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Inside the Film Room : Denver vs Indiana, la guerre du Pick & Roll (3/4)

Le 19 Janvier dernier, les Indiana Pacers étaient en visite dans le Colorado pour confronter leur attaque aux innombrables P&R à la défense agressive des Denver Nuggets sur cet exercice. Voici le déroulement du 2e QT, n’hésitez pas à revenir en arrière sur les 1e QT et 2e QT pour comprendre le début de l’histoire et les problématiques en jeu. Bonne lecture.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

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Acte 1 : Denver vs Indiana, le 1e QT

Acte 2 : Denver vs Indiana, le 2e QT

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Note : l’article est rédigé de telle manière à ce que le lecteur puisse lire le texte avant la vidéo (contextualisation, joueur, système joué), voir la vidéo et le déroulement de l’action, puis lire le texte après la vidéo (leçons à tirer, points clés, détail à retenir, etc) sans soucis de continuité ni répétition.

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Possession n°42

En ouverture de bal de cette seconde mi-temps, McMillan commence d’entrée par son P&R Brogdon-Sabonis, sa meilleure arme.

Pas de changement de personnel par rapport à la 1e MT d’ailleurs : les mêmes cinq de départs démarrent des deux côtés.

Plein de choses très intéressantes à relever ici :

D’abord, c’est Will Barton qui défend Malcolm Brogdon alors que Monte Morris est sur Jeremy Lamb, un cross-match donc (poste 2 sur le 1 adverse, et vice versa). Mike Malone persiste et signe sur ces nouveaux marquages individuels essayés sur la toute fin de 1e MT (Possession n°36 à Possession n°41).

Les Nuggets avaient pourtant démarré le match avec Morris sur Brogdon, mais deux raisons ont poussé à ce changement : d’une part, Barton est un meilleur défenseur On-Ball, plus grand/long et donc plus susceptible de gêner Brogdon. D’autre part, Lamb est assez peu dangereux et surtout ne joue que très peu de possessions balle en main. Aussi, puisque tous les ballons passent par Brogdon (ou presque) c’est tout à fait rentable de lui assigner le meilleur défenseur des deux (Barton) quitte à faire face à un mismatch Morris/Lamb qui de toute manière ne sera pas beaucoup exploité. Morris est par ailleurs un bon défenseur Off-Ball, qui n’aura donc pas de problème à évoluer loin du ballon et exécuter les rotations défensives nécessaires.

Toujours sur Denver, cette possession illustre parfaitement la grande difficulté de ces schémas de jeu : il y a tant d’implications et de rotations à réussir que la probabilité de toutes les réussir consécutivement et plus petite que pour d’autres schémas. Ici, Denver fait tout bien : Jokic qui Hedge, Barton qui traverse très bien l’écran, Craig qui zone pour couvrir le Short Roll, Morris qui gère le côté faible, puis le closeout de Morris sur Lamb, le closeout de Craig sur Warren pour priver du 3pts et inciter au drive…mais la toute dernière rotation de Jokic au cercle est manquée. Et du coup : tout l’édifice s’écroule, le panier est concédé.

D’où la difficulté de ces schémas là, très énergivores et très contraignants. À l’inverse, une couverture en « Drop » ou en « Switch » n’impliquent pas autant d’aides et rotation immédiates/impératives.

Du côté d’Indiana, le positionnement de Lamb est extrêmement intéressant.

Comme dit plus tôt (Possession n°5 notamment), Brogdon n’est pas capable d’aller chercher directement le shooteur dans le corner opposé, véritable talon d’Achille de ce schéma, comme pourraient le faire des Harden, Doncic, LeBron & co. Mais ici, Lamb remonte très clairement vers le centre du terrain (et vers Brogdon) plutôt que de rester sur l’aile, et facilite ainsi la transmission vers le corner. Si Brogdon ne peut pas passer directement jusque là-bas, passer par Lamb en intermédiaire est également un moyen très rapide d’y parvenir (la balle voyage toujours plus vite que les joueurs).

Ajustement intéressant de McMillan qui de toute évidence porte ses fruits : Craig n’a pas le temps d’arriver sous contrôle sur son closeout, il ne peut « que » pratiquer un hard closeout pour empêcher un 3pts, mais pas être en position à temps pour contenir/empêcher le drive.

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Possession n°43

Indiana continue de dérouler le même plan de jeu : P&R, encore et toujours.

Cette fois, pour varier un peu, c’est TJ Warren dans le rôle du porteur de balle, alors que Sabonis reste le poseur d’écran (et Turner dans le corner).

Comme sur la Possession n°3, Warren démontre une nouvelle fois ses belles qualités de passe sur une Pocket Pass parfaitement ajustée entre les deux défenseurs du P&R. C’est la clé de l’action, puisque cette passe permet de vite aller chercher Sabonis pour exploiter le surnombre.

À noter également : Indiana attaque un côté faible où ne se trouve qu’un seul défenseur (Morris), plutôt que deux comme sur la majorité de la 1e MT où un défenseur pouvait aider et le second compenser l’aide. Ici Morris est seul en 1vs2 et n’a aucune chance de défendre à la fois Sabonis qui plonge au cercle et Lamb grand ouvert dans le corner.

C’est seulement la deuxième fois de ce match qu’Indiana utilise ce genre de configuration, où le porteur de balle attaque vers le côté où se trouve deux shooteurs (et donc leurs deux défenseurs) et où donc Denver  n’a qu’un seul défenseur côté faible. La fois précédente, sur la Possession n°34, Barton avait fait le choix de rester sur le shooteur dans le corner, et Sabonis avait pu scorer facilement sur un P&Pop.

McMillan a trouvé un bon filon, et ne va sans doute pas se gêner pour l’exploiter.

Ça a bien bossé pendant la mi-temps.

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Possession n°44

Retour aux affaires ici, avec une fois encore Brogdon et Sabonis pour un P&R.

Encore une fois ici, Indiana joue son P&R en laissant seul Torrey Craig sur le côté faible : il ne peut pas librement aider sur Sabonis plongeant au cercle (plus d’explications plus tard).

De manière intéressante, Denver arrive à exécuter (et improviser) un « Scram Switch » sans que ce soit l’idée prévue à la base ni même un principe de jeu régulièrement utilisé par les Nuggets. Dans un Switch normal le défenseur A prend la responsabilité de l’attaquant B, et le défenseur B de l’attaquant A. Un « Scram Switch » implique en revanche 3 joueurs : le défenseur A prend la charge de l’attaquant B, le défenseur B celle de l’attaquant C, et le défenseur C celui de l’attaquant A. Grant, Morris et Jokic le font très bien ici.

Plusieurs notes pour Indiana : d’abord, une fois n’est pas coutume, la mauvaise passe de Sabonis. Une imprécision qui est plutôt un reflet des conditions difficiles de la passe plutôt que les qualités de l’intérieur.

Ensuite, l’envie de Myles Turner d’exploiter son mismatch contre Morris au poste bas…alors même que Sabonis est déjà en train d’attaquer le cercle. L’impatience du pivot semble se faire sentir, lui qui n’a presque pas été impliqué dans des actions avec la gonfle dans ses mains, même si vouloir attaquer Monte Morris n’est pas une mauvaise idée en soi, loin de là.

La dernière chose à noter : l’envie de Sabonis d’attaquer Grant immédiatement après que l’ailier fort ait switché sur lui. Ce qui semble faire écho aux observations faites sur la 1e MT (Possession n°32) : Sabonis n’attaque pas Jokic sur 1vs1 et/ou au poste bas, mais Grant semble un match-up beaucoup plus intéressant aux yeux du lituanien.

Et comme sur la Possession n°32, les aides de Denver accourent très vite pour aider Grant.

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Possession n°45

Indiana continue d’alterner entre ses porteurs de balle pour jouer le P&R : après Brogdon la possession précédente, voici TJ Warren.

Le but n’est d’ailleurs pas seulement de chercher à alterner entre les deux, mais aussi, et surtout d’attaquer le plus tôt possible la défense de Denver avant que celle-ci ne se positionne complètement. Ici, Warren hérite du ballon sur la transition, c’est donc lui qui va jouer le « Drag screen » de Sabonis.

Conséquence de cette attaque très tôt, en semi-transition : Will Barton se retrouve de facto à couvrir Warren plutôt que d’être sur Brogdon ou que Craig prenne Warren, comme le veulent les consignes.

De manière intéressante, tout comme pour la Possession n°6, Denver se retrouve à jouer une défense en « ICE » plutôt que le Hedge habituel. Comme la fois d’avant, c’était une semi-transition et c’était TJ Warren. Un indice que cette couverture est peut être une vraie consigne et pas juste du bricolage de Jokic dans le feu de l’action.

À noter ici les excellents ajustements (automatismes, même) de Warren et Sabonis qui font exactement ce qu’il faut pour battre ce genre de défense : étirer la défense verticalement avec un P&Pop.

Mine de rien, les P&Rs avec Warren aux commandes continuent de produire de très bons résultats.

Plus subtil, mais également très intéressant : le manque d’aide sur le P&Pop. On peut voir Morris commencer à aider depuis le côté faible comme pour un Hedge, mais très vite faire machine arrière en voyant Jokic rester bas et proche du cercle (pas besoin de Morris pour protéger le cercle, donc, si Jokic y est). Dans le même temps, Craig semble surpris que Morris ne finisse pas l’action en tant que weakside defender et sorte complètement sur le P&Pop, pendant que Craig, situé à une passe près de l’action, reste couvrir son shooteur.

Or, dans un « ICE » classique, c’est en effet à Craig de venir aider, que ce soit complètement ou juste gêner Sabonis le temps que Jokic revienne sur lui.

Très clairement, le fait d’attaquer aussi tôt et de forcer Denver à jouer une couverture défensive différente a porté ses fruits pour Indiana : confusion entre Craig et Morris, Sabonis se retrouve grand ouvert.

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Possession n°46

Tout comme nous, simple observateur, McMillan ne peut pas être sûr à ce stade que ce « ICE » soit une vraie consigne volontaire destinée à TJ Warren sur ce genre de Side P&R. Même si ça a été joué deux fois différentes de la sorte : les deux fois sont arrivées sur le même genre de situations en semi-transition, il est fort probable que Jokic ait pu se planter deux fois.

Aussi, pour en avoir le coeur net et/ou parce que ça a aussi bien marché la fois précédente, McMillan appelle de nouveau ce même Side P&R pour TJ Warren. Cette fois, pas de Drag screen, un vrai P&R sur jeu posé.

Notons d’ailleurs que sur cette possession posée, les marquages défensifs sont en effet revenus à la normale (Craig sur Warren, Barton sur Brogdon, Morris sur Lamb).

Première chose importance à noter : cette fois, Jokic monte en effet haut sur l’écran et réalise un Hedge : simple retour à la normale ou ajustement par rapport à l’échec précédent ?

Également, Morris retrouve une attitude correspondant plus aux schémas des Nuggets et reste assez haut sur Sabonis, contrairement à la possession précédente.

Enfin, cette action permet également de démontrer une faiblesse pas encore apparue de ces schémas de jeu en Hedge pratiqué par Denver : les cas où le 2vs1 ne fonctionne pas.

La principale raison pour laquelle Malone demande à Jokic de pratiquer le Hedge demeure l’envie de lui associer un deuxième joueur, de ne pas le laisser seul. Mais même ce 2vs1 n’est pas infaillible, a fortiori pour un intérieur aussi friable que Jokic dans les espaces. Ici Warren remarque que Jokic ne bouche pas bien l’angle le long de la ligne de touche et s’engouffre dans la brèche.

Ce schéma de jeu est fondamentalement fait pour créer des infériorités numériques…mais toute l’idée est de se dire que les rotations en 2e et 3e rideau vont arriver à les absorber juste assez longtemps avant un retour à la normale. Mais : la faille à compenser n’est pas censé arriver par ici. Là, la défense rompt du mauvais côté plutôt que de plier comme prévu sur le reste du terrain.

Pour les Pacers, voilà une nouvelle astuce à rajouter à l’arsenal : ne pas tomber dans le « piège » du Hedge et ressortir du 2vs1 peut s’avérer on ne peut plus intéressant. Jokic reste en effet un défenseur friable…et insister de la sorte malgré le 2vs1 sur Jokic peut non seulement fonctionner (battre Jokic), mais aussi surprendre toute la défense et les rotations.

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Possession n°47

Après Warren, retour aux affaires pour Brogdon, avec Sabonis.

(Pendant que Turner continue de jouer au simple joueur sans ballon).

Sur cette action apparaît très clairement le plus gros ajustement de Nate McMillan et des Pacers depuis le retour des vestiaires : le positionnement des shooteurs Off-Ball sur le Pick & Roll.

Toute la première mi-temps, Indiana a joué l’intégralité de ses High P&R (21 fois) avec une configuration en 2+1 : deux joueurs d’un côté (un dans le corner, un sur l’aile), et un joueur de l’autre côté (dans le corner). Une configuration parfaite pour Denver et ses rotations défensives : quand un des deux défenseurs aide à l’intérieur, un second peut compenser.

Mais depuis de début de la 2e MT, McMillan change un peu la donne. Que ce soit en attaquant plus fréquemment dans le 2+1 le côté où il n’y a qu’un seul défenseur (Possession n°43)…ou bien comme ici en changeant la configuration pour passer en 3 à plat : un shooteur dans le corner, un sous le cercle, un dans l’autre corner.

L’ajustement est évidement ultra payant pour McMillan, puisque Torrey Craig, pourtant si téméraire sur la 1e MT pour s’aventurer à des kilomètres de son attaquant pour aider, décide ici de faire machine arrière pour ne pas laisser le corner ouvert.

Cette action-ci est même la parfaite réplique de la Possession n°44. Sauf que, plutôt que d’aller s’empaler sur Grant dans la raquette, Sabonis a compris le truc : il ne plonge pas jusqu’au cercle et prend le tir grand ouvert à mi-distance.

McMillan reprend la main, réaction de Malone attendue.

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Possession n°48

Fier de son nouveau joujou, McMillan insiste : même P&R, et surtout même cut depuis l’aile jusque sous le cercle pour passer d’une configuration en 2+1 à un 3 à plat de long de la ligne de fond.

Possession assez mitigée pour Jokic.

D’un côté, il manque d’attention au pire moment possible (quand Brogdon joue le P&R) et se retrouve en mauvaise position, sans pouvoir trop gêner Brogdon.

De l’autre, il s’ajuste bien par rapport à la possession précédente en revenant sur Sabonis un quart de seconde plus tôt, pour éviter que le lituanien ne se retrouve pour la deuxième fois consécutive ouvert sur le P&Pop.

La conséquence, néanmoins, est de laisser Brogdon ouvert à mi-distance, mais Barton revient très bien après l’écran pour contester le tir.

Bien que cette possession-ci soit une réussite pour Denver, le problème n’est pas forcément réglé pour autant : si Indiana prend la peine de jouer le même P&R plus haut, c’est carrément un pull-up 3 que Denver peut concéder. Et si l’exécution se fait plus rapidement, ou différemment, Sabonis peut plonger jusqu’au cercle plus vite dans le dos de Jokic pour un panier, ou Brogdon continuer son drive jusqu’au cercle.

Fondamentalement, Denver n’a pas apporté de réponse tactique à ce « 3 joueurs à plat ligne de fond ». C’est « juste » la chance d’une possession et d’un Indiana qui n’optimise pas leur trouvaille.

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Possession n°49

McMillan continue de tester des configurations différentes pour essayer de perturber la défense des Nuggets.

Ici, sur une remise en jeu, Brogdon et Sabonis peuvent jouer un High P&R (plein centre du terrain) sans personne dans le corner côté fort. En somme, ils ont toute une moitié de terrain à disposition pour essayer d’attaquer Jokic dans l’espace.

De manière intéressante, on retrouve sur cette action la même problématique que sur la Possession n°10, en tout début de match.

La pénétration de Brogdon dure suffisamment longtemps pour que le défenseur côté faible (Craig), après avoir aidé à l’intérieur, commence à revenir vers son attaquant. Et quand Sabonis reste loin du cercle pour le P&Pop, il se retrouve grand ouvert.

Dans ce genre de schéma, qui est donc supposé aider sur la P&Pop ? Dans la continuité du Hedge, on pourrait dire Craig, mais le drive a duré suffisamment longtemps (et Brogdon semble assez bien contenu) pour que la défense commence à se remettre en place. Craig ne peut pas dézoner aussi longtemps ou à volonté sans craindre que son propre attaquant commence à bouger sans le ballon pour le lui faire punir (ce que d’ailleurs Warren fait, ici). Dans ce cas là, ce serait alors logiquement à Grant, le plus proche du P&Pop, de venir aider.

Sur le coup, comme pour la Possession n°10, il y a confusion entre Craig et Grant. La passe arrive pile dans ce moment de flottement très court où la défense passe d’un état de « exécution du Hedge » à « rotations classiques ».

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Possession n°50

Petite variation tactique pour Nate McMillan sur cette possession puisque le technicien appelle un « Double Drag », soit un P&R avec deux écrans posés en semi-transition.

Au-delà de l’aspect variation, le but est aussi de compliquer la tâche du défenseur de Brogdon (ici, Will Barton) qui doit alors traverser deux écrans plutôt qu’un seul.

Pas grand-chose à relever ici, si ce n’est l’excellente exécution de Denver qui part deux fois se montre précise sur le Hedge et les couvertures du weakside defender.

Par dépit, Sabonis essaye de forcer les choses, en vain.

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Possession n°51

Nouvelle possession, nouveau P&R entre Brogdon et Sabonis.

À noter que depuis deux actions, Justin Holiday a remplacé Myles Turner pour Indiana, sans provoquer de changements de marquage pour Denver (Grant sur Holiday, poste pour poste).

Sur cette action, Brogdon et Indiana démontrent une nouvelle manière de mettre à terre ces schémas défensifs agressifs. Une nouvelle raison pour laquelle ils sont difficiles à exécuter et peuvent être exploités.

Toute la philosophie du Hedge vise à surcharge une partie du terrain quitte à délaisser l’autre côté pour le faire. Sauf que si la balle, d’une manière ou d’une autre (via le porteur de balle, ou l’intérieur sur Short Roll) arriver à traverser ce côté surchargé, elle arrive sur des situations extrêmement faciles à exploiter.

Or, tout comme pour la Possession n°46, la faille défensive survient sur le 2vs1, Brogdon arrivant à traverser ce côté fort pour se ressortir directement (presque) côté faible toujours en dribblant. La clé ici, comme pour Warren Possession n°46, c’est le refus de Brogdon de « tomber dans le piège » de Hedge (ressortir la balle) et au contraire d’insister là où ça fait mal : attaquer Jokic malgré le 1vs2.

Ce n’est pas toujours possible, mais c’est un des meilleurs moyens pour Indiana de battre ces Hedges. McMillan prend note, Malone prend peur : Brogdon ne peut pas forcément passer par dessus toute la défense jusque vers le corner opposé…mais il a la vitesse et l’impact en pénétration pour régulièrement mettre à mal le Hedge de cette manière.

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Possession n°52

Sur une remise en jeu ligne de touche (également appelé SOB, Sideline Out of Bound), McMillan utilise un classique.

Exactement le même système, impliquant les mêmes joueurs, que pour la Possession n°10 : écran de Brogdon pour Warren qui coupe vers le cercle, puis Brogdon remonte lui même pour prendre un écran/DHO de Sabonis.

Le plus notable ici demeure l’excellente aide défensive (une nouvelle fois) de Jerami Grant. L’ancien ailier d’OKC protège sans doute bien moins le cercle que Millsap, mais possède l’explosivité pour réaliser ce genre de rotation extrêmement dynamique que Millsap n’aurait sans doute pas réussi. La vitesse avec laquelle il arrive à se rendre à temps sur Sabonis et contester le tir, tout en venant depuis le côté fort, est très impressionnante.

L’autre point clé de cette action est un bémol : si Sabonis P&Pop à 3pts plutôt qu’à 2pts, ni Grant ni aucun autre défenseur n’a le temps d’aider à temps. Ce n’est pas que Sabonis ne puisse pas shooter à longue distance, mais il n’est tout simplement pas assez à l’aise à cette distance (la portée de son jump-shot s’arrête plutôt sur les longs 2pts).

À noter également qu’Indiana continue de perturber Jokic en organisant des actions en amont du P&R pour tenter d’attirer son attention ou l’empêcher d’être en bonne position. Ici, sans l’aide de Grant sortie de nulle part, Sabonis s’envole dans le dos de Jokic pour le lay-up (ou jump-shot ouvert proche du cercle).

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Possession n°53

TJ McConnell retrouve le parquet pour les Pacers, à la place de Jeremy Lamb, et permet à Brogdon de se décaler en 2 (surtout, de jouer sans ballon).

Cette possession-ci, néanmoins, est un jeu en « Flex action » appelé pour TJ Warren.

Première chose, il convient de noter les changements de marquage défensifs du côté de Denver : Porter (qui avait remplacé Craig quelques possessions avant ça) avait récupéré son joueur : Warren. Mais pour cette possession, l’ajustement est fait : c’est Grant (bien meilleur défenseur On-Ball) qui prend Warren tandis que Porter s’occupe de Holiday.

C’est une des clés de cette action, très bien mise en place par Mike Malone au bon moment, puisque la capacité de Grant à traverser l’écran facilement, revenir sur Warren, et à contester le tir avec sa longueur de bras est ce qui transforme la possession d’une action facile (tir ouvert ou semi ouvert) à une bonne défense (tir très contesté).

Du reste, Indiana utilise pour la première fois du match une petite astuce : plutôt que d’avoir le porteur de balle refusant l’écran comme vu précédemment, cette fois c’est carrément Sabonis qui change le sens de l’écran lui-même, au dernier moment. Fort heureusement pour Malone, Jokic et Barton réagissent parfaitement.

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Possession n°54

Malcolm Brogdon est encore sur le terrain, mais McMillan continue de l’utiliser sans ballon sur cette possession (le combo McConnell avec le ballon et Brogdon sans ballon apporte plus de valeur que l’inverse).

C’est donc TJ McConnell qui reçoit le « Double Drag », utilisé pour la 2e fois du match après la Possession n°50.

Ici encore, une nouvelle fois, une des clés de l’action est la capacité de TJ McConnell à être très impactant sur pénétration qu’importe le type de défense en face de lui (Drop ou Hedge), à être tranchant sur drive et surtout à pénétrer jusque sous le panier sans être stoppé avant. Tout comme pour la Possession n°18Possession n°19Possession n°21Possession n°22Possession n°24.

L’autre aspect important de cette action du côté d’Indiana : le passing de Sabonis. Et son entente évidente avec McConnell.

Du côté de Denver, c’est une nouvelle fois la même histoire : les Pacers n’hésitent plus à attaquer Jokic malgré le Hedge. Warren s’est créé un lay-up sur la Possession n°46, Brogdon une passe facile sur la Possession n°51, et ici, McConnell force un switch non désiré qui perturbe la défense.

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Possession n°55

Retour aux affaires pour le duo Brogdon & Sabonis.

Cette fois-ci, ce n’est pas sur un High P&R au milieu du terrain, mais sur une tentative de « Empty P&R » : personne dans le corner, et Brogdon qui re-rentre vers l’extérieur.

De manière intéressante, Jokic et Barton exécutent encore une « ICE » defense, comme pour la Possession n°6 et la Possession n°45. La différence, néanmoins, étant qu’ici le positionnement semble être bien plus volontaire et affirmé, et laisse peu de place aux doutes quant au fait que ce soit une consigne ou la simple conséquence d’un écran arrivant trop vite.

De ce fait, on peut réinterroger sur la pertinence de ce play-calling de Malone. Est-ce un manière d’éviter à tout prix ce Empty P&R sur lequel Jokic n’a pas vraiment brillé jusqu’ici (Possession n°52), en évitant à Brogdon de prendre l’écran ?

Dans tous les cas, si c’est effectivement un play-calling, la possibilité du contre-move « Sabonis s’écarte pour étirer la défense verticalement » doit être prévue. Ce faisant, Grant doit se tenir prêt à aider sur Sabonis plutôt que de laisser Jokic seul, et/ou Morris doit être prêt à aider au cercle.

En l’occurrence, la rotation de Morris semble être prévue à en voir les signes de Porter avant le panier et la réaction de Jokic après. Simple manque d’attention et erreur individuelle de Morris semble-t-il, punis par l’excellente alchimie entre Sabonis et Brogdon.

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Possession n°56

Encore un peu de variété tactique de la part de McMillan sur cette possession.

On retrouve les mêmes acteurs (Brogdon et Sabonis) ainsi que le même exercice au final (le P&R), mais le chemin emprunté est différent : plutôt qu’un simple High P&R, Indiana exécute une « Chin action ».

Une nouvelle fois durant ce 3e QT, McMillan revient donc sur une configuration à 3 joueurs à plat le long de la ligne de touche qui isole le défenseur côté faible.

La clé de cette possession, néanmoins, n’est pas tant le fait que Grant soit isolé, ou que Dozier n’aide pas bien qu’il se trouve sous le panier : c’est le départ de l’action, et l’incapacité de Jokic à rester haut pour ralentir Brogdon qui permet une passe aussi facile et un déroulement aussi fluide de l’action.

Le principe premier du Hedge, contenir le ballon et forcer le porteur de balle à lâcher la gonfle (ou au minimum, ne pas avoir le champ libre) n’est pas respecté ici. Et une fois Sabonis lancé dans l’espace, c’est presque impossible pour les rotations en 2nd rideau de rattraper l’erreur du premier maillon de la chaine.

Des signes de fatigue de la part de Jokic ?

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Possession n°57

Tout comme il pouvait le faire sur la 1e MT, Brogdon commence la possession en attaquant le plus vite possible (presque en transition).

Mais Barton défend bien, et le duo Brogdon-Sabonis repart pour un tour.

Ici encore, le plus notable demeure l’excellente aide défensive de Jerami Grant, encore une fois (comme pour la Possession n°52).

À noter également : le placement de Jokic toujours un peu plus imprécis au fil du match (un peu trop bas ici). Il faut dire que le Serbe n’a toujours pas pu prendre de pause depuis la reprise de la mi-temps.

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Possession n°58

Justement, Jokic va enfin s’assoir sur le banc sur cette toute fin de 3e QT, tandis que Plumlee le remplace. Denver aligne donc un line-up avec le grand meneur PJ Dozier, Barton à l’arrière, Porter et Grant sur les ailes et Plumlee en pivot.

Du côté d’Indiana, toujours le duo McConnell & Brogdon à l’arrière, Sabonis pour poser l’écran, Holiday en vrai-faux poste 4 fuyant et surtout le tout nouvel entrant qui a fait tant de dégâts sur la première mi-temps : Doug McDermott à la place de Warren.

Mais Malone procède en réponse à cette entrée à des changements de marquages défensifs : Barton abandonne Brogdon pour McDermott, tandis que Grant (au marquage de Warren avant ça) coulisse sur Brogdon. Le but n’est pas tant de mettre Grant sur Brogdon, bien que ce soit un excellent match-up défensif pour Denver, mais surtout de mettre sur McDermott la meilleure mobilité de Barton pour évoluer à travers les écrans Off-Ball.

McMillan lance son système, inédit sur ce match-là, un « Ram Double » : Sabonis screen pour Holiday puis les deux vont poser un double écran pour McConnnell.

Plusieurs informations très intéressantes sur cette possession.

D’abord, le retour du move en pivot de McConnell pour se réorienter extrêmement rapidement et échapper au Hedge (déjà vu sur les Possession n°18 et Possession n°19). Sans ce move, Denver neutralise l’action avant même qu’elle ne puisse se dérouler.

Ensuite, élément très important : Barton ne quitte pas d’un cheveu Doug McDermott…alors même qu’il est le weakside defender qui doit aider sur le P&R. Qui plus est, le P&R n’arrive pas vraiment par surprise : s’il avait voulu, Barton aurait eu le temps de venir aider. Il y a fort à parier qu’après les prouesses de McDermott sur la première mi-temps, Mike Malone et son staff ait donné comme consigne de resserrer les vis.

De manière intéressante, Denver se retrouve exactement dans la même configuration que la Possession n°24 où Juancho était resté collé à McDermott pendant que Porter aidait depuis l’aile sur le Roll Man. Même schéma ici, qui pousserait presque à se demander si sur ces situations spécifiques la consigne est bel et bien de coller McDermott dans le corner et d’envoyer Porter depuis l’aile…si seulement ce n’était pas une manœuvre très dangereuse et extrêmement difficile à déceler dans le feu de l’action (situation très précise).

Du côté d’Indiana, c’est encore une fois les prouesses sur « Short Roll » de Sabonis qu’il faut souligner ici. Le niveau de lucidité et de capacité à s’adapter en mouvement est on ne peut plus impressionnant.

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Possession n°59

Pour cette possession : retour aux affaires du duo Brogdon-Sabonis.

High P&R classique.

Plus que les prouesses défensives (technique + qualités athlétiques) de Jerami Grant sur cette action, c’est la tentative de Brogdon qui est à souligner : l’arrière des Pacers ne tient pas particulièrement à aller se frotter à un Hedge de Plumlee et Grant (les défenseurs les plus athlétiques de Denver) qui aurait sans doute réussi à bien l’étouffer.

Pour Mike Malone, une question se pose : n’est-ce pas finalement une bonne opération de conserver ce match-up Grant/Brogdon ?

L’ailier fort de formation n’a aucun problème à suivre Brogdon en vitesse, et mieux, pourra affecter ses tirs bien mieux que Barton ou Morris avec sa taille/envergure bien supérieures.

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Possession n°60

Étant donné l’échec de l’action précédente, et le match-up Grant/Brogdon assez peu avantageux, Indiana revient sur TJ McConnell en tant que porteur de balle principal.

Les Pacers ne jouent pas de P&R ici, mais lancent leur classique « Stagger Set » (deux écrans Off-Ball) pour McDermott. Deuxième utilisation du match pour ce système, après la Possession n°28.

D’ailleurs, tout comme cette Possession n°28 de 1e MT, Dozier abandonne McConnell pour aider sur McDermott…sauf que cette fois Indiana répond du tac au tac.

La clé de l’action ici : la rapidité de McDermott pour lâcher la balle dès lors qu’il se rend compte qu’il n’y a pas d’opportunité de tir.

Décidément, le jeu en sortie d’écran de Doug McDermott et la synergie offensive que ses mouvements continuent de créer n’en finit plus de mettre à mal la défense des Nuggets.

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Possession n°61

Pour cette dernière possession du 3e QT, retour sur les fondamentaux : Brogdon et Sabonis au P&R.

Même système et même configuration que l’avant-dernière possession jouée (Possession n°59) lorsque Brogdon avait refusé l’écran. Cette fois, il l’utilise.

Avant toute chose, première chose : pourquoi Mike Malone décide-t-il de switcher tout d’un coup ?

Certes, Plumlee possède les atouts physiques et le niveau défensif pour bien survivre sur les switchs, donc Denver peut le faire. Mais tout le reste du match, même avec Plumlee sur le terrain, les Nuggets s’en sont tenu à des couvertures très classiques, alors pourquoi switcher sur cette dernière possession.

La réponse se cache peut-être dans la différence entre rentabilité à l’échelle d’un match et à l’échelle d’une unique possession. Autrement dit, le même principe que pour les 3pts vs mi-distance : sur la totalité d’un match (un gros volume de tentatives) c’est plus rentable de prendre des tirs à 3pts que des tirs à mi-distance…mais s’il n’y a qu’une seule possession à jouer, le plus rentable et de prendre le tir avec le plus de probabilité de réussite. Ce qui est souvent le tir à mi-distance : plus on est proche du cercle, plus on a de chance de scorer.

Mike Malone fait sans doute un raisonnement assez similaire dans le cas présent : sur l’ensemble du match, c’est sans doute plus rentable de pratiquer des couvertures en Hedge (moins énergivore/risqué), mais au moment de ne disputer qu’une seule possession, un switch permet de ne concéder aucun décalage (l’opposé du Hedge) et ainsi force l’adversaire à créer en 1vs1 à partir de rien. Ce qui est forcément une situation plus difficile pour l’attaque, donc une défense plus rentable pour la défense.

Donc en fin de QT, avec une seule action à disputer, Denver switch.

L’autre point important à soulever ici (vous verrez, c’est capital) : le positionnement de Mason Plumlee après le switch. Son placement est mauvais par rapport à ce qu’attend généralement Denver de ses intérieurs sur un switch : presser très haut (comme on a même pu le constater sur ce match durant la Possession n°17).

Comme expliqué plus tôt, presser haut permet plusieurs choses pour Denver : priver le porteur de balle d’espace (donc pas de pull-up 3 autorisé), inciter à driver (plus un intérieur est loin du cercle, plus l’adversaire le voit comme vulnérable) jusque dans la raquette ou des défenseurs sont prêts à aider.

Ici, Plumlee reste bas, pour deux raisons possibles : la crainte des capacités en pénétration de Brogdon, ou la supposition que Brogdon ne peut pas dégainer d’aussi loin. Ou les deux à la fois.

Brogdon pli l’affaire sur un magnifique tir, et McMillan termine son 3e QT en se disant qu’il tient quand même là un sacré bon porteur de balle capable de répondre à tous les problèmes que peut proposer une défense.

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À suivre

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