Gregg Popovich : « On ne peut pas mettre ça sous le tapis »
Il y avait quelques interrogations sur la présence, ou non, de Gregg Popovich dans la bulle d’Orlando. Son âge, 71 ans, le rend plus sensible au virus en cas de contamination. Sauf que le gourou des Spurs a décidé d’y aller malgré tout, et il compte bien se battre pour que le mouvement Black Lives Matter qui a lieu en ce moment aux États-Unis pour l’égalité continue à vivre et qu’enfn un vrai changement s’opère.
« Depuis que la décision de reprendre a été prise dans les circonstances que l’on connait, avec toutes ces précautions, je trouve que c’est une super opportunité de mettre ce combat en avant. Les gens vont apprécier les matchs, il y a aura des exploits athlétiques, des victoires, des défaites et l’excitation. Mais le message que la ligue veut envoyer, c’est qu’il faut de l’égalité, que les injustices doivent disparaitre. Il faut que les gens y pensent chaque jour, que ce soit via un coach ou un joueur qui prend la parole ou autre. Il y a un élan en ce moment, on doit le maintenir et la NBA peut être très utile pour ça. » Gregg Popovich.
Au final, cette interview de 30 minutes a beaucoup tourné autour de cette question, et de l’importance de l’éducation.
« Même des gens comme moi, qui pensent avoir une bonne vision des injustices et de l’inégalité qu’il y a entre nos citoyens, on ne sait en fait rien. Par exemple, je n’avais aucune idée qu’entre la fin de la Guerre de Sécession (en 1865 ndlr) et 1950, il y a eu 6 500 lynchages de Noirs. C’est dur de s’en rendre compte, mais c’est deux par semaine. Ce type d’informations rend les choses encore plus claires : ça suffit et ça doit s’arrêter. On ne peut pas mettre ça sous le tapis, et j’espère qu’on sera dans le futur encore plus éduqué pour que la vérité soit connue, que les mythes soient rangés au placard et le confort des Blancs également. C’est impossible je trouve qu’un Blanc accepte ses privilèges en sachant comment ce système est injuste et cruel. Le virus l’a bien montré. Vous ne pouvez pas aller dehors et apprécier votre vie si vous ne comprenez pas ce qui arrive à tous ces gens. Beaucoup de villes parlent de « 8 can’t wait » (un programme pour réduire les violences policières ndlr) et c’est super. Mais on doit arriver au point où de nombreuses actions sont menées tout le temps. Avec la police, bien sûr et particulièrement avec les syndicats. Mais on doit surtout avoir des discussions sur ce qu’il s’est passé pendant la Réparation (la période de l’histoire des USA qui suit la Guerre de Sécession ndlr). Aucun de nous n’est vraiment éduqué là-dessus. On a juste appris qu’Abraham Lincoln a libéré les esclaves, que c’est un héros et que les esclaves étaient libres. C’est tout. Rien de plus. Et aujourd’hui il y a des millions d’Américains blancs qui croient en ces mythes et qui ne connaissent pas la réalité, qui ne savent pas ce qu’il s’est passé pendant la Reconstruction, ni ce qu’il s’est passé quand la Reconstruction est devenue la rédemption et ne connaissent pas les lois de Jim Crow (qui ont institué une ségrégation raciale légalisée aux États-Unis, entre 1876 et 1965 ndlr) Gregg Popovich.