[Interview] Frank Ntilikina : « Des petits frissons »
Première au Madison Square Garden en saison. Très bonne performance personnelle et première victoire des Knicks à la clé, sous le regard notamment de sa mère ainsi que de ses agents français et US (Olivier Mazet et Richie Felder)… De quoi donner motif de satisfaction au French Prince ! Si ce dernier préfère rester concentrer sur le travail et la tâche à accomplir, il note quand même que la machine individuelle et collective est lancée. Forcément, comme c’est New York, la machine médiatique va aussi embrayer…
Frank, on imagine que tu t’es fait plaisir ce soir ? Surtout après cette première victoire des Knicks à la clé ?
Bien sûr ! Je prends toujours plaisir à jouer au basket ! C’est clair que la victoire à la fin du match, c’est ça le plus important. Et c’est vrai que du coup ça fait plaisir de prendre cette première victoire de la saison.
Après le premier match de pré-saison, tu étais moins satisfait de ta deuxième partie que la première. Ce fut plus complet, ou plus égal, ce soir ?
Plus égal, oui. J’ai pu apprendre et apporter quelque chose sur les deux rentrées. La première était moyenne au niveau du tir, ce que j’ai su rectifier dans la deuxième rentrée. Après, c’est surtout que dans l’ensemble on a bien su organiser l’équipe. Jarrett Jack aussi. On a bien organisé les systèmes et c’était cela le plus important. Donc ouais, comme tu dis, j’ai quelque chose à tirer des deux rentrées oui.
C’est une autre sensation qu’après le match à Oklahoma, où on ne t’a pas senti complètement toi-même ?
Après le match d’OKC, je n’étais pas stressé tant que ça. Mais j’étais déçu d’avoir fait un mauvais match. D’avoir fait une rentrée pas très… J’étais vraiment crispé, je pense que j’étais vraiment stressé. Mais j’avais aussi confiance sur les choses que je pouvais faire ici. Il faut que je garde cette confiance, que je reste concentré et que je continue de travailler. C’est cela qui va être le plus important. J’essaie juste de devenir le meilleur joueur que je puisse devenir.
Et comment te sentais-tu avant ce match, ton premier en saison au MSG ?
Je savais que j’allais jouer depuis quelques jours, donc j’étais vraiment concentré sur ce match, sur ce que j’avais à faire. Mon premier match au Garden, donc j’y ai pensé un peu pendant la journée… J’étais excité, je suis passé un petit peu par toutes les émotions, mais en arrivant au match, sur le terrain, voire même avant le terrain, c’était parti, j’étais vraiment dans cette bulle quoi.
« Des petits frissons… »
Et avant de rentrer sur le terrain ?
Je me sentais… C’est une bonne question ! J’étais prêt à rentrer sur le terrain, le coach m’a appelé et je me suis dit : « allez, c’est bon, on part au travail maintenant ! ». Quand je suis rentré sur le terrain j’ai eu… Je pense des petits frissons, en rentrant sur le parquet, en entendant les fans crier. Et après c’était parti !
Ta maman était là en plus…
Oui, c’est sûr que c’est important ! Mais tu sais, je savais aussi que j’avais toute ma famille et tous mes amis qui me soutenait, même à des milliers de kilomètres.
Tu semblais tellement serein qu’on se demandait si au final, ç’aurait été Strasbourg et pas le Madison Square Garden, ce serait la même… C’est la marque de fabrique Ntilikina ?
La marque de fabrique ? (Il rit) Non, c’est juste que j’essaie de rester concentré. A la fin, ça reste du basket, c’est la même chose, un ballon, deux paniers, des lignes… Moi mon job va rester le même : essayer d’apporter le plus de choses à mon équipe. C’est pour cela que j’essaie de rester concentré. De me préparer, de rester calme sur le terrain, de faire ce que j’ai à faire ! Je pense que c’est cela le mieux pour être performant sur le terrain.
Mais quand même, c’est différent de ce que tu as connu avant quoi !
C’est sûr que c’est différent. (Il répète) C’est sûr que c’est différent… C’est un tout autre monde ! Mais il faut rester concentré sur ce qui est le plus important. C’est ce que j’ai essayé de faire et mes coéquipiers aussi. On a essayé de bien préparer ce match, on voulait vraiment avoir une victoire, parce qu’on avait eu une série de défaites. Je pense que c’est ce qui va être le plus important tout au long de la saison. Se mettre à l’écart de tout ce qui est distraction, de tout ce qui est pression… Nous notre job ça va être d’être performants sur le terrain et de progresser. Ça va être du long terme. On doit rester concentrés, ensemble, et ça va le faire !
« Une longue carrière qui m’attend derrière, j’espère »
Tu te sens un peu plus joueur des Knicks désormais ?
Je l’étais déjà depuis le début, mais c’est vrai qu’avec les blessures, cela a un peu perturbé mes débuts… Mais bon, entre le training camp et les derniers entrainements, il y avait quand même toute une préparation en amont. Le résultat d’aujourd’hui en est la preuve d’ailleurs. Et puis j’étais confortable sur le terrain d’entrée, justement grâce à tout ce travail. Maintenant, il faut aller chercher plus de victoires !
Ça soulage aussi un peu de savoir qu’on va parler de tes performances sur le terrain maintenant, pas autre chose ?
Parler de moi… Ce n’est vraiment pas ce sur quoi je me concentre. Je me concentre vraiment sur comment progresser avec l’équipe, progresser individuellement pour devenir le meilleur joueur que je puisse devenir. C’est vraiment ça qui prime.
D’accord mais bon, tu es à New York, tu es le 8ème choix, c’est inévitable et pour le coup, on parlait de choses négatives et hors-terrain dernièrement…
Oui, les blessures… C’est sur que du coup il y avait un petit point d’interrogation sur moi. Après, voilà, c’est un match. Il y a une longue saison derrière. Une longue carrière qui m’attend aussi derrière, je l’espère, donc du coup il vaut mieux se concentrer sur le long terme et pas sur un match. Ce serait dommage de s’arrêter de travailler maintenant alors que je n’ai fait qu’un seul match. Il faut que je continue, que je sois concentré, et que l’on soit tous concentrés avec l’équipe pour aller chercher le plus de choses.
« Kristaps et moi, on va travailler pour construire cette relation »
Tu as pu passer quelques petites minutes avec Kristaps Porzingis sur le parquet, même si vous ne vous êtes pas énormément trouvés. Es-tu un peu impatient de développer cette relation ?
Bien sûr ! Kristaps est un joueur très talentueux, qui facilite les choses pour un meneur de jeu. Après, voilà, tu as vu son match. La relation meneur-intérieur ne se fait pas toujours sur les pick-n-roll. J’ai essayé d’aller le chercher quelques fois et d’aller chercher le joueur qui était chaud. Kristaps et moi, on va continuer à travailler pour construire cette relation, parce que je pense qu’on peut devenir… (Il se coupe) C’est un joueur super talentueux et hyper grand, vous-même vous le voyez. Ça facilite vraiment les choses pour nous quoi !
Ton coach me disait en pré-saison que non seulement tu annonces les bons systèmes, mais en plus pour le bon joueur au bon moment. C’est pour ça aussi qu’on ne vous a pas vu énormément ensemble ce soir ?
C’est ça, c’est ça ! La manière dont on a travaillé à l’entrainement, la façon dont les joueurs ont débuté le match, ça a facilité ma tâche. Je savais quels systèmes annoncer, qui était chaud à quel moment. Cela faisait partie de mon job aujourd’hui. Et c’est aussi le job de Jarret, qui m’a bien montré l’exemple.
Physiquement, tu sens quand même encore un peu la douleur à la cheville ou au genou ?
Ça va. C’est toujours un petit peu là, mais ça va. C’est dans la bonne direction, ça va aller. (Excité) Et puis ce qui est magique en NBA, c’est que l’on a un match dans deux jours ! Donc voilà, demain on va regarder la vidéo, on va se préparer et on aura ce match juste après. C’est le rêve d’enchainer les matchs comme ça. Ça fait plaisir en tant que basketteur !
Comme vous êtes l’équipe qui avait le moins joué (seulement trois matchs auparavant) c’est sûr que vous allez enchaîner là…
Oui, c’est clair que ça va enchainer. On a deux matches en deux jours, on va à Cleveland et on revient (pour les Nuggets). C’est parti quoi ! Là on a une victoire. Maintenant, il ne faut pas que l’on soit trop confiants, il faut que l’on continue de travailler. Il faut que l’on ait confiance en nos aptitudes, dans notre jeu ensemble. Et voilà, c’est parti quoi !
Tu sens que l’identité de l’équipe commence à se mettre en place, même si ce n’est qu’un match ? Il en était beaucoup question avant, en attaque comme en défense.
Oui, ça commence à se mettre en place. Après c’est le début. On va jouer contre des équipes qui sont vraiment très talentueuses. Ça va commencer à arriver là. Notamment Cleveland, dans deux jours donc. Il faut se concentrer sur comment construire cette identité et construire notre jeu. Mais encore une fois, cela va être un travail à long terme.
Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York