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Kevin Love : « Les pensées suicidaires arrivent, tu commences à planifier le truc… »

Dans une interview avec Graham Bensinger, Kevin Love est revenu sur la plus sombre période de sa vie, lorsqu’une fracture de la main alors qu’il jouait encore aux Wolves en 2012-13 a fait ressortir tout son mal-être avant de le plonger dans une profonde dépression.

« La dépression, c’est épuisant. J’ai juste envie de m’enfermer dans une pièce sombre sans jamais en sortir. Et il y a eu des moments où je n’en sortais que pour manger ou jouer au basket. Aller au travail, c’était mon exutoire, là où je me sentais en sécurité. Et quand on t’enlève ça, ça devient encore plus épuisant. C’est une accumulation de choses qui s’empilent. Tu joues devant 25 000 fans, plus tous ceux qui regardent à la télé, ils ne savent pas que tu vis ça et c’est complètement épuisant quand tu as un déséquilibre chimique et que tu n’as pas réussi à faire en sorte que ça aille mieux.

[…] Le basket c’était tout pour moi, c’était mon refuge. J’aime le basket, c’est ce que je fais, pas ce que je suis, c’est quelque chose que j’ai dû apprendre. Je n’avais pas d’autre échappatoire que le basket. Je ne voyais pas mes coéquipiers, je vivais seul. Je ne voulais même plus sortir tellement j’étais anxieux. Ça a été un moment très sombre de ma vie, c’est difficile d’y repenser, mais ça a duré des mois. Je n’avais pas de manière saine de m’exprimer ou de me sortir de là. Tu prends des médicaments, tu bois, tu traites mal ton corps, tu manges mal, en gros tu fais tout pour te faire du mal. Quand tu en arrives là et que c’est la même chose tous les jours, les pensées suicidaires arrivent. Tu commences à planifier le truc, à te demander de quelle manière tu le ferais et c’est… oui ce sont des moments terrifiants de ma vie. J’avais un certain nombres d’idées en tête… ce qu’il y a de bien c’est que quand tu fais ces recherches, tu tombes tout de suite sur le numéro de la National Suicide Prevention Lifeline. Donc oui j’ai pensé à plusieurs manières de faire mais ça faisait peur de prendre ce chemin et de penser à l’idée de m’ôter ma propre vie. C’est quelque chose qui m’a souvent traversé l’esprit. Je n’ai jamais fait de tentative, non. Heureusement.

C’est en mars 2018 qu’il s’était exprimé sur le sujet pour la première fois en évoquant une crise de panique en plein match, avant que DeMar DeRozan puis bien d’autres personnes ne suivent son exemple.

« Le basket m’a en partie sauvé, mais j’ai eu l’immense chance d’avoir un groupe d’amis qui ne veulent vraiment rien d’autre que d’être là pour moi et d’avoir cette relation […] (Graham Bensinger lui demande s’il lui arrivait toujours d’avoir des pensées suicidaires) Si tu es passé par là, si tu as eu ces pensées-là, ça te traverse l’esprit. J’ai appris à dire la vérité sur ce que je ressentais, car rien ne va plus te hanter que les choses que tu ne dis pas. Il ne faut pas garder ça pour soi. Je sais que ça va peut-être me rendre vulnérable, mais je sais que beaucoup de gens vivent ça aussi et que plus on sera à en parler mieux ce sera.

[…] Tu ne choisis pas les moments où ça va te tomber dessus. J’ai tendance à m’inquiéter pour les autres sans prendre soin de moi. Il y a des jours plus difficiles que d’autres, et j’ai tendance à souffrir du syndrome de l’imposteur aussi. Parfois je n’ai pas l’impression de mériter le succès que j’ai eu et très souvent je me sens comme un escroc parce que je n’ai pas le sentiment d’avoir accompli assez. Les cicatrices sont là et ne guérissent pas toujours à 100%. Ça te rend plus empathique. Il faut travailler sur toi, avoir une forme d’échappatoire qui te soit bénéfique. » Kevin Love

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