[Saines lectures] Sam Smith – Jordan, la loi du plus fort
Octobre 1990. Une nouvelle saison NBA commence, que les Detroit Pistons d’Isiah Thomas ouvrent en doubles champions en titre après avoir dynamité la domination des Celtics et des Lakers, vainqueurs de huit titres sur les neuf décernés depuis 1980 (seule exception : les Sixers de Moses Malone en 1983). Larry Bird, franchement vieillissant, a définitivement laissé la place à son rival Magic Johnson, MVP 1989 et 1990. Mais la star la plus observée de la NBA est déjà Michael Jordan, drafté en 1984 par les Bulls, quadruple meilleur marqueur en titre de la ligue et MVP 1988. De l’avis général à l’époque, Jordan est déjà le plus grand attaquant de l’histoire, et l’un des tous meilleurs joueurs à avoir jamais foulé les parquets. Problème, ses Bulls ne parviennent pas à prendre le leadership de la conférence Est, sortis au premier tour par les Celtics en 1986 et 1987, puis par les Pistons en demi-finales en 1988, et en finales de conférence les deux années suivantes. À Chicago, franchise sans grand fait d’armes depuis sa création en 1966, l’impatience et la frustration commencent à poindre.
Pour toute personne connaissant ne serait-ce qu’un peu l’histoire de la NBA, la suite est connue : au printemps 1991, les Bulls de Jordan remporteront leur premier titre, qui en appellera cinq autres jusqu’en 1998. Aux côtés de l’équipe pendant toute la saison, le journaliste Sam Smith en a tiré un livre, sorti en 1992 : The Jordan Rules. Près de 25 ans après, le voilà enfin disponible en français, (remarquablement) traduit par quelqu’un que vous connaissez bien, Lucas (@SwitchtoLK), qui sévit sur Basket Infos et dans L’Écho des Parquets.
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Je suis trop jeune pour avoir vécu en direct le premier titre de Jordan en 1991, trop jeune également pour avoir un souvenir très précis du Threepeat de 1996-1998. His Airness, dans mon esprit, navigue dans la zone grise entre le moment où s’arrête l’histoire et celui où commence la réalité, dans cet entre-deux trop flou pour que je puisse dire « j’y étais ». Ces manques, bien sûr, ont été progressivement comblés par le mythe autour de Jordan : les multiples célébrations, ses retraites, ses 50 ans, les invariables anniversaires permettant de revoir « The Shot », le « Flu Game » et autres moments clés de sa légende. De prendre la mesure, également, de l’invraisemblable esprit de compétition du bonhomme, raconté à longueur d’anecdotes plus incroyables les unes que les autres. Modelée par tous ces récits, par ces archives YouTube faisant resurgir cette élégance gestuelle à nulle autre pareille, l’image de Jordan s’est construite en moi comme celle d’une sorte de monstre légendaire dont on ne verrait plus jamais l’équivalent, quand bien même on serait capables de suivre les 500 prochaines saisons NBA. La légende blanche d’un côté : le joueur aux six bagues, aux stats inouïes, le plus grand joueur de l’histoire du basket. La légende noire de l’autre : l’individualiste forcené, n’aimant rien plus que d’humilier ses adversaires (et ses coéquipiers).
Cette légende noire a commencé à émerger en 1992, lors de la sortie de ce fameux livre, The Jordan Rules, racontant de l’intérieur la saison 1990-1991 des Bulls. Le récit de Sam Smith est devenu immédiatement un best-seller pour son évocation très franche de la vie du vestiaire des Bulls, dans laquelle on découvrait un Michael Jordan souvent infect, tyrannique et parfois violent avec ses propres coéquipiers. Comme Smith lui-même le raconte dans l’épilogue, la sortie du livre avait créé une énorme polémique, tant l’image qu’il donnait de la superstar de la ligue tranchait avec celle que les vidéos promotionnelles de la NBA mettaient en avant. Ayant jusqu’alors de bonnes relations avec Jordan, Smith avait reçu un accueil glacial de la star une fois le livre sorti:
La première fois où je l’avais recroisé, en décembre, il m’avait fixé dans les yeux avant de détourner son regard sans lâcher le moindre mot. En janvier, après que je lui eus posé ma première question, il était resté tête baissée une trentaine de secondes avant de se redresser pour me répondre, en regardant néanmoins dans une autre direction.
C’est peu dire, donc, que je m’attendais, en lisant ce livre légendaire de l’histoire de la NBA, à voir l’image que j’avais de Jordan se renforcer, à découvrir quelques anecdotes supplémentaires et, éventuellement, à avoir envie de revoir sur YouTube certains des matchs évoqués. Or, surprise, le livre est bien plus qu’un récit à ajouter à la légende de Michael Jordan. Le temps étant passé par là, il y a, en réalité, peu à apprendre sur His Airness dans The Jordan Rules : toutes les anecdotes croustillantes (le dunk sur Mel Turpin, sa compétitivité maladive le poussant à s’entraîner au ping-pong pour devenir le meilleur, le fait qu’il ait frappé Will Perdue à l’entraînement, …) ont été reprises si souvent qu’on a l’impression étrange, à la lecture, de lire du réchauffé. Impression absurde, bien sûr, puisque le livre de Sam Smith est la source de toutes ces informations. Les révélations n’en sont plus vingt-cinq ans après, et un lecteur connaissant un peu la vie de Jordan n’en retirera pas grand-chose.
Au fil de la lecture, mon intérêt pour les pages concernant Jordan s’est donc émoussé. Non pas qu’elles soient de mauvaise qualité, loin de là : Smith ne fait pas dans le sensationnel, et dessine le portrait d’un homme complexe, parfois très touchant (une très belle scène où il échange avec un enfant malade, notamment), parfois détestable, écrasé par une pression monumentale et furieux que ses coéquipiers et dirigeants ne fassent pas tout pour prendre en charge une partie de cette pression. Mais The Jordan Rules, malgré son nom, n’est pas un livre sur Jordan. Le numéro 23 en est le centre, l’armature incontestable ; mais ce qui passionne, à la lecture, est la manière dont l’univers s’organise autour de lui par la collision de multiples trajets individuels, créant une sorte de monde complètement chaotique que Jordan, lui-même, ne comprend pas. The Jordan Rules est l’histoire d’une incompréhension qui va se transformer, contre toute attente, en une brillante réussite.
Le livre est construit de manière très classique, à l’image du style de Sam Smith, toujours très descriptif et (en apparence en tout cas) sans parti-pris. L’auteur ne joue pas sur un faux suspense qui n’aurait, de toute façon, pas grand sens. Le premier chapitre, ajouté dans une version postérieure du livre, fonctionne comme un prologue, décrivant la première retraite de Jordan en 1993. Le deuxième chapitre, de manière quelque peu redondante, joue sur le même effet de flashback, en décrivant la joie des Bulls après le titre de 1991. Puis commence le récit proprement dit, qui se déroule linéairement, du printemps 1990 aux Finals de 1991 face aux Lakers : un chapitre par mois, au plus près du vestiaire et de sa vie pour le moins agitée.
On ne peut pas dire que Sam Smith ait un talent fou pour décrire les matchs ou, plus généralement, le basket. Tout cela reste très factuel, parfois très utile tactiquement, mais on n’en ressort pas avec l’impression d’avoir vécu les matchs. Pas de lyrisme, pas de suspense à couper le souffle. A la place, des faits, décrits avec une certaine froideur et, parfois, un peu difficiles à suivre chronologiquement. Mais là n’est pas le but de l’auteur : ce qui fascine, au fil des pages, c’est plutôt la description psychologique de chacun des protagonistes de cette grande pièce qu’est la saison 1990-1991. Avec beaucoup d’habileté, Smith introduit progressivement chacun des membres des Bulls : joueurs, entraîneurs et dirigeants ont tous le droit à un petit portrait d’une grande finesse psychologique, complété de chapitre en chapitre. Peu à peu, se construit le puzzle étrange qu’était le vestiaire des Bulls cette année-là, faits de personnalités extrêmement différentes, unies autour de la même problématique : comment collaborer avec Michael Jordan ? Comme des insectes autour d’une lampe, les employés de la franchise ne peuvent s’empêcher d’être attirés par l’invraisemblable charisme de la star, et se brûlent dès qu’ils s’en approchent trop.
Il faut dire que l’on n’en vient presque à plaindre Jordan, tant Sam Smith dresse le tableau d’une franchise dysfonctionnelle, minée par des problèmes d’ego et une incompétence chronique. Si le propriétaire Jerry Reinsdorf s’en sort plutôt bien, les descriptions du GM Jerry Krause sont, elles, de grands moments. Vulgaire, paranoïaque et radin, détesté de ses pairs et de ses joueurs, Krause est tout sauf un exemple de management. Doug Collins, entraîneur de 1986 à 1989, ne le supportait plus ; Jordan, furieux de ses choix de joueurs (notamment de l’échange de Charles Oakley, son meilleur ami, aux Knicks en 1988), le méprise profondément et a perdu tout espoir de le voir effectuer un recrutement cohérent. Le fil rouge de la saison est l’exaspérante obsession de Krause pour Toni Kukoc, alors superstar en Europe, qu’il rêve de faire venir en NBA en 1991. En dirigeant toute son énergie dans ce dossier, Krause gèle la masse salariale de la franchise et les prolongations de John Paxson et Scottie Pippen : ce dernier, ulcéré, ne cesse de mettre la pression par voie de presse, menaçant de quitter les Bulls s’il n’est pas augmenté. Le projet Kukoc sera un échec, le Croate n’arrivant finalement à Chicago que deux ans plus tard.
À l’intérieur du vestiaire, le tableau n’est guère plus reluisant. Si tous les joueurs s’accordent à mépriser Krause, les tensions entre eux sont spectaculaires. Le grand mérite de Smith est de ne pas se contenter de ce constat, mais de les expliquer sans pour autant en faire des tonnes dans l’interprétation psychologique. On découvre ainsi un Scottie Pippen légitimement traumatisé par son enfance miséreuse, obsédé par la sécurité financière au point de mettre le basket au second plan ; un Craig Hodges très engagé dans la cause noire, sans trouver beaucoup d’encouragements dans ce sens de la part de ses coéquipiers, et encore moins de la ligue ; un Scott Williams plus que fragile pychologiquement (on le serait à moins !) depuis que son père s’est suicidé après avoir abattu sa mère ; un Cliff Levingston croulant sous les dettes ; un banc constitué de jeunes joueurs (Dennis Hopson, Stacey King) habitués à avoir les premiers rôles à la fac, incapables de s’adapter à un nouveau rôle. Un des moments les plus émouvants du livre a lieu lors de la finale de conférence face aux Pistons, alors que les Bulls viennent enfin de battre leur ennemi juré : au milieu des cris de joie, l’ailier Dennis Hopson, 3e choix de la draft 1987, fond en larmes, frustré de n’avoir quasiment pas joué des playoffs et persuadé d’être inutile.
Devant lutter avec leurs névroses, leurs frustrations et leurs déceptions, chacun des joueurs de Bulls doit, en plus, combattre un autre ennemi : Jordan lui-même. Tout le livre n’est qu’un long constat du fossé entre Jordan et ses coéquipiers, de la profonde difficulté qu’il y a à jouer avec un prodige pour qui tout est facile, et qui ne comprend pas pourquoi ce ne l’est pas pour ceux qui l’entourent. Jordan est pris entre deux feux : il entend qu’on lui réclame une attitude collective, et semble parfois prêt à céder plus de tirs à ses coéquipiers, mais l’un d’eux, invariablement, manque l’opportunité qui lui est offerte, et voilà Jordan renvoyé à sa solitude de marqueur, persuadé que son équipe ne peut gagner s’il ne prend pas les choses en main.
Le plus surprenant, à la lecture, est le contraste entre ce qui se dit du jeu des Bulls, de la vie du vestiaire, et le résumé sportif de la saison. Chicago fait la meilleure saison de son histoire, domine la ligue, mais le livre renvoie l’impression d’un collectif à la dérive, où Jordan méprise ses coéquipiers, qui eux-mêmes ne le supportent plus.
Au milieu de cet incroyable bazar, émerge la figure de celui qui est censé rendre le processus plus rationnel : Phil Jackson. On sent sous la plume de Sam Smith une grande admiration pour l’étrange personnage qu’est le Zen Master, head coach des Bulls depuis 1989 après avoir été l’adjoint de Doug Collins pendant deux ans. Jackson ne dépareille pas dans l’étrange patchwork que sont les Bulls. Son premier contact avec les Bulls, alors qu’il n’a encore jamais entraîné en NBA, vaut le détour :
Jerry Krause fut le premier à contacter Phil Jackson. Le coach des Bulls, Sam Albeck, cherchait un assistant supplémentaire avant d’attaquer la saison 1985-86, Krause le convainquit d’auditionner Jackson pour le poste. Ce dernier se présenta à l’entretien avec une barbe qui ressemblait à une queue de castor et un gigantesque chapeau de paille tressé en Équateur dont il était fier. Le couvre-chef comportait une plume tout aussi démesurée. Jackson ne put s’empêcher de se lancer dans des histoires délirantes sur l’oiseau auquel elle avait appartenu, au grand dam de son interlocuteur, déjà sceptique face à l’apparence du candidat. Jackson entraînait alors à Porto-Rico, et son visage maigrelet était tanné par le soleil, tout comme ses longs cheveux délavés. La réponse d’Albeck à son manager fut sans appel : « Euh, non. Je ne crois pas, non. Même pas en rêve. »
Personnalité atypique, passionné par les contre-cultures et semblant toujours avoir un pied hors du système NBA, Jackson n’apparaît pas forcément dans le livre comme le choix idéal pour faire passer un cap aux Bulls. Sa révérence presque religieuse pour la fameuse attaque en triangle ? Jordan en pense (et en dit) le plus grand mal, et ne se prive pas de le faire savoir en match. On n’a pas forcément le sentiment, en lisant Smith, d’une grande maîtrise de la part de Jackson sur son vestiaire. Les tensions sont trop fortes, la personnalité de Jordan trop envahissante pour que le coach puisse maîtriser quoi que ce soit. En revanche, Jackson est malin : il a parfaitement compris les personnalités de ses joueurs, et sait sur quels ressorts il peut tirer pour les faire jouer comme il le souhaite. Pour ne prendre qu’un exemple : Jackson sait que Horace Grant, l’ailier-fort titulaire, est unanimement apprécié par toute l’équipe (excepté Jordan, qui n’en est pas fan), et sait également qu’il est un des joueurs les plus réceptifs à la critique ; régulièrement, il critique donc Grant à l’entraînement, sachant que le joueur ne va pas s’en formaliser, et compte sur le fait que les autres joueurs vont protéger leur coéquipier. Le but, bien sûr, est d’unir l’effectif, quitte à ce que lui-même passe pour le méchant. En un sens, la manière dont Sam Smith écrit le livre est un hommage à la façon de manager de Jackson : on y retrouve la même attention aux détails psychologiques, au subtil dosage nécessaire pour trouver un équilibre entre tant tant d’egos encombrants. Face au virus Jordan, qui détruit ses adversaires comme ses coéquipiers, Jackson est l’anti-virus : non pas forcément par son génie tactique, comme le livre le montre bien, mais par son habileté pour manipuler les esprits pour arriver à ses fins. Le triangle, dans tout cela ? Une vague chimère, qui vaut bien plus par son idéologie sous-jacente (la circulation du ballon, l’échange collectif) que par son efficacité réelle.
Malgré tout cela, j’avoue avoir achevé la lecture sans comprendre pourquoi les Bulls, cette année-là, avaient gagné. Un lecteur ne connaissant pas un traître mot de l’histoire de la NBA (et ne lisant pas les deux premiers chapitres) serait bien incapable d’affirmer qu’on lui fait là le récit d’un triomphe à venir ; ce qui se dessine, ligne après ligne, est plutôt la chronique d’un désastre annoncé.
C’est là, sans aucun doute, la grande force du livre de Sam Smith : contrairement à tous ces récits a posteriori qui montrent que ce qui est arrivé était inévitable, Smith donne à voir la part de hasard qu’il y a dans tout succès sportif. Plutôt qu’un nouveau tome de la légende, The Jordan Rules est un ouvrage d’histoire, qui ne cherche pas à voir des signes dans tout événement, mais décrit un processus chaotique dont le dénouement heureux a des explications multiples. D’un coup, à l’entrée des playoffs, les astres semblent avoir trouvé leur alignement : Kukoc confirme qu’il ne viendra pas, ce qui libère Pippen, Jordan accepte de prendre moins de shoots, certains remplaçants ont davantage d’impact qu’en saison régulière. Le travail en amont de Jackson, l’intelligence de Jordan, le talent de toute l’équipe y sont bien sûr pour quelque chose ; mais on ne peut s’empêcher, en fin de compte, de refermer le livre avec un goût de mystère en bouche : pourquoi donc cette équipe, au fonctionnement si nébuleux, est-elle devenue championne aussi facilement ?
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Les lignes précédentes relèvent de l’impression de lecture, mais il faut souligner que chaque lecteur pourra sans doute trouver dans The Jordan Rules un intérêt différent : l’édition comporte des notes et un lexique qui doit permettre à un lecteur peu au fait de l’univers de la NBA de s’y retrouver sans trop de problèmes, même s’il est un peu perdu par l’avalanche de noms de joueurs parfois fort obscurs. En fait, le livre de Sam Smith est un livre de sport avant d’être un livre de basket : le vestiaire qu’il décrit pourrait être celui d’une équipe de football, de rugby ou de handball sans que cela ne change nécessairement grand-chose. À bien des égards, le quotidien de la NBA qui est ici décrit donne à voir la ligue comme un univers extrêmement étrange, rempli de personnalités atypiques, voire complètement dérangées. Il est assez amusant de voir Manute Bol hurler des obscénités en direction de Phil Jackson pendant un match parce que ce dernier indique aux arbitres qu’il campe dans la raquette, ou de voir l’inquiétude des joueurs des Bulls lorsqu’ils croisent Dennis Rodman, leur futur coéquipier, persuadés qu’il est complètement fou. On assiste également à une scène particulièrement absurde entre le pivot titulaire des Bulls, Bill Cartwright, et le propriétaire des Mavericks, Don Carter. Ce dernier veut recruter le joueur, et ne trouve rien de mieux que de développer une comparaison entre les free agents et les prostituées, l’entretien d’embauche tournant ainsi au surnaturel :
Plus il parlait, plus sa voix tremblait et plus son visage devenait rouge. Ses collaborateurs, eux, se liquéfiaient en l’entendant ainsi réduire en miettes l’argumentaire censé convaincre Cartwright de signer chez eux. À la fin d’un laïus dont tout le monde attendait impatiemment le dénouement, Carter se tourna vers Cartwright et, le fixant droit dans les yeux, lui lança :
« – Dis-moi, fiston. Est-ce que tu aimes ta mère ?
– Bien sûr.
– Est-ce que tu es un mari fidèle ?
– Oui, certifia Cartwright, déboussolé par la tournure que prenaient les événements.
– Est-ce que tu crois en Dieu ?, demanda Carter, fixant toujours le pivot.
– Oui. »
Le propriétaire des Mavericks se rassit, se mit à réfléchir. Personne dans la salle n’osait briser le silence. Il se tourna vers Sonju et lui dit : « Fais-le signer. » Puis il se leva, et quitta la pièce.
C’est avec des scènes de ce genre que Sam Smith soustrait son livre à la légende, blanche ou noire: la NBA, vue par ses yeux, est un environnement de travail comme un autre, que la pression, les egos et les enjeux financiers déforment jusqu’à créer un monde très étrange, à la fois complétement immature et incroyablement riche en personnalités de toutes sortes. Si The Jordan Rules ne vous fait pas changer d’avis sur Michael Jordan, il vous offrira au moins une plongée à l’intérieur du sport professionnel qui vaut le coup d’oeil.
Sam Smith – The Jordan Rules
Traduction Lucas Saïdi
Mareuil Editions – http://www.mareuil-editions.com/
489 pages.
Prix public : 20 euros. Vous pouvez le commander sur de nombreux sites comme Amazon ou la FNAC et vous le trouverez en librairie