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Dans la peau de Jordan Kilganon, l’un des meilleurs dunkeurs du monde

A la veille du Slam Dunk Contest, intéressons nous à ces athlètes qui ont fait du dunk leur spécialité. Même si ce que l’on voit en NBA est d’un niveau hallucinant, ces joueurs qui n’ont pas eu la possibilité de devenir basketteurs professionnels, se sont peu à peu fait connaître grâce à des exploits qui semblent appartenir au niveau encore supérieur. Yahoo! Sports a récemment suivi certains de ces spécialistes, notamment Jordan Kilganon spécialiste de la discipline.

Depuis gamin, Jordan Kilganon est obsédé par les dunks. Quand ses potes jouaient en trois-contre-trois sur le playground voisin, lui s’évertuait chaque jour à tenter de toucher l’arceau, regardant chaque soir des vidéos YouTube de streetballers capables de réaliser des tomars à couper le souffle. Alors quand à 16 ans il fut capable de poser son premier dunk, Kilganon n’arrêtait plus. Pendant les cinq années suivantes, il décida de passer trois à quatre heures par jour dans le gymnase de son lycée pour imiter les dunks de ses idoles, tout en faisant preuve de créativité pour en inventer de nouveaux. Sa mère racontait qu’il rentrait alors chaque soir avec les doigts écorchés et les avant-bras tout enflés.

Mes jambes me faisaient tellement mal que les matins je sortais du lit et je boitais. Il fallait que je me tienne aux murs pour aller à la cuisine. Les gens se demandaient constamment pourquoi je faisais ça. Mais ils ne comprenaient pas. Je voulais devenir le meilleur au monde dans ce domaine. » Jordan Kilganon

La première à soutenir Kilganon était sa mère Jeanne Sauve, mais elle avait quelques limites. Vu que son fils gagnait déjà quelques poignées de dollars par-ci, par-là en participant à des shows ou des vidéos, elle en conclut que le dunk pourrait être un bon moyen pour Jordan d’arrondir ses fins de mois, mais pas une voie à suivre pour envisager une carrière stable. Du coup, quand celui qui était lui aussi surnommé Air Jordan, annonça à sa famille qu’il stoppait ses études en design industriel pour se lancer dans une carrière de dunkeur, personne ne valida.

C’était dévastateur comme déclaration vu la somme incroyable que nous avions dépensée pour ses études. Nous étions verts de rage qu’il ne veuille pas terminer sa dernière année. Nous étions persuadés que c’était une mauvaise décision. Comment pourrait-on vivre du dunk ? » Jeanne Sauve

Bonne question Madame Sauve… Et pourtant à 23 ans, Kilganon du haut de son mètre quatre-vingt six, a bien compris que la foule appréciait le dunk d’une façon toute particulière. Les légendes de Julius ErvingMichael JordanDominique WilkinsVince Carter et bien d’autres ont marqué les fans à tout jamais. La passion pour le dunk est internationale et aujourd’hui de nombreux dunkeurs traînent partout dans le monde pour espérer décrocher des sponsors afin d’apparaître dans des vidéos ou des exhibitions. Kilganon a des qualités certaines, et ce dunk incroyable d’explosivité et d’inventivité a déjà fait plus de trois millions de vues sur YouTube.

Jordan Kilganon n’est en effet pas la seule référence chez ces dunkeurs incroyables souvent inconnus. Porter Mayberry 1,68m, a récemment quitté son job dans un entrepôt du Michigan après qu’une de ses vidéos soit devenue virale et qu’il ait obtenu une séquence dans une publicité Samsung avec LeBron JamesDmitriy Krivenko 1,88m, a obtenu ses gallons dans la version ukrainienne de America’s Got Talent. Il réalise aujourd’hui des tutoriels sur le dunk dans les And1 Mixtapes, voyageant à travers le monde pour remporter des concours de dunks dotés d’un important prize pool.

Le meilleur moyen de percer pour les aspirants dunkeurs est sans aucun doute de se faire accepter dans un crew d’athlètes réputés qui mettent en valeur de jeunes inconnus. En plus d’offrir à ces derniers un ticket vers plus d’exposition, ils leur offrent aussi de la compétition et des moyens de s’entraîner bien plus perfectionnés. Certains sont même invités à la mi-temps de matchs universitaires et même de rencontres NBA. Chuck Milan, fondateur de la Team Flight Brothers est ainsi devenu spécialiste dans le recrutement de dunk prospects capables de devenir The Next Big Thing. L’idée est de trouver des joueurs suffisamment athlétiques pour réaliser de gros dunks, mais pas suffisamment doués dans le basket global, afin d’être sûrs qu’ils ne seront pas attirés par les dollars de la vie de joueur professionnel.

J’ai besoin de trouver des mecs qui sautent haut, qui ont au moins 1,10m de détente. La régularité est une clé également. Si vous êtes devant 20 000 personnes et que vous recevez un gros chèque à la fin, vous ne pouvez pas manquer un dunk. Rater des dunks est quelque chose d’interdit. S’il y a des dunks ratés, il n’y aura pas de deal à la fin. » Chuck Milan

Chuck Milan a néanmoins su faire confiance à certains, et le capitaine de sa Team Flight Brothers aujourd’hui, n’est autre que le Français Guy Dupuy, précurseur chez ceux qui ont fait du dunk un spectacle à part entière. A 29 ans, il fait pourtant déjà partie des vieux et les jambes après 25 ans n’ont souvent plus le même dynamisme qu’à 18. Il est cependant à ce jour, l’un des seuls dunkeurs au monde qui peut se targuer d’obtenir un salaire régulier, sans avoir à s’inquiéter de devoir trouver un deuxième job afin de pouvoir compléter son salaire. La demande est très grande aujourd’hui pour Guy Dupuy qui aujourd’hui remporte entre 150 000 et 300 000 dollars par an grâce aux séances photos, aux vidéos, aux tournées internationales et aux victoires lors des concours de dunks. Il est ainsi devenu le plus grand businessman au monde dans l’industrie du dunk.

Concernant les concours, Dupuy n’y participe pas si le gagnant ne remporte pas un minimum de 5 000 dollars. Il demande également un bonus financier pour chaque dunk, si la compétition exige qu’il en livre plus de quatre. Sur certaines sorties qu’il a réalisées outre-atlantique, le Français a remporté quelques fois jusqu’à 30 000 dollars. Il participera également à une télé-réalité produite par TNT en mai, étalée sur quatre épisodes parmi lesquels les meilleurs dunkeurs parmi trente-deux candidats, se partageront un prix de 100 000 dollars. De quoi voir grand…

Il y a beaucoup de dunkeurs qui se disent professionnels, mais il n’y en a que deux ou trois qui peuvent se permettre de vivre comme je le fais. Vous ne pouvez pas dire de quelqu’un qu’il est professionnel s’il ne fait que survivre. N’importe qui peut vivre chez ses parents et dunker. Ils n’ont pas de loyer à payer, pas de facture d’électricité, pas d’assurance de voiture à régler… C’est facile de faire ça. Soit ce sont des gars qui vivent chez leurs parents, soit ce sont des gars qui ne vivent pas que du dunk et qui ont un second job. Il n’y a rien de mal à ça, mais s’ils ne peuvent pas en vivre pour de vrai, on ne peut pas dire qu’ils sont des professionnels. » Guy Dupuy

Il est vrai que la fiche de paie de Dupuy est hallucinante si on la compare à celles des autres dunkeurs qui, pour tenter de survivre, participent à des concours ne proposant que quelques centaines de dollars et une vidéo partagée sur YouTube. Yahoo! Sports a ainsi suivi Jonathan Clark, ancien sauteur en hauteur et triple-sauteur d’UCLA qui arrêta l’athlétisme quand il ne fut pas sélectionné pour les Jeux Olympiques de Londres en 2012. Alors que sa seule expérience avec le basket avait été d’échouer aux portes de l’équipe de son lycée, il décida d’orienter sa carrière vers le dunk.

Ses connaissances sur l’athlétisme et sur la science du saut étaient forcément de gros avantages pour percer dans une telle pratique. A 27 ans, il bénéficie également de beaucoup de créativité qu’il a pu développer en étudiant les mouvements d’autres disciplines artistiques comme le skateboard, la gymnastique, les arts martiaux et le ballet. Dunker est alors vite devenu une passion obsédante pour Clark qui pourtant ne vit pas encore de sa passion. Parallèlement, il poursuit un doctorat et remplit les caisses grâce à quelques cours donnés à l’université. La majorité des 15 000 dollars qu’il espère remporter cette année devrait ainsi partir dans le voyage en Europe qu’il prévoit cet été avec sa femme, au cours duquel Clark devrait faire la tournée des concours.

Quand j’arrive sur un concours, je veux essayer de faire quelque chose de nouveau et donner le sourire à la foule. Il y a des gars surmotivés lors de ces compétitions car ils ont besoin de gagner pour payer leurs loyers des prochains mois. Vu que je viens de me marier et que nous espérons fonder une famille, je ne peux pas me permettre d’être dans cette position. » Jonathan Clark

Quand Jonathan Clark parle de ces dunkeurs qui luttent pour s’en sortir, il fait notamment référence à Jordan Kilganon dont nous parlions en début d’article, qui a bien connu ce genre de concours. En raison de trop nombreuses factures impayées, l’athlète a finalement écouté les conseils de sa mère. Il est ainsi revenu au domicile parental et a repris ses études. Cependant, le Canadien ne s’enlève pas de la tête qu’il est fait pour ça.

Quand je réfléchis à ce que je suis, je ne me vois qu’en train de dunker et dunker fait partie de moi. C’est ce que je suis, ce qui m’obsède, ce que j’observe, ce que je mange, ce que je respire… » Jordan Kilganon

Et plutôt que de réviser, Kilganon continue à dunker. Et il progresse ! Tout d’abord, il a changé sa façon de s’entraîner. Effectivement, malgré son immense rage de vaincre, il a désormais appris à se préparer de manière plus intelligente. Finies les longues séquences synonymes d’hématomes sur les avant-bras. Il ne se limite aujourd’hui plus qu’à deux sessions de dunks par semaine, passant les autres jours dans la salle de musculation ou à travailler sur sa vitesse et sa coordination. De plus, sa créativité demeure toujours son plus précieux avantage. C’est un côté qu’il peut d’ailleurs largement continuer à développer à la fac aujourd’hui, où il se passionne pour le design de chaussures. Parfois, quand il a une nouvelle idée, il l’essaie d’abord de nombreuses fois sur un panier à 2,45m pour la maîtriser parfaitement avant de la tenter sur un panier régulier à 3,05m.

Des fois, je m’endors et je me réveille en sursaut en pensant à un nouveau dunk. Et là, je meurs d’envie de me lever pour essayer. Ça m’est arrivé de sortir de mon lit à 4 heures du matin pour aller sur le playground et tester mon idée. » Jordan Kilganon

Il a ainsi fait de sa spécialité le lost-and-found dunk qui, quand il a été filmé, a obtenu plus de 5,3 millions de vues sur YouTube grâce à une créativité et une innovation rarement vues dans ce genre de vidéos. Celle-ci lui a ainsi permis d’obtenir enfin une aura internationale, même si ce n’est toujours pas suffisant pour espérer atteindre le même train de vie de Guy Dupuy. Cela dit, c’est plutôt de bon augure pour la suite. Il a d’ailleurs à ce jour plus de 200 000 followers sur Instagram (soit deux fois plus que la plupart de ses congénères) et peut se permettre d’être un peu plus sélectif quant au choix des concours auxquels il participe. Le lost-and-found dunk a ainsi beaucoup joué dans cette nouvelle popularité.

C’est de loin mon dunk préféré. C’est vraiment un dunk hyper cool, et il faut savoir penser de façon différente de celle des autres pour inventer un tel mouvement. » Jordan Kilganon

Ce printemps, Kilganon espère pouvoir participer à un maximum de compétitions, lui qui a passé tout l’hiver à s’entraîner. Même s’il ne révèlera aucun détail, il aurait de nouveaux dunks jamais vus à proposer. Des rumeurs affirment même qu’il pourrait par ailleurs bientôt sortir le premier double-rider (un rider est un dunk durant lequel le joueur passe la balle sous sa jambe avant de la smasher, il est nommé ainsi en raison de son inventeur, Isaiah Rider) de l’Histoire.

Pourtant, les concours ne semblent pas gagnés d’avance. Même si Kilganon est reconnu par beaucoup comme le dunkeur le plus créatif du moment et qu’il dispose de qualités athlétiques ahurissantes, il ne présente pas assez de régularité dans la réussite de ses dunks. Il faut dire qu’au vu de la difficulté des choses qu’il tente, il est compliqué de les réussir du premier coup, ce qui est rappelez-vous, pour Chuck Milan, un défaut rédhibitoire. Son principal poulain confirme :

Plein de gars réussissent leurs dunks sur les vidéos ou à l’entraînement mais quand le moment arrive et qu’ils doivent faire ce pour quoi ils sont payés, ils échouent. Moi, quand vous m’appelez pour une démo, vous verrez le meilleur. Ce que je vous ai montré sur le net est équivalent à ce que je vais vous donner en vrai. » Guy Dupuy

Pourtant aujourd’hui, Kilganon commence enfin à gagner suffisamment d’argent pour s’assumer et voyager à travers le monde et faire ce qu’il aime. Le parcours fut, cela dit, très difficile, car seuls les tous meilleurs percent dans cet art. Demain soir, lors du Slam Dunk Contest en NBA, nous verrons sans aucun doute un excellent concours de dunks avec un Zach LaVine monté sur ressorts en tant que favori. Cependant, les stars du dunk en street qui participent à des concours bien moins médiatisés, n’ont absolument rien à envier dans ce domaine à l’arrière des Timberwolves qui lui, empoche plus de 2 millions de dollars par an pour jouer au basket.

Le dunk est donc peu à peu reconnu comme une vraie discipline dans son ensemble où seuls les meilleurs arrivent à percer et, pour conclure cet article, il aurait été dommage de ne pas vous montrer ce dernier dunk de Kilganon qui, sans forcer, arrive à mettre les deux avant-bras dans le cercle… Enjoy !

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