Analyse: Blake Griffin a-t-il progressé et fait évoluer son jeu ?
Cette saison Blake Griffin est tout simplement le 6ème meilleur scoreur de la ligue et le second parmi les intérieurs, pas mal pour un joueur dont on critique beaucoup le jeu (là on ne parle pas de ceux qui pensent encore que Griffin ne sait que dunker).
A son arrivée dans la ligue Blake Griffin était déjà un joueur très efficace près du cercle, voire dominateur. Lors de sa saison rookie il affichait par exemple un solide 59% sur les tirs proches du cercle, et cette saison il en convertit 64%, ce qui est excellent sachant qu’il est le joueur qui tente le plus de shoots à moins de 2m50 du panier. Ainsi sa répartition des shoots est la suivante cette saison :
Mais les critiques sur son jeu sont le plus souvent sur sa défense et son incapacité à s’écarter du cercle pour shooter, une arme qui fait la différence entre un bon ailier fort et un grand ailier fort. Certains 4 comme Kevin Garnett, Tim Duncan et Chris Bosh sont capables de faire face au panier à 4-5m et de rentrer leurs shoots avec une très bonne réussite. Une arme qui permet d’écarter le jeu que le Clipper ne possédait pas à son arrivée en NBA, tout comme sa capacité à être performant en défense (mais ça c’est une autre histoire).
Le Clipper dit avoir beaucoup bossé sur son shoot et on peut donc se demander si cela s’est traduit par des faits : Est-ce qu’il s’est amélioré ? Est-ce qu’il a diversifié son jeu ? C’est sur ces questions que Kirk Goldsberry s’est penché avec ses fameuses statistiques sur les shoots.
Lors de sa saison rookie Griffin rentrait seulement 33% de ses shoots à mi-distance, soit un pourcentage très mauvais en considérant que la moyenne de la ligue était de 39% sur ces tirs. Lors de sa seconde saison ce pourcentage est monté à 36% puis cette année à 39, ce qui le situe dans la moyenne de la ligue et représente donc une progression de 6%, ce qui n’est pas négligeable. Il est passé de mauvais shooteur à mi-distance à shooteur moyen. Et pour la petite histoire il a même un meilleur pourcentage que LeBron James entre 4.8m et 7.3m, ce qui situe un peu mieux sa performance.
En début de carrière le Clipper shootait énormément en ligne de fond sur le côté gauche du panier (à voir sur le graphique ci-dessous), ce qui n’est plus vraiment le cas. Dans le système de Doc Rivers il joue beaucoup moins en poste bas et se retrouve beaucoup plus face à son adversaire à 5-6m du panier. Sa position préférée se trouve désormais au niveau des deux coudes de la raquette et il shoote beaucoup moins ligne de fond. Dans le système de Doc Rivers l’ailier fort est utilisé de façon bien plus variée, mais cela n’est possible que parce qu’il est désormais capable de rentrer ses shoots avec une bien meilleure réussite plus loin du cercle. Les shoots qu’il tentait avant ligne de fond le sont désormais plus vers les coudes de la raquette, permettant d’écarter plus le jeu de son équipe.
Sous la direction de Vinny Del Negro Griffin était essentiellement utilisé comme joueur au poste et pour faire du pick & roll. Cette saison son rôle est bien plus diversifié et on n’hésite plus à le mettre en position à 4, 5 voire 6m, surtout que la défense le laisse encore pas mal shooter dans ces positions (ce qui pourrait vite changer). Au fil des années ses qualités de passeur et sa capacité à attaquer le cercle se sont renforcées ce qui a progressivement changé son jeu, et surtout l’a diversifié, ce qui se traduit au niveau de la distribution de ses tirs. Même si bien sûr il est toujours très actif près du cercle puisque c’est là qu’il excelle.
Enfin concernant son efficacité, les deux graphiques ci-dessous vont rapidement nous permettre de juger qu’il a progressé. Prolifique et efficace sous le cercle à ses débuts, il l’est toujours actuellement mais alors qu’il était bien en-dessous de la moyenne de la ligue dès qu’il s’écartait du cercle (le bleu foncé correspondant à une efficacité bien en-dessous de la moyenne de la ligue), ce n’est plus le cas (bleu clair voire orange, signe qu’il est au-dessus de la moyenne de la NBA sur certaines positions).
Le jeu de Blake Griffin a donc bien évolué depuis ses débuts même s’il s’appuie évidemment toujours sur sa grande force, c’est-à-dire sa capacité à conclure près du cercle, mais il a su travailler afin de faire évoluer sa palette offensive afin de devenir un shooteur à mi-distance correct. Et ce n’est donc pas une surprise de le voir briller dans le système de Doc Rivers, ce dernier n’hésitant pas à l’utiliser loin du cercle. Son évolution et les progrès en font même un joueur cité dans la course au MVP. Lors de l’absence de Chris Paul il a prouvé qu’il pouvait porter les Clippers et être efficace sans un grand meneur passeur pour lui offrir des paniers tout-faits. Notons enfin que Blake Griffin c’est actuellement 23 matchs de suite à 20 points ou plus à plus de 54% aux shoots.
Toutefois il ne doit pas s’arrêter là et doit continuer à travailler son shoot dont la mécanique est encore très loin d’être optimale. S’il arrivait à passer un autre palier en ce qui concerne sa réussite à mi-distance, il deviendrait un problème très dur à résoudre pour les défenses adverses.