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[Saines lectures] Sam Anderson – Boom Town

Paru le 21 août 2018 en anglais, « Boom Town » fait figure d’inclassable parmi les livres évoquant la NBA. Histoire états-uniennes, sociologie urbaine, récit sportif, ce melting-pot littéraire encore non-traduit en français vaut-il quand même le coup lorsque l’on est juste un fan de la ligue de basketball nord-américaine ?

Pourquoi recommander « Boom Town » de Sam Anderson ? La question est réelle et sincère. Pas que le livre soit mauvais, il est au contraire excellent. Non, l’interrogation vient de la pertinence de l’ouvrage sur un site de basketball. En effet, « Boom Town » est avant tout une biographie de la ville d’Oklahoma City, une virée historique de la capitale de l’Etat éponyme, de ses premières minutes de vie jusqu’à aujourd’hui. Il convient de préciser dès à présent que cette plongée dans le passé relève de l’extraordinaire au sens premier du mot. Si vous aviez quelques idées reçues sur la genèse d’une ville, son développement urbanistique, son organisation socio-culturelle, cette chronique d’OKC remettra en doute les limites de votre imagination. Sans que l’on ne sache réellement si cette histoire appartient plus à l’univers de l’utopie que celui de la dystopie, son extravagance ne peut laisser le lecteur indifférent.

Soit, l’édification d’Oklahoma City mérite d’être racontée, une Histoire de « l’inland » américain version chaotique. Cependant, cela ne répond toujours pas à la question de la pertinence d’une telle critique ici-même. Autant arrêter ce suspens aussi faux que dispensable, ce livre parle bien du Thunder. L’auteur évoque même la franchise sur un bon tiers de l’ouvrage. Des personnalités comme Kevin Durant, Sam Presti, Russell Westbrook et même Daniel Orton sont régulièrement mentionnées. D’une certaine manière, les chapitres consacrés au Thunder ne seraient pas sans nous rappeler le principe aussi classique d’indémodable de la narration d’une saison au sein d’une équipe. « D’une certaine manière », car une telle comparaison serait faire fausse route. L’écrivain aurait pourtant très bien pu faire ce choix, surtout que la saison 2012-2013 décrite ici n’est pas sans attrait, ne serait-ce que pour le transfert d’un certain James Harden.

Non, ce n’était pas l’idée. Sam Anderson avait un objectif particulier lors de son écriture : capturer l’essence d’Oklahoma City. La phrase peut paraître grandiloquente, elle est pourtant justifiée. Et dans l’essence d’Oklahoma City, le Thunder y a une place bien particulière.

La NBA ne s’est jamais cachée dans sa volonté d’internationalisation, le divertissement symbole du soft power états-uniens. A l’heure du League Pass, des arènes aux codes standardisées, de la flexibilité des contrats et des réseaux sociaux, il semble de plus en plus difficile de saisir la symbiose entre une franchise NBA et son contexte local. Oui, la notion de taille de marché reste d’actualité, mais non seulement elle n’a jamais été aussi faible, elle ne permet pas non plus de distinguer l’implantation des Pelicans de celle des Kings. Pour le dire plus crûment, quelles différences entre les Nuggets DE Denver et les TimberWolves DE Minneapolis derrière le sempiternel trio météo-aéroport-restaurant que propage les journalistes nationaux ?

C’est pour cela que « Boom Town » a toute sa place ici. Que veux-dire pour une ville de posséder une franchise NBA ? Comment les instances dirigeantes font pour tisser un lien entre leur équipe et la communauté locale ? Cette alliance n’est-elle que de façade, question de « Public Relations » ou reste-elle inévitable, car il faut bien y vivre ? En évoquant ces interrogations face au cas concret du Thunder, Sam Anderson amène un bol d’air frais nécessaire dans une époque où la notion de terroir, quoique souvent dévoyée, est à la mode. Et avec ça, c’est magnifiquement bien écrit avec notamment  une pratique de l’analogie élevée au rend d’art.

Si les personnes à la recherche d’un livre purement sportif auront sans doute compris qu’il vaut mieux passer son chemin, ceux qui pensent que la NBA peut être tout aussi intéressante en dehors des parquets que sur peuvent se lancer sans hésiter dans la lecture de « Boom Town ». Et pour ceux qui hésiteraient, Zach Lowe a reçu dans un podcast estival Sam Anderson, de quoi vous décider.

Boom Town

Broadway Books

448 pages.

Uniquement en anglais.

Vous pouvez commander le livre sur Amazon, le trouver à la FNAC en format numérique en attendant peut-être une traduction.

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