Quand Kobe Bryant faisait attendre le bus des Lakers parce qu’il attendait Michael Jordan pour le bombarder de questions
Dans le but de ne pas alimenter encore plus les comparaisons, Michael Jordan et Kobe Bryant ont fait en sorte de ne pas trop médiatiser leur relation au fil des années. Les deux étaient pourtant très proches. Proches comme des frères. En février, le sextuple champion NBA avait d’ailleurs commencé son hommage avec ces mots : « Cela a peut-être surpris les gens que Kobe et moi soyons de très proches amis. Mais nous étions de très proches amis […] Tout le monde voulait toujours parler des comparaisons entre lui et moi. Moi je voulais juste parler de Kobe. ».
« Il suffisait de les regarder interagir en match, Kobe était comme un aimant attiré par Michael. Michael n’avait pas l’habitude d’interagir avec beaucoup de joueurs quand il était sur le terrain. Il jouait, c’est tout. Mais il avait cette affinité pour lui. » Jerry West
Quand Jordan était de passage à Los Angeles, les deux se retrouvaient régulièrement pour manger ensemble le midi ou le soir. Bryant pouvait appeler ou envoyer un message à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Décrit au début par Jordan comme « le petit frère qui est toujours dans tes pattes », Bryant a fait preuve de persévérance pour se rapprocher du G.O.A.T. Messages ou appels tard le soir voire la nuit, longues attentes dans les tunnels après les matchs… Il voulait tout savoir.
« Il m’appelait ou m’envoyer des messages à 23h30, 2h30, 3h du matin. Ça s’est transformé en passion, vous n’imaginez pas la passion que ce gamin avait. » Michael Jordan
« Aussi loin que je me souvienne, quand les Lakers jouaient les Bulls, Kobe attendait à la sortie du tunnel que Michael quitte la salle. Et Michael était toujours la dernière personne à quitter le vestiaire. Il mettait une éternité à sortir. Mais Kobe attendait, il l’attendait. Il disait : ‘Le bus va devoir attendre, parce que je ne sais pas quand j’aurais à nouveau cette opportunité’. » Tim Grover, coach perso de Jordan puis de Bryant
« J’étais celui qui devait compter les têtes dans le bus et dire au chauffer : ‘C’est bon, on peut y aller’. On avait tout le monde. Et Kobe manquait toujours à l’appel. » Gary Vitti, ex-trainer aux Lakers
C’est environ une heure après la fin du match que Jordan sortait enfin du vestiaire.
« Il n’y avait plus personne dans la salle. Tu entendais les gars de la sécurité des Lakers dire : ‘Allez, Kobe, allez, le bus part […] Satané gamin’ » Tim Grover
L’avalanche de questions pouvait commencer. Parfois, les deux marquaient un arrêt dans les couloirs quand Jordan décortiquait un move.
« Beaucoup d’autres athlètes sont venus auprès de Michael en voulant qu’il soit leur ‘mentor’. Mais quand ils ont réalisé combien il était difficile de maintenir cette intensité et de travailler à ce point sans relâche, la plupart ont disparu. Mais Kobe s’est accroché. Plus Michael lui donnait d’informations, plus il demandait. » Tim Grover
Kobe a fini par obtenir le numéro de Jordan.
« Il fallait le mériter. Michael ne l’aurait pas fait s’il n’avait pas vu quelque chose en lui. » Tim Grover
Puis c’est Jordan qui a commencé à venir vers Kobe. D’abord à la demande de Phil Jackson, pour lui parler de la patience nécessaire dans le jeu en triangle. Puis en 2001, lors de son retour en tant que joueur des Wizards. Après les matchs, Jordan faisait un détour par le vestiaire des Lakers (qui avaient gagné 2 titres entre temps). Une énorme marque de respect. C’est en 2007 que Bryant, commençant à souffrir des genoux, a embauché Grover.
« Kobe avait besoin de tout savoir. Il vouait savoir pourquoi il faisait tel ou tel exercice, pourquoi ce nombre de répétitions, pourquoi ci, pourquoi ça ? C’était toujours pourquoi pourquoi pourquoi. C’était un élève. Il apprenait. Avec Michael c’était juste : ‘Je t’ai embauché pour faire un job, donne-moi juste le résultat final, je n’ai pas besoin de savoir pourquoi je fais ça, mais quand je te pose une question, tu as intérêt à avoir la réponse’. Michael savait aussi quand il était temps pour lui d’arrêter, que son corps était à bout et qu’il avait besoin de repos. Avec Kobe, c’était l’opposé complet. S’il ne pouvait pas dormir, il se disait que c’était une perte de temps, qu’il devait aller à la salle shooter. » Tim Grover
via ESPN