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[Interview 1/2] Kevin Seraphin : « Beaucoup de gens à faire taire »

S’il admet certaines erreurs et avoir un rôle très limité pour l’instant à Indiana, l’intérieur garde ses ambitions. Pour Basket-Infos, il raconte ses impressions et son arrivée aux Pacers.

Kevin, comment as-tu repris le contact avec Comsport – l’agence de Bouna N’Diaye, qui l’a fait drafter en NBA, et Jérémy Medjana, qui l’avait repéré en France – après t’être engagé avec Rich Paul (qui est aussi l’agent de LeBron James) en 2012-2013 ?

C’est Jérémy qui m’a appelé. Il y avait des clubs NBA qui les avaient contacté en fait, parce qu’ils croyaient que l’on travaillait toujours ensemble. Je lui ai d’abord dit que je n’étais pas forcément prêt à changer d’agent. Je voulais d’abord voir ce que Rich allait me proposer. Et puis quand j’ai vu la direction que cela a pris (avec le Barça), j’ai appelé Jérémy et c’était plus un deal en fait. Je lui ai dit « écoute, si tu me trouves le contrat avec le Barça, on retravaille ensemble », et c’est exactement ce qu’il s’est passé. Car je voulais aller à Barcelone, et puis Rich m’a dit que c’était mort. Le soir même, le GM m’a appelé à une heure du mat’. Et puis la suite on la connaît. Le Barça a pris du temps, ils devaient bouger des joueurs. On devait aussi attendre deux semaines pour pouvoir signer ensemble. Donc des clubs ont appelé mais pendant ce moment-là je n’avais pas d’agent, alors Bouna leur a dit qu’il faudra attendre ce délai et ensuite on pourra discuter. Puis il a débloqué avec Indiana et c’est pour cela que je suis là.

Quelles étaient les autres équipes intéressées ?

Je n’aime pas trop dire le nom des équipes… Il y a Detroit et Minnesota qui voulaient faire un work-out. On a aussi parlé avec Portland et Chicago. Il y a eu un feeling et avec Larry Bird ce n’est pas d’aujourd’hui. Il y a deux ou trois ans, j’avais croisé Larry en playoffs et il m’avait déjà complimenté. Il m’avait dit que j’étais talentueux. Donc je savais qu’il m’aimait bien.

Qu’on aime bien Larry Bird, cela se comprend complètement. Mais s’engager pour être le 5e intérieur… N’y avait-il rien d’autre sur la table, au moins une garantie d’être dans la rotation ?

Non, je n’ai pas réfléchi en fait. En NBA, j’ai été dans toutes les situations possibles, au fond du banc, direct en sortie de banc, troisième intérieur, deuxième et finalement c’est le gars derrière moi qui a pris ma place. J’ai même été titulaire. Au final, il n’y a pas de situation stable. J’ai vu plein de gars commencer titulaire et finalement c’est celui qui avait commencé sur le banc qui le devient. Il faut juste travailler. Là, je sais qu’il y a une confiance mutuelle.

Et quand Larry Bird t’a fait venir cet été du coup, c’était vraiment pour te tester ou c’était un peu pour la forme ?

Ce n’était pas forcément pour la forme. Larry voulait me parler, voir où j’en étais mentalement et du point de vue physique. Après, oui, ce n’était pas une audition, il connaissait mon potentiel. Il voulait me poser des questions et parler avec moi.

« Mon seul regret, c’est ce qui s’est passé à New York »

 

Quand on a cet échange avec une telle légende, on doit se poser des questions sur son parcours, surtout après un été où tu as failli partir en Chine, non ?

Oui, beaucoup. C’est sûr que ce n’était pas ce que t’imagine. Mais chacun son parcours. Ça me donne encore plus de motivation à réussir. Il y a beaucoup de choses à prouver. Beaucoup de gens à faire taire aussi, notamment en France. Il y a aussi beaucoup de gens derrière moi. J’ai des ambitions et c’est à moi de prouver que je ne suis pas dans le faux.

Reconnais-tu quand même que tu as parfois manqué des opportunités ?

Oui, j’ai eu des fois où je les ai eu et ça ne s’est pas bien passé. J’ai eu des fois où je les ai eu et ça s’est bien passé aussi. Mais derrière ça il y a eu des fois où ça n’a pas continué justement, alors que ça s’était bien passé. (Il marque une pause) New York, je l’ai eu. J’avais une opportunité. Comparer aux raquettes que j’avais d’habitude, j’avais une possibilité. Mais à Washington, il y a eu des fois où j’enchainais, ou alors que je sortais du trou, avec de très bonnes stats, même avec des minutes limitées. Pour moi, le seul regret, c’est ce qui s’est passé à New York. A Washington, aucun.

Les Knicks ont-ils cherché à te signer à nouveau ?

Je ne sais pas, j’étais avec Rich et je crois qu’il n’y a pas eu de contact.

« Avoir des gens qui croient en toi, ça fait plaisir »

 

Comment es-tu installé à Indiana ?

Tout est regroupé en centre-ville. Le centre d’entrainement est dans la salle, comme à Washington. Sur le conseil de Ian Mahinmi, je suis resté en ville du coup. Surtout quand il neige, ça peut devenir compliqué sinon. En déplacement aussi, dans chaque ville où l’on va il y a quelque chose d’organisé. Ça c’est important, car je ne l’ai pas vu dans toutes les équipes que j’ai faites. On a un vrai groupe et on reste ensemble.

C’est un bastion du basket aux Etats-Unis…

Tu le vois quand tu joues. Tu vois que le public est à fond derrière l’équipe. Il y a une ambiance de fou. Le truc que j’aime bien aussi, c’est qu’ils sont fans, mais ils sont positifs de fou. New York, c’est positif, mais tu as aussi du négatif. Tu vas carrément entendre des gars dire « t’es nul » ! Moi je ne l’ai pas entendu, mais certains joueurs m’ont dit que ça leur était arrivé. Tu vas avoir des gars qui vont te dire aussi « untel il est nul, il faut qu’on le trade »… (rires) Non mais ils balancent des trucs, c’est des fous ! A Indiana, c’est tout le temps positif. Tu vois plus d’adultes aussi à Indiana dans le public. A New York, tu vois pas mal de gamins.

Comment cela se passe-t-il avec les coachs ?

Bien, Popeye Jones (le spécialiste des intérieurs) me donne beaucoup de conseil. Il est grave cool, il aime bien me taquiner, c’est le cas avec tout le monde d’ailleurs. Il est comme ça. Avec Dan Burke (l’assistant spécialiste de la défense) aussi . Ils voient tous que je fais mon travail, que j’aime ce que je fais. C’est quelque chose de très important avec Larry Bird d’ailleurs. Ils ne veulent que des joueurs comme ça. Quand il m’a fait venir cette été, il m’a posé la question : « est-ce que aimes ça, est-ce que tu aimes jouer au basket ? ». C’est vraiment l’un des trucs sur lesquels ils recrutent tous les joueurs.

Avoir quelqu’un comme Larry Bird qui t’accueille positivement d’ailleurs, ça doit aider, malgré les difficultés…

C’est sûr qu’avoir des gens qui croient en toi, ça fait plaisir. Pour l’instant, tout se passe comme c’était prévu. Je savais déjà qu’il y avait une rotation, ils me l’avaient dit. J’ai travaillé de mon côté, je suis en forme. Je n’ai aucun problème au niveau physique, mentalement je suis bien, donc j’attends juste ma chance.

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York.

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