, qui l’avaient notamment ciblé lors des JO de Barcelone.
« Ils lui faisaient passer de sales moments » Jud Buechler, joueur des Bulls entre 1994 et 1998
« Le truc avec Krause a rendu les choses difficiles pour lui au début. C’était injuste pour Toni honnêtement. Il était juste lui-même et c’est ce qui l’a sauvé. Il avait compris que c’était presque du bizutage. » Jim Cleamons
« J’ai compris que je devrais gagner leur respect. J’arrivais dans la meilleure équipe du monde. Vous devez mettre votre fierté de côté. Ça ne comptait pas si vous aviez été bon en Europe. Ça m’allait comme ça. » Toni Kukoc
Alors qu’il avait gagné toutes les distinctions individuelles et collectives possibles en Europe, Kukoc devait maintenant se mesurer à la NBA, où son physique et sa défense lui ont d’abord fait défaut, notamment à cause de quelques petits écarts alimentaires.
« Parfois j’avais l’air ridicule quand je défendais sur ces gars. À l’époque, ils pouvaient presque me soulever et me déplacer en arrière. » Toni Kukoc
« [Après l’avoir vu commander un verre de vin au repas d’avant match ndlr] Nous étions genre ‘Putain, je comprends pourquoi tu n’es pas en grande forme’. Il devait apprendre à être un joueur NBA. » Bill Cartwright
Mais une fois que MJ et Pippen avait mesuré son potentiel et tout ce qu’il pouvait apporter au groupe, ils l’ont évidemment adopté.
« Lorsque Michael et Scottie ont réalisé que ce gars était super fort, ils l’ont inclus dans le groupe. » Bill Cartwright
« J’aime Scottie. C’est la personne qui m’a le plus aider durant mes deux premières saisons. C’est tellement facile de jouer avec lui. Je n’ai jamais vraiment ressenti de critiques de sa part. J’avais le sentiment qu’il voulait me mettre dans la bonne direction. » Toni Kukoc
Une relation qui s’est bâtie avec le temps, surtout quand on se souvient que le n°33 était fou de rage lorsque Phil Jackson avait confié le shot décisif à Kukoc en demi-finale de Conférence lors des playoffs 1994. Il n’avait d’ailleurs pas voulu revenir sur le parquet.
« C’est juste quelque chose qui arrive. Tout le monde a son égo. Même ceux qui ne jouent pas une seule minute ont un égo. Je ne lui en veut vraiment pas pour ça. » Toni Kukoc
Au sommet de son art en 1996, le croate remporte le trophée de 6th man of the year et joue un rôle majeur dans la finale contre les Sonics de Gary Payton et Shawn Kemp.
« Notre scouting avait mis en évidence que Kukoc était un élément clé. Il a permis de faire fonctionner toutes les pièces ensemble. » George Karl
« Tout le monde adorait jouer avec Toni parce que c’était un incroyable passeur. Il pouvait jouer n’importe quel rôle au sein de l’attaque en triangle. » Dickey Simpkins
« Toni est une sorte de marginal. Ça m’énervait, mais je pense qu’en quelque sorte, nous en avions besoin. Sa plus grosse tendance était de chercher une action différente de celle qui semblait la plus évidente. » Phil Jackson
Si The Croatian Sensation comme il était surnommé, aurait pu avoir un rôle plus important ailleurs, il avoue que pour rien au monde il n’échangerait son expérience aux Bulls. Il admet aussi qu’il rêve d’être intronisé au Hall of Fame.
« C’est très important pour moi. Je ne connais pas les critères, mais j’espère qu’un jour ils trouveront une raison de m’y intégrer. Je pense sincèrement que si j’avais pu avoir plus souvent la balle en main, j’aurai pu avoir des moyennes de 20 points, 7 rebonds et 7 passes. Mais jamais je n’aurai échangé ce moment aux Bulls pour une sélection au All-Star Game ou un truc du genre. Si les gens disent que mes chiffres ne sont pas suffisants pour le Hall of Fame, ça me va. Tous les joueurs donneraient n’importe quoi pour avoir été dans cette équipe. C’était le meilleur moment de ma carrière. »
Un bel hommage lui avait d’ailleurs été rendu par Steve Kerr, lors du dernier repas partagé avec l’ensemble de l’équipe.
« C’était le dernier moment où on était tous ensemble. J’ai porté un toast à Toni. Personne n’a traversé autant de choses que lui ; la pression de Michael et de Scottie pour gagner leur respect. Ils ne le lâchaient pas parce qu’il était le gars de Jerry Krause. Toni voulait juste jouer. Donc j’ai juste porté un toast, parce que c’était un grand joueur. Je voulais simplement qu’il sache l’importance qu’il avait dans notre équipe. » Steve Kerr
Via ESPN