31 ans, un âge tout particulier pour Nicolas Batum
C’était il y a un peu moins de 12 ans, Nicolas Batum, lancé dans le processus pré-draft, était stoppé dans ses workouts suite à un électrocardiogramme potentiellement alarmant à Toronto. La franchise apprend alors par le Français la mort subite de son père sur un terrain de basket le 23 septembre 1991, et tout s’emballe. Ce soir-là à Autun (Saône-et-Loire), sa femme et son fils de 2 ans et demi dans les tribunes, Richard Batum (joueur de Proville), sur la ligne des lancers-francs après une faute, s’est écroulé net.
« C’est difficile de grandir avec ça. Je devais faire quelque chose pour lui. J’ai commencé à jouer très tôt, j’avais le sentiment de devoir faire quelque chose dans le basket, pour finir (ce qu’il avait commencé). » Nicolas Batum
Crise cardiaque ? Rupture d’anévrisme ? Aucune autopsie n’a été pratiquée. Mais c’est surtout la première hypothèse qui a fait peur aux Américains. Batum est-il un sujet à risque ? Finalement, les plus éminents spécialistes du cœur du mondialement réputé Cleveland Clinic Heart Center ont déclaré Batum parfaitement apte à jouer. Pour cela après une batterie de tests impressionnante, il a aussi fallu passer par un « conference call » en compagnie du spécialiste de Cleveland et du médecin ayant constaté le décès de son père à l’époque en France (celui-ci avait déménagé en Afrique).
« J’ai dû grandir avec ça. Je me souviens de tout. Quand tu vois ton père mourir sous tes yeux, c’est tellement difficile de grandir avec ça. Les gens qui demandent : ‘Est-ce que ça va arriver à Nico ?’. Plein de membres de ma famille avaient peur pour moi. Et là tout revient à nouveau avant la draft. » Nicolas Batum
Huit ans plus tard à l’occasion des Jeux olympiques de Rio, il joue pour la première fois devant sa femme, Aurélie, et son fils, Ayden (dont le deuxième prénom est Richard).
« Je me suis dit ouah ! C’était dur. Mon père est mort à 30 ans. Il n’avait jamais eu de problèmes de santé, jamais. Et il part comme ça (en un claquement de doigts). Ma famille m’a dit : ‘Nic, arrête de penser à ça, ça ne va pas t’arriver !’. Mais parfois ça me gênait sur le terrain. Tu te dis : ‘Pourquoi ?’. » Nicolas Batum
Le 14 décembre dernier, Batum a eu 31 ans.
« Tellement de gens dans ma famille avaient peur pour moi. Je l’ai fait. J’ai 31 ans, je suis plus vieux que lui. Maintenant je pourrais me dire : ‘Tu l’as fait. Tu es libre’. C’est terminé. » Nicolas Batum