Pourquoi Scott Brooks n’est plus à la tête du Thunder ?
La nouvelle est arrivée mercredi matin comme un coup de tonnerre. Scott Brooks ne sera pas sur le banc d’OKC la saison prochaine. Avec un record de plus de 60% de victoires, un titre de coach de l’année en 2010, une finale NBA en 2012, deux finales de conférence et un siège réservé parmi l’élite de la ligue année après année, cette décision paraît totalement injuste. C’est d’ailleurs un sentiment d’incompréhension qui a saisi les réseaux sociaux et certains experts NBA après l’annonce de la nouvelle.
Je ne partage pas cet avis.
Ce licenciement, que certains qualifient d’abusif, me rappelle la fin de règne de Mark Jackson à Golden State l’été dernier. Le monde NBA s’était également indigné mais en y regardant de plus près et en tenant compte des résultats des Warriors cette saison, l’écœurement a laissé place aux louanges.
Personne ne remet en cause le bilan de Scott Brooks ou ses qualités d’entraineur. En tant que formateur, Brooks et Jackson ont effectué un boulot fantastique. Prenant tous deux une jeune équipe, posant les fondations d’une culture défensive leur permettant petit à petit de devenir des forces incontestables au sein d’une conférence Ouest ultra compétitive. Brooks devrait d’ailleurs rebondir rapidement dans une franchise qui a besoin d’un tel profil pour encadrer de jeunes joueurs talentueux.
Mais dans un sport de plus en plus dominé par l’analytics, il faut aussi pouvoir voir au-delà des chiffres. Au même titre que Mark Jackson et ses Splash Brothers, avec Kevin Durant et Russell Westbrook, Scott Brooks possédait deux des meilleurs armes de toute la ligue. Avec des joueurs de ce calibre, peu importe les principes offensifs mis en place, vous ferez partie des meilleurs attaques NBA. Mais quand le potentiel est aussi infini, cela ne peut suffire.
Pas besoin d’être un technicien hors pair pour comprendre la différence entre l’attaque monotone de Mark Jackson et celle pleine de nuances de Steve Kerr. Les systèmes offensifs de Scott Brooks étaient eux aussi prévisibles avec des Isolations et pick and rolls à répétition pour KD ou Westbrook forçant les trois autres joueurs à devenir spectateurs du show des deux superstars. Mais grâce aux arabesques et autres envolées de ces joueurs – Curry, Durant, Westbrook etc – le grand public oublie souvent les carences les plus flagrantes. L’amour, parait-il, rend aveugle.
Évidemment, lire ce genre d’analyse d’un illustre inconnu peut être difficile à accepter. Cependant, quand la même réflexion vient d’un ancien joueur du Thunder, force est de constater que nous nous rapprochons de la vérité. Thabo Sefolosha a passé cinq saisons dans l’Oklahoma avant de rejoindre le système spursien et altruiste de Mike Budenholzer à Atlanta. Questionné sur les deux systèmes, le suisse est sans appel. ”C’’est appréciable d’être dans un système où chaque joueur participe à chaque possession des deux côtés du terrain.”
Golden State avait besoin de sang neuf pour passer au niveau supérieur et ambitionner de gagner le titre. Si il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur la première saison de Steve Kerr, les Warriors apparaissent tout de même sur la bonne voie. La réciproque est vraie pour OKC. Scott Brooks a emmené cette équipe jusqu’où il pouvait, il n’est pas injuste de la part de ses dirigeants de vouloir tenter une approche différente.
Imaginez un monde où le Thunder développe une attaque où la balle vit de mains à mains. Imaginez le cauchemar pour leurs adversaires d’essayer d’arrêter un Kevin Durant ou un Russell Westbrook constamment en mouvement avec ou sans ballon. Sam Presti en a eu marre d’imaginer et toute la ligue peut déjà frémir d’une telle éventualité.
Réponse la saison prochaine !