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Road to the Draft : Josh Jackson, l’explosif ailier prêt à tout casser

Pour la première fois depuis 2014, Bill Self et Kansas vont peut-être arriver à placer un joueur dans le top 3 de la draft NBA. A l’époque, Joel Embiid était pris par les Sixers en 3e position tandis que les Cavaliers jetaient leur dévolu sur Andrew Wiggins avec le premier choix. Le prospect de cette année, Josh Jackson, s’est d’ailleurs attiré beaucoup de comparaisons avec l’ailier Canadien du Minnesota, à la fois dans son style de jeu, son profil physique et son potentiel. Si une place sur le podium n’est pas assurée à l’heure actuelle dans une cuvée ou tous les gros prospects ont une valeur similaire, ce serait toutefois étonnant de le retrouver en dehors du top 5 le 22 Juin prochain.

Jetons un coup d’oeil à son profil.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

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Josh Jackson est bien connu des scouts NBA. Voilà quelques années que le garçon est sur le radar des observateurs, pour ses exploits spectaculaires durant ses années High School. Il affichait même un niveau de jeu suffisant pour faire partie du roster des Etats Unis pour le championnat du monde U19 en 2015, compétition durant laquelle le jeune homme a impressionné par sa capacité à tout faire tout en laissant entrevoir un énorme potentiel.

Hautement recruté à sa sortie du lycée, Jackson aura connu une unique saison universitaire de très haute facture. Meilleur lycéen du pays selon divers observateurs pertinents, ou 2e selon d’autres, il a finalement opté pour l’université prestigieuse de Kansas, avec la possibilité d’évoluer sous les ordres d’un des tous meilleurs coachs du pays, Bill Self, dans un système de jeu ressemblant à ce qu’il pourra rencontrer chez les pros.

Les Jayhawks réalisent une saison très complète, sous la houlette de Jackson mais aussi d’un effectif très dense, où l’on retrouve notamment le meneur scoreur Frank Jackson, un senior de la génération Wiggins, Embiid, Selden, qui a bien grandi et a pu assurer l’essentiel du scoring de l’équipe. Kansas terminera une fois seulement en dehors du top 5 du classement des meilleures facs du pays, terminant même la saison en trombe en tête de liste et dans un costume de favori pour la March Madness. Malheureusement, ils se feront éliminer aux portes du Final Four par la très solide équipe d’Oregon.

Sur le plan individuel, Jackson a réussi à produire une excellente saison, fort de ses 16.3 pts (51 % FG), 7.4 rbs et 3 ast par match en moyenne. Plus encore, il a réussi à impacter le jeu et les résultats de son équipe, chose qu’on voit finalement assez peu chez les gros prospects et a fortiori les freshmen. Il n’a pas réellement pu faire admirer le potentiel d’une superstar comme on peut s’y attendre du meilleur (ou second meilleur) lycéen du pays, mais Jackson a apporté énormément de certitudes quant à sa valeur en tant que futur joueur NBA. Il est depuis le début attendu dans le top 3 de la draft et n’en est jamais sorti au cours de la saison.

C’est d’abord et avant tout d’un point de vue physique que commencent les louanges à propos de Jackson. Pour faire simple, Jackson est d’ores et déjà un athlète NBA, et un très bon. Il possède une bonne taille (6’8/2m03) une carrure très solide, il semble déjà mature physiquement, et c’est même un athlète explosif. Le seul petit bémol que l’on pourrait apporter à ce joli tableau est peut être une envergure de bras moyenne pour sa taille (6’9/2m06), ou en tout cas pas aussi longue que l’on aurait pu le souhaiter.

De manière assez surprenante, Jackson a affiché un niveau de jeu intéressant sur son jump-shot, dans le sens où on l’attendait moins bon que ce qu’il n’a été à Kansas. Cette partie de son jeu était justement l’aspect déterminant qui pouvait libérer et faire exploser son potentiel (dixit DraftExpress avant son entrée à la fac) ou au contraire le limiter.

D’abord et avant tout, il convient de dire que les doutes quant à son jump-shot et les limites que ce dernier a rencontrés et rencontre encore sont très largement dus au fait que Jackson possède une mécanique de tir atypique. Mauvaise même.

Le principal problème de sa gestuelle est le fait qu’il ne verrouille pas son coude pendant le tir. De manière recommandée académiquement (même plus encore, de manière impérative on peut dire), un joueur doit verrouiller l’angle de son coude, c’est à dire l’angle que son bras forme avec son avant bras. Il faut prendre le bon angle dès le début de la gestuelle, avant même de sauter, et conserver exactement ce même angle durant toute la durée du tir jusqu’à ce que le ballon soit relâché. Il peut y avoir un peu de mouvement, mais de manière générale il faut arriver à garder ce même positionnement des bras.

Or, Jackson ne verrouille pas son coude. Lorsqu’il reçoit le ballon et s’apprête à sauter en l’air pour le tir, son coude forme un angle très grand, bien supérieur aux 90° recommandés, et juste avant de relâcher le ballon une fois en l’air, cet angle est alors devenu très petit, aux alentours de 45° seulement. Pendant son saut vertical, Jackson ramène en fait le ballon vers lui et modifie l’angle de son coude qui devrait être figé.

C’est une particularité qui entraîne plus de conséquences que ce que l’on peut penser. En effet, ces deux mouvements de bras supplémentaires (ramener le ballon puis le re-expulser à nouveau plutôt que de rester fixe) se rajoutent au mouvement vertical du saut. Toute la stabilité du saut se retrouve du coup affectée. La trajectoire verticale qui doit être régulière et bien droite justement est logiquement modifiée par ce mouvement des bras qui ne devrait pas être là. Plus encore, il perd aussi en précision. Les angles de départ et d’arrivée ne sont jamais réellement les mêmes, puisque son coude n’est pas figé, ce qui fait que Jackson a logiquement du mal à bien doser ses ballons en termes d’énergie qui doit être transmise dans le tir. Certains de ses tirs sont beaucoup trop courts et d’autres beaucoup trop longs. Plus il y a mouvement, plus c’est dur de tout le temps bien coordonner les gestes et avoir la même régularité d’un tir à l’autre.

D’autres défauts moins importants mais non négligeables constituent sa mécanique de tir. Jackson s’élève superbement au moment du tir et saute très haut, mais il a tendance à relâcher son tir lorsqu’il redescend vers le sol, ou en tout cas à la limite (trop tard, donc). Une tendance qui affecte également le dosage de force transmise au ballon. Egalement, Jackson relâche son tir assez bas pour un ailier, principalement du fait de sa mécanique de tir (il ramène beaucoup trop le ballon vers lui plutôt que de placer le ballon haut au moment de relâcher). De ce fait, les défenseurs NCAA (plus petits qu’en NBA) arrivaient à assez bien contester ses tirs. C’et une potentielle source d’inquiétude par rapport au monde professionnel et à sa capacité, ou non, à pouvoir se créer son propre tir.

Une chose que l’on ne peut pas retirer à Jackson du point de vue des fondamentaux techniques du tir, c’est sa prise d’appuis. En tout lieux et en toutes circonstances, il parvient à placer ses pieds de manière excellente, pour pouvoir ensuite s’élever tout en équilibre. Particulièrement, Jackson arrive à faire cela même sur des tirs en sortie de dribble, quelque chose d’assez rare chez des jeunes joueurs. Ce constat confirme d’ailleurs ce que disait de lui DraftExpress, durant ses années lycée, décrivant le joueur bien plus à l’aise sur du tir en sortie de dribble que sur des tirs en catch & shoot alors que c’est généralement l’inverse.

Un de ses principaux atouts pour la NBA, cependant, c’est bel et bien son trois points en catch & shoot. Jackson a réussi à shooter à un très correct 37% de réussite à longue distance (presque 38 même), sur majoritairement de simples tirs en réception de passe. C’est une efficacité que l’on espérait pas forcément chez lui du fait de ses problèmes de mécanique et de son historique au shoot. Son seuil minimal, dans le cas où il n’arrive pas à développer un jeu offensif conséquent, étant celui d’un bon défenseur shooteur, un 3&D comme en veulent toutes les équipes NBA, le fait qu’il ait montré à Kansas être capable de performer très largement dans ce domaine du tir, et d’avoir cette capacité à punir les défenses de loin donne lui offre une certaine garantie de survivre dans la grande ligue.

Sur des tirs en sortie de dribble, Jackson a démontré de superbes fulgurances par moment, bien que dans l’ensemble on ne puisse pas le qualifier de bon ou d’excellent dans l’exercice.

Comme évoqué ci-dessus, son footwork est notamment toujours aussi bon en sortie de dribble qu’en réception de passe, ce qui est rarement le cas, a fortiori chez des jeunes joueurs. Plus encore, son excellente élévation et ses appuis explosifs lui permettent, après avoir bien placé ses appuis, de monter dans les airs rapidement et très haut, pour mieux faire partir le tir. Il manque évidemment de savoir-faire, d’expérience, mais il a su faire admirer régulièrement quelques moves extrêmement intéressants, comme par exemple un superbe step-back qui, s’il venait à être peaufiné, pourrait s’avérer une arme de choix en NBA vu sa capacité à se séparer de son défenseur au moyen de ses appuis rapides et bondissants. En plus de ça, sa qualité de dribble est déjà très bonne pour un ailier, ce qui ne gâche rien à ses rares créations de tir qu’il a montrées.

Il est tout aussi à l’aise pour tirer sur Pick & Roll (bien qu’il l’ait peu fait) ou sur simple isolation, sans un écran à utiliser pour perdre le défenseur. Un réel potentiel énorme semble se cacher en Jackson dans la création de son tir et la création d’espace, ce que l’on ne peut pas dire de tous les prospects de cette année. Même, sur le plan technique et sur la qualité des appuis et de la séparation, il doit être le seul (en compagnie de Dennis Smith Jr). Il reste évidement à travailler et bonifier tout cela, mais la séparation qu’il arrive déjà à générer face à son défenseur est réellement excellente, et même plus.

Au delà de sa capacité à se créer de l’espace, qui a semblé bonne bien qu’irrégulière, c’est surtout sa capacité à rentrer le tir ensuite qui est largement imparfaite. Par de nombreuses occasions, Jackson a su générer une séparation avec le défenseur au moyen de son dribble ou de ses moves, mais il s’est ensuite révélé incapable de rentrer le tir, pourtant ouvert. A l’image de Dennis Smith Jr, encore une fois. Le problème est le suivant : si Jackson arrive à obtenir de bons tirs pour lui-même, et qu’il manque ces tirs relativement ouverts, c’est donc que c’est un problème d’adresse pure. C’est à dire que intrinsèquement, il n’est (pour l’instant) pas un assez bon shooteur. Il ne rentre pas encore suffisamment ses tirs, il maque d’adresse.

Plus encore, qu’en sera-t-il si ces tirs-là sont alors contestés ? S’il n’arrive déjà pas à mettre les tirs ouverts, qu’en sera-t-il de ceux qui seront bien défendus ? Ce n’est pas à exclure qu’en NBA les défenseurs arrivent à mieux le suivre, et si sa capacité de création d’espace n’est pas à ce point bonne, Jackson pourrait se retrouver à prendre ces mêmes tirs avec le défenseur en plein sur lui. Et déjà qu’il n’est pas adroit pour enchaîner un tir après un dribble, et le rentrer, il y a fort à parier que si ce tir est en plus contesté, Jackson aura d’autant plus de difficultés.

La clé de l’avenir de Jackson réside dans ce tir en sortie de dribble. Dans le cas où il développe ce tir, qu’il arrive à stabiliser sa mécanique irrégulière, et qu’il gagne en adresse pure pour pouvoir rentrer les tirs avec une plus grande efficacité, Jackson peut prétendre à être une très solide option au scoring. Dans le cas contraire, son manque de shoot pourrait fermer son jeu, ou en tout cas son incapacité à se créer son propre tir le limiterait clairement en termes de rôle offensif. Dans les deux cas, Jackson trouvera sa place en NBA via d’autres atouts (la défense, le scoring sur pénétration et même le playmaking), mais l’état de son tir en sortie de dribble sera une indication de si Jackson peut s’élever au rang de joueur offensif majeur ou stagner à celui d’excellent rôle player à tout faire.

Par ailleurs, sa sélection de tir est largement discutable, et pas toujours en adéquation avec ses capacités. Malgré le fait que son tir en sortie de dribble ne soit pas si bon que ça, Jackson insiste souvent sur des longs tirs de la sorte qui ne rentrent pas dans son répertoire habituel. A l’inverse, il y a d’autres fois où Jackson refuse complètement des tirs très largement ouverts à trois-points par manque de confiance en son tir, et enchaîne alors un long deux hors de rythme ou une pénétration forcée.

Jackson est par ailleurs un bon joueur en pénétration.

D’abord et avant toute chose, c’est son explosivité d’élite qu’il faut noter. Jackson possède de la dynamite dans les jambes et peut décoller du sol pour jouer dans les airs avec une facilité déconcertante. Son premier pas est réellement très bon, bien que son manque de technique de placement d’appuis empêche de l’admirer plus souvent, et il possède une détente tout bonnement excellente qui lui permet de jouer au dessus du niveau du cercle. Sans surprise, il excelle en transition.

Jackson se montre très agressif pour attaquer régulièrement le cercle. A la réception du ballon par exemple, dans des positions de spot-up, il feinte le défenseur et pénètre balle en main, sur des drives en tout droit ultra incisifs. Ses grandes enjambées l’aident bien d’ailleurs à se rendre au panier plus rapidement que l’adversaire, et une fois au cercle, il possède le contrôle du corps pour garder suffisamment l’équilibre et conclure. Son total de 4.9 lancers francs tentés par match son un bon testament de son agressivité, et lorsqu’il se retrouve dans la zone du panier, Jackson n’hésite pas à rentrer dans le lard des défenseurs sans chercher du tout à fuir les contacts. Il est d’ailleurs suffisamment puissant pour déjà terminer malgré eux.

Cependant, là où Jackson se démarque réellement des autres jeunes joueurs athlétiques, c’est sa déjà bonne maîtrise technique. Jackson peut tout à fait battre son adversaire sur de l’explosivité pure, en se propulsant à toute vitesse vers l’arceau, mais il est capable de faire d’autres choses. Il possède déjà de belles variations, il sait jouer sous contrôle, à des rythmes plus lents, avec plus de mouvements intelligents et contrôlés. Une grande qualité chez un jeune joueur de cette trempe athlétique (Andrew Wiggins était à des années lumières de ça au moment de sa draft).

Jackson arrive déjà à bien changer de vitesse durant les drives, et même de direction. Il semble être patient, juste ce qu’il faut pour scanner le terrain, laisser la défense faire ses rotations puis accélérer d’un coup une fois la brèche aperçue. Il navigue entre les défenseurs avec une maîtrise très appréciable, et sans avoir besoin de se projeter à fond la caisse dans le tas, en mettant son défenseur dans le vent sur sa vitesse pure.

Sa qualité de dribble est notamment très bonne pour à la fois un jeune joueur mais en plus un joueur évoluant sur le poste 3. Il possède quelques bons moves balle en main, que ce soit des dribbles In & out, des spin moves, et même des crossovers très intéressants. Il contrôle bien son ballon et arrive à lui faire faire de très bonnes choses, tout en ayant une bonne coordination d’appuis pour finaliser tout cela. Egalement, Jackson descend déjà très bas sur ses appuis durant ses drives, se rapprochant au maximum du sol pour conserver un centre de gravité très bas et ainsi mieux dépasser son défenseur. Un testament de son bon savoir-faire, déjà.

En qualité de finisseur au panier, Jackson n’est pas encore très brillant mais conserve un excellent potentiel. Ses qualités athlétiques laissent penser qu’il pourrait à terme les utiliser à merveille pour devenir très bon dans l’exercice. Il possède les outils nécessaires pour cela en tout cas (verticalité, explosivité, bonne envergure de bras, etc.). Il n’était pas rare de le voir prendre appui de très loin, de voler dans les airs jusqu’au panier puis de conclure sur lay-up. Cette qualité peut largement compenser les fois où il n’arrivera pas à complètement mettre dans le vent son vis-à-vis, et sa verticalité lui permettra d’obtenir des tirs plus près du cercle, plus faciles (voire même des dunks) à très haut pourcentage de réussite.

Néanmoins, Jackson ne possède encore qu’un potentiel, et il reste à le concrétiser. Beaucoup de défauts sont encore présents dans son jeu.

Notamment, son touché de balle n’est pas si bon que ça, ou en tout cas n’est pas apparu très bon à Kansas l’an passé. Sur des situations de jeu relativement faciles, ou au contraire sur des drives où il arrivait lancé à pleine vitesse, il n’est pas souvent arrivé à trouver le bon dosage pour finir avec doigté au cercle, et déposer le ballon juste comme il faut sur l’arceau ou contre la planche. Autre problème : la qualité même de ses tirs au cercle. Jackson se repose parfois à l’excès sur ses qualités athlétiques. Il se jette en l’air sans aucun plan, misant sur ces dites qualités mais se retrouve du coup en très mauvaise posture par moment (en déséquilibre, ou autre), et n’a pas le touché de balle pour compenser cela. Un défaut loin d’être alarmant : cette caractéristique se retrouve chez énormément de joueurs explosifs (cette année, Dennis Smith Jr par exemple), du fait qu’ils ont toujours su dominer seulement sur leur physique dans leurs années lycée mais que le delta de dimension physique entre eux et leur adversaire est bien plus petit en NCAA (et en NBA) qu’en High School. Aussi, beaucoup doivent alors réapprendre à corriger certaines finitions, apprendre à terminer plus proprement. Rien d’inquiétant d’avoir ce défaut là à son âge, mais aucune certitude non plus qu’il arrive à s’adapter. A suivre donc. Autre imperfection liée à cela, sa mauvaise prise d’appuis. Sans raison évidente, Jackson se repose parfois sur un très mauvais footwork au moment de conclure : il prend appui de très loin plutôt que de continuer de pénétrer vers le cercle, il se mélange les pinceaux, ne prend qu’un appui plutôt que deux, utiliser le mauvais appui selon le côté, etc. Tout cela rentre dans le travail de contrôle et de recherche de la finition propre qu’il doit réaliser.

Plus encore, et c’est peut être un défaut intangible cette fois, Jackson semble avoir du mal à finir dans le trafic notamment du fait de son manque d’envergure de bras. Il était assez affecté par la présence de longs et grands défenseurs positionnés sous le cercle, et arrivait rarement à finir malgré eux ou par dessus eux. Un problème qui semble à la fois inquiétant en vue de la NBA (les défenseurs seront encore plus grands et longs) et aussi du point de vue de son évolution : Jackson n’arrivera pas à faire pousser ses bras. Néanmoins ce serait faux de qualifier ce défaut de totalement intangible. Avec une meilleure prise d’appuis au moment des lay-ups, Jackson saura se trouver de meilleures positions de tirs, plus en contrôle, qu’il pourrait mieux finir avec également un touché de balle qu’il peut améliorer. Plus encore, Jackson est un athlète explosif et vertical, bien au dessus de la moyenne. Il suffit qu’il apprenne juste un tout petit peu à être mieux placé et sa détente le propulsera directement vers des tirs plus faciles (plus proches du cercle).

Du reste, Jackson est un assez bon scoreur intérieur. Jouant assez fréquemment ailier fort en NCAA, il était plus amené à jouer dans la peinture qu’il ne devrait le faire en NBA, mais tout n’est pas à jeter cela dit. Son jeu sans ballon était par exemple une importante source de points pour lui l’an passé à Kansas, et cela pourrait s’avérer la même chose chez les pros. Son intelligence de jeu s’exprime pleinement dans ses coupes rapides vers le cercle, avec un excellent timing, où il descelle le manque d’attention de son défenseur ou la brèche dans le dos de la défense pour s’offrir des points faciles.

Jackson s’est également montré actif au rebond offensif (2.3/m), démontrant de bons instincts pour deviner où va rebondir la gonfle et d’excellentes qualités athlétiques pour rabattre ces ballons dans l’arceau. Un partie de son jeu directement transposable en NBA, sans besoin d’adaptation ou doute quelconque.

En ce qui concerne le jeu au poste bas, de deux choses l’une. D’une part, il est vrai que Jackson s’est montré performant à l’occasion, notamment sur des rapides hook-shots, et lorsque de plus petits défenseurs changeront sur lui, il aura toujours l’occasion de les punir sur cette arme. D’autre part, cependant, difficile d’imaginer le jeu au poste avoir une réelle importance dans son jeu une fois chez les pros. Parce que ses fondamentaux sont mauvais, voire très mauvais (la prise d’appuis, le touché de balle, le positionnement du corps), et parce que Jackson performait surtout du fait de son avantage physique sur ses défenseurs, autant sa taille que sa puissance. En NBA, il ne devrait plus avoir cet avantage, ou en tout cas pas au point de créer un écart suffisant pour compenser ses fondamentaux imparfaits.

Sur le jeu de passe, Jackson apporte de véritables atouts sur la tables, que l’on attend pas forcément de la part d’un poste 3.

En premier lieu, Jackson est un joueur altruiste qui comprend et joue pour le bien de l’équipe. Il réalise la passe simple qui se présente et ne privilégie jamais son propre tir si une meilleure option est disponible pour son équipe. Il lit bien les défenses et si un défenseur autre que le siens commence à quitter sa position pour venir aider, il le punit très rapidement en trouvant son coéquipier, alors ouvert.

Mais les qualités de Jackson vont au delà de ça, et c’est précisément pourquoi il peut apporter beaucoup de choses par rapport à son équipe. Jackson peut créer véritablement, et pas seulement faciliter ou faire tourner la balle. Il possède un réel potentiel de point forward s’il continue de développer cet aspect de son jeu. Cette combinaison de qualités athlétiques, scoreur solide (mais pas exceptionnel) et capacité à créer pour les autres lui à d’ailleurs attiré pas mal de comparaisons avec André Iguodala. A raison, sans doute.

Sur Pick & Roll, Jackson est réellement impressionnant pour un non-meneur de jeu qui n’a, a priori, aucune expérience ou jamais eu besoin particulièrement d’exceller dans cet exercice. Il se montre patient, intelligent, et arrive à se jouer de l’écran pour créer de bonnes passes. Il parvient d’ailleurs à trouver des passes déjà très élaborées dans des angles variés, et pas seulement de simples passes par dessus la mêlée. Il en va de même pour les pénétrations où Jackson est là encore au dessus de la moyenne. Il créé bien et souvent sur du drive, que ce soit pour ressortir vers des shooteurs ouverts dans le périmètre ou, plus souvent, pour trouver de magnifiques passes pour ses intérieurs démarqués sous le cercle. Jackson arrive bien à utiliser son impact en pénétration pour attirer les défenseurs à lui et ensuite tirer profit de ce décalage.

Sa vision de jeu est également excellente, meilleure que la moyenne encore une fois. Jackson semble tout le temps à la fois alerte et altruiste : si un coéquipier devient ouvert, non seulement il le voit mais en plus il n’hésite pas à lâcher son ballon pour lui transmettre. Un domaine très précis qui illustre parfaitement ses excellentes aptitudes à la passe, c’est sa capacité à alimenter le poste bas. A la manière d’un meneur de jeu de métier, il se montre très bon pour servir le poste très proprement, ce que très peu de non meneurs et même des meneurs de jeu n’arrivent pas à faire aussi proprement et aussi régulièrement.

Cependant, Jackson demeure un joueur en progression, et rien ne l’atteste plus que ses pertes de balle. Actuellement, son playmaking est tout juste rentable (ce qui set dommage) puisqu’il perd 2.8 balles par matchs contre 3 passes de moyenne (ratio à 1.07). C’est ici que sa non expérience, notamment en tant que meneur de jeu, ressort le plus.

Si sa vision de jeu est très bonne, sa lecture du jeu pourrait être meilleure en revanche. Régulièrement, il n’est pas arrivé à anticiper la rotation défensive (du 2nd joueur coté faible) qui était en cours et qui venait défendre son coéquipier qui s’était effectivement démarqué. D’autres fois, c’est sur des drives qu’il a perdu le ballon en perdant tout simplement le contrôle, de la même manier qu’on l’a décrit pour son scoring sur drive. Il mise parfois trop sur ses qualités athlétiques, et si le défenseur arrive à suivre, Jackson se retrouve sans plan de secours, lancé hors de contrôle, et tente des passes qui n’ont pas lieu d’être pour tenter de se sauver.

Là encore, rien d’inquiétant pour un aussi jeune joueur de perdre régulièrement des ballons. Sa formation n’est pas finie, et notamment dans tout ce qui est compréhension du jeu et adaptation à la plus grande vitesse du jeu, Jackson doit encore logiquement progresser et aura encore besoin d’un petit temps d’adaptation en NBA. A terme cela dit, s’il arrive à corriger cela à coup d’expérience, de visionnage de films et d’une meilleure prise de décision, Jackson peut devenir un superbe point forward dans la grande ligue, à l’image d’Andre Iguodala justement, de Paul George ou même Kevin Durant (LeBron James est hors compétition, étant un pur meneur de jeu jouant comme tel). La question sera de savoir quand Jackson arrivera-t-il a être rentable ? Créer, il y arrivera tout de suite, mais c’est savoir quand et à quelle vitesse il arrivera à limiter ses erreurs pour devenir un passeur rentable qui importe.

Défensivement, Jackson possède tout pour exceller au plus haut niveau dans la grande ligue. Mais ça ne devrait pas arriver avant un certain temps, puisque même en NCAA, son niveau était loin d’être parfait.

La première chose qu’il convient de dire c’est que Jackson possède une superbe vitesse latérale. Il bouge très bien ses appuis et couvre une grande quantité de terrain rapidement. Cela lui permet sur isolation de bien boucher les angles et de rester en face de son vis-à-vis.

Cependant, de manière plus globale Jackson ne s’est pas montré au niveau attendu, ni n’a réussi à contenir les pénétrations de manière proportionnelle à sa superbe mobilité. Parfois, il ne coulissait pas très bien, se faisait dépasser au démarrage. D’autres fois, il coulissait très bien mais n’empêchait toutefois pas le joueur de se rendre au panier. Jackson doit apprendre à jouer beaucoup plus dur qu’actuellement, à être plus agressif pour repousser l’adversaire. Trop régulièrement, il n’offrait pas de contact du tout (ou pas assez) à l’attaquant, il en faisait pas mur en essayant de tenir la position, et autorisait ainsi l’adversaire à pénétrer. Sur ce genre de drive il restait bien entre son adversaire et le panier au début de la pénétration, au milieu et à la fin, mais il autorisait aussi l’adversaire à gagner du terrain et à se rendre jusqu’au panier pour finir. C’est plus une question de dureté que de puissance, Jackson doit apprendre à repousser les adversaires et leur pénétrations, pas juste à être positionné en face de l’attaquant. Dans le premier cas, il annihile le drive dès le début, dans le second, il laisse le vis-à-vis s’infiltrer et se retrouver proche du cercle pour un lay-up.

Ce manque d’agressivité ressemble parfois à un manque d’effort, étant donné ses capacités intrinsèques, mais d’autres petits signes démontrent parfois ce manque d’effort. Il n’est pas toujours en bonne posture défensive, et se fait facilement mettre dans le vent, ou ne fait pas l’effort dès le début de bien boucher l’angle pour être en parfaite position. Là encore, ce sont des petits défauts qui attestent sans doute de sa domination physique sur ses adversaires jusqu’ici. Au lycée, il n’avait pas besoin d’être en parfaite position pour contester ou contrer le tir, son explosivité et ses grandes mensurations compensaient, mais en NCAA, et sans doute en NBA, ça ne suffit plus il faudra faire l’effort d’être dans la meilleure position possible tout le temps.

Egalement, Jackson manque sans aucun doute de discipline et de rigueur défensive dans sa défense sur le ballon. Il tente à l’excès de réaliser l’interception ou le contre, et s’est retrouvé trop régulièrement en problème de fautes à Kansas.

Sur Pick & Roll, Jackson s’est montré particulièrement redoutable, sans faire autant de petites erreurs techniques qu’en isolation. Kansas profitait de l’avoir pour pratiquer à foison des changements défensifs sur les écrans, et c’est avec une facilité déconcertante que Jackson parvenait à switcher sur des plus rapides et plus petites meneurs ou arrières et arriver à les tenir sur toute la possession.

Autre gros bémol de sa défense sur l’homme : sa capacité à contester les tirs. Jackson s’est fait très régulièrement shooter par dessus la tête au niveau NCAA, beaucoup trop même pour un défenseur de cet acabit. Et ici, ce n’est pas tant ce qu’il fait qui est à remettre en cause mais bien ce qu’il est : son envergure de bras semble moyenne, et ne lui confère pas une assez bonne longueur pour contester les tirs efficacement. Le problème c’est qu’il rencontrera en NBA des attaquants plus grands et plus longs qui relâcheront le ballon bien plus haut. Jackson devra faire l’effort de tout le temps être en parfaite position et de réagir avec un timing parfait, mais le caractère intangible de son envergure de bras peut inquiéter, en tout cas concernant sa défense sur des ailier/ailiers fort small ball. Un repositionnement poste 2, de ce point de vue là, ne serait pas forcément une mauvaise chose étant donné qu’il a la vitesse pour défendre des rapides arrières tout en ayant de grands mensurations physiques par rapport à sa position. Mieux vaut être un grand poste 2 (Klay Thompson) qu’un petit poste 3.

Un autre argument qui pourrait plaider dans ce sens est sa défense au poste bas. Jouant régulièrement ailier fort en NCAA, Jackson se retrouvait souvent confronté à des adversaires au poste bas. Il était capable de tenir son rang à l’occasion, se montrant d’ailleurs bien discipliné, mais le reste du temps il semblait trop petit et pas assez imposant pour tenir sa position. Même face à des ailiers ou intérieurs NCAA (plus petits que ceux qu’il rencontrera en NBA) Jackson a souffert physiquement, concédant des positions très proches du cercle, se faisant enfoncer ou tout simplement shooter par dessus la tête. Si offensivement Jackson peut exceller en stretch 4 dans un ultra small ball (du shoot, de la création balle en main depuis le périmètre, des passes), en revanche en défense il semble être plus à l’aise dans le costume d’un grand 2 plutôt que d’un 3 ou 4.

Dans sa défense collective, Jackson est bien plus brillant. Son QI défensif est très élevé et il parvient à être un défenseur d’impact, qui influence très concrètement le jeu en apportant des aides régulièrement. Il comprend et a assimilé les principes de rotations défensive à effectuer, de positionnement côté faible, et même du rôle qui incombe à chacun selon les situations.

Plus encore, Jackson est un splendide protecteur de cercle pour un ailier (ou pour n’importe quelle position extérieure). Son timing et ses instincts sont réellement superbe. Il saute en l’air exactement au moment où il faut, en même temps que l’attaquant, et sa détente finit le travail en le faisant se dresser très haut dans les airs pour étouffer et contrer l’attaquant.

Jackson conserve cependant encore pas mal de défauts dans sa défense collective, et ne peut pas encore être considéré en l’état comme un parfait défenseur d’aide capable de combler toutes les brèches.

Souvent, il voit la rotation à faire et se déplace même dans la bonne zone du terrain mais réalise mal l’aide en elle-même. Il ne bouche pas l’angle, ne passe pas devant l’attaquant, n’empêche pas la passe d’arriver, etc. Tout un tas de petit détails de positionnement individuel qui doit venir compléter et valider son positionnement sur le terrain qui lui est bon. D’autres fois, il manque complètement l’aide ou se retrouve trop en retard pour la réaliser.

Son indiscipline loin du ballon est un autre de ses défauts majeurs de sa défense collective. Jackson est beaucoup trop tranquille loin de l’action, il laisse bien trop de liberté à l’adversaire, il se met délibérément hors de position plutôt que de serrer le marquage de près. Il fait cela dans le but d’être en position d’aider ailleurs, mais il se retrouve trop hors de position à ne pas pouvoir revenir à temps contester le tir de son attaquant si celui ci finit par avoir la balle. Egalement, son attention est encore largement améliorable, pour ne pas dire mauvaise par moment. Il ne conserve pas du tout un contact visuel avec à la fois le ballon et son vis-à-vis, se retrouvant alors incapable d’aider sur certaines actions ou laissant filer dans son dos son attaquant.

En qualité de playmaker défensif, Jackson s’est par contre bien illustré à Kansas. En plus de ses 1.1 contre par match, il  faut y ajouter près de 1.7 interceptions de moyenne. Il utilise d’excellents instincts d’anticipation ainsi que son explosivité pour jaillir sur les trajectoires de balle et dérober quelques précieuses possessions à l’adversaire.

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Au moment de peser le pour et le contre, difficile de ne pas considérer Josh Jackson comme un des meilleurs prospects de cette classe de draft 2017. La variable la plus aléatoire de son jeu demeure son jump-shot, et ce n’est pas rien, mais même sans ça dans un scénario catastrophe où il n’arrive pas à le développer, Jackson peut quand même se construire une très solide carrière via sa défense, ses qualités physiques et athlétiques faites pour la NBA, son scoring occasionnel et sa capacité de passe.

Jackson est peut-être même le prospect qui apporte le plus de certitudes dès maintenant, ou en tout cas un de ceux là. A l’inverse d’un Jayson Tatum sur qui on a des doutes quant à la transposition de son jeu chez les pros par exemple, à l’inverse d’un Jonathan Isaac dont on ne sait pas s’il va manufacturer son talent, à l’inverse d’un Malik Monk ou d’un Lauri Markkanen qui pourraient n’être que de simples shooteurs, etc., à l’inverse de tout ceux là, Jackson possède un niveau plancher très haut. L’équipe qui va le drafter sait ce qu’elle aura avec lui. Le risque de le voir buster est quasi-nul.

En revanche, le possibilité de le voir devenir une superstar, plus qu’un génial rôle player, est également très petite. Son niveau plancher est très haut, peut être plus haut que les autres, mais son niveau plafond n’est pas si élevé que ça. Tatum, s’il parvient à s’adapter au jeu NBA, il a le profil d’un go-to-guy. Monk peut devenir un scoreur explosif, même Dennis Smith Jr dans le scénario idéal peut devenir un des meilleurs meneurs de la ligue à terme. Pour Jackson, la marge de progression semble limitée.

Le plus probable, comme souvent, est qu’il atterrissent entre deux eaux. Que son jump-shot ne bloque pas complètement mais qu’il ne devienne pas non plus une gâchette redoutable. Dans ce cas de figure, le parallèle avec Andre Iguodala est on ne peut plus pertinent. Franchise player par défaut à Philadelphie, Iggy n’en demeure pas moins un excellent joueur, pas forcément taillé première option d’équipe mais pouvant faire office de deuxième ou troisième meilleur joueur d’une équipe qui gagne. Voir Jackson développer son tir en sortie de dribble, osciller entre 35% et 40% à longue distance, confirmer son jeu en pénétration, continuer de créer pour autrui et gagner des jalons en défense jusqu’à devenir un borderline All-Star ou un All Star occasionnel semble tout à fait cohérent. S’il fait plus, tant mieux mais c’était inespéré, s’il fait moins, ce serait une vraie déception.

La position attendue de Josh Jackson se comprend tout à fait. Dans cette draft où le top 10 est d’une densité et d’une profondeur historique, seul Markelle Fultz possède le potentiel évident d’une superstar. Les neuf autres, on les attend plus pour des rôles de très bons joueurs, voire même de lieutenants, mais pas plus. Aussi, Jackson possédant le plus haut plancher de tous, est en toute légitimité attendu en tête de ce petit groupe. Sur les 8 autres derrière Fultz et Jackson, c’est probable qu’au moins un exploite son potentiel à fond et devienne un meilleur joueur que Jackson, mais c’est tellement aléatoire que les GM’s préfèreront sans doute parier sur la force tranquille qu’est Jackson plutôt que le potentiel d’un autre.

Altruiste, intelligent et travailleur, Jackson n’a pas non plus l’aura ni le charisme transcendant que certains lui prêtent (capable de retourner la culture d’une franchise à lui seul), mais c’est évidement un joueur de grande qualité, tant physiquement que basketballistiquement et mentalement, qui devrait arriver à se construire une excellente carrière dans la grande ligue.

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