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[Interview] Nobel Boungou-Colo : « Voir, vouloir et atteindre le plus haut niveau »

Parti cet été de Limoges pour rejoindre le Khimki Moscou, Nobel Boungou-Colo compte bien faire son trou au plus haut niveau européen. En visite au Mercedes-Benz Arena de Berlin pour gifler les locaux (victoire 102-72) lors de la deuxième journée d’Eurocup, l’ailier international nous a accordé quelques minutes pour nous parler de ses ambitions et faire un point sur le basket français en coupes d’Europe. Petite discussion avec un compétiteur aussi lucide que déterminé.

Tu as fait un gros match le weekend dernier (21 points). Ce soir tu étais titulaire, mais tu n’as pas beaucoup joué. Tu viens d’arriver dans un nouveau club, est-ce qu’on t’avait dit avant ton arrivée quel serait ton rôle dans l’équipe ?

Pas vraiment, mais j’étais voulu par le coach. Après c’est à moi de m’adapter à l’équipe, au jeu, aux méthodes de ce grand club. Le weekend dernier j’ai fait un bon match, j’ai eu du temps de jeu, j’ai mis mes points, j’ai bien défendu. Ce soir j’ai bien commencé mais en face ça jouait petit, donc je pense que le coach a préféré mettre des arrières plutôt qu’un grand poste 3.

Ça faisait longtemps que tu étais en Pro A, tu as attendu très longtemps avant de partir à l’étranger. C’était un projet que tu avais depuis longtemps ou bien tu voulais juste te tester ?

C’est vrai que je suis resté longtemps en Pro A, mais on a eu des bonnes années avec Limoges : on a gagné des titres et ça nous a permis de jouer l’Euroligue. Mais dès le premier titre j’avais déjà l’envie de partir. J’avais été contacté par Vitoria, par le Panathinaïkos, mais finalement j’ai préféré faire les essais en Summer League et rester à Limoges. On avait encore une année en Euroligue, et ça a joué dans ma décision de rester, d’autant que j’avais encore un an de contrat. Mais ce souhait de partir, je l’avais depuis longtemps dans la tête.

C’est vrai que tu avais fait la Summer League avec Miami. Ça doit être assez particulier comme expérience, ça doit bouffer la balle de partout, non ?

C’est assez spécial, oui. C’est un autre style de jeu, avec des mecs qui sont là pour jouer leur chance en NBA. C’était assez difficile pour moi de découvrir ça et de réussir à jouer normalement. Mais c’était plus une expérience pour voir que pour chercher un contrat.

Effectivement, en match, tout le monde joue sa carte, mais comment ça se passait à l’entraînement ?

À Miami c’était très compliqué parce que c’était très personnel, il y avait beaucoup d’Américains et j’étais le seul Européen. Mais après, j’ai fait un essai avec San Antonio, il y avait Livio Jean-Charles et Davis Bertans. Il y avait plus d’Européens, on avait même des coaches européens, et ça se passait très bien à l’entraînement. Ça s’est bien mieux passé à San Antonio qu’à Miami. Finalement, les Summer Leagues, c’est une façon de faire qui ne m’a pas permis de me sentir à l’aise. Je ne pense pas que ce soit quelque chose que j’ai envie de refaire.

Ça doit tout de même être intéressant de se tester à un autre niveau de compétition ?

Pour voir, oui. Mais j’ai joué avec des mecs qui étaient vraiment sans contrat, moi j’avais toujours mon contrat avec Limoges, donc la démarche était assez différente. C’était plus pour l’expérience.

Ça a joué dans ta décision de quitter la Pro A ?

Non. Ce qui m’a motivé, c’était le challenge de jouer pour un gros club. Je voyais les Français qui partaient petit à petit, notamment Adrien [Moerman] qui était dans mon équipe. Il m’a appelé et m’a dit que pour moi aussi il était temps de bouger. C’est surtout ça qui m’a motivé. En plus, en Pro A, il n’y a plus d’Euroligue ni d’Eurocup. C’est assez dur pour le championnat français en ce moment.

Le fait de ne plus pouvoir jouer ces deux coupes d’Europe, c’est quelque chose dont tu parles avec tes potes qui sont toujours en Pro A ?

Oui, surtout avec mes amis de Limoges, et c’est vrai que c’est compliqué. J’ai eu la chance de pouvoir partir au bon moment et continuer à jouer ces compétitions. Je voulais jouer en Eurocup ou en Euroligue.

D’autant qu’avec Limoges, tu avais sorti de gros matches en Euroligue, je suppose que ça t’a permis de te faire un nom auprès des grosses équipes européennes. Le Khimki fait partie des favoris pour l’Eurocup…

J’ai eu la chance de découvrir ces compétitions avec Limoges et de pouvoir m’y exprimer, même si j’aurais préféré qu’on puisse atteindre le top 16 en Euroligue. Ça m’a tout de même permis de découvrir le haut niveau, et le Khimki est un club qui a des objectifs élevés dans cette compétition. C’est un bon moyen de continuer mon apprentissage et de prendre de l’expérience.

Tu en parlais plus tôt en évoquant Adrien Moerman, il y a de plus en plus de Français dans les grands clubs européens, ce qui est somme toute assez récent. Beaucoup partaient en NBA mais peu jouaient chez des cadors d’Euroligue ou d’Eurocup. Tu penses que c’est quelque chose qui va se faire de plus en plus ?

La NBA a toujours son attraction, mais c’est vrai qu’on a beaucoup de jeunes joueurs en Europe. Par exemple, Léo [Westermann] : il est parti très tôt pour aller au Partizan et il est à nouveau dans un grand club d’Euroligue. Thomas [Heurtel] est parti très tôt lui aussi, et il a gravi les échelons en Europe. Donc oui, c’est quelque chose qui attire beaucoup de jeunes joueurs français, d’autant que malheureusement, pour jouer une compétition européenne, rester en France c’est pas le top.

Tu penses que même pour des joueurs établis dans le championnat, des all-stars qui sont là depuis 5-10 ans, le manque de compétition pourrait les pousser à voir ailleurs ?

Quand tu es joueur de basket à ce niveau-là, ce que tu veux avant tout, c’est la compétition. Tu veux te frotter aux meilleurs. Le confort de la Pro A en tant qu’apprentissage, c’est bien pendant quelques années, mais à un moment tu veux aller voir le plus haut niveau. Tant que le championnat de France ne pourra pas rivaliser avec les grosses équipes européennes, je pense que les joueurs français préféreront partir à l’étranger.

C’est justement ta première année à l’étranger : est-ce que tu la vois comme une année d’adaptation ou bien est-ce que tu estimes pouvoir te faire ta place dès cette saison ?

Je ne me suis pas fixé de temps d’adaptation, j’ai toujours envie d’être performant. D’autant qu’on prend de l’âge, je ne suis plus tout jeune ! C’est pas comme si je partais à 23 ans. Je sais qu’il me faudra du temps, mais j’ai envie de faire une bonne saison dès maintenant. Je suis comme ça, j’ai toujours été impatient, donc maintenant à moi de bosser et d’apporter ce qu’il faut pour faire une bonne saison.

À ce propos, tu avais vécu deux sélections avec l’équipe de France. Beaucoup de joueurs ont pris leur retraite et un nouveau projet se met en place, tu penses que tu pourrais y retourner ?

Ça dépend justement de quel est le projet. L’équipe de France, je ne dirai jamais non, je ne m’en cache pas. Je suis toujours intéressé, mais ce n’est pas moi qui décide. Tu fais tes performances sur le terrain, après si tu es dans le projet ou si tu n’es pas dans le projet, tu ne le décides pas. L’important, c’est que moi, je fasse des performances de mon côté.

Je te posais la question parce que la fédération congolaise t’a contacté, c’est quelque chose auquel tu réfléchis ?

J’ai la chance d’avoir ces deux passeports, c’est vrai. À un moment, il faudra bien que je joue en sélection, donc pour le moment, je ne me ferme pas de portes. Pour le Congo, j’attends avant de prendre une décision concrète. J’attends de voir si j’ai une chance en équipe de France. De toute façon, ça passe par de bonnes performances en championnat, donc ça dépend forcément de moi. À moi de faire une bonne saison, et on verra bien ce que réservera l’été.

 

Propos recueillis par Lucas Saïdi, à Berlin.

 

 

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