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Evan Fournier : « L’important ce n’est pas d’arriver en NBA le plus tôt possible, mais avec le plus d’armes possible »

Invité du podcast de Tony Parker, Evan Fournier a évoqué avec TP les jeunes Français qui ces dernières années ont fait le grand saut en NBA dès qu’il était possible de le faire, mais qui galèrent désormais pour s’y imposer : Frank Ntilikina, Théo Maledon, Sekou Doumbouya ou encore Killian Hayes.

Evan : « Pour moi il y a beaucoup de problèmes en ce moment, en France et dans la formation française, et la différence avec toi, Boris, Nico, moi Rudy, c’est qu’on est parti en ayant très bien joué dans le championnat de France. On était quasiment les meilleurs joueurs de nos équipes, on scorait déjà, on était performants. Maintenant et de plus en plus ils draftent sur le potentiel. Dès qu’ils voient un gamin qui est un peu bon, qui met 5 points par match, ‘pas grave, on le prend !’ Le gamin je le blâme pas, c’est dur pour lui de dire ‘non je ne suis pas prêt’ alors qu’il y a la NBA qui t’appelle. Je prends souvent l’exemple de Nico Batum, qui sort du Hoop Summit où il a été MVP et donc il était déjà dans les mock drafts alors qu’il avait 18 ans et qu’il n’était pas dominant en France. Il tournait à 6 points de moyenne, un truc comme ça. Lui il a dit : ‘Non, je ne suis pas prêt, je refais une saison.’ Il a refait sa saison complète et au final il se fait drafter 27ème, beaucoup plus bas que prévu, sauf qu’il arrive plus prêt et il joue direct. Pour moi c’est une erreur, l’important ce n’est pas d’arriver en NBA le plus tôt possible, mais avec le plus d’armes possible. Parce que tu vas être livré à toi-même, on ne va pas te faire de cadeaux, on va attendre voir si tu te développes et la 3ème année si tu ne joues pas : ‘ciao !’ Après on te met dans un tiroir et ta carrière est finie »

Tony : « Aux Etats-Unis, et ce qui est chaud avec la NBA, c’est la first impression (première impression), car après ils restent sur ça, donc si tu ne joues pas bien, après ils t’oublient, et ils te mettent dans une case et pour en sortir c’est tellement dur. »

Evan : « T’es un joueur de banc, t’es un joueur de banc. T’es un starter, t’es un starter. T’es un cireur de banc, t’es un cireur de banc. »

Tony : « C’est pour ça que si je pouvais donner un conseil à un jeune, c’est mieux de faire un an de plus, comme tu as pris l’exemple de Nico. On s’en fout où tu es drafté. Tu arrives prêt, comme ça quand tu joues, ils voient direct : ‘il peut jouer.’

Evan : « Je vais te dire cash ce que je pense : ils sont complètement tarés. Ils sont matrixés les gamins. Pour moi il y a un truc qui a tout changé c’est l’importance des réseaux sociaux. Avec Instagram tu as des gamins qui explosent à 15 ans. Ils ont une fan base et ils ne se rendent pas compte de ce que c’est. J’ai l’impression que de plus en plus ils ne jouent plus pour l’amour du game, ils jouent plus pour ce qui va à côté : la célébrité, le style de vie. Moins pour j’aime le basket, j’aime la compétition. Ca se ressent dans les équipes de France jeunes. Je ne ressens plus trop les gamins qui sont là pour faire leur compet’, c’est plus un showcase : il faut que je me positionne pour la draft. Nous on ne fonctionnait jamais comme ça. On se disait : ‘on donne le meilleur de nous-mêmes, on veut gagner le titre et je donne le meilleur.’ Ca, ça me permettra d’être drafté si je suis bon. Maintenant ça a trop changé. Tu vois les gamins qui ne respectent plus le fait qu’il y ait des Français en NBA, qui jouent bien, ils ne se rendent pas compte à quel point c’était dur, on a galéré, on s’est entraîné. Pour eux, vu qu’on est plus nombreux en NBA désormais, c’est un acquis presque. Genre : ‘ouais, bon, je suis pas mal, donc je vais y arriver.’ Non gros, c’est une mission, c’est une mission.

TP : « C’est clair, je suis d’accord avec toi. »

Evan : « Je ne sais pas comment ça se passe dans les autres pays, mais c’est un sujet sur lequel il faut qu’on se penche sérieusement. »