[Interview] Gary Payton : « Sans Antonio McDyess nous aurions perdu face à la France »
Un petit bout de NBA est à Paris en ce moment avec la Fan Zone présentée par beIN Sports et le NBA Crossover et surtout la présence d’un magnifique ambassadeur, le légendaire Gary Payton. Nous avons eu le plaisir de pouvoir nous entretenir avec lui.
Bonjour Gary et bienvenue à Paris ! Durant ta carrière, tu as joué deux fois contre l’équipe de France aux JO 2000, quels souvenirs en as-tu ?
Ils nous ont offert deux vrais matches, ils nous ont presque battus. C’est ce qui nous a fait dire à ce moment-là que le basketball étranger avait vraiment progressé. Beaucoup de joueurs jouaient en NBA et s’habituaient à notre jeu et on le voit aujourd’hui, c’est plus difficile qu’auparavant. Cette tendance ne ralentit pas et il y a toujours plus de joueurs qui viennent de l’étranger. C’est bien plus fun comme ça, on ne veut pas gagner tous les matches sans résistance. Nous voulons des matches serrés. Je ne comprends pas ces gens qui disent que nous devenons moins forts qu’auparavant, j’ai envie de leur dire « et pourquoi ce ne serait pas eux qui deviennent bien meilleurs ? » Personne ne veut passer à la télé et gagner de 30 points à chaque fois.
Avez-vous eu peur de perdre quand la France est revenue à quatre points à moins de cinq minutes du terme ?
Nous étions vraiment inquiets ! Ils jouaient vraiment bien et surtout, ils étaient en confiance. Nous avons dû nous remettre en question et nous dire « hey, on doit jouer dur aussi, on va peut-être le perdre. » Sans Antonio McDyess, nous aurions perdu ce match. Il a fait deux énormes actions, une défensive et un panier, sans lesquelles nous n’aurions pas gagner. Nous avons eu vraiment peur, la France a vraiment bien joué.
Tu étais sur le terrain quand Vince Carter a dunké par-dessus Fred Weis, qu’est-ce que tu t’es dit à ce moment-là ?
(rires) C’était incroyable. Il a commencé à s’élever, puis il a continué, encore, encore et encore. Je pensais qu’il devrait finir sur un lay-up mais non, il a dunké ! Tout le monde est devenu fou ! C’est l’un des plus beaux dunks de l’histoire. C’était génial d’être sur le terrain à ce moment-là !
Tu as gagné deux fois l’or olympique, en 1996 et en 2000, quelle était la principale différence entre les deux équipes ?
Nous avions de meilleurs joueurs et plus d’expérience en 1996 puisqu’il y avait 6 joueurs de la Dream Team. Aussi, l’écart de niveau était plus important avec les nations étrangères. En 2000, l’écart s’était réduit et nous avions beaucoup d’extérieurs, seulement 3 ou 4 intérieurs et avec Alonzo Mourning qui est tombé malade. Surtout, en 2000, l’écart s’était réduit.
En NBA, on parle beaucoup des superteams, mais ce n’est pas un phénomène nouveau puisque toi-même tu en as fait partie en 2004 par exemple.
Non, c’est un phénomène nouveau. En 2004, nous étions plus vieux : j’avais 35 ans et Karl Malone en avait 37. Nous voulions une bague mais nous n’étions plus à notre quintessence. Aujourd’hui, les joueurs prévoient de jouer ensemble à leur top en amont. On peut attribuer cette tendance au fait que les joueurs apprennent à se connaître plus jeune avec le système AAU. Ils jouent ensemble et deviennent amis beaucoup plus jeunes et se disent « vu qu’on est comme des frères, on veut jouer ensemble », une fois qu’ils sont draftés par des équipes différentes, ils attendent la fin de leur contrat rookie et signent où ils le veulent dès qu’ils en ont l’occasion dans la meilleure équipe.
Que penses-tu de l’évolution de la NBA sur le plan commercial ?
Nous commencions juste dans les années 90 à nous internationaliser. David Stern a fait un énorme travail pour que nous existions à l’étranger. Nous gagnions de nouveaux marchés, de nouveaux partenariats partout dans le monde. Nous étions à la télé partout dans le monde, le basketball a progressé dans les pays. Regarde maintenant où nous sommes en 2017. On est en primetime partout dans le monde. Beaucoup de monde nous regarde en direct. Avant, tu devais attendre deux jours pour avoir les résultats et maintenant, c’est en direct.
Tu es l’un des meilleurs défenseurs de tous les temps, est-ce que la défense est plutôt technique, physique ou psychologique ?
Psychologique. Tu dois être capable de le faire. Tu ne peux pas juste dire parce que tu es athlétique que tu es capable de défendre. Tu dois te dire que tu vas réduire ton adversaire au silence. Si je score 6 points, il en mettra 4. C’est ce que tu dois être déterminé à faire. Ce n’est pas parce que je peux le faire que ça va arriver, il faut le vouloir. Si je suis fatigué, je dois me reposer en attaque et défendre à fond. Aujourd’hui, les enfants veulent juste marquer. C’est pour ça que la défense est avant tout psychologique. »
Propos recueillis par Hugo Givernaud