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Draft 2014 : Le profil d’Aaron Gordon

(AP Photo/Carlos Osorio

Plus jeune joueur de cette classe de draft, Aaron Gordon s’apprête à découvrir le dur monde du basket professionnel du haut de ses 18 printemps seulement (19 en Septembre). Une jeunesse qui poussait d’ailleurs certains à espérer voir le bondissant combo forward rester quelques temps supplémentaires en NCAA, mais fort d’une excellente saison et d’un statut de lottery pick assuré c’est presque sans surprise que Gordon a finalement décidé d’inscrire son nom à la draft.

Après un été on ne peut plus fructueux, passé à remporter le Championnat du monde U19 avec les Etats Unis en recevant titre de MVP de cette même compétition, c’est sous le feu des projecteurs que Gordon débarquait sur la scène universitaire. Si ses stats (12.4pts et 8.0 rbs en 31.2 min/m) n’ont rien d’extraordinaire à première vue, l’impact qu’il a eu dans le jeu des Wildacts d’Arizona s’est révélé primordial pour aider le programme à truster pendant de longues semaines le titre honorifique de meilleure équipe du pays. Arizona chutera finalement contre une très belle équipe de Wisconsin durant la March Madness, mais pas sans quelques superbes sorties de Gordon durant ce tournoi final (contre Weber State, Gonzaga et San Diego State notamment).

L’engouement autour d’Aaron Gordon commence d’abord et avant tout par son profil physique. Véritable athlète d’exception, explosif, bondissant et qui joue on ne peut plus aisément au-dessus du cercle, Gordon possède une excellente charpente qui ne demande qu’à être solidifiée avec le temps (220 lbs/99 kg). Sa taille est correcte pour le poste 4, même si pas idéale (6′ 8.75″/2m05), mais il est bon de rappeler que nombreux sont les joueurs de cette taille ou moins à avoir largement réussi une fois chez les pros (Kevin Love, David Lee, David West, Zach Randolph, et autres). D’autant plus dans une NBA qui tend vers du small ball toujours plus petit. On notera également son excellente longueur de bras (7’0/2m13) dont il sait parfaitement se servir, en défense notamment.

Offensivement, Gordon est un excellent joueur d’équipe qui l’an passé s’inscrivait parfaitement dans l’ADN du système de jeu offensif (calibré NBA) de Sean Miller à Arizona. Il est altruiste, ne force pas de tirs, pose d’excellents écrans, est attentif et rigoureux dans l’exécution des systèmes annoncés, et se contente des ouvertures qui se présentent de temps en temps pour aller chercher ses points.

Le jeu sans ballon demeure à l’heure actuelle sa plus grande source de points sur demi-terrain. Gordon a démontré un superbe timing dans ses cuts vers le panier, des mains toujours prêtes à recevoir la gonfle et une exceptionnelle capacité à décoller du sol pour conclure (sur les nombreux alley oops qui lui étaient destinés, notamment). Il est également très actif au rebond offensif (3.4/40min), possédant un très rapide second (et troisième) saut pour immédiatement remonter au lay-up. On peut néanmoins déplorer son toucher de balle très moyen autour du panier qui le limite grandement lorsqu’il ne peut pas monter au dunk pour conclure.

Gordon va également chercher un bon nombre de ses points en transition, où l’on peut admirer la vitesse et l’aisance avec laquelle il court d’un bout à l’autre du terrain, ainsi qu’une excellente qualité de dribble pour quelqu’un de sa taille. Tout en démontrant encore une fois toutes ses qualités aériennes dans sa finition.

Son jeu au poste reste en revanche un très grand chantier à l’heure actuelle. Il s’en est vraiment très peu servi l’an passé, du fait de la présence de Kaleb Tarczewski et Brandon Ashley (la raquette titulaire d’Arizona, deux joueurs très souvent alimentés au poste bas), mais aussi à cause de son développement encore très primaire dans l’exercice. Son footwork et sa coordination sont encore trop mauvais, le faisant apparaître très mécanique et pas fluide pour un sous lorsqu’il tente un move de son répertoire très basique. Il n’arrive pas à créer de séparation avec son défenseur avant de déclencher son tir, du fait de tout cela mais aussi de son manque de force évident dans sa partie basse du corps comme dans sa partie haute. Son toucher de balle (sur hook shot ou de manière plus générale) est apparu encore une fois trop moyen, pour ne pas dire très frustre par moment même. A l’image du Blake Griffin d’il n’y a pas si longtemps, Gordon arrivait du seul fait de sa dimension athlétique à inscrire un panier à l’occasion, malgré la mauvaise qualité du tir en lui-même (en total déséquilibre, les appuis très mal placés, le défenseur largement sur lui) mais rien de suffisamment efficace pour ne serait-ce que représenter une menace correcte au poste bas.

Sa capacité à attaquer le cercle balle en main ne demande elle aussi qu’à être polie, affinée et travaillée, même s’il est déjà bien plus capable de scorer de cette manière qu’au poste bas. Son premier pas est excellent, d’autant plus face à des intérieurs (d’où l’intérêt, notamment, de le faire jouer poste 4 plutôt qu’en 3) et il se rend jusqu’au cercle à l’aide d’un très bon handle et de longues enjambées. Néanmoins, sa finition au cercle (et sélection de tir sur drive) reste très moyenne. Il force fréquemment de mauvais lays-up lorsqu’il ne peut pas mettre son adversaire dans le vent, et doit être plus enclin à créer les contacts au panier plutôt que de tenter de les éviter (une tendance qui devrait être vite corrigée une fois quelques kilos de muscles gagnés). Gordon a également démontré un excellent contrôle du corps, impressionnant par son hang time ou ses up & under dans les airs, mais il est de nouveau handicapé une fois au cercle par son toucher de balle.

Un domaine où Gordon a laissé entrevoir de très grandes promesses est le jump-shot. Il s’en est finalement très peu servi l’an passé (à raison d’un par match à peu près seulement) mais en faisant admirer de très bon fondamentaux techniques. Sa mécanique reste excellente durant toute la durée du tir, il établit remarquablement ses appuis et conserve un très bon équilibre, tout en relâchant le ballon très haut au moment du tir. Gordon s’est d’ailleurs avéré un shooteur fiable sur du trois-points en réception de passe, et nul doute qu’il possède le potentiel pour faire du jump-shot une arme redoutable de son arsenal offensif dans un futur plus ou moins proche.

Autre caractéristique très plaisante de son jeu, ses remarquables instincts de passeur. Altruiste et avec une bonne vision du jeu, Gordon n’a aucun problème pour réaliser les passes simples et fondamentales (extra pass, post entry, etc), mais ses qualités de passeur vont plus loin que cela. On l’a vu capable à l’occasion de créer en sortie de dribble sur du simple Drive&Dish (quelque chose que peu de poste 4 NBA savent faire), trouver des partenaires ouverts depuis le poste bas, et même opérer dans un tout petit périmètre sous le cercle pour glisser la balle à un intérieur démarqué.

L’un dans l’autre, Aaron Gordon demeure un projet sur le moyen ou long terme offensivement, qui ne sera capable d’avoir un impact immédiat que sur transition et jeu sans ballon. Cela reste à voir s’il arrivera à développer un très bon jeu dos au panier, mais ce n’est plus quelque chose de primordial dans la NBA actuelle. Au contraire de son sens de la passe, sa capacité (perfectible) à pénétrer balle en main sur du straight line, ou de son jump-shot très prometteur, qui le rendent très intéressant offensivement de par le grand nombre de manière dont il peut être utilisé.

En défense en revanche, Gordon a tout d’un joueur déjà beaucoup plus accompli, impressionnant pour son très jeune âge de par son niveau de jeu, ses connaissances profondes, l’intensité avec laquelle il joue, et le très peu d’erreurs (et fautes) qu’il commet.

Sur le ballon, Gordon est un défenseur très polyvalent que l’on a pu voir l’an passé très performant à la fois dans sa défense de purs ailiers dans le périmètre comme dans ses batailles sous le cercle avec des intérieurs bien bâtis. Il parvient parfaitement à contenir les pénétrations et à tout le temps garder son vis-à-vis en face de lui, de par sa vitesse latérale tout bonnement exceptionnelle pour sa taille, mais aussi sa rigueur défensive. Gordon est un joueur très discipliné (quelque chose d’autant plus remarquable pour un joueur aussi jeune), qui se contente de très bien bouger ses pieds et de garder les bras bien haut pour toujours offrir une parfaite opposition à l’adversaire qui tente de pénétrer, sans pour autant avoir besoin de faire faute ou de tenter l’interception. Très à l’aise pour sortir de la raquette et évoluer dans le périmètre, il fait admirer de superbes postures défensives (très bas sur ses appuis, notamment) tout en faisant pression sur le ballon et contestant chaque trajectoire de passe possible. Il se bat également très bien à travers les écrans (sur comme en dehors du ballon d’ailleurs) pour très vite retrouver une position et ne pas laisser une once de liberté à son vis-à-vis.

Il en est de même au poste bas. Gordon manque sans doute de quelques kilos de muscles pour résister aux athlètes NBA, mais en dehors de cela, c’est un parfait défenseur dans l’exercice. Qui d’ailleurs se bat avec énergie pour ne pas concéder de positions trop proches du cercle, malgré son déficit de puissance. Son footwork et son aisance à coulisser latéralement pour toujours correctement fermer les angles impressionnent là encore, tout comme la discipline dont il fait preuve : toujours au sol bras tendu, ne mord jamais sur feinte, ne rabat pas les bras pour tenter de contrer un tir.

Gordon est également très bon sur Pick & Roll, et ce quelle que soit la manière dont son entraîneur souhaite défendre cet exercice. Sur hedging, on le voit monter très haut et très vite sur le porteur le ballon pour arriver à offrir une opposition à temps (et ne pas faire faute), puis revenir en un éclair sur son propre homme. Il est également tout à fait capable de switcher et de contenir même les plus vifs arrières qui soient, de par sa vitesse latérale, et monte très régulièrement sur le porteur du ballon pour contester très efficacement les jump-shot en sortie d’écran  de par ses très longs bras.

Loin du ballon, Gordon fait preuve d’une superbe attention et ne se retrouve jamais hors de position. Très bon sur aide défensive, il sait réaliser une prise à deux avec le parfait angle et timing pour faire ressortir la balle ou forcer le turnover. Plutôt que de sauter dans les airs pour tenter de contrer le tir comme un classique protecteur du cercle (il n’en a pas la taille), on l’a vu un nombre incalculable de fois apporter une aide sous le cercle avec un très bon timing en établissant sa position bien droit et en restant appuis au sol (obligeant l’adversaire à shooter par-dessus toute sa longueur ou à provoquer une faute offensive). Gordon est également très performant sur closeout (faisant là encore étalage de toute sa rigueur défensive) ne se livrant pas ni ne se jetant à corps perdu, et pouvant contester très efficacement le tir ou contenir le drive selon ce que décide de faire l’adversaire.

Gordon est enfin un rebondeur défensif correct (6.7/40min) qui pourrait faire encore mieux dans l’exercice. Capable d’aller chercher des ballons très hauts de par ses superbes qualités athlétiques, et très attentif pour toujours bloquer son vis-à-vis dès que le tir est pris, il pourrait jouer avec une plus grande agressivité par moment. Gordon devrait de plus grandement bénéficier de quelques kilos de muscles supplémentaires dans ce domaine du jeu également.

Toute bien considéré, il semble indéniable qu’Aaron Gordon présente un de profils les plus intéressants de cette classe de draft. Son développement offensif est encore largement à faire, mais sa combinaison de qualités athlétiques exceptionnelles et d’une prometteuse maîtrise technique laisse entrevoir un avenir radieux. Peut-être pas nécessairement un futur go-to-guy, mais une très solide deuxième ou troisième option d’attaque. D’autant plus que son niveau de jeu défensif est tout simplement fantastique pour un joueur aussi jeune, que ce soit dans la polyvalence que lui offrent ses atouts physiques ou dans ses fondamentaux déjà bien ancrés malgré son très jeune âge (superbe discipline défensive, compréhension des principes de défense collective, attention et concentration, excellente et constante intensité, etc).

Indéniablement, un des meilleurs talents de cette draft, décrit comme un coéquipier modèle à l’éthique de travail exemplaire. Un jeune prospect qui, s’il continue à développer son jeu, possède une réelle chance de devenir quelqu’un de vraiment spécial en NBA d’ici quelques années.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

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