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[Interview] Frank Ntilikina : « Un rêve qui devient réalité »

A peine arrivé de l’aéroport mardi, Frank Ntilikina a dû enchainer avec visite médicale et rencontre du staff des Knicks, dont Phil Jackson. Avant de découvrir son premier événement NBA mercredi, le media day de la Draft 2017, où il a épaté par sa maîtrise, à la veille de l’événement qui va le déraciner de sa ville, pour laquelle il essaiera de remporter un titre quelques heures après…

Alors, Frank, enfin à New York (il est arrivé en avion mardi en début d’après midi), quelle impression ?

C’est un super endroit, une super ville. J’adore l’ambiance ici. Ça fait du bien d’être là !

Comment s’est passée la visite médicale ?

Très bien, très bien ! Je suis vraiment rassuré sur tout ça. Tout s’est vraiment bien passé. Vraiment, très bien passé.

Quelle a été la suite du programme ?

J’ai rencontré Phil Jackson et le coach (Jeff Hornacek), les membres de l’organisation des Knicks. On a parlé d’un petit peu de tout, le triangle bien sûr, mais aussi la personne que je suis.

Tu leur as posé des questions aussi ?

Juste les questions que je pose un peu à toutes. Comment une équipe peut m’aider individuellement, peut m’intégrer au système et m’aider à devenir un meilleur joueur.

Et l’attaque en triangle ?

L’attaque en triangle, c’est un bon système je trouve. Il y a plein de règles à suivre… Je trouve que le système dans lequel je joue à la SIG est assez similaire en fait. Du coup ce serait assez facile de m’y adapter.

« Ça ne me déplairait pas d’être à New York »

Vincent Collet a dit qu’il aurait une préférence pour te voir jouer dans ce système… Cela fait des Knicks (qui choisissent en 8ème position) un objectif pour toi ?

Ce n’est pas vraiment un objectif pour moi l’attaque en triangle. Le plus important, c’est d’atterrir dans une bonne place, où je pourrais progresser en tant que joueur. Après, par rapport à ce que Vincent a dit, le jeu que l’on pratique à Strasbourg est un petit peu similaire à l’attaque en triangle. Je pense que c’est pour cela qu’il l’a dit. Il n’y aurait aucun soucis pour moi à m’adapter à ce jeu-là.

En tout cas il y a plusieurs analystes qui te voient ici et les Knicks ont affiché leur intérêt… tu t’y verrais bien ?

Ça ne me déplairait pas d’être ici. Il y a un bon système, l’organisation est vraiment bonne, il y a une vraie histoire. Ce serait bien. Il y a une part de moi qui y pense oui. Pour moi le plus important c’est l’endroit où je vais, et ça pourrait être un des meilleurs endroits pour moi. Je pourrais me développer ici, m’améliorer. Les Knicks font partie de ces endroits-là.

Tu découvres aussi la NBA à travers ce premier événement…

Je commence, ouais ! C’est vraiment différent. Rien que ce qu’il se passe là, déjà, dans cette salle… Ça montre à quel point tout est plus grand. Ce que je suis en train de vivre là, ça me donne une petite impression de tout ce qu’il va se passer derrière. Mais bon, je n’appréhende pas non plus.

Pourquoi était-ce si important pour toi d’être présent à la Draft ?

C’est un rêve qui devient réalité, depuis que je suis tout petit. Je regarde la NBA tous les soirs, à la télé. Etre ici, c’est quelque chose qui ne peut m’arriver qu’une seule fois dans ma vie.

« Je n’ai pas laissé tomber la SIG »

Certains vont dire que tu as un peu laissé tombé la SIG du coup…

(Catégorique) Non, non, non, non, non. Non. Je me focalise encore sur ce que l’on doit faire pour gagner le titre. Je vais revenir vendredi, je ne les ai pas laissés tomber. Je profite juste de cette opportunité, mais je vais rentrer pour essayer de gagner. Je sais déjà que j’ai un avion qui m’attend à deux heures du matin, juste après la Draft (qui commence sept heures plus tôt à Brooklyn).

Est-ce que cela met une certaine pression du coup de gérer les deux, as-tu hésité à faire l’impasse sur la draft ou le match 5 à un moment ?

Pour moi ce n’est pas une pression, je suis juste ici pour profiter de ce moment. C’est une importunité de dingue d’être ici. C’est la draft NBA ! C’est une étape par rapport à où je veux aller dans ma carrière. Le game 5, ça correspond à remporter un titre. Pour un joueur, je pense que c’est pour ça que l’on joue. Pour moi, il n’y a pas de question à se poser. Je voulais le jouer et c’est ce qu’il y a de plus important.

On te sent assez serein du coup…

Franchement, ça va. J’ai l’aide de ma famille, qui est ici. Je prends juste les choses étape par étape. Je profite de la draft, je vois comment ça va se passer. Et en même temps je reste concentré sur le plan de jeu que l’on va mettre en place contre Chalon. Il ne faut pas que je me stresse, juste me relaxer et me préparer pour les évènements à venir. Je reste en contact avec le staff médical, avec les coaches et avec mes coéquipiers. Là ils ont un entrainement, donc je vais envoyer des messages et voir comment cela s’est passé.

Quand même, tu arrives ici, c’est une autre dimension, tous les médias new yorkais te tombent dessus… tu t’y étais un peu préparé ?

Je m’y attendais un petit peu. Par rapport à ce qu’il se dit sur les réseaux sociaux. J’en avais un petit peu parlé avec mes agents, ma famille. On sait que dans les mock drafts ou autre, mon nom est souvent associé avec les Knicks. Mais bon, après, c’est vrai que quand je rentre dans la salle et que je vois autant de monde, on a du mal à réaliser ! Ça fait plaisir aussi, parce qu’on rentre dans le truc et on voit le logo Draft 2017… on se dit que l’on se rapproche vraiment de l’événement.

Si tu t’imagines en Knicks, ça va être comme ça tout le temps ou presque. Comment envisages-tu cette pression médiatique, si particulière ici ?

Je pense que ça fait partie du job quoi ! C’est sûr que, moi, ce qui m’intéresse, c’est le terrain. Mais ce qu’il y a en-dehors fait aussi partie du job. On est un peu obligés de passer par là quoi. Forcément, en fonction de là où l’on va, l’intensité de la hype et tout ça sera différente, mais cela fera partie du job. Je ferai surtout attention à rester concentré sur le terrain.

« Pour ma famille, c’est beaucoup, on vient de loin »

Tu as évoqué ta famille aussi, pour eux qu’est-ce que cela représente ?

C’est beaucoup, c’est beaucoup ! Ce n’est pas encore arrivé, ce n’est pas fini, mais c’est le fruit de beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices. On en est juste fier et très reconnaissant. Ma famille vient de loin, et c’est ce qui nous a un peu permis de ne pas oublier de savoir d’où l’on vient, justement. On travaille dur pour réaliser nos objectifs (il a un frère kiné et un autre directeur de clinique, tandis que leur mère les a élevés seule après avoir émigré du Rwanda). On sait que rien n’est donné, et c’est une des valeurs les plus importantes. Pour nous, c’est le travail le plus important.

Le processus de recrutement avec les équipes a été différent du coup, puisque tu n’as pas fait les workouts et interviews ou tests traditionnels. C’était difficile du coup ?

C’était différent, mais pas difficile. Je jouais au basket, je cherchais à gagner un trophée. On joue pour ça. Strasbourg, c’est ma ville, c’est là où j’ai grandi, c’était très important pour moi.

Tu as rencontré les Mavs et le fameux propriétaire Mark Cuban également, comment s’est passé l’échange ?

On a juste discuté de ma saison. Il voulait juste me connaître un petit peu. Mais bon, c’était juste une seule rencontre. Ils n’ont pas été jusqu’à dire qu’ils voulaient me drafter… On a parlé de mon jeu et il voulait connaître ma personnalité. C’était super. Mon nom est certainement dans la discussion chez eux, mais on verra ce qu’il va se passer.

« La première chose, c’est que je suis un bon défenseur »

Qu’est-ce que tu dis sur toi-même ?

Que je suis vraiment un joueur d’équipe. La première chose, c’est que je suis un bon défenseur. En attaque, j’aime bien rendre mes coéquipiers meilleurs. Aider son équipe à remporter le match, pour moi c’est la chose la plus importante. J’aime le pick-n-roll, j’aime shooter, passer…

Certains te voient déjà prêt à performer défensivement en NBA…

Je me suis toujours donné ce challenge. Dans mon équipe, j’ai des joueurs qui ont été en NBA, et je me suis toujours dit que je devais essayer de les empêcher de scorer, d’empêcher que toute l’attaque marque en fait. Ils ont aussi pu m’aider à me préparer, à me dire comment c’est ici, et cela va m’aider.

Tu seras grand pour un meneur, te vois-tu également être décalé en arrière du coup ?

Un décalage de poste ? Je ne sais pas. Cela dépendra de l’équipe qui me choisira. A Strasbourg, je joue sur les deux postes et je peux facilement m’adapter. Du coup ça ne serait pas un problème.

« J’ai discuté avec Guerschon, Timothé, Nicolas, Rodrigue… »

Tu commences à rencontrer tes camarades de draft aussi ?

Un petit peu, on se croise, on est tous là dans la même place… Je connais un tout petit peu Lauri (Markannen) via mon coach et un coéquipier. Nous, les joueurs internationaux, on est toujours regardés un peu différemment, vu qu’on vient d’Europe, que les Américains ne nous connaissent pas. Mais les gars sont cool. Ça se passe super bien.

As-tu discuté avec Guerschon Yabusele, sachant que vous avez le même agent ?

Ouais, ouais, ouais ! On a une très bonne relation avec Guerschon, c’est vraiment un mec bien. Il m’a donné plein de conseils, sur ce qu’il allait se passer. Il a été vraiment cool avec moi.

Es-tu en contact avec Timothé Luwawu-Cabarrot, le seul français drafté en 2016 à avoir joué en NBA directement derrière ?

On s’envoie des textos avec Tim oui. On se connaît à travers les équipes de jeunes. On est restés en contact, pour voir comment la saison se déroulait, tout ça. Les scouts des Sixers sont venus, le GM aussi est venu, il a discuté avec mon agent (Olivier Mazet)…

Les Hornets ont aussi montré un intérêt, tu te verrais bien avec Nicolas Batum ?

Bien sûr ! Ce serait quelque chose de vraiment formidable. D’arriver dans la ligue et d’avoir un coéquipier français, ce serait un atout formidable ! En plus, avec Nicolas, on est passés un petit peu par la même formation, avec Vincent (Collet). Et de ce que j’ai entendu, voilà, c’est quelqu’un de bien et ce serait vraiment bien d’être avec lui.

As-tu un peu un joueur qui est ton grand-frère en NBA ?

En NBA je n’en ai pas, mais si j’ai un grand-frère c’est sûrement Rodrigue Beaubois. Il me donne pas mal de conseils sur tout ce qu’il s’est passé dans sa carrière, sur tout ce que je vais devoir affronter… On a été dans la même équipe pendant toute une saison et il était vraiment là pour me donner des conseils.

« La comparaison avec Tony est un peu folle, mais c’est une motivation »

Il y a toutes les comparaisons avec Tony Parker aussi, lui qui a su devenir titulaire en 5 matchs, quand cela prend généralement beaucoup plus longtemps. Tu acceptes cette comparaison ?

Je vais donner le meilleur de moi-même, pour être performant le plus rapidement possible. Pour essayer de réduire ce temps justement. Mais chacun son chemin. Ça reste un honneur, mais la comparaison est un petit peu… folle ! On a un style de jeu différent, mais vraiment ça fait plaisir et ça motive à aller chercher encore plus.

Le geste de la SIG, qui te libère en pleine finale, c’est aussi une motivation ?

Oui, je suis vraiment reconnaissant. Depuis le début de ma formation, le projet était d’aller le plus loin possible. Le club m’a toujours accompagné et aujourd’hui, qu’ils me laissent être là, c’est vraiment très sympa de leur part.

Tu te vois en bleu dans deux ans ?

J’espère ! De toute façon je vais donner le meilleur de moi-même. Je vais devenir le meilleur joueur possible en deux ans et être prêt si le coach m’appelle.

Pour finir, quand as-tu compris que tu pourrais être ici aujourd’hui ?

Quand j’étais tout petit, je ne pensais pas à la Draft. J’avais juste un rêve. Mais quand j’ai commencé à avoir 12 ou 13 ans, j’ai vu que je pouvais faire quelque chose avec mon jeu. J’ai donné mon maximum pour devenir le meilleur jouer que je puisse être et cela m’a amené ici. Donc ça fait du bien ! Ça me donne encore plus de motivation pour aller plus loin.

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York

 

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