Dario, Dario, Dario
L’Euro a été l’occasion, pour ceux qui suivent surtout la NBA, d’une belle plongée dans le monde d’un basket européen qui ne bénéficie pas forcément de la même exposition. Ainsi, de nombreux joueurs ont pu profiter de la compétition pour se révéler aux yeux des scouts et des observateurs présents. Les Gentile, Nedovic (que l’on pourra suivre sous le maillot des Warriors dès la saison prochaine) et autre Bogdanovic (Bogdan) sont autant de joueur que l’on retrouvera sans doute sur les parquets de la grande ligue dans quelques annéeq. Mais parmi tous ces prospects potentiels pour les recruteurs NBA, Dario Saric est un cas à part, dont on pourrait bien entendre parler dans un futur plus ou moins proche.
Le jeune ailier (ou arrière ou meneur, mais nous y reviendrons) n’est pas franchement un inconnu pour les équipes américaines. Avant de retirer son nom de la draft 2013 début Juin, Saric était ainsi attendu entre la 15ème et la 25ème place. Le joueur du Cibona Zagreb, 19 ans, intrigue outre-atlantique. Et on peut le comprendre.
Présent lors des Nike Hoop Summit (le fameux match entre prospects européens et lycéens américains prometteurs) 2011 et 2012, Dario Saric a surtout impressionné par sa polyvalence. Avec ses 2.08 m et ses 98 kilos, Saric a notamment évolué… meneur avec les sélections jeunes croates, 3 et 1 avec son club du Cibona Zagreb, 4 en sélection senior croate. Le touche-à-tout possède ainsi un dribble solide et propre, une explosivité étonnante pour un joueur de sa taille et quelques petits moves sympathiques. Avec un jeu tout en finesse, le croate pourrait d’ailleurs être amené à à évoluer ailier-fort dans la grande ligue, tant son intelligence de jeu, ses skills et son shoot extérieur, pas encore parfait mais en nette progression, combinés à sa capacité à créer du jeu à partir de rien, devraient lui permettre de dérouter rapidement les défenseurs NBA, par ailleurs trop peu mobiles pour suivre celui que certains osaient comparer à Dirk Nowitzki il y a deux ans. Les nombreux passages à la mène de Saric ont permis de constater que le jeune joueur possède une vision du jeu surprenante, qu’il associe à une qualité de passe intéressante, faisant de lui un coéquipier modèle, et une arme fatale en transition. En bref, Saric a tout du bon joueur européen, fort sur ses fondamentaux, propre et sobre, capable d’inspirations surprenantes. Son jeu au poste est déjà intéressant, mais ne pourra atteindre sa plénitude qu’avec un travail supplémentaire à la fois physique et technique. Ajoutons que le joueur, ultra-responsabilisé lors de ses passages en équipes jeunes croates (25.6 points et 10.1 rebonds au championnat U18 2012), n’a pas froid aux yeux, comme l’ont montré ses différentes séquences lors de l’Euro, et possède un véritable sens du jeu qui, malgré des qualités athlétiques peu portées vers ce domaine, lui ont permis de finir meilleur intercepteur de l’équipe croate lors de la compétition continentale.
Malgré ses nombreuses qualités, Saric n’apporte que peu de réelles garanties aux scouts NBA. Son profil intermédiaire, situé entre 3 et 4 (s’il est explosif pour un « grand », Saric ne pourra pas tenir les guards de la grande ligue en 1 contre 1), présente des faiblesses sur les deux postes: un manque de vitesse latérale et de régularité au shoot (malgré une certaine progression ces deux dernières années, et une bonne capacité à shooter à la distance NBA) sur le poste 3, un physique trop frêle pour le poste 4 avec 98 kilos seulement, en plus de problèmes de turnovers relativement régulier, notamment face aux défenses resserrées dans lesquelles il s’aventure parfois face à deux ou trois joueurs. Mais, une nouvelle fois, c’est réellement son incapacité à shooter avec régularité (58% au lancer-franc sur la saison… mais 40% à trois-points à l’Euro) qui limite sa côte outre-atlantique. La progression de Saric dans ce domaine a bien sûr été constatée par les scouts, mais n’a pas suivi le rythme escompté. Les difficultés rencontrées par Saric au plus haut niveau européen, où il n’a pas pu dominer comme chez les jeunes, ont calmé les attentes autour du Croate. Arrêté pour conduite en état d’ivresse, et entretenant des rapports parfois compliqués avec certaines de ses équipes, Saric suscite également des inquiétudes chez les recruteurs qui craignent une incapacité à gérer les à-côtés de la grande ligue. Sans parler de sa coupe de cheveux…
En choisissant de passer un an de plus en Europe avant de tenter sa chance outre-atlantique, Saric s’est aussi lancé dans un challenge délicat. La draft attendue en 2014 est d’un niveau bien supérieur à celui de la cuvée 2013 (Andrew Wiggins, les jumeaux Harrison, Marcus Smart…). Saric devra donc progresser, avant tout au tir, s’étoffer un peu physiquement et en terme de vitesse de pied pour s’offrir le poste de 3 qui conviendrait le mieux à son jeu tout en finesse en NBA. Il devra aussi gérer avec intelligence sa vie extra-professionnelle afin de rassurer les scouts et de prouver que ses erreurs ne sont que des écarts dus à sa jeunesse. Aujourd’hui, Dario Saric fait penser, par sa polyvalence, son sens de la passe et son QI basket, à un jeune Boris Diaw plein d’avenir. Avec un spot intéressant dans une équipe de haut-niveau à seulement 19 ans, Saric possède tout ce dont il a besoin pour devenir le prospect qui faisait saliver le monde du basket il y a deux ans. Mais pour ne pas faire de toute cette attente un feu de paille, le joueur devra accélérer sa progression. Une carrière outre-atlantique réussie et une trace dans l’histoire du basket européen sont encore possibles. Rendez-vous en Juin…
C'est quoi la music svp ?
Imagine dragons – Radioactive
dac merci ;)