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Draft 2014 : Le profil vidéo d’Andrew Wiggins

Getty Images

Après des mois d’attente et un passage obligatoire par la case NCAA, le phénomène Andrew Wiggins va donc enfin pouvoir fouler les parquets de la grande ligue. Le Canadien aura connu son lot de hauts comme de bas au cours de cette seule saison universitaire à Kansas, mais il n’en demeure pas moins un candidat on ne peut plus légitime pour ce prestige honneur de devenir le tout premier joueur à serrer la main d’Adam Silver le 26 Juin prochain.

Jetons un coup d’œil à son profil.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

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Il y a deux manières de juger la saison d’Andrew Wiggins. La première, en se référençant aux attentes démesurées des médias qui l’annonçaient comme meilleur lycéen depuis Lebron James, c’est de parler d’une saison très décevante durant laquelle Wiggins n’aura jamais su se montrer à la hauteur de son rang, tant en terme de production que de leadership. C’est cette vision qui fait que le grand public est souvent restée sur sa faim le concernant.

La seconde manière, c’est de revenir aux considérations plus modérées et plus proportionnelles à ses qualités. Wiggins a réalisé une saison on ne peut plus correcte en terme d’impact sur le jeu au vu des qualités qui sont les siennes à ce stade de son développement. Plus encore, on l’a vu faire de très bons progrès tout le long de l’année, tant défensivement qu’offensivement. Nul doute que de jouer dans le système de jeu de Bill Self à Kansas l’a beaucoup aidé en vue de sa transition vers les pros : apprentissage d’une rigueur défensive, beaucoup de défense individuelle, très peu de motion offense (propre à la NCAA) mais au contraire beaucoup de systèmes offensifs calibrés NBA.

Principale raison de l’engouement démesuré qui l’entourait avant la saison, ses qualités physiques et athlétiques tout bonnement phénoménales. Il possède d’excellentes mensurations pour la NBA : très bonne taille (6’8.75/2m05), superbe envergure de bras (7’0/2m13) et une très bonne charpente qui, même si très légère pour l’instant (90 kg) laisse deviner qu’il pourra la solidifier grandement. Athlète explosif, il n’a vraiment aucun problème pour jouer au-dessus du cercle grâce notamment à sa détente ahurissante.

Ce sont d’ailleurs ces qualités phénoménales qui sont à la base de son fabuleux potentiel en pénétration. Wiggins possède un remarquable premier pas, et peut faire la différence avec son défenseur de par ses très longues enjambées. Il a encore des difficultés à conclure régulièrement malgré les contacts, et est parfois peu enclin à les provoquer sous le cercle, mais parvient tout de même à se rendre sur la ligne des lancers francs à un très bon taux (7.9 FTA/40min). Son contrôle du corps est excellent, et c’est évidemment un exceptionnel scoreur en transition, capable de monter en contre-attaque en un éclair puis de conclure avec autorité une fois en territoire ennemi.

Il lui reste en revanche un certain nombre de points à corriger pour atteindre ce superbe potentiel qui semble être le siens dans l’exercice. A commencer par sa qualité de dribble, encore trop moyenne. Non seulement de perdre le ballon fréquemment lorsqu’il pénètre, ce manque d’un excellent handling l’empêche d’attaquer le panier avec plus de fluidité et de maîtrise. Wiggins n’est à l’heure actuelle qu’un simple straight-line driver, et ne change jamais de vitesse ou direction durant ses drives. Egalement, il est peu enclin à pénétrer sur sa main gauche, ou même de finir avec celle-ci une fois au cercle.

Sa finition au cercle justement est assez moyenne dans son ensemble : 56% de réussite malgré par mal de high percentage look (dunk, alley oop et autres). Sa superbe détente et longueur de bras laissent penser qu’il possède le potentiel pour devenir un très bon finisseur au cercle (à la Kevin Durant), mais son toucher de balle assez frustre pourrait limiter cela.

De même que pour ses qualités en pénétration, on retrouve dans son jump-shot du bon, du moins bon, mais également une certaine marge de progression. Techniquement parlant, Wiggins possède une excellente mécanique, rapide, une belle élévation et un très bon équilibre pendant le tir. En revanche il manque encore clairement de régularité pour être plus fiable mais aussi plus productif dans l’exercice. A l’heure actuelle, c’est sur du catch & shoot qu’il est le plus efficace (tirs en sortie d’écran et en réception de passe). C’est en revanche un tout autre constat en sortie de dribble où il est encore très irrégulier, mais n’hésite pourtant pas à tenter un bon paquet de tirs de cette nature. Il ne possède d’ailleurs pas la qualité de dribble nécessaire pour se créer suffisamment d’espace pour dégainer son jump-shot, ce qui explique le niveau de difficulté et donc sa réussite moyenne lorsqu’il tente de se créer son propre shoot. Son grand potentiel réside cependant dans le fait que, comme Kevin Durant encore une fois, il relâche le ballon très haut (de par sa taille et ses très long bras) là où le défenseur ne peut généralement pas contester efficacement le tir. S’il parvient à gagner en régularité, nul doute que ce jump-shot deviendra une arme dévastatrice de son arsenal.

Le jeu sans ballon demeure à l’heure actuelle la grande force de son répertoire. Tout au long de la saison, Wiggins s’est montré toujours plus à l’aise et actif dans les systèmes de Bill Self pour rechercher des opportunités sans la gonfle entre les mains. Notamment, il est très actif au rebond offensif (2.6 rbs.off/40 min) recherchant fréquemment des secondes opportunités et se servant de son très rapide second saut pour immédiatement remettre la balle dans le panier. De plus il a très souvent réussi à claquer d’impressionnants alley oops, s’infiltrant dans le dos de la défense et s’élevant plus haut que tout le monde (et que le panier même) pour aisément attraper les passes lobées même les moins précises.

Sa qualité de playmaker est en revanche beaucoup moins développée. Il se montre altruiste et enclin à faire bouger le ballon au sein de l’attaque, ou immédiatement transmettre à un coéquipier qui se démarque, mais ses capacités de création son quasi négligeables à ce stade-là de son développement. Il a notamment du mal à réaliser de bonnes passes en mouvement, ou tout simplement à savoir bien faire la passe simple au bon moment.

Tout bien considéré, il est donc évident de se rendre compte du pourquoi Andrew Wiggins n’a jamais pu se montrer au niveau des attentes colossales à son sujet. Il est tout simplement trop limité en terme de création, tant pour lui que pour les autres, pour assurer le rôle de go-to-guy que beaucoup le voyaient endosser (sans même rajouter le fait que le système offensif de Kansas n’est pas bâti pour avoir ce genre de joueur).

Néanmoins, certaines interrogations on ne peut plus légitimes à propos de sa mentalité persistent. Il manque clairement d’agressivité sur le terrain, ce qui n’est en général pas une caractéristique qui colle avec le rôle de franchise player. Trop altruiste, trop passif, Wiggins a pourtant semblé faire des progrès tout le long de l’année, finissant notamment la saison très fort en terme de production et d’impact sur le jeu (sur une période d’ailleurs où Kansas était privé de Joel Embiid, blessé). Mais l’élimination prématurée de Kansas au second tour de la March Madness durant laquelle le canadien est retombé dans son manque d’agressivité et d’envie de prendre les responsabilités et les rennes de l’équipe a remis quelques doutes quant à cet aspect de son jeu. Tant sur le plan de la mentalité que de ses compétences, Wiggins a encore évidement le temps d’évoluer, mais tout de même. Bon nombre d’autres gros prospects cette année (Jabari Parker, Julius Randle) ou par le passé possédaient déjà ces ingrédients de franchise player au même âge. Le risque de le voir stagner, où que sa mentalité n’évolue pas en même temps que ses compétences n’est certainement pas nul (l’exemple d’un Jeff Green, capable de tout faire offensivement mais qui lui aussi manque de cette agressivité, est là pour le rappeler).

Si l’on peut avoir encore quelques doutes quant à la direction que prendra son évolution offensive, son potentiel défensif est en revanche tout ce qu’il y a de plus certain.

Wiggins est un défenseur très polyvalent sur l’homme, pouvant couvrir du poste 1 jusqu’au poste 4 de par sa taille, sa longueur de bras et sa vivacité. Il se déplace très bien latéralement, et use de ses 2m13 d’envergure pour parfaitement contester (et même fréquemment contrer) les jump-shots. Il manque encore d’une excellente discipline défensive, mais rien qui ne soit très inquiétant pour un joueur aussi jeune.

Sa défense loin du ballon est en revanche plus moyenne. Wiggins n’a pas encore assimilé tous les concepts de défense collective (même si on a pu remarquer de très bon progrès par rapport au début de saison où il était clairement passif). Son timing ou la façon dont il apporte une aide défensive sont encore à travailler, et il doit arriver à avoir une plus grande concentration et attention à tout instant pour ne pas concéder autant de tirs ouverts. Même sur trajectoire de passe, il arrive à dévier ou voler certains ballons du fait de ses très long bras mais n’a pas vraiment montré un bon sens de l’anticipation. De même, c’est un bon rebondeur mais qui doit apprendre à mieux bloquer son vis-à-vis sur boxout (nul doute que gagner en masse musculaire devrait aider un peu dans ce domaine également).

L’un dans l’autre, même s’il n’est pas du calibre phénomène ou game changer qu’on lui prédisait, Andrew Wiggins et son énorme potentiel dans à peu près tous les compartiment de jeu sont un candidat on ne peut plus solide pour la 1er place à la draft. Il faudra néanmoins surveiller sa dynamique de progression, tant en terme de qualités et compétences basketballistiques qu’en terme de mentalité et d’agressivité.

Sans doute qu’à l’heure actuelle il apparaît mieux battit pour un rôle de seconde ou troisième option offensive (ce qui pourrait être le cas à Cleveland, mais pas à Philadelphie ou Milwaukee) le temps qu’il développe son jeu, mais n’est ce pas prendre le risque de le voir se satisfaire de ce rôle, de s’y cacher derrière et de finalement n’être jamais forcé à prendre les devant et réclamer les responsabilités ? Quoi qu’il en soit, on ne tient peut être pas le futur rookie de l’année en Wiggins, mais à coup sûr un défenseur d’impact dès ses premiers pas dans la grande ligue, qu’il sera bon de reévaluer d’ici 3 à 5 ans pour découvrir s’il peut ou non atteindre le potentiel de super star qu’on lui prête.

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2 réflexions sur “Draft 2014 : Le profil vidéo d’Andrew Wiggins

  • Swoosh8

    Excellent comme d'hab, en gros il faudra qu'il améliore globalement sa maîtrise du ballon (drible, finition main gauche ..) et son intelligence de jeu non ?

  • TRC_Melo

    Pas mal ! Ça donne l'eau a la bouche !

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