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Une académie NBA en Chine fermée suite aux maltraitances infligées aux jeunes joueurs ?

En 2016 la NBA annonçait le lancement des NBA Academies, dont 3 en Chine, notamment à Xinjiang. Il y a un peu plus d’un mois, on apprenait que la NBA avait mis un terme à son partenariat avec l’académie de Xinjiang, sans qu’on en sache plus sur les raisons.

ESPN a mené son enquête, édifiante. La NBA aurait reçu des plaintes de ses propres employés au sujet du non-respect des droits de l’homme dans le programme de développement en Chine.

Des coachs américains de trois académies NBA en Chine auraient déclaré aux responsables de la ligue que leurs partenaires chinois abusaient physiquement de jeunes joueurs et ne dispensaient pas de formation. La NBA s’est heurtée à une myriade de problèmes en ouvrant une des académies à Xinjiang, où plus d’un million de Ouïghours sont détenus dans des camps, et où beaucoup de joueurs Ouïghours étaient présents. Deux coachs auraient quitté leur poste en réponse aux mauvais traitements infligés aux jeunes joueurs, un autre pour le manque d’éducation qu’ils recevaient.

Un ancien employé de la ligue a comparé l’atmosphère de travail à Xinjiang à la Seconde Guerre mondiale.

Malgré les consignes d’officiels de la NBA à ses coachs de ne pas parler de la situation à ESPN, certains l’ont fait pour décrire les maltraitances faites aux joueurs.

« Imaginez un gamin de 13, 14 ans et vous avez un coach de 40 ans qui frappe le gamin. Nous avons participé à ça. La NBA participe à ça. » Un coach américain

Un autre a décrit une scène où un coach chinois a balancé à bout portant le ballon en plein visage d’un joueur avant de lui mettre un coup de pied dans le ventre.

Outre les violences physiques, à Xinjiang les joueurs dormaient à 8 ou 10 dans des dortoirs selon un coach alors qu’ils étaient destinés à seulement 2 personnes. Les joueurs s’entraînaient 2 à 3 fois par jour et ne recevaient pas l’éducation prévue au programme, et qui devait être un des piliers. Ils étaient laissés sans surveillance le reste du temps.

Un coach raconte que lors de la visite d’officiels de la ligue, ces derniers auraient été pris de court quand ils ont vu que les joueurs de l’académie ne suivaient pas de cours comme prévu. La ligue s’est arrangée pour qu’il puissent alors assister à des cours dans des écoles internationales locales. Mais dans deux des académies, ils n’ont pas réussi à régler ce souci.

Qu’en dit la NBA ? ESPN a contacté Mark Tatum, qui supervise les opérations internationales de la ligue.

Il a déclaré que la NBA « réévaluait » et « envisageait d’autres opportunités » pour le programme de l’académie, qui fonctionne via des installations sportives gérées par le gouvernement chinois. La semaine dernière, la ligue a reconnu pour la première fois qu’elle avait fermé l’académie du Xinjiang. Cependant Tatum a refusé de préciser si les manquements aux droits de l’homme étaient la raison de la fermeture de l’académie.

« Nous avons été quelque peu émus. Une des leçons que nous avons tirées c’est que nous devons avoir une surveillance plus directe et la capacité de faire des changements au niveau des dotations le cas échéant. » Tatum

Il a cité « de nombreux facteurs » comme les raisons de cette fermeture, éludant les questions sur les droits de l’homme.

« Mon travail, notre travail n’est pas de prendre position sur chaque violation des droits de l’homme, et je ne suis pas un expert de chaque situation ou violation des droits de l’homme. Les valeurs de la NBA sont liées au respect, à l’inclusion, à la diversité. C’est ce que nous défendons. » Tatum

Il concède toutefois que la NBA a reçu plusieurs plaintes au sujet de coachs chinois qui maltraitaient les joueurs et que la ligue aurait informé les autorités locales qu’elle avait une politique de tolérance zéro à ce sujet. Il précise toutefois que cela n’est pas remonté jusqu’aux dirigeants de la ligue à New York, que ce soit lui ou Adam Silver.

Tatum a identité quatre incidents, même si un seul a été officiellement rapporté par écrit par un employé de la ligue. A trois occasions des coachs ont été les témoins ou ont entendu parler de sévices physiques. Le quatrième incident concernait un joueur victime d’épuisement dû à la chaleur.

« Nous avons fait tout ce que nous avons pu malgré le peu de contrôle que nous avions. Nous n’étions pas responsables des coachs locaux, nous n’avions pas de pouvoir. Nous ne supervisions pas les entraîneurs locaux, les programmes académiques ou les conditions de vie. Il est juste de dire que nous avons été moins impliqués que nous ne le voulions.  » Tatum

Cependant 3 sources d’ESPN, qui ont travaillé pour la NBA en Chine, expliquent que ces violences physiques étaient bien plus répandues que ce que le laisse entendre Tatum.

Voilà le genre de révélations qui va faire grand bruit et la NBA aurait sans doute voulu s’en passer, c’est sans doute pour ça qu’elle a demandé aux coachs actuels ou anciens coachs, de ne pas se confier à ESPN.

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