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Bubble Offense: le très étrange graphique de DeMarcus Cousins

DeMarcus Cousins est-il le meilleur pivot de la ligue? Est-il un franchise player? Les questions agitent la ligue depuis des années, tout en portant davantage sur son comportement que sur son jeu, puisque tout le monde s’accorde à penser que Cousins peut être inarrétable en attaque. Pourtant, un coup d’oeil à sa « Bubble Offense » de la saison dernière laisse pour le moins perplexe. Regardez plutôt:

 

Si vous avez lu les précédents articles, vous savez désormais qu’une excellente Bubble Offense voit les bulles se concentrer en haut et à droite du graphique, et qu’un joueur maîtrisant parfaitement sa palette offensive aura ses plus grosses bulles dans ces zones. A la vue du graphique de Cousins, le moins qu’on puisse dire est qu’une telle maîtrise ne saute pas aux yeux. Sa réputation de pivot dominant (du moins en attaque) fait qu’on s’attend à voir trois bulles principales, l’isolation, le jeu au poste et la finition sur pick & roll (roll man). Ces trois bulles sont bien là, mais pas du tout au niveau attendu. Si Cousins est très efficace au poste – tir qui, rappelons-le, est un de ceux qui ont le moins de valeur en NBA – et honorable en isolation, il n’est pas non plus dans l’élite de la ligue sur ces phases de jeu, si l’on accepte l’idée que l’élite en question est composée des joueurs au-dessus du 75e percentile. Quant à son efficacité en tant que roll man, elle est carrément catastrophique: être dans le 33e percentile quand on prend autant de tirs dans ces situations est un vrai problème de méconnaissance offensive – imputable, au choix, à Cousins lui-même ou à ses coachs. La raison de cette faiblesse est assez claire, et explique aussi le score horrible de Boogie en transition: ce dernier est un pivot très lourd, manquant énormément de détente et de verticalité, ce qui l’empêche également d’être un meilleur protecteur de cercle.

Là où ce graphique est surprenant, c’est que Cousins est performant là où on ne l’attend pas forcément. Bien sûr, il est fiable (sans être exceptionnel non plus) lorsqu’il s’agit de marquer sur rebonds offensifs (putbacks). Mais ses meilleurs scores, et de très loin, sont des actions plutôt réalisées par… des arrières. Que ce soit sur les shoots en spot-up, où il fait parler sa qualité de tirs ou sa vitesse de démarrage pour aller au panier, ou derrière un écran, les scores de Cousins sont, pour le coup, tout à fait admirables. Quant à la petite bulle bleue cachée sous la grosse bulle de l’isolation, elle indique que Cousins est aussi un très bon… dribbleur. Lorsqu’il est balle en main sur pick & roll, il marque de manière plus constante que certains meneurs titulaires de la ligue.

Voilà un étrange mélange, qui nous montre un DeMarcus Cousins qui a, en fait, sans doute raison de jouer assez loin du cercle: sa vitesse balle en main, sa dextérité et la qualité de son tir lui permettent d’être plus précieux dans ces positions que près du cercle, qu’il s’agisse de jeu au poste ou de finition après pick & roll. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’association de Cousins avec Anthony Davis n’a sûrement de chances de réussite que si The Brow joue en 5 et Boogie en 4: le premier est bien plus efficace pour finir près du cercle et jouer sur pick & roll, le second est un meilleur shooteur plus efficace loin du cercle. Le fait que Davis ait été beaucoup plus efficace l’an dernier lorsque Cousins était sur le banc est d’ailleurs la preuve que ces deux-là se marchent sur les pieds s’ils convergent trop vers l’intérieur.

Malheureusement, les stats avancées fournies par Synergy à la NBA, dans leur version publique, ne permettent pas de dessiner un graphique de DMC avant et après son trade – chez les Kings, puis chez les Pelicans. En revanche, il est possible de comparer le Cousins de l’an dernier avec celui de la saison précédente, et de constater que ses stats près du panier ont chuté, alors que celle de son jeu « d’arrière » ont explosé. Ce n’est pas là une question de répartition des tirs, puisque cette dernière n’a pas trop bougé, mais bien d’efficacité:

 

En un sens, le graphique de Cousins est meilleur cette année. Son caractère plus étiré donne à voir un joueur qui est devenu un attaquant d’élite dans certains domaines, alors qu’il n’était que l’année précédente qu’un attaquant faisant un peu de tout en grosse quantité (d’où sa production chiffrée importante) mais sans avoir un jeu très efficient. Pour le dire autrement, Boogie a fait un pas vers la sélection qualitative, plutôt que d’en rester à la production quantitative. Ce qui donne des pistes intéressantes, bien sûr, pour la suite de sa carrière. Les nostalgiques du pivot dominant vont en faire des migraines, mais l’avenir de DeMarcus Cousins n’est sans doute pas au plus près du cercle.

[highlight] D’autres joueurs analysés via la Bubble Offense [/highlight] :

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Derrick Rose

DeAndre Jordan

Russell Westbrook

James Harden

Stephen Curry

Chris Paul

John Wall

Kawhi Leonard

Dwight Howard

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