Digger Phelps parle de ses tentatives de recruter Drazen Petrovic à Notre-Dame : « On aurait pu gagner un titre avec lui »
Drazen Petrovic n’est arrivé en NBA que sur le tard, en 1989 alors qu’il avait déjà 25 ans. Ce qui n’a pas empêché les recruteurs américains de voir son talent bien plus tôt puisqu’il dominait déjà depuis bien longtemps sur le Vieux-Continent. C’est ce que raconte l’ancien coach de l’université de Notre-Dame Digger Phelps. En 1980, alors qu’il était en Yougoslavie, il a supervisé un entrainement de plusieurs joueurs locaux. Et Petrovic lui a tapé dans l’œil.
« Il a commencé à tirer des trois points, et wow. En NBA, on n’avait pas encore la ligne à trois points mais eux si. Et il mettait tout. » Digger Phelps.
Il a alors demandé à son ami Faruk Kulenovic, qui était alors le coach du club croate du KK Sibenik, où jouait Petrovic pour lui demander l’âge du prodige : il n’avait que 16 ans.
Cet événement marque le début de nombreuses tentatives de recrutement de Petrovic par de nombreuses facs américaines. Mais les parents du jeune homme ne voulaient pas le laisser déménager aux Etats-Unis aussi jeune. Malgré les efforts de Phelps.
« Je lui ai dit que s’il venait jouer à Notre-Dame, il irait en NBA. On aurait pu gagner un titre avec lui. » Digger Phelps.
L’entraineur a aussi essayé de se mettre les parents de Petrovic dans la poche. Il est allé les rencontrer, chez eux, et a longuement échangé avec eux. Sauf que sa mère en particulier ne voulait vraiment pas le laisser partir, et que son grand frère Aleksander Petrovic, qui évoluait au club du KK Cibona, faisait le forcing pour le convaincre de jouer avec lui.
« On adorait vraiment Drazen. C’était un super garçon, qui venait d’une super famille et c’était un joueur incroyable. On s’entendait bien avec la famille Petrovic. On créait un pont entre nos deux pays. Il aurait été parfait à Notre-Dame, il se serait très bien intégré. » Jim Baron, assistant coach de Phelps à l’époque.
Mais le jeune joueur a décidé de rester en Croatie. Un peu plus tard, entre 1981 et 1986, l’équipe nationale de Yougoslavie, dont faisait partie Petrovic, est allée jouer 44 matchs d’exhibition contre les équipes universitaires américaines. Et après des premières rencontres où il s’est fait discret, Petrovic a montré tout son talent, en scorant notamment 24 points contre Notre-Dame en 1983, impressionnant au passage le coach de Kentucky de l’époque Joe B. Hall. Ce dernier, aujourd’hui âgé de 91 ans, parle de Drazen comme d’un « putain d’arrière ». Il aurait bien aimé l’avoir dans son équipe également, mais il explique en riant que son ami Mirko Novosel, qui coachait Cibona et l’équipe yougoslave, ne l’aurait pas laissé faire.
« Si je lui avais volé, il m’aurait tué. » Joe Hall.
En 1984, Petrovic a participé aux Jeux Olympiques à Los Angeles, et Phelps commentait les matchs pour la télévision américaine. Il a continué à tenter de recruter Petrovic, alors âgé de 19 ans.
« Je lui disais que tout ce qu’il aurait à faire, ce serait de shooter à trois points. À chaque fois qu’il jouait, je le coachais. Ses coachs me regardaient en se demandant ce que je faisais. » Digger Phelps.
Mais ce fut encore un échec. Selon Phelps, en partie parce que les coachs yougoslaves ont lancé une rumeur comme quoi il serait un agent de la CIA et Mirko Novosel, qui coachait son frère à Cibona et l’équipe nationale de Yougoslavie, aurait menacé de couper Aleksander Petrovic des deux équipes qu’il dirigeait si Drazen partait Outre-Atlantique. Ce dernier a finalement choisi Cibona, et remporté deux titres européens en quatre ans avant de signer au Real Madrid. Il est allé aux Etats-Unis un an plus tard, d’abord aux Blazers puis aux Nets. Sa progression a été fulgurante. Il est passé de 7,6 points de moyenne en 1989/1990 à 22,3 en 1992/1993. Sauf que son ascension a été stoppée net par un accident de voiture cette année-là, alors qu’il avait 28 ans.
« Je suis heureux qu’il soit allé en NBA. Je voulais qu’il vienne à Notre-Dame pour qu’il ait de l’expérience et soit prêt pour la NBA, mais je suis heureux qu’il ait pu y aller. » Digger Phelps.
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