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Ma NBA avec Tony Parker : « A un moment il faut trancher, et ces cinq-là, ça devient mon 5 idéal »

Tous les 15 jours, une personnalité nous raconte la NBA de l’intérieur. Celle d’aujourd’hui ne se présente plus : quadruple champion, MVP des finales 2007, sextuple All-Star, parmi tant de lignes à son palmarès. Sans oublier ses accomplissements chez les Bleus (deux médailles de bronze, une d’argent et une d’or à l’Euro, plus un titre de MVP), ce qu’il ne dissocie pas lui même de son parcours outre-Atlantique…

Tony, quel est ton meilleur souvenir en NBA ?

En fait, j’en ai deux en tant que basketteur, et je ne peux pas les dissocier. Donc il y a le titre NBA de 2014. Parce que bon, avec l’âge, tu te rends vraiment compte comment c’est dur de gagner un titre… Au début c’est allé tellement vite dans ma carrière, où j’ai gagné trois titres en cinq ans ! Avec la cerise sur le gâteau : le trophée de MVP des finales (2007). Donc tu sais, tout est allé tellement vite, c’est après que tu réalises, de plus en plus, plus les années passent, que tu as envie de revivre ça. Et à quel point c’est difficile d’en gagner un ! Donc il y a le titre de 2014 en NBA, et aussi le titre de champion d’Europe 2013, avec l’équipe de France. Ça restera les deux plus grands moments de ma carrière. Et c’est pour ça que ça va ensemble, que je ne peux pas juste te donner mon meilleur souvenir NBA, parce que pour moi c’est la même carrière. (On lui demande si d’ailleurs la défaite aux finales 2013 participe au titre de champion d’Europe derrière, en motivation supplémentaire). Tout est lié. Tout est lié. Tout est lié. C’est pour ça que même si l’interview c’est juste « Ma NBA », je suis obligé de parler de l’équipe de France. (Il répète encore) Tout est lié.

Ton plus mauvais souvenir en NBA, c’est les finales 2013 ?

Ah bah bien sûr, bah bien sûr ! 2013 c’est la plus grosse défaite. Parce qu’on passe à 28 secondes d’un titre NBA et c’est vrai que ça fait mal. De passer aussi près quoi ! C’est vrai que – et de loin – c’est la plus grosse défaite que j’ai eu de ma carrière. (On lui rappelle que sur le moment, il avait dit que « Miami n’était pas plus fort que nous ») Après, quand tu joues, ce n’est pas forcément qu’ils sont plus forts ou pas plus forts, c’est juste que tu as deux équipes qui ont joué à un niveau incroyable. Spurs 2013 et Heat 2013, c’était vraiment deux grosses équipes. Et c’est pour ça que je disais aussi sur le moment oui que c’était une des meilleures finales de l’histoire. C’était un vrai combat quoi ! 0-1, 1-1, 2-1, 2-2, 3-2 pour nous, 3-3, 4-3… Tous les matchs s’étaient joués à la fin et cela aurait pu aller dans les deux sens quoi. Et malheureusement ce n’est pas allé dans le nôtre. Sur le moment, tu es juste déçu de perdre la finale. Je ne pense pas à l’avenir, est-ce que l’on va retourner en finale plus tard ou pas… A ce moment-là, on avait mené 3-2, on était à 28 secondes de gagner une finale NBA, moi c’était à ça que je pensais à la fin.

Tu as souvent dit que le joueur NBA qui t’a le plus inspiré, c’est Michael Jordan. Peux-tu nous raconter ton premier souvenir avec lui ?

Moi, ma première impression, c’est à Chicago. Ma famille, du côté de mon père, elle est de Chicago. Donc on était de grands fans des Bulls. Michael Jordan est devenu très, très vite mon joueur préféré. Il m’a inspiré pour jouer au basket. Que ce soit en-dehors du terrain ou sur le terrain, c’était un bon modèle pour moi à suivre. La première fois où je l’ai rencontré, j’avais 14 ans, en 1996, on était allés voir un match l’année où ils font 72 victoires. On était partis pour les vacances de Noël, et on avait vu un match sur place. Et forcément, voilà, j’étais super content. J’étais super content de le rencontrer, comme n’importe quel jeune qui rencontre son idole quoi… Cela te donne de la motivation pour après avoir une belle carrière aussi ! Même si j’étais déjà très motivé – j’ai toujours été très motivé pour réussir ma carrière –, mais c’est vrai que c’était un bon bonus. En plus c’était mon premier match NBA en vrai… Et bien sûr il y a eu mon père qui a eu une influence aussi. Le fait qu’il ait été basketteur, cela m’a influencé également. Jordan, c’était plus pour le rêve de jouer en NBA. Après, la mentalité, la façon de voir les choses, tout ça, ça c’est mon père. Quand j’étais jeune, tous les matchs, (il insiste) tous les matchs on faisait des debriefs. Après chaque match. Et on essayait de trouver la meilleure façon pour essayer de progresser, de match en match.

« Pour moi, Jordan et Kobe, ça reste les deux meilleurs attaquants de l’histoire »

Après avoir passé autant d’années en NBA, qui a été le meilleur joueur offensif contre qui tu as joué ?

Pour moi, Jordan et Kobe (Bryant), ça reste les deux meilleurs attaquants de l’histoire. Kobe je l’ai joué dans son prime. Spurs – Lakers, c’était un classique en playoffs. Pour moi, Jordan, c’est le meilleur joueur de tous les temps et Kobe c’est ce qui est le plus près de Jordan quoi. C’est clair qu’il y avait des airs entre les deux en plus. Mais en même temps, Kobe avait sa propre personnalité aussi, son propre jeu. Déjà, c’était un meilleur shooteur à trois points, donc il était dangereux même de loin.

Et le meilleur défenseur contre toi ?

(Il hésite longuement) Je ne sais pas, il n’y a personne qui me vient en tête là… Il y a eu de bonnes défenses, on a joué de bonnes équipes en défense, surtout. Les Detroit Pistons de 2005, c’est une très, très bonne équipe défensive. Ils étaient très forts défensivement, la série était super dure, on a dû aller jusqu’au Game 7. C’était vraiment une super finale. Maintenant le jeu a évolué, beaucoup d’équipes jouent avec des joueurs plus petits, tirent à trois points, jouent plus vite… Donc c’est un peu différent. Mais il faut toujours défendre pour gagner des titres. D’ailleurs, les Golden State Warriors sont très forts en attaque, mais ils sont très, très bons défensivement aussi.

Qui est selon toi le joueur le plus sous-coté en NBA ?

(Il hésite encore) Mike Conley. Il n’a pas été All-Star parce qu’il était à l’Ouest, et à l’Ouest c’était l’âge doré des meneurs de jeu ! (On mentionne que lui aussi a été privé de quelques sélections, même s’il en a eu six) Bah, voilà, c’est pour ça. Je pense que j’aurais été plus All-Star moi aussi oui, si on n’était pas dans cet âge-là. Mais bon, déjà, de l’être six fois, avec (il insiste sur ce mot) tous les joueurs qu’il y avait à l’Ouest, j’en suis fier.

Pour revenir sur Mike Conley, il est très souvent nommé sur cette question. Au final, est-ce que ce n’est pas plus important d’avoir le respect de ses pairs plutôt que des sélections au All-Star Game ?

Euh… Les deux hein ! Les deux sont bien ! (Rires)

L’équipe la plus dangereuse en NBA, ça reste Golden State ?

Golden State. Golden State. Ils ont 4 All-Stars, ça aide ! Tu te retrouves pratiquement toujours face à un joueur qui a un énorme répertoire et qui peut être décisif. Après, quand tu les joues, tu as envie de les battre, c’est tout, comme toutes les autres équipes. D’autant que la saison est longue. En playoffs ça devient particulier. Mais pendant la saison, tu cherches juste à gagner le plus de matches possibles. Et puis bon, si tu reprends l’an dernier, on les joue en finale de conférence, donc tu as un truc en plus parce que tu joues ta place en finales NBA. Quoi qu’il arrive, tu es plus haut au niveau de l’intensité… Dans l’idéal, on souhaiterait les recroiser, forcément. Mais il y a une longue route et beaucoup de choses à faire avant que l’on se retrouve dans cette situation-là.

« Avec les Spurs, je pense que c’est pour ça que l’on est aussi réguliers »

Et si tu devais citer une équipe qui n’a pas forcément une réputation à la hauteur de son niveau de jeu ?

Je ne sais pas. Parce que je trouve que toutes les équipes proposent différents challenges et différents problèmes. C’est pour cela qu’il faut respecter tout le monde, parce que n’importe quel soir tu peux perdre contre n’importe quelle équipe. Avec les Spurs d’ailleurs, je pense que c’est pour cela que l’on est aussi réguliers. On respecte toutes les équipes et on sait qu’elles sont toutes dangereuses. Même s’ils sont derniers, ils sont en NBA quoi. Nous, on aborde chaque match comme ça : chaque match a autant d’importance, que ce soit Golden State ou les Brooklyn Nets, on va attaquer de la même façon.

Tu sais que parfois, c’est vous qui êtes cités sur cette question, alors que vous êtes la meilleure franchise des 20 dernières années ?

Ça nous arrange !

Quelle est la salle où tu préfères jouer, en dehors de la tienne ?

Golden State c’est bien. OKC, Dallas… Pour les ambiances. C’est un public très chaud ces trois-là. Moi c’est ce que je préfère, c’est ça qui me marque. Après, si tu veux parler de l’histoire et de l’affectif, New York ça reste mythique et Chicago parce que Jordan a joué là-bas.

C’est vrai qu’il peut y avoir une distinction entre l’ambiance et le côté historique d’une salle. Une qui cumule les deux c’est Boston, mais au final vous n’y allez qu’une fois par an, en saison, et vous ne les avez jamais joués en finales…

Oui, voilà. Par contre on a eu les Lakers, et c’était vraiment incroyable quand on les jouait avec Kobe et Shaq, à l’époque. Après, nous on a l’habitude de jouer dans des salles qui sont chaudes, et cela ne change rien à notre stratégie ou comment on va aborder le match. C’est comme ce que je te disais sur le fait de respecter toutes les équipes.

« A un moment il faut trancher, et ces cinq-là, ça devient mon 5 idéal »

Qu’est-ce que tu préfères en NBA, au quotidien ?

Je vais dire l’avion privé. Pour la récupération, c’est bien, avec tous les matchs que l’on a ! La première fois que tu montes dedans, tu te dis que tu es arrivé en NBA, c’est un des premiers signes. C’est un espace de vie, en groupe, mais au final c’est surtout un endroit où tu dors beaucoup, surtout après les matchs, contrairement à quand tu pars en journée. C’est sûr que ça donne aussi du respect par rapport aux plus anciens joueurs, qui ont connu d’autres situations…

Et la chose la plus dure à vivre au quotidien, en NBA ?

Moi, rien. Je me sens chanceux d’être en NBA, franchement. J’ai la chance que mon métier soit ma passion, donc je n’ai rien qui me vient en tête.

Ton cinq idéal de tous les temps ?

Magic (Johnson), Jordan, LeBron James, (Tim) Duncan et Shaq (O’Neal). Magic, en tant que meneur de jeu, tu regardes forcément, mais bon, lui il faisait 2m06, donc c’était dur pour moi de me comparer à lui (rires) ! Du coup je regardais plus Isiah Thomas et Gary Payton. Duncan, si tu regardes tout ce qu’il a fait en NBA, sur toute sa carrière, c’est les meilleurs vingt ans que tu as eu dans toute l’histoire de la NBA, au niveau des pourcentages de victoire… Et il a cinq titres comme Magic. Pour moi, c’était un honneur de jouer avec lui. Et d’avoir joué contre LeBron et Shaq, ça illustre bien que j’ai joué dans une génération où il y a eu beaucoup de bons joueurs, parmi les meilleurs de l’histoire. Même deux générations, puisque je veux jouer vingt ans, ce qui fera deux décennies. J’ai eu le temps de voir beaucoup de très bons joueurs… Je pense que je suis arrivé à un moment fort de la NBA, qui est d’ailleurs en très bonne santé. Après, c’est toujours difficile de comparer les périodes, parce que tu as eu tellement de bons joueurs dans l’histoire. Mais à un moment donné il faut trancher. Et ces cinq-là, ça devient mon choix personnel.

Et ton 5 idéal actuel ?

Moi je ne veux pas faire le 5 actuel. Je trouve que cela ne sert à rien en fait. Sur toute l’histoire, tu inclues tous les joueurs. Actuel, bof, ça ne m’intéresse pas.

Pour finir, quand as-tu su qu’un jour tu seras vraiment en NBA, que ce n’était pas qu’un rêve ?

Quand j’ai été drafté. Pas avant. Parce qu’il y a des rumeurs, les gens parlent, mais on sait très bien comment cela se passe une draft. D’ailleurs je suis descendu jusqu’à la fin du premier tour (28e choix, en 2001). Donc tant que je ne suis pas drafté, je ne veux pas me faire de faux espoirs. Surtout que quand moi je suis arrivé, tu n’avais pas beaucoup d’Européens et pas beaucoup de meneurs européens… Ce n’était pas l’époque d’aujourd’hui. Tu avais deux-trois meneurs européens, et aucun n’avait réussi. Avant ça, même le camp ABCD en 1999, ça ne me donne pas forcément une idée. Plus le Nike Hoop Summit (en 2000) à la limite. Je vois que les gens commencent à être intéressés, je croise des joueurs qui vont être draftés et je vois que je suis au niveau.

Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York

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