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Confessions de NBAers : Quand est-ce que tu t’es dit « C’est sûr, je serai en NBA un jour » ?

Durant la saison NBA nous sommes allés à la rencontre des joueurs NBA pour recueillir quelques confessions sur leur carrière dans le cadre de notre série Ma NBA. Pour ce nouveau volet, les joueurs NBA se confient sur le moment où ils ont su qu’ils iraient un jour en NBA.

Tony Parker

Quand j’ai été drafté. Pas avant. Parce qu’il y a des rumeurs, les gens parlent, mais on sait très bien comment cela se passe une draft. D’ailleurs je suis descendu jusqu’à la fin du premier tour (28e choix, en 2001). Donc tant que je ne suis pas drafté, je ne veux pas me faire de faux espoirs. Surtout que quand moi je suis arrivé, tu n’avais pas beaucoup d’Européens et pas beaucoup de meneurs européens… Ce n’était pas l’époque d’aujourd’hui. Tu avais deux-trois meneurs européens, et aucun n’avait réussi. Avant ça, même le camp ABCD en 1999, ça ne me donne pas forcément une idée. Plus le Nike Hoop Summit (en 2000) à la limite. Je vois que les gens commencent à être intéressés, je croise des joueurs qui vont être draftés et je vois que je suis au niveau.

Goran Dragic : 

Je pense que c’est quand j’ai signé avec Ilirija (club désormais coaché par Sasha Doncic, le père de Luka…), que je suis parti de la maison à 16-17 ans. J’étais dans une bonne position, je savais que je pourrai me développer. Pas tout de suite bien sûr, mais quand tu te lances dans ce genre de programme pour deux ou trois ans, les rumeurs commencent. Il y a les scouts, Draft Express qui dit que tu as le potentiel pour aller en NBA… Là tu peux te dire que tu as une chance. Mais en même temps, je savais que ce n’était qu’un tout petit pas en avant, un pas de bébé. Tu as les workouts avec les équipes avant en plus, les interviews… Tout ! Même si tu es drafté, il y a encore beaucoup de chemin à faire. La route est longue. Et puis tu sais aussi que tu vas devoir changer, en tant que joueur. C’est un jeu beaucoup plus rapide qu’en Europe ici. Je dirais que c’est moins le cas maintenant, mais il y a dix ans c’était assez différent. Il a fallu que je m’adapte. A tout d’ailleurs : une autre langue, d’autres joueurs, la ligne à trois points qui était plus loin. En plus j’ai débarqué aux Suns, qui jouaient encore plus vite que les autres ! Ça a sûrement été le plus gros ajustement pour moi, même si j’aime bien jouer vite. Mais c’était difficile. C’était quelque chose de dur même.

Nicolas Batum :

Après le Nike Hoop Summit. Quand j’ai fait les championnats d’Europe (où il est élu MVP), j’ai senti l’engouement. Ça montait déjà quand même. Ça montait déjà et c’est ma première année pro, avec Le Mans, je jouais l’Euroligue, il y avait de plus en plus de scouts qui venaient, ils venaient aussi aux entrainements… Donc en avril 2007, quand j’ai à peine 18 ans et que j’explose le Hoop Summit et que Bouna (N’Diaye, son agent) me dit : « j’ai toute la NBA qui m’appelle donc en gros si tu y vas maintenant c’est plié ». Tu sais que c’est bon. Tu sais que c’est bon quoi. Après l’Euro Juniors, ça restait un objectif… Ceci dit, jusqu’à ce qu’on appelle ton nom, tu attends quoi. Et je vais peut-être être un peu vieux jeu, mais je trouve que la Draft a perdu de sa superbe. Avant, pour mettre ton nom, c’est que tu étais sûr d’y aller et que tu étais prêt. Maintenant, j’ai l’impression que tout le monde veut mettre son nom, pour voir où tu en es… Du coup s’inscrire à la Draft a perdu de sa superbe, je trouve.

Rudy Gobert

Je ne me rappelle pas particulièrement d’un moment, mais assez tôt j’étais sûr que j’allais y aller. Je savais que j’avais du travail à faire, mais je ne me suis jamais dit que je n’irai pas. Jamais je ne me suis dit : « ah, mais peut-être que je ne vais pas y aller… ». Non. Non, je savais que j’irai. Quand j’ai commencé le basket, je ne me projetais pas autant. Je ne connaissais rien de la NBA d’ailleurs ! Mais après, quand j’ai commencé avec le Pôle espoirs, ils m’avaient demandé à 13 ans « c’est quoi ton objectif » et moi j’avais dit « la NBA ». D’ailleurs j’ai revu mon entraineur il n’y a pas longtemps, Julien Egloff, et il m’a dit qu’ils sont étonnés. Parce qu’à l’époque, ils avaient un peu rigolé quand j’avais dit ça !

Evan Fournier :

Franchement, il n’y a pas eu de moment, jamais. Dès gamin, j’étais persuadé, et ça c’est passé comme je l’ai voulu. Je ne me suis jamais dit : « ah, là c’est bon ». Très tôt, j’ai eu un souhait de devenir très fort au basket, et mes parents (tous deux judokas de haut-niveau, qui se sont rencontrés à l’INSEP) m’ont aidé sur ce chemin-là quoi. Quand tu es gamin, il y en a plein qui vont le dire, mais qui ne le pensent pas vraiment. D’ailleurs, moi je n’ai jamais dit que la NBA, c’était mon rêve. (Il insiste) Je n’ai jamais parlé de NBA comme étant mon rêve. Moi, mon rêve, c’est d’être champion NBA quoi. Je n’ai jamais dit que mon rêve c’était de jouer en NBA. Quelque part, je savais que cela allait se faire. D’ailleurs, même gamin, je ne me rendais pas forcément compte de la chance que j’avais d’avoir des parents qui pouvaient me guider comme les miens. Mais maintenant je m’en rends compte. Ils m’ont élevé d’une façon qui était propre à eux-mêmes, et quand moi-même j’ai commencé à penser à la NBA, eux étaient encore dans le monde du haut-niveau. Donc forcément, tu élèves ton gosse comme tu es. Comme ils étaient en plein dedans, ils avaient cette mentalité-là et ça s’est un peu transmis à travers moi.

Jamal Crawford :

A 16 ans, parce que j’ai commencé à jouer avec des joueurs NBA et j’arrivais à avoir un peu de succès contre eux. Je pouvais m’en sortir (il a même été invité à jouer avec les Sonics pendant cet été-là, après les finales de 1996, manquant de peu de détruire les chevilles du triple All-Star Detlef Schrempf au beau milieu du terrain…). Du coup c’est plus devenu une réalité, pas juste un rêve. Quand un joueur NBA vient te dire que tu es capable d’y arriver, que tu as déjà le niveau sur certains aspects, ça valide. Ça valide tous les rêves que tu t’es fait avant. C’est spécial, rien ne peut remplacer ça. En plus, c’était Doug Christie, Gary Payton, Jason Terry (qui nous parlait aussi de cette fraternité des « Seatlleites » lors de son propre Ma NBA). C’était ces gars-là. Des gars de Seattle donc, comme moi, mais surtout de sacrés joueurs, que je respectais énormément ! Ils m’ont vraiment pris sous leur aile. Donc quand ils m’ont dit que j’avais le niveau, je les ai cru. Avant, je pensais que c’était possible. Après, j’y croyais vraiment.

Jason Terry :

Quand j’étais à la fac, il y avait tous les pros qui avaient été à Arizona comme moi : Steve Kerr, Sean Elliott, Ben Davis, qui revenaient jouer contre nous pendant l’été. Comme j’arrivais à me défendre contre eux, à avoir un peu de succès même, et qu’ils me disaient que si je travaillais j’y arriverai, c’est ça qui m’a vraiment fait réaliser que je pourrai devenir pro. D’ailleurs moi-même je fais pareil dans l’autre sens, pour tous les gars de Seattle comme moi : Jamal Crawford, Nate Robinson, Aaron Brooks, Marvin Williams, Isaiah Thomas, Avery Bradley… tous ces gars-là. Tous les gars de Seattle. C’est une grande fraternité entre nous.

Nikola Vucevic :

C’était ma fin de deuxième année en université ici (à USC, où il est venu à 17 ans). Enfin, là j’avais l’idée que j’avais une chance, que c’était faisable. Mais c’était surtout ma troisième année, quand j’ai vraiment bien commencé à jouer et que tu vois que les gens en parlent, que tu sens qu’il y a une possibilité. Parce que moi je n’étais pas genre : « ouais, je vais être numéro un de la draft ». Ici, tu sais quand tu as 18 ans que si tu fais ne serait-ce qu’une bonne année en high school, on peut déjà te projeter numéro un ou deux de la Draft ! Surtout maintenant. Moi quand je suis venu ici, je ne savais pas si je pourrai jouer en NBA, je ne pensais pas d’ailleurs que j’allais faire ce que je fais maintenant. Donc pour moi, c’est là où je me suis dit que je pourrai être en NBA, mais surtout être dans le premier tour et faire quelque chose de bien. Surtout que l’on jouait contre certains joueurs où les gens disaient qu’ils allaient être dans le top, et toi tu vois que tu joues bien, que tu peux jouer au même niveau, du coup tu te dis que tu as une chance d’y aller. Encore une fois, même là je ne me suis pas dit : « Ouais, je vais aller en NBA et je vais mettre des trucs de fou », je ne savais pas que j’allais devenir ce que je suis devenu aujourd’hui, à cette époque là. Mais je savais que j’aurais une bonne chance. C’est une énorme différence aussi d’être au premier ou au deuxième tour (il a été choisi en 16ème position). Ça a marché pour certains quand même au deuxième, mais si tu es dans le premier tour, tu as une certaine sécurité, tu as au moins quelques années de contrat pour t’habituer et te développer. Mais même quand je suis arrivé ici à la fac, je ne savais pas si j’irai en NBA ou si je retournerai en Europe ensuite. Ce n’était pas aussi clair que ça.

Ian Mahinmi :

Après le championnat d’Europe. On a terminé troisième avec l’équipe de France juniors (U20), à Saragosse, en Espagne (en 2004), et c’est là où les scouts et le monde du basket international a commencé à mentionner mon nom. C’est là que moi, mes coéquipiers, mon agent, mes coaches… Cela devenait un peu plus du concret, c’était possible, c’était palpable. « Attends, si je taffe et tout, c’est possible, les gens parlent de moi ». Ça a été à 16-17 ans donc. Avant ça, je ne calculais même pas ! La NBA c’était à la télé quoi. C’était les George Eddy, c’était dans BasketNews… Ça restait du rêve. C’était les NBA Top 10 (il prend le ton du commentateur sur NBA.com) : « pow pow pow pow powwww ! ». Avant que l’on parle de moi en fait, moi, je ne m’imaginais pas en NBA. Je ne pensais pas que j’avais le niveau. Je me disais que j’allais jouer en Pro A, et peut-être éventuellement l’Euroligue. Mais à la base je ne visais pas la NBA. Après du coup, c’est tout pour ça. Dans ma tête, ça a fait un déclic. Après je ne voulais que ça quoi. Je ne voulais que ça. Quand j’ai vu que c’était palpable, que j’avais des chances, j’étais à 200% après. Je ne voulais que ça quoi. Mon focus, ma détermination, tout a basculé. Je n’ai pas forcément changé ma préparation, mais ma mentalité était complètement changée. Tout était possible.

Propos recueillis par Antoine Bancharel

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