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Draft 2014 : Le profil vidéo de Jabari Parker

Getty Images

Au terme d’une excellente saison sous les ordres de coach K à Duke, c’est presque sans surprise que Jabari Parker se présente à la draft, lui qui avait pourtant laissé entendre vouloir rester trois saisons sur le campus des Blue Devils. Promis au top 3, l’ancien lycéen prodige de Chicago va donc débarquer en NBA par la grande porte, portant sur ses épaules les énormes attentes, synonymes de ce prestigieux statut acquis.

Jeton on coup d’œil à son profil.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

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Si vous avez ne serait-ce que partiellement prêté attention à la NCAA cette année, le nom de Jabari Parker ne vous est sans doute pas inconnu. Auteur d’un début de saison tonitruant (ses 7 premiers matchs universitaires terminés à plus de 20 points) Parker a gardé le rythme toute la saison durant, finissant la saison à 19.1pts, 8.7rbs et 47% d’efficacité de moyenne. Pas mal pour un tout jeune joueur de 18 ans à peine qui découvrait le basket universitaire et a pourtant dominé la compétition toute l’année. Seule ombre au tableau, l’élimination prématurée au premier tour de la March Madness contre la modeste équipe de Mercer. Mais rien que ne fasse oublier sa moisson de trophée, dans sa propre conférence (ACC 1st Team, Rookie of the Year) que sur le plan national (All American 1st Team & Freshman Team).

D’un point de vue physique, Parker ne soutient pas la comparaison avec les phénomènes que sont Wiggins ou Embiid, ses deux rivaux pour le titre honorifique de 1er choix de la draft. Il ne faut cependant pas que cela occulte le fait qu’il demeure un bon athlète, fluide et très mobile pour sa carrure (240 lbs/108 kg), capable de conclure très régulièrement au-dessus du cercle en raison de son excellente taille (6’8/2m03), de son envergure de bras (7’0/2m13) et de sa bonne détente.

Là où le bât blesse, c’est que non seulement de manquer d’explosivité, Parker possède un historique de mauvais conditionnement physique. Sa corpulence fait qu’il peut rapidement tomber hors de forme, et par trois fois déjà (2012, 2013, 2014) il est revenu de blessure avec quelques kilos supplémentaires. On l’avait par exemple vu débarquer à Duke en Novembre dernier bien plus pataud qu’il n’était apparu quelques mois plus tôt pour le McDonalds All American et le Nike Hoop Summit. Le fait qu’il ait choisit de ne pas se présenter au Draft Combine (où sont justement réalisées toutes sortes de mesures physiques) a dû renforcer les doutes de certaines franchises à son égard.

En attaque, c’est son jump-shot qui représente son arme la plus redoutable. Parker possède un très bon équilibre pendant le tir, un superbe toucher et un point de relâchement du tir très haut, le rendant ainsi d’autant plus difficile à contester. Bon shooteur à trois points (34%, le plus efficace sur tir en réception de passe), c’est surtout à mi-distance qu’il est à craindre, pouvant à la fois user de sa taille et ses très long bras pour shooter par-dessus la défense, ou bien en se créant son propre tir à l’aide d’un excellent dribble ou d’un très bon step back jumper.

Sans pour autant que sa sélection de tir soit à remettre en question, il est vrai que Parker pourrait parfois mieux reconnaître les situations et faire preuve de patience pour obtenir un très bon tir plutôt que de se contenter d’un moyen ou correct. Néanmoins, il a montré quelques progrès de ce côté-là tout le long de l’année, et sa qualité de go-to-guy de Duke l’appelait de toute façon à être celui pour qui la majorité des tirs était destinée. Pour un jeune joueur de 18 ans immédiatement propulsé dans ce rôle-là, il n’y a rien absolument rien d’inquiétant à le voir encore prendre ce genre de tir. Son 47% de réussite générale atteste d’ailleurs d’une bonne sélection de tir globale, d’autant plus quand on sait que plus de la moitié des tirs qu’il tente sont des jump-shots.

Parker est également un excellent scoreur intérieur. Arrivé à Duke en tant que pur poste 3, il a d’entré été repositionné à l’intérieur (postes 4 et 5) pour des résultats très satisfaisants offensivement. Il possède un très bon jeu au poste bas, pouvant scorer sur turnaround jumper, sur rapide spin move, en usant de sa puissance ou en se reposant sur son superbe toucher de balle. Il compense son manque de force dans la partie basse du corps (qui l’empêche d’établir position proche du panier) par une certain intelligence dans son placement, usant très bien de son corps et de ses très longs bras pour tenir le défenseur à distance et s’ouvrir de très bon angles de passe directement sous le cercle.

Parker est également capable de conclure très régulièrement malgré les contacts, et même au-dessus du cercle, même s’il manque l’explosivité nécessaire pour rapidement décoller du sol et connaître une superbe efficacité au cercle. C’est également un fantastique rebondeur offensif (3.9 rbs.off/40 min), toujours à la recherche de secondes chances et qui compense parfaitement l’absence d’un rapide second saut par une puissance imposante à l’intérieur (au niveau NCAA en tout cas) et un flair certain pour le ballon.

Ses qualités de slasher sont en revanche moins flamboyantes, et constituent à n’en pas douter la partie de son jeu offensif autour de laquelle persistent le plus de doutes quant à sa transposition chez les pros. En effet, à l’heure actuelle Parker est obligé de se reposer sur sa puissance, sa créativité et son toucher de balle au cercle pour faire la différence. Son premier pas est tout ce qu’il y a de plus commun, et il est encore une fois pénalisé par son manque d’explosivité qui l’empêche fréquemment de pouvoir se rendre jusqu’au cercle (même au niveau NCAA), le forçant à se contenter de difficiles jump-shots ou floaters (bien moins efficients) à quelques mètres du panier. Reste à savoir si en NBA, face à de bien meilleurs athlètes et défenseurs, il parviendra – malgré tout cela et simplement avec les qualités qui sont les siennes – à être capable de scorer de la sorte.

Un domaine en revanche où Parker devrait exceller est le jeu en transition, si important en NBA, impressionnant par sa vitesse et sa qualité de dribble pour un joueur de sa taille. Ses envolées en coast to coast où il gobe un rebond et file en en éclair balle en main scorer à l’autre bout du terrain sont d’ailleurs devenues son signature move dès ses tous premiers matchs à Duke.

Même s’il possède une vraie mentalité de scoreur, Parker à démontré quelques qualités intéressantes en terme de playmaking la saison passée. Altruiste pour ce rôle de go-to-guy qui est le siens, il n’hésite jamais à trouver un coéquipier ouvert ou à réaliser l’extra pass pour maintenir la fluidité du jeu. Egalement, on l’a vu apte à distribuer des passes en mouvement (sur simple drive & kick ou en transition) avec une bonne précision, quelque chose dont ne sont pas capables tous les ailiers de la grande ligue. Sa prise de décision est en revanche largement perfectible, et son faible 0.5 de ratio ast/tov atteste de son incapacité encore à bien lire le jeu et ne forcer aucune passe quand il n’y en a pas la place.

Malheureusement, pour chaque séquence de jeu brillante en attaque il y en a une autre beaucoup moins satisfaisante de l’autre côté. Le problème pour Parker va être de savoir quelle position il va être capable de défendre une fois en NBA. Ce qui, durant tout ce processus d’évaluation des prospects, en vient à s’interroger sur quel poste les franchises concernées souhaitent le faire évoluer (influençant donc directement sur sa cote).

Sa vitesse latérale est clairement mauvaise, et même au niveau universitaire il a souvent eu du mal à défendre dans le périmètre, contenir les pénétrations et garder son vis-à-vis toujours bien en face. C’est aussi pour cela que coach K avait choisi de la « cacher » défensivement via son repositionnement à l’intérieur. Le problème, c’est que Parker a également souffert en défense individuelle dans ce rôle-là, s’avérant un défenseur au poste très moyen pour ne pas dire carrément mauvais par moment. Il autorise son attaquant à établir sa position bien trop proche du cercle, et a du mal une fois que ce dernier à la gonfle en main à bien se placer pour correctement fermer les angles et offrir une vraie opposition physique.

Nul doute que l’inexpérience de ne jamais avoir joué à l’intérieur s’est faite ressentir de ce côté-là toute la saison. De plus il n’est tout simplement pas assez imposant physiquement, tant en terme de puissance que des mensurations (2m03 & 2m13 d’envergure) pour contenir les attaquant et/ou athlètes d’exceptions que l’on retrouve sur ce poste 4 en NBA (Griffin, Love, Aldridge, Nowitzki, Ibaka, Davis ou Randolph pour ne citer qu’eux). Il est vrai qu’évoluer en small ball avec un vrai-faux ailier fort à côté de son pivot est devenu monnaie courante en NBA ces temps-ci, mais la condition sine qua non pour Parker sera de ne pas être catastrophiquement mauvais, à défaut de ne sans doute jamais pouvoir exceller dans l’exercice.

Loin du ballon, le constat est encore pire. Parker possède de très mauvais fondamentaux et un QI défensif très bas, faisant également preuve d’une trop mauvaise attention et rigueur. Trop souvent en retard sur ses rotations (ou ouvrant des brèches en voulant aider à mauvais escient) il peine grandement dans tout ce qui est protection du cercle. Un tâche qu’il découvrait mais devait pourtant assurer du fait de son repositionnement. Non seulement de ne pas arriver à lire le jeu et à y réagir à temps, son impact est grandement limité par son manque de taille et d’explosivité. En somme il manque de réactivité pour contester les tirs au cercle et quand ce n’est pas le cas il n’a tout simplement pas la verticalité nécessaire pour le faire efficacement.

Parker est en revanche un très bon rebondeur défensif (7.4/40 min) de par ses longs bras mais surtout ses remarquables instincts et son flair pour le ballon. On peut en revanche déplorer qu’il se repose justement un peu trop dessus pour espérer récolter les rebonds, prenant très rarement la peine de réellement bloquer son attaquant ou le faisant avec une technique assez moyenne les rares fois où il se tente à vouloir le faire.

Jabari Parker reste indéniablement un des tous meilleurs talents de cette cuvée et ne devrait en conséquence pas tomber en dehors du top 5. Parmi les trois têtes d’affiches de cette draft (Embiid, Wiggins et Parker) il est souvent décrit à juste titre comme celui avec le plus petit potentiel, mais il ne faut pour autant pas que cela fasse oublier qu’il demeure, et de très loin, le joueur le plus accompli des trois. Ainsi que le plus prêt pour répondre aux énormes attentes sportives qui viennent avec le statut de très haut choix de draft. Si sa marge de progression est plus faible que ses rivaux canadien et camerounais, c’est aussi parce qu’il est techniquement déjà très mature, et possède finalement peu si ce n’est aucun vide majeur dans son répertoire offensif (rares sont les joueurs de 19 ans tout juste avec déjà une telle maîtrise).

En dépit de son jeune âge (5e plus jeune de cette draft), Parker a déjà démontré un excellent leadership et une vrai volonté d’être un bon joueur d’équipe, altruiste et qui met le bien de l’équipe en avant. Evoluer dans un environnement professionnel devrait également l’aider à bâtir (et maintenir en cas de blessure) une condition physique plus digne d’un joueur NBA. De plus, Parker a encore le temps d’apprendre tout ce qu’il y’a à savoir sur les fondamentaux défensif et la science du jeu (cette saison passée était sa première en tant qu’intérieur) en étant en plus libéré de ce rôle de pivot protecteur du cercle qui était le siens à la fac. L’un dans l’autre, un joueur aussi jeune et pourtant accompli, au caractère impeccable et connaissant déjà la pression du rôle de première option offensive ne devrait pas tomber bien loin du podium dans l’ordre final de cette draft 2014.

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Une réflexion sur “Draft 2014 : Le profil vidéo de Jabari Parker

  • Crosstar13

    Ok pour le podium, mais il a quand même plusieurs défauts que partagent d'anciens flops (ou en tout cas des joueurs qui se sont montrés incapables de faire la transition attendue entre NCAA et NBA)
    Il est bien trop lent (en termes de vivacité) pour faire quoi que ce soit à part de la contre-attaque et du shoot mi-distance (à trois points c'était juste correct en NCAA, par sûr que la distance NBA lui convienne). Ce qui limite quand même largement son potentiel offensif (il ne profitera pas, contrairement à d'autres universitaires avant lui, du surcroît d'espace en NBA du fait de son premier pas trop faible). Défensivement tout est dit, c'est un tweener en puissance, incapable de défendre au poste 3 car trop peu explosif et au poste 4 car trop peu de fondamentaux.
    En plus, Parker n'a quasiment pas fait évolué son jeu depuis qu'on l'a découvert en U17 au championnat du monde, là où Wiggins a su développer un shoot plus que correct et faire progresser ses qualités athlétiques.
    En gros, un bon choix top 5, voir top 3 selon l'équipe. Mais le fait de drafter Parker donnera une bonne indication sur l'orientation prise par l'équipe qui le fera. C'est le genre de joueur qui emmène en playoffs, au mieux, même comme lieutenant. Wiggins et Embiid sont eux, capables de mener une équipe au titre (en franchise player ou en 2ème-3è option offensive + gros volume défensif)

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